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AN. 1443. Eugene de nommer un commandant de ces troupes à fon choix, & ce pape aura trois mois pour remplir les articles de ce traité, fous peine de cent mille écus d'or s'il y manque.

Surita, cap.

32.

XLIX.

Le pape ratifie

gene

du traité.

Eu

Outre ces articles rapportez par Patrice, il y a des auteurs qui ajoutent qu'Alphonfe promettoit de payer chaque année à l'église Romaine, tous les cens à l'ordinaire; qu'il conferveroit au peuple & à la nobleffe tous les anciens privileges dont ils jouiffoieut fous le roi Guillaume II. les libertez des églifes & des ecclesiastiques, les appels au faint siege, & fes autres droits, tant au fpirituel qu'au temporel, qui font contenus dans les lettres de l'inveftiture qu'Eugene lui en fit à Sienne le quinziéme de Juillet, & dans l'acte d'hommage qu'Alphonfe rendit à ce pape le deuxième de Juillet de l'année 1445. & parce que les lettres de cette inveftiture portent clairement, que fi Alphonse ne laiffoit aucun heritier légitime, le royaume retourneroit à l'églife, il paroît évident qu'on ajouta ensuite, que Ferdinand fils naturel d'Alphonse, étant légitimé par le pape, feroit fucceffeur de fon pere, de même que fes defcendans; ce qui fut fait féparément, felon le témoignage de quelques auteurs : de forte que le pape confus de ce qu'il accordoit par contrainte, ne voulut point que la bulle de l'inveftiture & de la légitimation de Ferdinand, fût publiée pendant qu'il vivroit.

Eugene ayant reçu tous ces articles, les approuva & les ratifia; & Alphonfe fix jours après la convention Tous les articles accordée & fignée vers le vingtiéme du mois de Juin, dès qu'il fut afsuré de la ratification du pape, envoya fes lettres dans toutes les provinces de fes royaumes, pour les affurer, qu'après avoir été long-tems en douAlphonfe re- te fur les affaires de l'église, Dieu lui avoit enfin fait

L.

ne.

A&t. Patricii,

connoître qu'Eugene étoit le vrai pontife Romain, & AN. 1443. l'indubitable vicaire de Jefus-Chrift, auquel il falloit connoît Eugeobéir en cette qualité. Qu'il révoquoit les édits & les déclarations qu'il avoit faites contre Eugene, en tom. XIII. cons. faveur de Felix & du concile de Bafle; qu'il permettoit P. 1609. à chacun de ses sujets d'avoir recours au fiege de Rome pour leurs affaires. Peu de tems après la publication de ces édits, Eugene donna au roi l'abfolution des cenfures qu'il avoit encourues, & rétablit dans le premier état tous ceux qui avoient adhéré aux peres de Bafle, & favorisé le roi contre les decrets apoftoliques, jufqu'au premier Juillet de l'année courante, & les deux mois fuivans, & défendit de les inquieter pour tout ce qu'ils auroient fait jufqu'alors; n'entendant pas cependant comprendre dans ce pardon les cardinaux d'Amedée, aufquels on pourvoiroit d'une autre maniere, s'ils méritoient qu'on leur fit grace, & s'ils venoient humblement demander pardon de leur faute.

LI. Alphonfe

ville de Bafle. Patric. ibid

Alphonfe de fon côté manda en même tems aux trois cardinaux qui étoient de fes états, & qui avoient rappelle fes été promus à cette dignité par Felix, fçavoir, l'arche- prélats de la vêque de Palerme, les évêques de Tortofe & de Vic ou Vizenfe, que s'ils vouloient faire une chofe agréa- 2.161. ble à leur prince, ils fe retiraffent au plutôt de Basle; qu'ils s'en allaffent en Italie ou dans leurs diocefes; & qu'ils ne pouvoient rien faire pour le tems préfent qui lui plût davantage; ajoutant qu'il les prioit de ne point attendre de fecondes lettres de fa part fur ce fujet.Comme ces trois prélats étoient sujets du roi Alphonfe, dans les états duquel ils avoient leurs benéfices, ils ne purent fe difpenfer d'obéir, dès qu'ils connurent la volonté de ce prince. Ainfi après avoir beaucoup déliberé avec leurs collegues, & avoir gémi & répandu Ddd iij

AN. 1443. des larmes fur la trifte fituation où ils fe trouvoient, ils fe retirerent, proteftant qu'ils demeureroient toujours fidéles au concile & à Felix, & qu'ils ne reconnoîtroient jamais Eugene; qu'ils défendroient avec ardeur l'autorité des faints conciles, & qu'ils ne fe défifteroient jamais de leur doctrine. Le celebre Panorme partit le quatriéme d'Août, pour se retirer dans fon diocese, après avoirlaissé à Basse toutes les marques du cardinalat. Les deux autres prélats retournerent dans leurs diocefes, & furent bientôt après fuivis de prefque tous les fujets d'Alphonfe qui étoient à Bafle. Acta Patri- Il furvint dans le même tems une guerre entre les ducs Foncil. pag. 1611. d'Autriche & les citoyens de Bafle & leurs alliez; mais elle fut étouffée dès fa naiffance par les foins des peres

cii, tom. XIII.

LII. Diverfes con

du concile.

On demeura prefque dans l'inaction à Bafle durant grégations cette année, foit parce que le pape Felix en étoit abqu'on tient à fent, foit parce qu'on vouloit attendre le fuccès de la diéte de Nuremberg, qui devoit bientôt fe tenir. L'on fe contenta de tenir quelques congrégations dans lefquelles on parla de quelques affaires particulieres qui concernoient la prévôté de Wirtzbourg que demandoit Bachenfthein & la révocation d'une fentence portée en cour de Rome par le cardinal Firmin contre Philippe d'Hybernie & d'autres. Dans le mois de Mai on reçut des lettres de François duc de Bretagne, qui faifoit efperer d'affembler fon clergé, & de le faire confentir à quelques déliberations avantageufes touchant les affaires de l'églife, fi le concile vouloit lui envoyer un légat: ce que les de Bafle accepteperes rent volontiers. Felix fe plaignoit beaucoup de ce que Felix ne veut le concile ayant déterminé avant fon élection d'envoyer à fes frais plufieurs légations célébres, cepen

LIII.

point revenir à Balle.

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dant il n'en faifoit rien; & il repréfentoit qu'il avoit AN.1443épuifé la fucceffion de fes fils. Et quand on le prioit de revenir à Bafle, pour donner plus de poids à l'autorité du concile, il répondoit que fa propre expérience le convainquoit, que l'église étoit mieux gouvernée à Laufanne qu'à Bafle; que ceux qui le venoient trouver dans cette premiere ville, ne voudroient pas fe rendre dans la feconde. C'eft ce qui lui fit prendre le parti d'y demeurer.

LIV.
Les Italiens

demandent à l'empereur concile à

qu'on tienne

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Rome.

Alphonfe, les Venitiens, les Florentins, les Siennois & les autres feigneurs d'Italie écrivirent à l'empereur, & tâcherent de l'engager par leurs lettres à confentir qu'on affemblât le concile à Rome dans le palais de Latran, & à y envoyer fes prélats. Mais Frederic ne voulant point fe déterminer avant l'af femblée de Nuremberg qui devoit fe tenir à la SaintMartin, écrivit aux rois & aux princes d'y envoyer leurs ambaffadeurs. Il y fut bientôt porté par le roi de France, qui lui manda, que le moyen le plus fûr & le plus court pour éteindre le fchifme, étoit que les princes ou leurs ambaffadeurs s'affemblaffent en un licu commun, & que là on y convînt à la pluralité des voix des moyens qu'il falloit prendre pour y par venir. Dans la lettre que Frederic écrivit au chancelier de France, au rapport d'Aneas Sylvius qui étoit alors fecretaire de l'empereur, il lui mande que c'eft epist. 54. 6550 l'avis que lui a donné Charles VII. & qu'il eft résolu de le fuivre, voyant que ni Eugene, ni les peres de Bafle n'approuvoient point un nouveau concile : qu'il n'étoit content ni des uns, ni des autres, parce qu'Eugene avoit transferé fon concile de Florence à Rome; & les peres de Bafle venoient de tenir une feffion le dix-neuviéme de Mai, dans laquelle ils avoient ar

>

En. Sylv.

L V.

L'empereur fe plaint d'Eugene & des

Bafle.

peres

de

AN.1443. rêté, felon les decrets des conciles de Constance & de Bafle même, que l'on célébreroit un autre concile genéral trois ans après en la ville de Lyon que Felix avoit choifie, auquel concile on accordoit la liberté d'abreger ce terme. Que toutefois le concile de Basle ne feroit point regardé comme diffous, que ce n'en feroit qu'une continuation, pourvu que la ville de Bafle voulût accorder la même affurance ; & qu'en cas qu'il s'y trouvât quelque empêchement, on nommoit Laufanne, où les peres fe tranfporteroient.

'LVI. Quarante

de Balle.

ex

Labbe, conc.

Aug. Patric.

tom. XIII.

En effet on avoit tenu à Bafle la quarante-cinquiécinquiéme fef me feffion dans le mois de Mai de cette année. Mais fion du concile les guerres d'Allemagne, la retraite des prélats sujets d'Alphonfe, les inftances que faifoit toujours l'emtom. XII. p. 657. pereur pour la tenue d'un autre concile, l'absence de Felix, & le peu de fecours que les prélats pouvoient efperer en demeurant à Bafle, les obligerent de prendre les réfolutions dont on vient de parler, & de fe Léparer après cette feffion. Les peres avoient condamLoco cit. art.138. ne dans la feffion précedente plufieurs propofitions Conc. 1607. avancées contre les droits des curez par des Religieux mandians, qui affuroient que les peuples n'étoient pas obligez de droit d'entendre la meffe dans leurs propres paroiffes, les dimanches & les fêtes ; qu'il leur étoit libre d'aller l'entendre ou bon leur fembleroit, & que les decrets des conciles ne pouvoient pas les priver de cette liberté; qu'ils n'étoient pas non plus obligez de venir à l'offrande ces jours - là qu'on ne devoit point faire dire de messes aux curez, parce qu'étant obligez de dire la meffe à raifon de leur bénéfice, ils ne pouvoient pas s'acquitter de celles dont on les chargeroit; que quoiqu'on foit obligé de payer la dixme, le précepte ne tombe point fur la perfonne à qui l'on doit la

payer;

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