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AN. 1432. haitoit qu'on ufât de quelque furféance, le concile donne encore après les trois mois expirez, foixante jours au pape Eugene, pour accomplir ce qui eft porté dans la troifiéme & fixiéme feffion, & pour révoquer fans autre délai fa bulle de diffolution du concile; qu'autrement il fera procedé contre lui fans autre ajournement, & fans nouvelle citation. On déclare nulles toutes les provisions ou collations de benéfices qu'il pourroit donner entre ci & ce tems-là. On enjoint à tous les officiers & prelats de le quitter vingt jours après ce terme expiré, fur peine d'être privez de leurs benéfices.

XXVIII. Decret qui déclare qu'il ne peut y avoir

genéral.

zem. xl. p. 498.

On fit enfuite un autre decret dans lequel les peres déclarent, que comme l'église sainte & catholique eft qu'un concile une, Jefus-Chrift fon époux difant: Cant. 6. Une jeule eft ma colombe ma parfaite amie; & cet article étant de foi, il Lalbe concil. fuit de là que cette unité ne pouvant recevoir aucune division, il n'y peut avoir qu'un concile genéral repréfentant l'églife Catholique. Comme donc le concile a été établi dans la ville de Bafle, conformément aux decrets des conciles de Conftance & de Sienne, avec l'approbation de deux fouverains pontifes, Martin V. & Eugene IV. il eft clair que tant que le concile continuera à Bafle, on n'en peut affembler d'autre ailleurs; & que toute autre assemblée tenue fous le nom de concile genéral, feroit eftimée une congrégation de cabale & de fchifme. C'est pourquoi le faint concile avertit & exhorte tous les Fideles, de quelque état, dignité, condition. qu'ils foient, pape, empereurs, rois, en vertu de la fainte obéiffance, & fous les peines portées par le droit contre les fchifmatiques, d'empêcher la tenue d'aucun concile, pendant que celui de Bafle fe tiendroit : & ajoute, que quiconque iroit à Boulogne, ou en tel autre lieu que ce pût être, pour la tenue d'un concile, il encou

Labbe, concil.

499.

reroit l'excommunication ipfo facto, & la privation de AN.1431. fes benéfices. Par un autre decret, le concile déclare déchus de tout droit aux benéfices, ceux qui les deman- tom. x11. pag. deront & obtiendront du pape Eugene, pour en priver ceux qui affiftent au concile. Enfin, par un troifiéme decret, l'on fait défenses au pape Eugene de faire aucune aliénation des terres & châteaux de l'église Romaine,comme il l'avoit projetté, de mettre de nouveaux impôts dans la ville de Rome & ailleurs; & en cas qu'il le fit, on déclare nul ce qu'il auroit fait.

Ce qui ranima la conftance des peres du concile, & ce qui les rendit plus hardis, fut la nouvelle qu'ils apprirent que Sigifmond avoit expedié, & fait publier à Sienne des lettres patentes du vingt-deuxième Novembre pour apprendre à tous les fujets qu'il continuoit de mettre fous fa protection le concile de Bafle, comme il avoit fait dès le commencement, & qu'il ne fouffriroit jamais qu'on blefsât en aucune maniere fon autorité ni fa liberté. Ce prince s'étoit rendu à Sienne, à la priere des habitans qui avoient imploré fon fecours & fa protection contre les Florentins leurs ennemis. Ceux-ci faifoient tous leurs efforts pour empêcher Sigifmond de s'avancer vers Rome où il devoit être couronné, & de pape leur fut toujours favorable, jufqu'à la paix qui fe fit l'année fuivante.

pag. 5oo.

XXIX.

Edit de l'em

pereur pour Proteger le

Labbe, conc. to.x11. append. 1.p. 464.

XXX.

Affaires da

Dans le royaume de Naples les affaires ne se terminerent pas heureusement pour Jean Caraccioli grand- royaume de fenéchal, qui par une ambition déméfurée, avoit tel- Naples. lement ufurpé l'autorité, qu'il s'en regardoit comme roi. Ce prince irrité du refus que la reine lui avoit fait de la principauté de Salerne, en vint jufqu'aux injures & aux mauvais traitemens contre elle. Cette infolence Mariana 23fervit de prétexte aux ennemis de Caraccioli pour ma

Summon. lib

4.80.30

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AN.1432. chiner fa mort. En effet il fut tué le dix-feptième d'Août de cette année le lendemain des noces de fon fils. On ne douta point que Cobelle Rufa, épouse d'Antoine Marfano duc de Seffa, n'y eût trempé plus que les autres. Comme elle avoit beaucoup de part dans la faveur de la reine, dont elle étoit parente, & qui fe conduifoit aveuglement par fes confeils, elle haïffoit mortellement Caraccioli, qui feul pouvoit lui difputer la premiere place. Ainfi elle fe fervit adroitement de l'outrage qu'il avoit fait à la reine, pour indifpofer contre lui l'efprit inconftant de cette princeffe. Quand la reine eut abandonné Caraccioli au reffentiment de la ducheffe, celle-ci le fit appeller, feignant que la reine étoit attaquée d'une apoplexie. Caraccioli se leva aussi - tôt pour le rendre promtement au palais, mais il fut assasfiné au fortir de fon lit. La reine ne defavoua point ce meurtre, pardonna aux meurtriers, confifqua les biens du défunt, & condamna fa mémoire. Après la mort, Louis d'Anjou que la reine avoit adopté, & que Caraccioli avoit par envie confiné dans la Calabre, fous prétexte d'y faire la guerre, ne penfoit plus qu'à retourner à Naples; mais il en fut empêché par la ducheffe de Seffa, jaloufe de conferver, & de ne partager avec perfonne le pouvoir abfolu qu'elle avoit auprès de la reine; outre qu'elle fe fentoit plus portée pour Alphonfe roi d'Arragon, que Caraccioli avoit fait venir en Sicile, dans l'efperance de rentrer dans l'adoption de la reine. En effet cette princeffe révoqua l'adoption qu'elle avoit faite du duc d'Anjou pour lui fucceder dans le royaume de Naples, & renouvella celle qu'elle avoit faite autrefois en faveur de D. Alphonfe roi d'Arragon; on en dreffa un acte qu'elle voulut figner, afin d'en ôter la connoiffance aux François,

XXXI. Affaires de Pologne.

10.

Cromer. lib.

En Pologne les députez des Bohémiens étant venu AN. 1432. trouver le roi Ladiflas, pour lui promettre leur fecours contre les chevaliers Teutoniques en Pruffe, qui continuoient toujours à maltraiter les Polonois, & à leur faire la guerre, & pour informer ce prince des bonnes intentions du concile de Bafle à leur égard; ces députez, dis-je, furent reçûs avec beaucoup de magnificence, & même admis à la communion par l'archevêque de Guefn, & par les autres prelats. Mais auffi-tôt qu'ils entrerent à Cracovie, Sbignée qui en étoit évêque, donna ordre qu'on fit ceffer le fervice divin; ce qui irrita tellement le roi contre lui, qu'il le menaça de le traiter, comme il avoit fait à l'égard de Pierre fon prédeceffeur: mais l'évêque ne fut point étonné de ces menaces, & répondit avec courage au roi, que quand il s'agiffoit de la religion, il ne craignoit rien, qu'il étoit prêt de tout fouffrir pour elle jufqu'à la mort; que le fang de Pierre fi injustement mis à mort, demandoit vengeance au ciel ; & que Dieu ne manqueroit pas de prendre fa défenfe. On rapporte de cet évêque, qu'ayant été informé que le roi avoit donné ordre à quelqu'un de le tuer, il ne prit aucunes mesures pour l'éviter, couchant dans fa chambre fans aucun garde, fe levant la nuit pour aller à sa cathédrale, accompagné d'un feul prêtre, fans qu'il lui arrivât aucun mal, foit que le roi eût revoqué un fi mauvais def fein, foit que la nouvelle eût été faufle. Le pape Eugene quelque tems après, voulut récompenser fa picté du chapeau de cardinal.

XXXII.

Carmes.

Le quinziéme Février de cette année le pape donna Mitigation de une bulle, pour permettre aux Carmes de manger de la regle des la viande trois fois la femaine, & plufieurs autres adou-Billar tom: 1. ciffemens, qui ôterent beaucoup de la premiere feve- Engen. IV.conf.

3.

XXXIII. Congregation

ne.

AN. 1432. rité de leur regle. Cependant Innocent IV. l'avoit déja mitigée en 1245. sept ans après que ces Religieux furent venus en Europe avec le roi faint Louis, & fe furent établis en France. Ce pape approuva auffi & confirma par une bulle du vingt-troifiéme de Novembre de la même année, la congrégation de fainte Juftine de fainte jufti- de Padoue, que Jean XXIII. avoit déja approuvée, & qui avoit reçu plufieurs privileges de Martin V. Eugene IV. les amplifia & en augmenta le nombre par deux autres bulles, la premiere du trentiéme Juin Ibid. conf.5. 1436. & la feconde du vingt-quatriéme de Novembre de la même année. Cette congrégation étoit une réforme de l'ordre des Benedictins en Italie, faite par Louis Barbe Venitien, chanoine de faint George d'Alga, l'an 1409. Eugene retractant ce que fon prédeceffeur en avoit ordonné, la rétablit plus fortement, fit beaucoup de loix pour la maintenir plus furement, & l'honora de beaucoup de nouveaux privileges.

9.&10.

XXXIV. Cenfure fur les monitions des évêques.

Dupin Bibl.

tom. 12.

XXXV.

Affaires de France.

La faculté de théologie de Paris fut auffi confultée alors par l'évêque d'Evreux & par l'inquifiteur de fon diocefe, fur une propofition que quelqu'un avoit avancée ; que les monitions des évêques font des abus, & la déclara par fa conclusion du seiziéme Mai, injurieufe, préfomptueule, téméraire, fcandaleufe, tendante à la fedition & à la rebellion, capable d'affoiblir les cenfures ecclefiaftiques, contraire à la doctrine de Jefus-Chrift & des Apôtres, & favorable aux erreurs condamnées par le concile de Constance,

En France la guerre fe faifoit prefque dans toutes les provinces avec differens fuccez; mais très foiblement, en forte qu'elle languit durant fept ou huit ans, à caufe de Liftoire de Char l'impuiffance des deux partis qui manquoient d'argent, & qui ne pouvoient pas mettre de grandes armées fur

Fean Chartier,

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pied,

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