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AN. 1446. avec plaifir, comme ils avoient déja promis de le faire; & qu'ils ne manqueroient pas de se transporter, auffi-tôt qu'ils en feroient informez, au lieu que l'empereur Frederic & les princes électeurs ou leurs ambassadeurs auroient choili. Les princes arrêterent dans l'affemblée de Francfort, que si on célébroit un concile, il faudroit que ce fût au mois de Mai de l'année fuivante, dans une des fix villes qu'ils avoient propofées, & qui feroit au choix du pape Eugene, pourvû que ce fût en Allemagne : Mais la Providence les délivra tous des mouvemens qu'on fe feroit donnez pour assembler un concile, par la mort du pape Eugene, qui arriva peu de tems après.

CXXIX.

Canonifation

de Tolentin.

Bullar. tom.1.

Eugen. IV. conft. 27.

Le premier jour de Fevrier précédent il canonisa de faint Nicolas faint Nicolas. de Tolentin de l'ordre des Hermites de saint Augustin, qui étoit mort il y avoit long-tems; il y fut porté par le grand nombre de miracles que le Saint avoit operez pendant fa vie, & qu'il operoit encore tous les jours felon le témoignage qu'on en rendoit. Il confirma auffi la réforme que les moines Grecs de Sicile de l'ordre de faint Bafile avoient arrêtée dans leur chapitre tenu à Rome par ordre du Ibid. const. fouverain pontife. Il avoit confirmé auparavant la congrégation des freres de faint Jerôme de Fiezoli, & accordé des privileges à celles d'Ilicete. Il réduifit les freres de faint Ambroife fous une feule congrégation, dont le monaftere de faint Ambroise - au - - Bois à Milan feroit le chef. Il expliqua & mitigea la régle des religieufes de fainte Claire, & donna beaucoup d'autres bulles touchant les ordres religieux: elles font toutes rapportées dans le bullaire.

26. 28.

CXXX.

Eugene en

voye la rofe

Eugene envoya cette année par Louis de Cardonne fon camerier, la rofe d'or au roi d'Angleterre

d'Angleterre. Concil. gener.

XIII. p. 1309.

Harpsfeld. fac..

Henri VI. accompagnée d'une lettre datée de Rome AN.1446. le vingt-quatrième du mois de Juin. Quoique le titre d'or au roi de cette lettre porte qu'elle fut écrite touchant l'observation du jeûne du carême, c'eft cependant la Labbei, tom. chose dont ce pape parle le moins au roi ; il y fait feulement un long détail des fignifications myfte- 15. cap. 14. rieuses de cette rofe d'or. Il y parle de la bénédiction qui s'en fait à Rome le quatriéme dimanche de carême, de la coutume établie de l'envoyer aux princes attachez au fiége de Rome. Il y dit que pendant fon pontificat il l'a donnée à deux empereurs Romains, à un roi de Castille, & au roi d'Arragon, en les exhortant à faire la guerre aux Infidéles & aux ennemis de la religion Chrétienne. Il marque au roi qu'il lui fait la même faveur, pour animer fon zele & son attachement à l'églife, & comme une reconnoissance des subsides qu'il a permis qu'on levât dans fon royaume, pour fournir aux frais de la guerre contre les Turcs; & enfin il lui demande encore de nouveaux fecours.

Ce

CXXXI. pour réformer église de Lic

Réglement

ge.

Concil. gener.

Labbei,tem.X

Comme l'église de Liege avoit befoin de quelque réforme, Jean qui en étoit évêque, fit de concert avec fon chapitre, des réglemens qui furent enfuite confirmez par Nicolas V. fucceffeur d'Eugene. prélat après avoir fait mention d'autres ftatuts faits fous Adulphe fon prédéceffeur en 1437. & 1443. qui 1310. n'ayant pas été obfervez, avoient été caufe de plufieurs plaintes de la part des perfonnes bien intentionnées ; ordonne qu'on fera un inventaire des biens & des effets d'un curé mort, pour enfuite fatisfaire à fes dettes, & employer le refte à la difpofition de l'évêque. Il régle la taxe & le falaire des procureurs fifcaux, notaires & autres; les amendes pécuniaires.

AN. 1446. pour certains délits; le nombre des officiaux, & leurs qualitez; ce qui regarde ceux qui deffervent les bénéfices en l'abfence des titulaires; ce qui concerne les monitoires. Il fait défenses de deffervir deux églifes paroiffiales à la fois, fans une néceffité évidente. Tous les autres réglemens ne tendent qu'à réformer les abus qui s'étoient introduits dans les ufages de ce diocese. Les actes de ce fynode font datez du quatriéme de Juin de cette année.

CXXXII.

tagne rend hommage au roi de France

ché.

Le

La tréve fut prolongée entre la France & l'AngleLe duc de Bre- terre; & Charles VII. voulant profiter de ce repos, s'en alla à Chinon, où François I. nouveau duc de pour fon du- Bretagne, qui avoit fuccedé à fon pere Jean V. vint lui rendre hommage pour fon duché & pour le comté de Montfort, en la maniere que fes prédéceffeurs les ducs de Bretagne l'avoient fait aux rois de France prédéceffeurs de Charles VII. & non autrement. roi après cette cérémonie, fit expedier des lettres d'abolition aux feigneurs Bretons pour toutes les liaisons qu'ils auroient pû avoir avec les Anglois durant la guerre. On fit beaucoup de careffes au duc qui s'en retourna très-content en Bretagne, où il donna des marques de fon attachement pour la France. Ses deux freres Pierre & Gilles étoient chagrins d'avoir été partagez en cadets dans la succession de leur pere ; le dernier fe retira fur les terres fans en rien dire au duc, qui fur de fâcheux rapports vrais ou faux, le fit arrêter le vingt - fixiéme de Juin, dans son château de Guildo, où il ne pensoit à rien moins qu'à cela. On le conduifit à Dinan, & de là à Rennes, enfuite à Châteaubriant, & en divers autres lieux: enfin après avoir été fort maltraité pendant trois ans dans ses dìfferentes prisons, on le trouva mort dans fon lit. On

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crut

crut que quelques-uns de fes gardes l'avoient étranglé par des ordres fecrets, quoiqu'on ne manquât pas de répandre le bruit qu'il étoit mort de sa mort natu

relle.

AN. 1446

&

CXXXIII.

Brouilleries

guerres civi

Monftrelet,

Depuis plufieurs années les Genois étoient continuellement agitez de guerres civiles, tantôt fous le gouvernement de Theodore marquis de Montferrat, les à Genes, tantôt fous celui de Philippe Galeas duc de Milan, vol. 3. 6. 3. tantôt sous celui des Fregofes, des Adornes & des au- · tres feigneurs des principales familles de Genes. Pour mettre fin à ces guerres, ils propoferent en 1444. de se donner au roi Charles VII. mais on ne les écouta pas; parce que des deux partis qui divifoienr la ville, il y en avoit un fort oppofé à la domination françoise. Benoît Doria étoit des plus zelez pour la France. Les Fregofes fe joignirent à lui contre Adorne qui étoit doge, & qui traitoit de rebelles ceux qui tenoient le parti du roi. Ils envoyerent cinq gros vaiffeaux à Marseille, commandez par quelques feigneurs des deux maisons de Doria & de Fregofe; & de là ils firent fçavoir au roi Charles qu'ils le rendroient maître de toute la république de Genes s'il vouloit agir. Le roi voyant que les plus forts étoient pour lui, fit marcher des troupes vers les Alpes, & envoya aux Genois l'archevêque de Reims, Saint Vallier, Tanneguy du Châtel, & Jacques Cœur furintendant des finances, qui s'avancerent jufqu'à Nice, avec de pleins pouvoirs.

Un des principaux chefs de l'entreprise nommé Janus de Fregofe, qui étoit avec des troupes entre Genes & Pife, fe faifit fous l'autorité du roi, de quelques places voisines. Peu de tems après il arriva au port de Genes, entra dans la ville à la tête de trois cens foldats portant la banniere de France, & fut auffi-tôt Tome XXII,

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¡CXXXIV. propofent leurs rats au roi de

Les Genois

France.

CXXXV.

Jean Fregofe s'empare deGe

nes au nom du roi.

Bellefor. l. s.

cap. 106.

AN. 1446.

CXXXVI.

Il garde la ville pour lui,

& fe mocque des François.

CXXXVII. Mort de Guil

wood & de

Barthelemi

Chartreux.

tom. XII. in-4.

p. 91. & 118.

joint par tous ceux de fa faction qui crioient par tout, vive France. Il alla droit au palais du doge Adorne qui au premier bruit avoit pris la fuite: alors quand il fe vit abfolument maître de la ville, il ne penía plus à agir au nom du roi, il fit tout de fa propre autorité, comme chef de la république; & après s'être fervi des armes & de l'argent de France, il fe mocqua des François, disant qu'il avoit conquis la ville par les armes, & qu'il la défendroit de même : enforte que les ambaffadeurs du roi furent contraints de fe retirer à Marfeille; & tout ce que le roi gagna dans cette expedition, fut de demeurer maître de Final, que Fregofe lui avoit livré d'abord pour y débarquer des troupes en cas qu'il fût befoin de le faire. Le roi ne fe vengea point de cet affront, parce que l'état de les affaires ne le lui permettoit pas dans la conjoncture préfente.

Deux auteurs qui ont quelque réputation moururent laume de Lind- cette année. Le premier eft Guillaume de Lindwood celebre jurifconfulte Anglois dans l'univerfité d'Oxford. Il avoit été envoyé par Henri V. roi d'Angleterre, Dupin, Bi- ambaffadeur en Espagne & en Portugal:& après la mort bliot. des Aut. de ce prince, il quitta la cour, & fe retira en Angleterre, où il fut fait évêque de Saint David. Il a compofé un recueil des constitutions des archevêques de Cantorbery, depuis Etienne de Langton jufqu'à Henri Chichley, divifé en cinq livres. Le fecond eft Barthe lemi Chartreux du monaftere de Ruremonde, qui avoit compofé plufieurs traitez de morale, dont on en trouve une partie manufcrits dans le monaftere des Chartreux de Cologne, où il mourut dans le mois de Juillet de cette année. Il eft auteur d'un traité des paffions, des vertus, de l'oraison, de l'humilité, de la correction fraternelle, des louanges des Religieux, de l'ab

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