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Æn. Sylv.

Æneas Sylvius l'appelle la grande lumiere de la Tof- An.1443. cane, & dit que perfonne, après Lactance, n'a ap- p. proché fi près du ftile de Ciceron. Pogge lui fucceda dans la charge qu'il exerçoit chez les Florentins; un autre historien dit que ce fut Charles Aretin fon pa

rent.

Paul Jove.

in elog. c. 9.

LXXII. Autres préparatifs de

les Turcs.

Ladislas roi de Pologne & de Hongrie, enflé des grands fuccez qu'il avoit eus l'année précédente dans AN. 1444. la guerre contre les Turcs, par les bons confeils du cardinal Julien, & avec le fecours de Huniade, étoit fort follicité à continuer une entreprise fi heureuse- guerre contre ment commencée. Le pape Eugene, les Venitiens, les Genois & Philippe duc de Bourgogne lui offrirent d'équiper une flotte confiderable pour fermer aux Turcs le paffage en Europe; & Jean Paleologue empereur des Grecs, quoique fort affoibli, ne laiffoit pas de promettre qu'il s'oppoferoit à leurs progrez dans la Thrace. Le prince de Caramanie s'engageoit à porter la guerre en Afie, pendant qu'en Europe on attaqueroit Amurat, à qui Scanderberg ne donnoit pas peu d'occupation. Enfin toutes les perfonnes interreffées vouloient la guerre, il n'y avoit que les Polonois, qui ayant chaffé les Turcs de la Hongrie, & craignant les incurfions des Tartares dans leur pays, auroient fouhaité que leur roi retournât en Pologne pour mettre ordre aux affaires du royaume; mais le parti le plus nombreux l'emporta; & l'on réfolut auffi la guerre. L'on équipa une flotte de foixante & dix galeres commandée par le cardinal Condelmer neveu du pape, qui fe rendit fur l'Hellefpont pour le faifir des ports, & empêcher le passage des convois.

LXXIII. Amurat veut

Amurat étonné d'un fi grand appareil, & ne se Lentant pas affez fort pour résister à tant de princes faire la paix

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tiens.

Bonfin. 3.

dec. 6.

Crom. 1. 21.

AN.1444. liguez contre lui, fongea férieusement à la paix dont avec les Chré- il avoit paru tant éloigné jusqu'alors, tant par la haine qu'il portoit aux Chrétiens, que par le defir qu'il avoit d'augmenter les états. Il promit fecretement à Georges defpote de Servie fon beau-pere, auquel il avoit enlevé & fes états & fes enfans ; que fi la paix fe pouvoit faire par la négociation, il lui rendroit & les uns & les autres. Georges attiré par ces belles promeffes, communiqua l'affaire à Huniade, qui fe rendit aifément, gagné par quarante ou cinquante mille écus d'or qu'on lui promit, avec quelques places qu'il tenoit en Hongrie, & qu'on lui vouloit disputer : & il y fit confentir le roi de Pologne, qui n'étoit pas trop porté à continuer cette guerre. Ainfi au grand déplaifir du cardinal Julien, on conclut une trève pour dix ans à ces conditions; Qu'Amurat jouiroit de la Bulgarie; qu'il rendroit tout ce qu'il avoit pris dans ce pays-là à ceux aufquels il appartenoit avant la guerre; que les prifonniers feroient rendus de part & d'autre, & en particulier les fils de Georges defpote de Servie. Les Turcs vouloient que Ladiflas jurât fur la fainte Euchariftie d'obferver la tréve, mais il en fut empêché par un nommé Gregoire, qui fut enfuite évêque de Leopold; le roi jura fur les évangiles, & Amurat On fait la paix fur l'alcoran.

LXXIV.

avec Amurat.

Après la conclufion de cette tréve, & le ferment prêté de part & d'autre, le cardinal Condelmer qui commandoit la flotte dans l'Hellefpont, manda qu'il fe préfentoit la plus belle occafion du monde pour recouvrer tout ce que les Turcs poffedoient en Europe; Amurat ayant fait repaffer les troupes en Afie contre le prince de Caramanie. Il mandoit auffi au roi LaOn délibere dias qu'il devoit fe reffouvenir de la promesse qu'il

LXXV.

A l'on rompra

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avoir été jurée.

avoit faite aux princes Chrétiens; & qu'il fe hâtât de AN. 1444. venir avec fon armée, les autres ayant déja envoyé la paix, après leurs troupes. On reçut auffi des lettres de Jean Paleologue empereur de Conftantinople, qui faifoit les mêmes inftances pour continuer la guerre, alleguant qu'il avoit refufé de traiter avec le Turc; qu'il avoit même déja commencé à l'attaquer; qu'il ne falloit fe fier en aucune maniere à la tréve que l'ambaffadeur d'Amurat avoit fignée; qu'à la premiere occafion favorable les Turcs reprendroient les armes fans fe foucier du ferment qu'ils avoient fait ; & qu'il seroit fâcheux que de fi beaux commencemens demeuraffent fans effet par une négligence lâche & criminelle. Toutes ces remontrances firent tant d'impreffion fur l'efprit des princes qui avoient figné la tréve, qu'ils fe repentirent de l'avoir faite, jugeant bien qu'ils alloient devenir la fable & la rifée de tous les peuples, après la foi qu'ils avoient promise au pape Eugene, à l'empereur Jean Paleologue, à tous les Grecs & aux Latins, qui avoient déja préparé les fecours qu'ils avoient promis. Ils penferent auffi que ce feroit une perfidie que de les laiffer dans le péril où ils les avoient attirez ; & que d'ailleurs on étoit bien fondé à rompre cette tréve avec les Turcs, puifqu'ils n'en avoient pas exécuté tous les articles, & qu'ils avoient manqué à rendre au tems marqué les prifonniers & les places qu'ils occupoient.

Phranz, Lar c. 18.

LXXVI. Difcours du

pour obliger

Les efprits étant ainfi irréfolus entre l'obfervation de la tréve & la continuation de la guerre, le cardinal cardinal Julien Julien légat profita de ces difpofitions, pour repréfen- les Chrétiens ter vivement aux chefs de l'armée Chrétienne à quels tréve malheurs leur confeil précipité les avoit réduits, Bonfin. ibid. ,, en faisant la paix avec une nation infidelle, pendant 483. edit. Basik

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1. 6. dec. 3. P.

fol. 1562

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AN.1444.,, qu'ils violoient, pour un léger interêt, la foi & l'alliance facrée, jurée au pape & aux princes, puifqu'ils ne gagnoient à cela que le recouvrement de la Myfie déja toute ruinée, & qui pouvoit être reprife en fort peu de tems; que ce second accord avec le Turc étant préjudiciable à leur honneur & à leur réputation, & encore plus au bien de l'église, ils devoient le rompre fans fcrupule pour s'en tenir au premier qu'ils avoient contracté avec Eugene, Jean Paleologue, les Grecs & les Italiens. Sans cela, ajouta le légat, qu'aurez-vous à répondre à l'empereur de Conftantinople, qui, fuivant sa promeffe, est déja dans le camp, & attend votre armée; au ,, pape, aux Venitiens & aux Genois, qui ont leurs Hottes toutes prêtes; aux Bourguignons, qui par un zele que la feule foi anime, se sont embarquez depuis long-tems, & qui après avoir effuyé beaucoup de dangers fur l'Ocean, font tous prêts fur l'Hellef ›› pont à attaquer les Infidéles ? Il ajouta qu'à la verité il étoit préfent au traité impie qu'on venoit de faire avec les ennemis de la religion Chrétienne, mais qu'il l'avoit condamné ; qu'il s'y étoit oppofé de toutes les forces; & que s'il n'avoit pas porté plus loin fon oppofition, c'eft qu'il s'étoit laiffé vaincre par la fageffe & l'autorité d'Huniade : outre que la situation du defpote Georges l'avoit touché ; qu'enfin il n'avoit cedé qu'avec beaucoup de peine, & feulement afin qu'on ne pensât pas qu'il étoit contraire aux ,, avantages des Hongrois & des peuples voisins, quoiqu'il fût bien convaincu d'ailleurs des dommages qu'en fouffriroit la religion Chrétienne. Enfin il les exhorta à rompre cette alliance, avant que le bruit de leur perfidie s'étendît plus loin,

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LXXVII.
Le légat leve

ceux qui vou

Gobel. Perfon.

comment.

Et parce que le reproche d'avoir violé une alliance AN. 1444.. accompagnée d'un ferment folemnel, arrêtoit les Chrétiens, & leur caufoit du fcrupule; le légat ajouta, les fcrupules de qu'il étoit quelquefois permis pour le bien public foient obferver ,, de ne point tenir la parole qu'on a donnée, quand le traité. ,, cette parole lui eft contraire; & qu'on pouvoit en ces occafions manquer de foi aux Infidéles; qu'à la verité ,, on doit obferver un ferment jufte, & fondé fur l'équité: mais que celui qui tend à la ruine du particulier & du public, doit être cenfé nul; qu'une promesse insensée & infidelle déplaît à Dieu; qu'il étoit bien plus mauvais & plus criminel de violer la fainteté d'une alliance faite avec le pape & avec les prin,, ces de la religion Chrétienne; & que Dieu ne laifferoit pas une fi grande perfidie fans punition. Enfin qu'il feroit beaucoup plus agréable au Seigneur, & plus glorieux pour les princes de retirer de la dure & cruelle fervitude des Turcs tant de provinces qu'ils avoient ufurpées, que d'obferver le traité fait avec ,, eux à la ruine de la foi & de la religion; qu'il ne falloit point laiffer échapper une fi belle occafion qu'ils ne trouveroient jamais fi favorable; & que pour lever tous les fcrupules que le roi de Pologne & les grands pourroient avoir fur le violement du traité il leur en donnoit l'abfolution par l'autorité du pape dont il étoit le légat,,. En effet Æneas Sylvius rapporte que le pape Eugene qui avoit pris cette affaire à rop. c. so cœur, étant informé du traité fait avec Amurat, écrivit au cardinal Julien que cette tréve faite à son infçu, étoit nulle, qu'il ordonnoit au roi Ladislas de la rompre, qu'il lui donnât l'absolution de fon ferment; il exhortoit encore ce cardinal à employer tous les efforts pour renouveller la guerre foit par prieres ou par

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En. Sylv. Eu

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