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AN 1442. tralité. Ils diront enfuite que l'avis de l'empereur eft, qu'on ne peut procurer la paix de l'églife que par un concile genéral; qu'ainfi l'on prie fa fainteté de l'indiquer dans quelqu'une des villes fuivantes, Ratisbonne, Tréves, Metz, Strasbourg, Constance, ou s'il aime mieux, Trente; & qu'il ne faut pas que l'année se paffe fans le célébrer. Que fi le roi de France fait des inftances pour le convoquer dans fon royauils perfuaderont au pape, qu'il conviendroit mieux de choisir l'Allemagne, où l'on jouit d'un grand repos, & où il n'y a point de guerre, d'autant plus qu'il paroît plus expédient de faire l'union dans le pay's même où la divifion s'eft faite. Qu'on laiffera au concile le foin de pourvoir à la maniere.d'y proceder. Que fi le pape ne veut point convoquer le concile, qu'il accorde à l'empereur le droit de le convoquer lui-même: Que fi le pape veut fe juftifier de tout ce dont on l'a accufé, on ne refufera pas d'entendre ses excuses, mais qu'on ne les recevra pas non plus. Que les envoyez ne feront pas plus d'un mois à attendre la réponse du pape, & qu'ils l'obtiendront par écrit. Ces mêmes envoyez jureront avant leur départ, qu'ils ne demanderont rien au fouverain pontife, & qu'ils n'en recevront rien, ni dignitez, ni graces, ni benéfices; & ils obferveront la même conduite envers les peres de Bafle. Ils ne reconnoîtront point Felix comme pape, ne l'honoreront point en cette qualité, & ne traiteront avec lui que par la médiation de quelque tiers. Enfin les mêmes envoyez feront leur rapport l'empereur & aux princes avant la fête de la Purification de la Vierge, auquel tems il y aura une affemblée à Nuremberg, pour en déliberer. Tel fut tout le réfultat de cette diéte de Francfort.

a

à

Quand

XVIII.

retour

paffe proche de

veut point Y

entrer.

Acta Patric. tom. XIII. conc.

Quand ces choses furent rapportées aux peres de AN. 1442.' Bafle, ils en conçurent beaucoup de chagrin, s'étant L'empereur flatez que les princes fe déclareroient en leur faveur, à fon & embrafferoient leur fentiment. L'empereur nomma Bale, & ne l'évêque Sylveftre, Thomas Hafelbach & d'autres pour être les ambaffadeurs à Bafle, & rapporter aux peres le résultat de l'assemblée de Francfort, pendant qu'il fe mit en voyage pour s'en retourner. Comme fon che- P. 1603. min l'obligeoit à paffer proche la ville de Bafle, plufieurs des cardinaux allerent au-devant de lui le quatorziéme de Septembre, pour le prier d'entrer dans la ville, ce qu'il ne voulut pas leur accorder : il leur demanda feulement qu'ils écoutaffent fes ambassadeurs. Ceux-ci représenterent aux peres de Basle, que le desfein de l'empereur étoit d'affembler dans l'année un concile genéral dans un endroit qui lui convînt auffibien qu'aux princes, & qui fût propre à y traiter des affaires de l'église & de la paix, à laquelle ils devoient contribuer par leurs vœux, s'ils avoient quelque zele pour le repos de la Chrétienté, qui étoit déchirée par leur divifion.

On délibéra long-tems à Bafle en présence de Felix fur cette demande de l'empereur, & l'on prévit de grandes difficultez à accorder la tenue d'un autre concile. Cependant après beaucoup de difputes, on fut contraint de fe rendre aux volontez du prince, & de confentir à la convocation du concile: mais de nouvelles conteftations s'éleverent fur la maniere dont les

chofes s'y pafferoient. Plufieurs jugeoient à propos de ne donner aucune reponfe pofitive avant que l'empereur fût entré dans Balle; & ce prince perfeveroit dans la résolution de n'y point venir, que les peres auparavant n'euffent répondu clairement. Felix & le conTome XXII,

Bbb

XX.
Les peres de

Bafle

confenautre concile.

tent à la tenue

d'un

Ibid. p. 1604.

AN. 1442. cile étoient auffi fort inquiets, de ce que les princes & Frederic lui-même avoient écrit à Eugene comme au pontife Romain, qu'ils euffent refufé à Felix cette qualité, & ne lui euffent point envoyé d'ambassadeurs. Its fe plaignoient que bien loin d'obferver la neutralité qu'ils avoient promife, c'étoit plutôt déclarer publiquement quele concile de Bafle étoit injuste, & qu'Eugene n'avoit pas été légitimement dépofé. Ces plaintes ayant été faites à l'empereur par les députez du concile, Gafpard Sclich leur répondit que fa majesté imperiale étoit fort portée à procurer la paix; mais qu'à l'égard de ce qu'ils objectoient touchant la nomination d'Eugene, on ne pouvoit rien changer aux réfolutions de l'affemblée de Francfort.

X X.

Congrégation & les

genérale tenue

Bafle.

XXI.

cife qu'on y

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Il fallut donc répondre pofitivement à l'empereur, peres tinrent pour cela une congrégation genérale le fixiéme d'Octobre, dans laquelle après beaucoup de déliberations & de difputes, on répondit aux amRéponse pré- baffadeurs de Frederic, du confentement unanime des donne à l'empe peres que bien qu'à Bafle le concile y fût légitimement affemblé, que l'endroit fût très-commode & très-fûr, & que le changement ne pût être que très-dangereux & très-incommode aux peres ; cependant pour le bien de la paix, & pour fe conformer aux défits de l'empeils vouloient bien confentir qu'on le transferât ailleurs, pourvu qu'ils y fuffent en fureté; que le lieu fût en Allemagne, qu'il fût agréable à sa majesté imperiale & aux princes, & convenable à la conjoncture de l'état préfent des affaires; que la tranflation fe fit de la propre autorité de l'empereur, & qu'il y affiftât lui-même en perfonne, ou quelque-autre en fa place qui protegeât le concile ; qu'il exhortât les rois & les princes à s'y rendre,ou à y envoyer leurs ambassadeurs;

reur,

qu'on donnât ordre à tous les prélats de s'y trouver. AN. 1442.
lIs ajouterent qu'afin de ne pas rendre un si grand tra-
vail inutile, l'empereur & les princes promettroient
d'obéir en tout aux décifions de ce concile, d'observer
fes decrets, quand même ceux du parti oppofé ne s'y
trouveroient pas; que ceux de Bafle nommeroient pour
ce concile plufieurs endroits; que l'empereur feroit le
choix du lieu, & que les peres le confirmeroient par
un decret folemnel; qu'enfuite ils s'y rendroient dans
le tems marqué, après cependant avoir pris toutes les
furetez convenables.

trée.

XXII.
Arrivée de

tom. XIII. conc.

Ces résolutions ayant été prises, l'empereur fe mit en chemin pour Bafle, & y fit fon entrée avec beau- l'empereur à coup de pompe & de magnificence l'onzième de No- Bafle, & fon envembre jour de faint Martin; il étoit entre le cardinal A&ta Patricii, d'Arles, & le patriarche d'Aquilée évêque de Trente, p.1604. qui étoit auffi cardinal & parent du roi de Pologne. Les autres cardinaux marchoient devant; le duc de Brunfvik, le comte de Genéve & d'autres avec tous les prélats fuivoient l'empereur:on le conduifit ainfi à l'église cathédrale,où ayant fait fa priere il donna audience. Le lendemain il fut vifité par les cardinaux & par les membres du concile, aufquels il dit beaucoup de chofes pour leur faire connoîrre qu'il ne vouloit que la juftice, & qu'il maintiendroit l'autorité de l'églife. Le jour d'après, vers le foir, il rendit une vifite au pape Felix, avec peu de fuite, & fans lui rendre les honneurs dûs au fouverain pontife: il entra chez lui nud tête, & s'arrêta dans la falle avec ceux qui l'accompagnoient. Felix informé de fon arrivée fortit de fa chambre, & vint au-devant de lui avec ses neuf cardinaux, précedé de la croix. Il étoit vêtu d'une grande robe de pourpre, doublée d'hermine. L'empereur l'aborda avec page Felix.

XXIII

Eutrevue de l'empereur & du

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AN.1442. beaucoup de refpect, & un évêque prit la parole pour excufer fa majefté imperiale, de ce qu'elle ne lui rendoit pas les honneurs qu'on doit au fouverain pontife; qu'elle n'agissoit ainfi que pour faciliter la paix de l'églife à laquelle elle l'exhortoit de contribuer en répondant à fes bons deffeins. Cet évêque en parlant au pape, affecta de ne point fe fervir du terme de fainteté, ou de béatitude, n'employant que celui de bonté. Felix Cependant, dit Patrice, répondit en pape, remercia l'empereur de fa vifite; & après beaucoup de chofes dites de part & d'autre, l'empereur retourna dans sa maifon, & le lendemain il partit de Bafle.

Aug.Patr. hift.

conc. Bafil.

ex tom. XIII.

Conc. p. 1603.

XXIV.
Felix part de

Bafle, & va à
Patric. ibid.

Laufanne.

p. 1605.

Peu de tems après le départ de l'empereur, Felix quitta auffi Bafle, & s'en alla à Lausanne, avec une partie de ses cardinaux & de fes officiers, laiffant le plus grand nombre à Bafle. Il promit au concile d'y revenir, dès que l'hiver feroit paffé, & l'assura que c'étoit la foibleffe de fa fanté qui l'obligeoit à faire ce voyage. Un député du comte de Duglaz en Ecoffe, vint dans ces conjonctures à Bafle, rendre fes foumiffions à Felix, de la part de fon maître ; & lui faire fçavoir que les prélats du royaume d'Ecoffe, à la follicitation de quelques évêques promus par Eugene, après fa dépofition avoient assemblé un fynode provincial, qu'ils y avoient condamné & excommunié les peres de Bale & Felix, privé du facerdoce & de leurs benéfices ceux qui leur adhéroient, & entre autres le fils du comte de Duglaz, qui étoit évêque d'Abardonne, & qui avoit obtenu fes provifions du concile & de Felix ; que ce prélat n'étant pas affez fort pour réfifter, prioit les peres de le fecourir, & de prendre fa défense, en employant les cenfures ecclefiaftiques contre les enne

mis

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