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AN 1449. & depuis fon retour il y vêcut encore trois ans, n'étant mort qu'en 1452. âgé de foixante-huit ans.

VII.

pour l'année

fuivante.

Le pape Nicolas touché des troubles où les contenLe pape pu- dans du duché de Milan avoient plongé l'Italie, publia la bulle du jubilé pour l'année suivante, se flattant que les princes s'emprefferoient de faire la paix entre eux, afin de laiffer les chemins plus libres dans le tems de ce jubilé, pour la commodité & fureté des pelerins qui iroient à Rome. Il ne réuffit qu'en partie. Quelquesuns des contendans demeurerent tranquilles, mais François Sforce & les Venitiens fe brouillerent & cauferent de grands troubles.

Antonin. tit.

22. c.12. §. 2.

VIII. L'Espagne eft troublée par

féditions.

L'Espagne n'étoit pas plus tranquille. Alvarez de Lune abufoit de la bonté & de la facilité du roi. Pour beaucoup de fe maintenir il mécontentoit tous les grands, & les excluoit même du gouvernement. Ceux-ci ne purent fouffrir cette injuftice: les princes d'Arragon prirent les armes, & entraînerent dans leur revolte le prince Henri propre fils du roi. Il fallut fe défendre contre les rebelles, & pour fournir aux frais de la guerre on mit les villes à contribution. Celle de Tolede fut taxée à trois mille écus d'or. Ses habitans fe plaignirent La revolte de hautement qu'on violoit leurs priviléges; des plaintes ceux de Tolede. ils en vinrent à la revolte, ils pillerent & tuerent

IX.

Mariana,

1. 22. c. 8.

beaucoup de perfonnes, obligerent même le roi qui
étoit accouru pour remedier au defordre, de se retirer,
& lui firent dire avec infolence, que s'il ne chassoit Al-
varez, & s'il touchoit aux privileges & libertez de
leur ville, ils le détrôneroient lui-même, & met-
troient en fa place fon fils Henri. Ce roi d'Espagne ou
plutôt de Caftille, étoit alors Jean II. fils de Henri III.
qui fut proclamé roi à l'âge de vingt-deux mois fur la
fin de l'an 1406. par les foins de fon oncle Ferdinand

depuis

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depuis roi d'Arragon, qui réfifta courageufement aux AN. 1449. confeils de ceux qui le pouffoient à le mettre cette cou

ronne fur la tête.

X.

ren

Pendant tous ces troubles les féditieux de Tolede fi- Edit témé rent un édit, par lequel ils excluoient des charges pu- faire qux de bliques, & particulierement de celles de notaire & Tolede. d'avocat tous ceux qui feroient defcendus des familles Juives. Ils s'autorifoient d'une loi du roi Alphonse, par laquelle ils prétendoient que ce prince avoit accordé à ceux de Tolede, qu'aucun de cette race ne pourroit poffeder aucune charge ou emploi dans leur ville, ni même dans le pays. Le doyen de Tolede quitta la ville, pour ne pas être expofé aux emportemens de ces mutins, parce qu'il s'étoit fort oppofé à cet édit ; & quand il fut en lieu de fureté, il fit voir par un écrit, que la loi qu'ils avoient portée, étoit impie & temeraire; vû que les plus nobles familles de Caftille qu'il y nommoit, étoient defcendues des Juifs, & même alliées avec eux. Il alla plus loin; car il engagea le pape à condamner tous les articles de cet édit, par une bulle du vingt-huitiéme de Septembre.

La tréve entre l'Angleterre & la France, qui devoit durer jufqu'au mois de Juin de cette année, fut rompue par les Anglois deux mois avant ce terme. Un capitaine de cette nation nommé François de Surienne, qui ne cherchoit qu'à piller, furprit la ville de Fougeres fur le duc de Bretagne, dans le tems que les bourgeois le croyoient le plus en fureté à la faveur de la tréve; pilla cette ville, & y fit un butin trèsconfiderable. Le duc de Bretagne s'en plaignit par fes ambaffadeurs au roi Charles VII. qui étoit alors à Chinon, & l'exhorta à déclarer la guerre aux Anglois. Le xoi crut qu'il leur falloit auparavant demander satisfa

Tome XXII.

Rrr

XI.

Les Anglo's rompent la tréve avec la France.

AN.1449, ction de cette injure, & que fur le refus qu'on en fe

XII.

à Louviers des

François.

Matthieu de

Charles VII.

roit, on reprendroit les armes, c'eft pourquoi on députa vers le duc de Sommerfet qui étoit gouverneur de Normandie pour le roi d'Angleterre, afin qu'il réparât la faute de l'officier Anglois. Le duc répondit que la chofe s'étoit faite à son infçu, & qu'il en défavouoit l'auteur: & comme on infiftoit qu'il fit donc rendre la place, & réparer le dommage, il répartit que cela ne dépendoit pas de lui. Enfin ne pouvant tirer raifon du duc, on députa vers le roi d'Angleterre qui renvoya l'affaire à fon confeil.

Toutes ces défaites durerent pendant fix mois. Le Conferences roi de France pouvoit les regarder comme un prétexte Anglois & des fuffifant de prendre les armes, mais pendant qu'il penfoit au parti qu'il devoit fuivre, le duc de Sommerfet Jean Chartier, lui propofa une conference. Le roi l'accepta, & la ville Coucy, hift. de de Louviers ayant été choifie pour la tenir, tenir, il y envoya le feigneur de Culan & Guillaume Coufinot maître des requêtes. Ils s'y trouverent au mois de Mai avec les agens du duc de Sommerfet; mais comme on étoit fur le point de commencer les conferences, le duc de Bretagne, du confentement du roi, fit furprendre le Pont-de- l'arche au-deffus de Rouen, fur la riviere de Seine, Conche près d'Evreux, Gerbroy proche Beauvais, & Cognac fur la Charante, le tout par reprefailles, & pour fe dédommager de la perte de Fougeres. Le duc de Sommerfet s'en plaignit ; mais la réponse étoit prête : on lui dit qu'il fit rendre Fougeres au duc de Bretagne, & qu'on fatisferoit auffi tôt le roi d'Angleterre. Comme ce n'étoit pas là ce que prétendoit le duc de Sommerfet, le roi envoya ordre à fes députez de rompre les conferences de Louviers; & la guerre fut ouvertement déclarée entre les deux na

tions.

guerre contre

Voyez ci-def

fus liv. 109.

M. 122.

Cependant il n'étoit pas de l'interêt des Anglois de AN.1449. la continuer. Le royaume étoit trop agité pour se fla- XIII. Imprudence ter de réuffir. Londres fur-tout étoit extrêmement des Anglois à troublée: la mort de Humfroi duc de Glocefter oncle du roi, qui avoit été étranglé dans fa prifon, & l'im- la France. pôt que le roi Henri avoit voulu mettre dans cette ca pitale, y caufoient des defordres continuels. Quoi que l'Ecoffe eût été comprife auffi bien que la Bretagne dans la tréve qu'on avoit faite avec les Anglois, ceux-ci firent une irruption en Ecoffe qui fut trèsmalheureuse pour eux; ils y perdirent deux fanglantes batailles, dans l'une desquelles vingt-quatre mille hommes furent taillez en pieces par les comtes Duglas & d'Ormont, qui, après leur victoire, vinrent fondre à leur tour en Angleterre, & y firent beaucoup de ravages. Une conduite fi imprudente fut avantageufe à Charles VII. & il en fçut fi bien profiter, qu'il chaffa entierement ces peuples de fon royaume.

XIV.

Le comte de

Mauleon.

Gaguin, hift.

de France.

Monftrelet, vol. 3. c.19.

Il avoit fait le comte de Foix lieutenant de fes armées depuis la Garonne jusqu'aux Pirenées, & le comte Foix prend de Dunois lieutenant dans tout le royaume, à condition néanmoins qu'il céderoit au connétable, quand ils fe trouveroient enfemble. Le comte de Foix eut ordre d'attaquer les places que les Anglois avoient au pied des Pyrenées, afin de fermer le paffage à Jean d'Arragon roi de Navarre, frere d'Alphonfe, qui avoit fait une ligue avec eux, & s'étoit engagé moyennant une certaine somme d'argent, à leur conferver Mauleon de-Saule, place très-forte pour ce tems-là, & fituée fur un haut rocher. Ce roi l'avoit prife fous fa protection, & y avoit mis un commandant; mais quoique le comte de Foix fût gendre du roi de Navarre, ayant épousé sa fille Eleonore, il eut plus d'é

AN.1449.

XV.

font beaucoup

en Normandie.

gard aux ordres du roi qu'aux interêts de fon beau-pere, & vint affiéger la place. Le roi de Navarre informé qu'elle manquoit de vivres, fe mit en campagne pour la fecourir, & en approcha même de deux lieues : mais fe trouvant trop foible, & n'ayant pû fléchir fon gendre par fes prieres, parce qu'il préferoit la fidelité qu'il devoit à fon prince, à toutes les loix de l'alliance; le commandant fut obligé de capituler: le comte de Foix fe rendit maître de la ville, & quelque tems après de la fortereffe. Le château de Guiche ou Guiffant à quatre lieues de Baïonne se rendit auffi, après que les affiégeans eurent battu trois mille Anglois que le roi de Navarre & le maire de Baïonne avoient envoyez au fecours de cette ville.

Les fuccez ne furent pas moins heureux dans le PerLes François che & dans la Normandie. Vers le commencement du de conquetes mois d'Août, Verneuil en Perche une des plus fortes places de France, fut prife par le moyen d'un meunier qui voulut fe venger d'avoir été battu par les Anglois; & il n'y eut que la groffe tour qui tint quelque tems. Talbot ayant fait mine d'en vouloir faire lever le fiége, le comte de Dunois alla au devant de lui, mais le genéral Anglois n'ofa hafarder une bataille, & fe retira. Les François voyant que le parti de leurs ennemis s'affoibliffoit de jour en jour, profiterent d'une occasion si favorable, & prirent Pont-Audemer, Saint-James de Beuvron en Normandie, Lifieux, Mante, Vernon, & plufieurs fortereffes aux environs de ces places,les unes d'affaut, les autres par compofition. Le comte de Dunois, après ces conquêtes, manda au roi que la Normandie étoit fort ébranlée, & qu'on s'étoit déja rendu maître du château de Dangu dans le Vexin proche Gifors, de Gournai, du chateau de Harcour; que la garni

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