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cardinal Firmin huit; mais comme ce n'étoit pas affez, AN.1447. le refte du jour fe paffa en conferences inutiles. Le troifiéme jour, les avis furent fi partagez, qu'on propofa des étrangers, fçavoir, les archevêques de Benevent & de Florence, & Nicolas de la Cafa: cependant le cardinal Colonne eut encore dix voix, & le cardinal de Boulogne trois. Le cardinal Firmin voyant que Colonne étoit fur le point d'être élu, prit la parole. " Pour» quoi, dit-il, meffieurs, perdons-nous tant de tems ,, en des conteftations inutiles? Rien n'eft plus dangereux que de faire durer fi long-tems le conclave: la ville de Rome eft divifée en deux factions; le roi ,, d'Arragon tient la mer avec une puiffante flotte ,, Amedée duc de Savoie nous eft contraire, & le com,, te François Sforce eft notre ennemi: faut-il demeu,, rer infenfibles au milieu de tant de dangers ! Pourquoi ne donnons-nous pas au plutôt un chef à l'églife de Jefus-Chrift: Voilà l'ange de Dieu qui nous ,, montre le cardinal Profper Colonne, dont le merite ,, nous est connu,pouvons-nous choifir un meilleur pa,, pe ; il a déja dix voix,il ne lui en faut plus que deux ? Qu'un de vous fe leve pour lui donner la fienne : un ,, autre fuiva bientôt fon exemple..

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Quoique ce cardinal parlât avec beaucoup de feu, aucun ne fortit de fa place, & ils y demeurerent tous immobiles. Le cardinal de Boulogne voulant éviter les maux que ce retardement pouvoit caufer à l'églife, fe leva pour donner la voix à Colonne; mais le cardinal de Trente l'en empêcha, en lui disant que des chofes de cette importance ne devoient pas le faire par caprice, & qu'elles n'étoient jamais faites trop tard, pourvu qu'elles fuffent bien faites ; qu'il falloit y penfer mûrement, puifqu'il ne s'agiffoit pas feuleMmm iij

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AN.1447. ment de donner un gouverneur à une ville, mais un maître à tout le monde, qui auroit le pouvoir de lier & de délier, de fermer & d'ouvrir les portes du ciel, en un mot un vicaire de Jefus - Christ en terre. cardinal d'Aquilée prit la parole, & lui répondit en ces termes : "Tout ce que vous faites, tout ce que ,, vous dites, repliqua-t-il, n'est que pour empêcher ,, l'exaltation de Colonne, & avoir un pape qui vous ,, convienne,,. En même tems le cardinal de Boulos'adreffant à celui d'Aquilée: " A qui voulez,, vous, lui dit-il, donner votre voix ? Je n'affecte perfonne, répondit celui d'Aquilée; j'aurai pour agréable celui qui fera nommé Le cardinal Marin donna encore à Colonne fa voix, qui fut l'onziéme. Et alors celui de Saint-Sixte le tournant vers le cardinal de Boulogne: "Et moi, dit - il, Thomas, je vous fais pape; puifque c'eft aujourd'hui la veille de faint. Thomas,,. ( C'étoit en effet la veille de faint Thomas d'Aquin le fixiéme de Mars.)

CLIII.

Le cardinal

élu pape.

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En même tems tous les autres cardinaux lui donde Boulogne cft nerent leurs voix; il voulut s'en excufer, protestant qu'il étoit indigne de cet honneur, mais enfin il fut contraint de fe rendre aux prieres du facré college. Il s'appelloit Thomas de Sarzane. Il étoit né dans un bourg près de Luni ville épiscopale, dont il transfera le fiége à Sarzane. Son pere qui s'appelloit Barthelemi, étoit médecin, & fes parens étoient d'une médiocre condition. Sa pieté & fa doctrine le firent connoître à Eugene, qui le créa cardinal du titre de Sainte- Sufanne, en récompenfe de ce qu'il avoit heureusement travaillé à faire quitter la neutralité aux Allemands. Il prend le Il prit le nom de Nicolas V. en confideration de Ninom de Nico- colas Albergati, cardinal de Sainte-Croix, duquel il

CLIV.

las V.

Antonin. tit. 22. C. 12.

En. Sylu. Europ. c. 58.

comment. lib. I.

avoit été domestique, & qui lui avoit prédit qu'il fe- AN.1447. roit pape. Auffi-tôt qu'il fut élu, le cardinal Colonne premier diacre ouvrit, fuivant la coutume, la fenêtre du conclave; & ayant mis dehors la croix, il annonça au peuple l'élection qu'on venoit de faire.Mais comme la fenêtre étoit fort élevée, on ne put entendre le nom du nouveau pape, & plufieurs perfonnes publierent que c'étoit le cardinal qui paroiffoit à la fenêtre qu'on avoit élu pape: ce qui donna l'allarme à ceux qui étoient de la maifon des Urfins, & les obligea de fe fortifier chez eux. Les Romains au contraire croyant avoir un pape de leur ville, témoignerent leur joie par des feux, des danfes & des feftins.

Ce bruit étant appaifé, on alla piller la maison du cardinal Colonne, & lorfque la verité fut connue, on en fit autant à celle du cardinal de Boulogne; mais ce dernier n'y perdit pas beaucoup, parce que fes meubles n'étoient pas fort précieux. Lorfque le roi d'Arragon apprit l'élection de Nicolas V. il ne témoigna pas en être fort content, parce qu'il defiroit l'exaltation du cardinal Colonne. Ces differens interêts n'empêcherent pas que le nouveau pontife ne fût porté avec beaucoup de pompe dans l'églife de la Minerve. On le mit fur le maître autel, où il fut adoré de tous les cardinaux. Il alla enfuite à l'églife de faint Pierre, monté fur une haquenée blanche, qui fut conduite par Procobio fénateur Romain; & quand il fut fur les dégrez, il donna fa bénédiction au peuple. Le faint fiége n'avoit vacqué que quatorze jours.

Après l'élection de Nicolas V. l'empereur Frederic assembla le vingtiéme de Juillet les princes d'Allemagne, tant ecclefiaftiques que feculiers, à Afciaburg dans le diocefe de Maïence, & là on confirma l'obéif

CLV.. Nicolas V

eft reconnu pape dans toute l'Allemagne. Cochlée, lib. 9.

in fin.

les

AN. 1447. fance rendue au défunt pape Eugene, & celle que ambassadeurs de la diéte de Francfort, qui étoient toujours à Rome, avoient déja rendue au nouveau pape Nicolas V. La neutralité fut abolie, l'on renonça à toute communication avec Felix, & avec les peres affemblez à Bafle. Ce qui fut confirmé par un édit de l'empereur, publié le lundi vingt- uniéme du mois d'Août, portant que chacun eût à reconnoître Nicolas pour le feul, vrai & légitime pape, vicaire de Jefus-Chrift, & fucceffeur de faint Pierre; qu'on lui obéît en cette qualité; qu'on rejettát tout ce qui fe feroit à l'avenir par Felix, ou par le concile de Bafle: ce qui acheva d'abattre entierement le parti des peres du concile; & les déconcerta fi fort, que Felix lui-même ne penfa plus déformais qu'à fe démettre du fouverain pontificat, mais d'une maniere qui lui fût honorable, en faifant fa ceffion : il y étoit autant porté par l'inclination naturelle qu'il avoit à la paix, que par les follicitations du roi de France, qui l'exhortoit fans ceffe à rétablir l'union dans l'églife.

CLVI.

Le roi de

France recon

En effet la mort d'Eugene ne changea rien au projet de ce roi; car dès qu'il eût appris l'élection de Ninoît Nicolas. colas V. il voulut montrer à toute la Chrétienté combien il approuvoit ce choix, & réfolut dèflors de lui envoyer rendre obéiffance par une célébre ambaffade; & c'eft peut-être, dit Mezeray, ce qui a donné lieu à la pompe & & à la dépense de ces grandes ambaffa des d'obedience que les rois envoyent à chaque pape. 11 la differa néanmoins pendant quelque tems jufqu'à ce qu'il eût répondu aux follicitations de Louis duc de Sa-' voie, qui l'avoit fait prier par les ambassadeurs d'affembler un concile, avant que de se déterminer à reconnoître Nicolas. Ce duc, pour mieux réussir, vinc

Mezeray, abregé de l'hift. de France. Charles VII. an. 1446.

lui-mênie

lui-même trouver le roi à Bourges, où ils eurent plu- AN.1447. fieurs conferences enfemble fur cette affaire; mais comme tous les deux fouhaitoient également la paix, il ne leur fut pas difficile de convenir de tous les moyens néceffaires pour la procurer. Le duc promit de s'employer auprès d'Amedée fon pere, pour le faire confentir à la ceffion, & Charles VII. s'engagea auffi à l'y porter de tout fon pouvoir, voulant toutefois commencer par reconnoître Nicolas pour vrai pape, en faisant réponse à la lettre qu'il en avoit reque, auffi-tôt après fon exaltation.

CLVII. Lettre du pape

Concil. gener. Labbei,tom.XIII.

La lettre du nouveau pape au roi de France est datée du vingt-uniéme de Mars. Il informe ce prince de auroi de France. son élection, il le prie de faire ordonner des prieres publiques dans fon royaume en action de graces, & afin d'attirer fur lui les faveurs du ciel pour gouverner pag. 1321. dignement l'églife, pour pouvoir embraffer tout ce qui pourra contribuer au falut des Fideles, à extirper les héréfies, réprimer les vexations des Infideles, & à établir une paix folide. Il promet d'employer fes foins à la réforme de la cour Romaine, & de répondre aux vœux du prince pour faire fleurir la religion dans fon royaume. Le même pape écrivit une feconde lettre en forme de bulle à tous les Fideles: mais celle-ci n'eft datée que du douziéme de Decembre; il y traite Ame- à dée de nourriffon & d'éleve de l'iniquité, & dit que déc. pour empêcher les fauteurs & fes partifans de porter plus loin leur malice; & de l'étendre jufques dans le p. 1322. royaume de France fi voifin de la Savoie, il déclare de fon autorité apostolique le duché de Savoie confifqué, avec toutes les terres d'Amedée qu'il traite de fchifmatique, d'hérétique, d'excommunié, & il les donne à Charles roi de France, ou au dauphin fon fils; il exTome XXII, Nnn

CVLIII.
Autre lettre

du même pape
tous les Fidé-

les contre Ame

Concil. ibid.

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