lui font favorables, & promet de lui rendre vifite dans AN.1444. peu de tems. La lettre eft datée de Babylone, & porte avec foi tous les caracteres de fauffeté qui doivent la faire révoquer en doute, puifque les hiftoriens ne parlent point de cette propolition de mariage faite par le foldan, & que le roi de Dannemark époufa l'année fuivante Dorothée fille du marquis de Brandebourg: La mort de Ladiflas à la bataille de Varne, occupa fort les deux royaumes de Pologne & de Hongrie pour lui choisir un fucceffeur. Les Hongrois qui avoient rejetté le jeune Ladiflas fils d'Albert & d'Elifabeth après la mort de fon pere, touchez d'un refte d'inclination pour leur ancien roi, & voulant arrêter l'ambition de ceux qui afpiroient à la couronne, y rappellerent ce jeune prince, qui n'ayant encore que cinq ans, faifoit déja concevoir de lui de grandes espérances pour un fage gouvernement. Et parce qu'il n'étoit pas encore en état de conduire par lui-même des peuples auffi difficiles que ceux qui le choififfoient pour leur roi, on donna l'administration de la Hongrie à Jean Huniade qui s'étoit rendu fi célébre. Ladiflas étoit élevé à la cour de l'empereur Frederic fon oncle, à qui les Hongrois s'adrefferent pour obtenir leur nouveau roi les honorât de fa présence, & vint demeurer dans fes états; mais ils ne purent jamais obtenir cette fayeur, ni par menaces, ni par prieres, ni même par guerre qu'Huniade lui déclara à ce fujet. L'empereur ne croyant pas que fon neveu pût demeurer en fureté parmi des peuples fi inconftans, & qui n'étoient prefque jamais d'accord entre eux. la que C V. Le jeune La diflas eft élu roi de Hongrie. 44 Thuros, cap. 45. Bonfin.3.dec.7. CVI Quant aux Polonois, comme fur quelques fausses nouvelles ils s'étoient imaginé que leur roi n'avoit s'aflemblent point été tué, & qu'il étoit prifonnier en quelque lieu; pour élire un roi. c. 58. yeux AN. 1444. ils envoyerent en Thrace & en Bulgarie, pour être Michou, l. 4. plus furement informez du fait : & comme tout ce Crom. l. 22, qu'on leur en rapporta, ne tendoit qu'à confirmer la mort du prince; à l'exemple des Hongrois, ils songerent à fe choifir un roi, & jetterent d'abord les fur Frederic marquis de Brandebourg, qui les remercia, en leur remontrant que cette dignité regardoit Cafimir duc de Lithuanie, frere de leur roi défunt, & que ce feroit une injuftice de penfer à d'autres. Ils s'adrefferent donc à Cafimir. Mais ce prince ne voulant ni refuser absolument, ni accepter d'abord, fe rejetta fur l'incertitude de la mort de fon frere, & fur la difficulté que les Lithuaniens faifoient de le laiffer aller en Hongrie: la meilleure raifon, & celle qu'il n'alleguoit point, étoit l'envie qu'il avoit qu'on differât cette élection, afin qu'il eût le tems de fe déterminer. Mais les Polonois ennuyez de ce retardement,élurent à la fin du mois de Mars de l'année suivante Boleflas duc de Masovie,ou plutôt déclarerent qu'ils l'éliroient,fiCafimirne fe déterminoit pas avant la Pentecôte. Cette déliberation prise en pleine asfemblée intrigua Cafimir;il fe repentit d'avoir tant ba lancé, & cependant il ne put encore se déterminer. CVII. Aneas Syl l'empereur au pape Eugene. L'empereur Frederic avoit député dans l'assemblée ius député de de Nuremberg Æneas Sylvius fon fecretaire, pour aller à Rome faire agréer au pape Eugene la tenue d'un concile, & par là mettre fin au schisme. Ce député s'acquitta de fa commiffion fans neanmoins rien obtenir du pape, qui ne voulut jamais consentir à ce concile, qu il regardoit, difoit-il, comme un moyen de mettre le trouble & la divifion dans l'églife, loin de A. Sylului procurer la paix. Sylvius pour se rendre plus agréable à Eugene, lui fit des excufes au commencement de son discours, de tout ce qu'il avoit dit, fait & écrit comment. lib. 1. 's epist. 98. contre peu contre la fainteté, en faveur du concile de Bafle. Le AN. 14447 lui pardonna volontiers, & même de tems pape après le fit fon fecretaire, fans qu'il fût cependant obligé de quitter le même emploi qu'il avoit auprès de l'empereur. Ce même Eneas Sylvius devenu pape en 1458. fous le nom de Pie II. retracta publiquement tout ce qu'il avoit écrit autrefois contre Eugene, & fit défenses d'appeller du pape au concile, ce qui confirmoit fa retractation, CVIII. Les Chaldéens & les Maronites au pape. Coll. concil Labbe, tom. Comme ce pape continuoit toujours fon concile de Florence à Rome, il y tint une congrégation genérale le feptiéme du mois d'Août à l'occafion de l'arrivée de fe foumettent quelques députez des Chaldéens & des Maronites: ces députez étoient Timothée archevêque de Tharse métropolitain des Chaldéens de Chypre, Neftorien; & Elie évêque des Maronites, qui vinrent rendre leur obéiffance à Eugene, & fe foumettre à fon concile. Le pape fit, un decret où il dit: qu'après l'union de l'é- XIII. p. 1225. glife d'Orient, avec celle d'Occident, au concile genéral de Florence, & après la réduction des Arméniens & des Jacobites, il avoit envoyé André archevêque de Coloffe en Orient, & dans l'ifle de Chypre, afin d'y confirmer les Grecs dans la foi de l'églife, & tâcher de convertir les Hérétiques qu'il y trouveroit, foit les Neftoriens qui regardent Jefus-Chrift comme un pur homme, ou les fectateurs de Macaire, qui n'admettent qu'une volonté dans le Fils de Dieu; à quoi ce prélat avoit fi efficacement travaillé, qu'il avoit ramené à la vraie foi Timothée archevêque de Tharse, & Elie évêque des Maronites, avec tout leur clergé & leur peuple, enforte que ces deux évêques en font venu faire une profeffion publique à Rome. Il ne manquoit plus ibid. Eugene pour réunir toutes les fectes d'Orient à l'église Tome XXII, Iii Conc. gener. AN.1445 Romaine, que de faire recevoir fes decrets fur les lieux: mais par malheur ils n'eurent point d'effet; & ces fectes entieres ne font pas demeurées depuis ce tems moins attachées à leurs erreurs, ni moins ennemies de la religion Catholique. Pendant que les Hététiques de Chypre le foumettoient dans leur ifle à Eugene, les Fidéles de cette même ile fe révoltoient contre lui, en empêchant que Galefe, à qui il avoit donné l'archevêché de Nicofie, ne s'en mît en poffeffion : ils en vinrent même jusqu'à faire emprifonner celui que le pape y avoit Les Cypriots envoyé pour inftaller Galefe, & ils l'obligerent à forchevêque deNi tir de l'ifle, & à fe retirer à Rhodes où cette affaire fut cofie, nommé accommodée par le grand-maître de cette ifle, qu'EuBof. hift. gene en avoit chargé; ou plutôt par fa femme qui étoit Grecque, & qui fe mêloit plus du gouvernement que fon mari, & qui engagea le roi de Chypre à recevoir Galese, & à délivrer l'envoyé du pape. CIX. refulent l'ar par Eugene. Rhod. tom. 2. l. 6. Il y eut auffi dans le même tems de grands mouvemens à Boulogne, au fujet des divifions qui furvinrent entre les deux puiffantes familles des Bentivoglio & des Cannetules joints aux Gifleri. Les premiers pour avoir fecoué le joug de Pifcinnin, ne jouirent pas d'une plus grande tranquillité, & fe virent plongez dans des guerres civiles, qui furent la caufe de la perte d'Annibal Bentivoglio, nonobftant l'alliance qu'il avoit faite avec le parti oppofé. Cet Annibal s'étoit rendu maître de Boulogne avec le fecours de fes partifans, & il y commanda jufqu'en cette année 1445. qu'il fut affaffiné le vingt-quatriéme de Juin dans l'église de -faint Jean, dans laquelle il venoit de tenir un enfant fur les fonts de batême. Cet affaffinat fut commis par les Cannetules & les Gifleri, qui, après une feinte réconciliation, l'avoient prié d'être parain d'un enfant En. Sylv. epift. 3. En. Sylu de de leur maison. Une action fi lâche & fi horrible fit AN. 1445. foûlever le peuple qui, dans les premiers momens de fa fureur, mit en pieces Batifte Cannetule dans l'endroit où il s'étoit caché, & fe faifit des complices, on leur coupa les bras & les jambes, & leurs corps furent attachez par quartiers au gibet. Jean Bentivoglio II. Europ. c. 5 3. du nom fucceda à fon pere Annibal, fous la tutelle d'un de fes parens, qui ne fe maintint dans le gouvernement que par une cruelle politique; ayant fait mou rir plufieurs des Malvezi, & chaffé les Marefcotti, parce que les uns & les autres faifoient des cabales fecrettes contre lui. CX I. Mort du car Corario. Antonin. tit. 22. C. II. Antoine Corario né à Venife, fit une plus heureuse fin cette année à Pavic. Il étoit cardinal, évêque d'Of dinal Antoine tie, doyen du facré college, & neveu du pape Gregoire XII. Il avoit fondé en partie la congrégation de Saint-Georges in Alga. Sa vie fut très-pure & recommandable par le renoncement qu'il fit à tous fes bé néfices, & par fon extrême charité pour les pauvres, à qui il donna tous fes biens, ne fe réfervant que ce qu'il lui falloit pour vivre d'une maniere très-fimple. Le pape Gregoire fon oncle le fit cardinal en 1408. & l'envoya légat en France, puis en Allemagne. On lui gen. IV. attribue une histoire des affaires de fon tems, qui eft En Sylv. de encore manufcrite dans la bibliotheque de la maison Europ, co 53. de Saint-Georges des chanoines réguliers à Venife, dont ce cardinal avoit été religieux, auffi bien qu'Eu- XII. & Eugen. gene IV, & Laurent Juftinien. Jean Manuel Paleologue empereur de Constantinople mourut auffi le trente-uniéme d'Octobre de cette année, fans avoir pû établir parmi les Grecs l'union pour laquelle il avoit tant travaillé. Ainfi Dieu permet quelquefois pour des raifons inconnues aux hom Platin. in Eu Ciacon.inGreg. IV. CXII. Mort de Jean Paleologue cmpereur de Con ftantinople. Naucler generat. 49. p. 470. |