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ftinence de viandes dans l'ordre de Cîteaux, & d'un traité dogmatique de l'autorité du concile fur le pape.

AN. 1447.

CXXXVIII.

Députation des princes

au pape Euge

ne.

CXXXIX.
Demandes

au pape.

Les députez que l'affemblée de Francfort avoit envoyez à Rome vers le pape Eugene, y furent très-honorablement reçus, & trois jours après leur arrivée ils eurent audience dans un confiftoire fecret. Eneas Syl- d'Allemagne vius que l'empereur avoit député, y porta la parole, & expofa le fujet de fa députation. Il dit que les princes d'Allemagne ne defiroient que la paix, qu'elle étoit l'unique objet de leurs foins & de leurs vœux, & que leurs plaies ne pouvoient être guéries, ni la nation vivre dans une parfaite tranquillité, si le souverain pontife ne fe rendoit aux voies qu'on proposoit pour y réuffir. Il réduifit ces voies à quatre principales: La premiere, que le concile genéral fût affemblé dans le de ces députez tems qu'on fixeroit pour le tenir, & dans le lieu qu'on défigneroit. La feconde, que le pape approuvât par fes lettres la proteftation que les légats avoient faite reconnoître la puiffance, autorité & prééminence des conciles genéraux. La troifiéme, qu'on pourvût aux charges onereufes dont toute la nation d'Allemagne fe plaignoit. La quatrième, que le pape eût la bonté de révoquer tout ce qu'on avoit fait contre les archevêques & électeurs de Cologne & de Tréves, afin qu'ils fuflent rétablis dans leurs dignitez. Il ajouta ; que la premiere de ces demandes regardoit l'utilité publique. La feconde donneroit un nouveau relief à l'humilité du pape. Que la troifiéme dépendoit de fon équité. Cechlée, bist. La quatrième, de fon humanité & de sa clémence. Ce difcours fut fort approuvé du pape & des cardi

naux.

pour

Comment. Pii II. l. 1.

Huffit lib. 9.

CXL.
Le roi de

Le roi de France qui prévoyoit beaucoup de difficultez dans la convocation d'un concile genéral, étoit France propofe

un autre expé

dient pour la paix.

AN.1447. d'un avis different de celui des princes d'Allemagne. Car quoique le concile de Bafle, réduit prefque à rien par la retraite ou par la mort de plufieurs de fes membres, eût confenti qu'on en tînt un autre dans le lieu qui feroit marqué par l'empereur & par les électeurs; & quoique la queftion de la fuperiorité du concile audeffus du pape, eût été décidée par les conciles de Conftance & de Bafle, elle étoit cependant une fource perpetuelle de divifions. C'est pourquoi le roi dreffa avec fon confeil un projet d'accommodement qui fe réduifoit à trois points. Le premier, que toutes les procedures faites, toutes les cenfures & fentences publiées par les deux partis l'un contre l'autre, fuffent réputées comme non faites & non publiées. Le second, qu'on reconnût Eugene comme l'unique & vrai pape, ainfi qu'il étoit reconnu avant le concile de Bafle. Et le troifiéme, qu'Amedée de Savoie renonçât au pontificat; & qu'en le cedant, il tînt dans l'église le plus haut rang qu'on lui pourroit accorder ; & que ceux qui. avoient embraffé fon parti dans le concile de Balle eussent aussi part à l'accommodement par les dignitez & par les honneurs qui leur feroient ou confervez ou conferez.

On étoit prefque affuré de la difpofition d'Amedée, qui n'avoit plus dans fon obédience que la Savoie & les Suiffes, qui étoit d'ailleurs homme de bien, & qui ayant quitté les états par l'amour qu'il avoit pour la vie tranquille, fe trouvoit chargé d'affaires beaucoup plus grandes que celles qu'il avoit quittées, en cedant à fon fils fon duché. Eugene par ce projet avoit tout ce qu'il pouvoit prétendre, qui étoit d'être reconnu feul & légitime pape dans toute l'églife; & par le troifiéme article on avoit foin de pourvoir aux interêts des mem

que

CXLI.

Maladie du pape Eugene. Antonin. tit.

CXLII. Bulle d'Eu gene en faveur

bres du concile de Bafle, qui s'ennuyoient fort de leur AN. 1447. long séjour dans cette ville. Le roi députa l'archevêd'Aix vers Eugene & à Bafle, pour leur faire part de fon projet:mais ce prélat apprit en arrivant à Rome, que le pape Eugene étoit mort. Il s'étoit trouvé mal après l'audience qu'il avoit donnée aux envoyez de l'empereur & des princes d'Allemagne, & s'étoit mis au lit, chargeant les cardinaux du foin de terminer 22.6.11. §. 17 l'affaire. Il approuva tout ce que les envoyez avoient demandé, & ordonna qu'on en expediât les lettres : les envoyez furent donc conduits dans fa chambre; & après lui avoir rendu leurs foumiffions; Æneas Sylvius leur donna la bulle qu'il venoit d'expedier par l'ordre du pape : elle est datée du septiéme de Février. Ce fut la derniere que fit Eugene. Par cette bulle il accorde & confirme aux Allemands beaucoup d'articles qui concernent les benéfices, la jurifdiction des diocefes, les fujets & vaffaux des évêques, les annates & communs fervices. Il y déclare nul tout ce qui a été fait durant le fchifme contre l'autorité du faint fiege; il donne l'abfolution. à tous ceux qui avoient fuivi le concile de Bafle depuis fa rupture, & qui retourneront à l'unité de l'églife, ou qui y font déja retournez ; il les rétablit dans leurs offices, dignitez & benéfices, & le tout du confentement des cardinaux de la fainte église Romaine.

des Allemands.

Bullar. tom.

1. Eugen. IV.

conftit. 19.

CXLII.

Réjouiffances

Après cette vifite on retourna au confiftoire où les cardinaux préfiderent en l'abfence du pape. On publia à Rome pour la les mandemens de l'empereur & des princes, on ordon- paix del'église» na des prieres publiques en actions de graces; on fonna les cloches dans toute la ville; on fit des feux de joie. Les cardinaux & les autres prelats affifterent à une proceffion folemnelle depuis l'église de saint Marc, jufLll iij

AN. 1447. qu'à celle de faint Jean de Latran, dans laquelle on porta la mitre du pape Saint Sylveftre, qu'on avoit reçue depuis peu d'Avignon, & qu'Eugene avoit fait transporter du Vatican au palais de Latran. On porta pareillement le chef de faint Jean-Baptifte, & les autres principales reliques des églifes; on chanta la messe, & le prédicateur ne manqua pas de faire l'éloge du pape Eugene & de l'empereur Frederic. Saint AnAntonin. tit. tonin qui fait tout ce récit, dit qu'il y affifta lui-même comme archevêque de Florence.

22. §. 17.

CXLIV.

que S. Antonin

La maladie d'Eugene devenant de jour en jour plus Eugene refu confiderable, Saint Antonin l'alla trouver avec les trême- onction faintes huiles pour lui adminiftrer le facrement de l'Exeut lui donner. trême-onction : Le pape le voyant entrer, lui dit d'un ton ferme & affuré: Pourquoi venez-vous ici fans mes ordres ? Que n'attendez-vous que je vous mande pour recevoir les Sacremens? Il croyoit en parlant ainfi, cacher à ceux qui l'affistoient, la foibleffe où il se trouvoit, & les approches de la mort qu'il fentoit. Mais cette intrépidité apparente lui fut inutile, puifque fa Platina, & derniere heure étoit venue. Sentant donc qu'il n'avoit plus que peu d'heures à vivre,il fit venir dans fa chambre tous les cardinaux qui étoient à Rome, & après qu'ils eurent pris leurs places, il leur parla ainfi avec un courage intrépide:

Ciacon. de vitis

Pontif. in Eugen. IV.

CXLV. Difcours d'Eu

gene aux cardi- >>

mort.

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"Voici,mes chers freres,le moment fatal qui me va féparer de vous. Je ne dois pas me plaindre de ce qu'il naux avant fa me faut quitter la vie, puifque j'en ai joui long,, tems & fort heureufement. Dieu veuille me pardon,, ner les fautes que j'ai pu commettre dans le gouver,, nement de l'églife. Ce qui me confole dans ce dernier moment, c'eft la divine mifericorde regarque de plutôt notre bonne volonté, que le fuccès de nos

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Platin. in vita

Eugeni IV.
Æn. Sylv.

Europ. c. 58.

actions. Il est vrai que la foibleffe humaine m'a fait AN. 1447. ,, prendre plaifir à me voir élevé à la dignité que je fuis obligé de quitter préfentement:cependant je puis dire ,, avec vérité que je n'ai pas recherché les honneurs », avec trop d'empreffement. J'avoue qu'il est arrivé plufieurs chofes fâcheufes au faint fiege pendant mon pontificat, mais j'ai dû regarder ces événemens, ,, comme des moyens dont Dieu s'eft fervi pour me faire réflechir fur l'inftabilité des chofes humaines. Il envoie des fleaux à ceux qu'il aime, de peur qu'ils ne fe méconnoiffent dans la bonne fortune. Me », voyant fur le point de lui aller rendre compte de ,, mes actions, j'ai voulu vous prier de venir ici, pour », vous recommander la paix & une parfaite union ,, comme Jesus-Chrift fit à fes difciples, avant que de fe livrer aux miniftes de fa mort & paffion, en leur difant : Je vous donne ma paix, je vous laiße ma paix. Com», me je vous ai donné à tous la pourpre, à la réserve d'un feul que j'ai toujours traité comme mon Fils, je vous regarde comme mes freres, & vous prie instamment de conferver cette fainte union fi nécef" faire au bien de l'église, & d'éviter le schisme com, me le plus grand malheur qui puiffe lui arriver: Suivez le commandement de Jefus-Chrift qui vous ,, ordonne de fouffrir les défauts les uns des autres. L'églife qui eft fon épouse, va bientôt demeurer fans chef. Vous fçavez parfaitement les qualitez qui font néceffaires à celui qui la doit gouverner après moi. Choififfez une perfonne qui ait de la doctrine & de la probité : banniffez dans ce choix toutes les confiderations humaines, & préférez l'honneur de ,, Dieu, le bien public & la gloire de l'église à vos interêts particuliers; fur-tout choififfez une per

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