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AN. 1442.

I.

Saltzbourg.

XIII.

concil.pag597.

LIVRE CENT-NEU VIEME,

N commença cette année par accorder les visions de benéfices pour plufieurs églifes de dif

On pourvoit ferens endroits : & comme l'églife de Saltzbourg étoit à l'églife de vacante, Frederic qui en étoit doyen, fut élu par le Aita Patri- chapitre pour remplir le fiege. Un député fut envoyé cii, tom. x111. au concile de Bafle pour en demander la confirmation; & comme les peres vouloient que Felix ordonnât dans fon confiftoire cette confirmation, & qu'on fît ferment entre les mains de ce pape; le député refufa de s'y foumettre, remontrant que c'étoit au concile feul à qui il étoit envoyé, & qu'il n'avoit aucune affaire à démêler avec Felix. La chofe fut long-tems difputée, & enfin le concile accorda en fon nom ce qu'on lui demandoit; le pallium fut donné à l'élu vers le milieu du mois de Janvier par le cardinal de Saint Sixte, & par Etienne de Novarre avocat au nom du pape. C'est ainfi qu'on accommoda l'affaire,

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Environ le même tems il s'éleva une grande difpute entre les peres de Balle. Jean de Bachenftein avoit obtenu d'eux la prévôté de l'églife de Virtzbourg, ville épifcopale de Franconie fur le Mein ; quoique Philippe archevêque de Tréves l'eût depuis quelque tems obtenuc d'Eugene après fa fufpenfion par les peres du concile. Felix exhortoit Jean à differer de faire plaider cette affaire,jufqu'à ce que celles de l'églife fuffent terminées en Allemagne; il lui remontroit que l'archevêque de Tréves avoit beaucoup de crédit parmi les princes élec reurs & qu'il lui paroiffoit dangereux d'irriter dans la conjoncture préfente un homme fi puissant & fi recom

mandable. Mais Jean preférant fon avantage particu- AN. 1442. lier au bien public, plaida fa cause contre Philippe en plein concile, & à l'infçu de Felix, il fit rendre par l'évêque de Verceil une fentence en fa faveur; & pour confirmer plus pleinement fon droit, il demanda au concile une nouvelle provifion fur fon affaire. Cette demande renouvella les difputes,vu que les uns étoient favorables à Jean, & que les autres demandoient inftamment un délai pour éviter le scandale. On tint une congrégation genérale pour la décifion de cette affaire qui demeura toutefois indécife. Les mêmes divifions furvinrent à l'occafion du doyenné de Capoue & d'autres, & l'on employoit beaucoup de tems en ces fortes de difputes, fans vouloir ou pouvoir rien terminer.

III.
Le départ du

légat de Felix pour l'Italic

eft differé.

Cependant Felix preffoit fort le départ de fon légat en Italie; c'eft pourquoi il donna ordre à Nilhod de Methone gouverneur du comté de Nice, qui par hazard fe trouvoit pour lors à Bafle, d'équiper une galere, afin que ce légat pût partir pour l'italie au premier jour de Mars. Il lui fit donner fes inftructions par Aneas Sylvius qu'il avoit choifi pour fon fecretaire, & elles furent expediées le dernier jour de Février. Mais le départ du légat fut differé, parce qu'on jugea à propos d'envoyer auparavant une ambaffade aux ducs de Bourgogne, de Bourbon & de Savoie, qui s'étoient voyez plus bas, affemblez à Nevers.

art. 35.

IV. Penchant des

princes d'Alle

pape Eugene.

Pendant que toutes ces chofes fe paffoient à Bafle, au commencement du mois de Mars, l'archidiacre de Metz & l'auditeur de la chambre que les peres avoient magne pour le envoyez en Allemagne pour fonder l'efprit des princes, arriverent, & firent leur rapport, que la plus grande partie des princes panchoient fort pour le déclarer en faveur du pape Eugene, & qu'on lui avoit déja en

Act. Patricii, tom.XIII. cons.

p. 1598%

AN. 1442. voyé en Italie les conditions du traité qu'on vouloit faire avec lui que les Allemands étoient fort irritez de ce que les peres de Bafle n'avoient pas encore accepté aucun des endroits nommez pour tenir le concile genéral, & qu'il leur fembloit qu'ils devoient avoir déja envoyé fes légats à Francfort, avec un plein pouvoir d'agir conformément aux volontez des princes. Ce rapport inquiéta fort les peres de Bafle. On tint plufieurs affemblées fur ce fujet, & les fentimens y furent fort partagez un des confultans ayant dit dit à Felix qu'il ne pouvoit faire trop de députations aux rois & aux princes, comme on l'avoit reglé autrefois : Ce pape répondit qu'il étoit affez accablé de dépenfes inutiles, qu'il avoit déja envoyé plufieurs députez fans en avoir tiré aucun fruit; & qu'il croyoit que le meilleur expedient & la voie la plus fure étoit de nommer au plutôt un endroit pour le concile futur, afin de prévenir les princes qui n'avoient aucun pouvoir là-deffus.

V.

Le concile de

l'empereur

pour traiter de

la paix.

Peu de jours après, Felix s'étant offert aux peres â Bafle députe à tout entreprendre pour la paix de l'église, & àne rien refufer de tout ce que le concile jugeroit néceffaire pour y réuffir, fauf toutefois l'autorité de l'églife; ils crurent tous qu'on devoit envoyer des députez à l'empereur pour traiter avec lui des voies néceffaires pour parvenir à une paix folide: & pour cela Felix choifit un évêque nommé Barthelemi, & Nicolas Ami, qui furent chargez d'une lettre fynodale pour inftruire Frederic, & pour l'engager à travailler à la paix. Panorme compofa cette lettre au nom du concile; mais n'ayant point été approuvée, quoiqu'aff z louée, le cardinal d'Arles chargea Eneas Sylvius d'en faire une autre, qui fut eftimée de tous, & même de Panormie.

Cette

Cette lettre rendoit compte d'une maniere claire & AN.1442. précife de la conduite des peres de Bafle, & de la caufe des divifions entre Eugene & le concile; on y parloit du mépris que ce pape en avoit fait, des mouvemens qu'il s'étoit donné pour le diffoudre, de quelle maniere il s'étoit rendu coupable envers l'églife, du jugement qu'on avoit rendu contre lui à Bafle, & de la néceffité fondée fur les canons d'élire un autre pape. On exhortoit l'empereur à favorifer la jufte caufe du concile, & à réprimer l'audace de fes ennemis. Enfin on l'affuroit que le concile ne fouhaitoit rien tant que la paix de l'églife; mais une paix qui fût établie fur la vérité, fur la juftice, fur l'honnêteté, & qui ne donnât point atteinte à la foi orthodoxe : qu'en observant les decrets des conciles de Conftance & de Basle on feroit la paix fans nulle difficulté; & que Felix & les peres y contribueroient de tout leur pouvoir.

V I.

Dépatt des

concile

vers

Les deux députez partirent le cinquième d'Avril avec ces ordres;. & le bruit s'étant répandu que l'em- députez du pereur devoit inceffamment arriver à Francfort pour l'empereur. la diéte, & qu'il étoit en chemin, les peres du concile délibérerent entre eux pour lui envoyer une plus celebre ambaffade. Les nouveaux cardinaux refuferent cet honneur, se reffouvenant du chagrin qu'on avoit caufé aux autres députez à l'affemblée de Maïence, & craignant avec fondement qu'on ne les obligeât, de même que ceux-ci, à quitter les marques de leur dignité, & à ne point paroître avec l'habit de cardinal. Mais Felix & beaucoup d'autres les raffurerent, & leur remontrérent que quand même ils devroient quitter leur habit, il n'y avoit rien qu'ils ne duffent entreprendre & fouffrir pour la défenfe de la vérité & de la justice, & pour foutenir l'équité du concile. On proTome XXII.

A a a

AN.1442. ceda donc au choix de ces députez, & l'on jetta les yeux fur le cardinal d'Arles, l'archevêque de Palerme, & Jean de Ségovie; ces deux derniers étoient du nombre des nouveaux cardinaux ; ils partirent & s'embarquerent fur le Rhin dans le mois de Mai.

VII. Cinquiéme

depuis le départ

des Grecs.

Acta Patric.

tom. XIII. conc. p. 1599.

Le pape Eugene étoit toujours à Florence occupé feffion du con. de fon concile, dont il tint la cinquiéme feffion depuis cile de Florence le départ des Grecs, le vingt-fixieme d'Avril de cette année. Il y propofa de transferer le concile de Florence à Rome avec l'approbation du même concile, afin qu'il tirât plus d'autorité du lieu où il feroit celébré ; & que l'on fit plus d'honneur aux ambassadeurs de Zarah Jacob roi d'Ethiopie, qui venoient au concile pour embraffer la foi de l'église Romaine : Il ajouta, qu'on le continueroit dans l'églife de Saint Jean de Latran, quinze jours après fon arrivée à Rome. Il apporta encore d'autres raifons pour autorifer cette Tranflation, comme la commodité du lieu, l'abondance de tout ce dont on auroit befoin, & la facilité de travailler plus efficacement à la paix de l'églife, & au repos de l'Italie. Les peres de Bafle jugerent mal de cette propofition d'Eugene. Ils publierent partout qu'il ne transferoit le concile à Rome, que pour n'être point obligé de venir à celui qu'on devoit tenir en Allemagne, parce qu'il n'en vouloit point hors de l'Italie, & pour faire voir la fouveraine autorité fur le concile, en le transferant ainfi d'un lieu à un autre; de Bafle à Ferrare, de Ferrare à Florence, de Florence à Rome : ce qui ne tendoit qu'à anéantir l'autorité de l'églife & des conciles.

VIIL.

Quarante-qua

Les peres du concile de Bafle tinrent auffi dans cette iéme feffion année la quarante-quatriéme feffion le neuvième du du concile de mois d'Août veille de faint Laurent. Le decret qu'ils y

Bafle.

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