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AN. 1450. de fes commis, & par fa grande capacité il trouva encore le moyen de faire une fortune très-considerable. Il y mourut, à ce qu'on croit, combattant contre les Infideles. Une demoiselle qui l'avoit accufé d'avoir empoifonné Agnès ayant été convaincue de calomnic, fut chaffée de la cour & exilée. On rendit justice à Jacques Cœur après la mort ; & le dauphin devenu roi fous le nom de Louis XI. rétablit fon fils Geoffroi Cœur dans une partie des biens de fon pere.

XXXIX.

retire en Dau

phiné & ne

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veut plus revenir à la cour.

Dans toutes les expeditions du roi de France contre Le dauphin fe les Anglois, il n'eft fait aucune mention du dauphin; parce que ce prince après fon voyage dans la Guienne, en 1446. avoit obtenu du roi la permiffion d'aller en dauphiné, qui étoit comme fon appanage en qualité de fils aîné du roi de France : à condition de n'y demeurer pas plus de quatre mois. Ce fut dans ce voyage qu'il confirma à Geneve en 1447. le traité fait avec le duc de Savoie. Mais au lieu des quatre mois que le roi lui avoit permis de demeurer en Dauphiné, il y demeura plus long-tems, & fe voyant en liberté, il ne voulut plus revenir, quelques inftances que lui en fît le roi, qui s'appercevoit que fon fils quoiqu'éloigné, ne laiffoit pas de femer la divifion à la cour, par les menées & les intrigues des partifans qu'il y avoit. En effet le dauphin fit prefenter au roi un mémoire contre Brezé fenéchal de Poitou, qu'il accufoit des crimes les plus atroces, dont la plupart regardoient la perfonne du roi même; il promettoit d'en fournir les preuves. Le roi quoique très-prévenu en faveur de ce courtifan, l'abandonna en quelque façon : mais Brezé fûr de fon innocence ne se démonta point; il ne demanda même aucune grace; il promit de fe juftifier fur toutes les accufations qu'on formoit contre lui, & plaida sa cause en presence du roi

avec tant de fermeté & de candeur, que le prince, non AN.1450. feulement défendit qu'on l'arrêtât; mais quelque tems après le rétablit dans le confeil, & lui donna plus de crédit & d'autorité qu'il n'avoit jamais eu ce qui ne fervit qu'à augmenter le chagrin & le dépit du dauphin.

XL.
Les Anglois

tres de Valo

gnc.

Le printems étant arrivé on recommença la guerre contre les Anglois. La premiere expédition leur fut fa- fe rendent maivorable; ils fe rendirent maîtres de Valogne ville de bafle Normandie. Thomas Kyriel étant defcendu à Cherbourg avec trois mille Anglois, vint mettre le fiege devant cette place qui se défendit d'abord avec affez de valeur, mais Abel Rouaut gentilhomme de Poitou, qui en étoit gouverneur n n'étant pas fecouru à propos, fut obligé de capituler au bout de trois semaines, à des conditions cependant qui lui furent honorables. Kyriel ayant joint aux trois mille hommes qu'il avoit amenez une partie des garnisons de Caen, Baïeux & Vire, en forma un corps de troupes de fix à fept mille hommes, avec lefquels il fe mit en campagne; le comte de Clermont fils aîné du duc de Bourbon, jeune prince de beaucoup d'efperance, joint au comte de Caftres, au fenéchal de Poitou, au feigneur de Rays amiral de France, & à d'autres avec cinq où fix lances, & leurs archers, fut chargé par le roi d'aller attaquer les Anglois & il alla fe pofter à Carentan, où le connétable devoit le joindre.

Mais ayant appris que les Anglois, après la prife de Valogne, avoient pris la route de Baïeux, pour paffer enfuite la riviere de Vire, & fe jetter dans le Cotentin, il s'approcha des bords de cette riviere pour leur en difputer le paffage. Cent lances commandez par Pierre de Louvain, s'avancerent dans l'eau pour combattre les

XLI.
Les Anglois

paffent la rivie-
attaquer les

re, & viennent

François.

An.1450. Anglois, mais ils furent repouffez, fans que ceux-ci néanmoins ofaffent ce jour-là rifquer le paffage de la riviere; le lendemain Kyriel l'ayant paffé, vint droit aux François, qui fe trouvant beaucoup inferieurs, fe retirerent. Les Anglois vinrent enfuite fe camper dans le village de Fourmigni entre Carentan & Baïeux, où ils furent joints par deux genéraux Anglois, Matthieu God & Robert Véer qui leur amenoient quelques troupes. Il n'y avoit qu'un petit ruisseau entre eux & le comte de Clermont; celui-ci avoit mis en batterie deux coulevrines, qui incommodoient fort les Anglois. God détacha six cens archers, qui après avoir passé le ruisseau à gué, vinrent fondre fur les François, les mirent en déroute, & s'emparerent des deux coulevrines. Le comte avoit envoyé à Saint Lo, avertir le connétable de venir à son secours : il étoit parti auffi-tôt le mercredi quinziéme d'Avril, & arriva fort à propos sur les trois heures du matin, dans le tems que God fe préparoit à profiter de fon avantage.

LXII.

ble amene du fecours aux François.

Le connétable étoit accompagné de Jacques de LuLe connéta xembourg, du comte de Laval, du fieur de Loheac maréchal de France, du fieur d'Orval, du maréchal de Bretagne, du fieur de Saint-Severe, du fieur de Bouffac & de beaucoup d'autres feigneurs & chevaliers, avec environ deux cens quarante lances & huitcens archers. Dès qu'il fut à la vue des Anglois, il fiț mettre les gens en bataille, ce qui déconcerta tellement les Anglois que Robert Véer avec environ mille de ses gens se retira à Caën & à Baïeux. Kyriel voulut auffi fe retirer pour gagner un ruiffeau & le village qui étoit auprès; mais une partie des archers du connétable mit pied à terre, & combattit une aîle des Anglois dont un grand nombre fut tué ou fait prifonnier.

XLIII. Bataille deFour.

Après cette action le connétable fe joignit au comte An.1450. de Clermont, & Brezé chargea fi furieusement l'autre aîle de l'ennemi, qu'il en tua un grand nombre, & migni gagnée regagna les deux coulevrines; ce qui obligea les An- fur les Anglois, glois de retourner dans leurs retranchemens de Fourmigni, pour ne pas hafarder une action genérale. Mais le connétable fur ce mouvement, fe détermina à paffer le ruiffeau, fit attaquer le Pont, & alla enfuite forcer l'ennemi qu'il mit en déroute après trois heures de combat. Les François n'avoient pas plus de trois mille cinq cens hommes, & les Anglois plus de fept mille. Jean Chartier dit, que ceux-ci perdirent trois mille fept cens foixante & quatorze des leurs, qui furent en- les VII. de terrez en quatorze grandes foffes; qu'on leur fit qua- p.197.198. torze cens prifonniers, parmi lesquels étoient Kyriel, Henri Norberi, Thomas Druic Kyrkebi, Chriftophle Auberchon, Jean Arpel, Pasquier Gobert, Canneville & beaucoup d'autres; & que les François ne perdirent que huit perfonnes.

Hift.de CharJean Chartier,

XLIV.

Les Anglois

Normandie.

Après cette victoire le roi Charles VII. étant en baffe Normandie, n'eut pas de peine à prendre toutes perdent toute la les villes que les Anglois y tenoient encore, & à les en chaffer entiérement. Le connétable alla affiéger Vire, & prit cette ville, dont il demeura maître abfolu, par le don que le roi lui en fit. Baïeux fe rendit au comte de Clermont Avranches fut prife par le duc de Bretagne; Valogne, Briquebec, le château de Tomblaine proche le Mont-Saint-Michel, Saint-Sauveur, & toutes les autres places des environs fubirent la loi du vainqueur. Le roi en actions de graces, ordonna qu'on feroit des proceffions genérales dans tout le royaume. Guillaume Chartier évêque de Paris en ordonna une qui fut faite avec beaucoup de folemnité, & dans la

AN

1450. quelle on compta jufqu'à douze mille enfans, garçons & filles, depuis fept ans jufqu'à onze, allant deux à deux depuis l'église des faints Innocens jusqu'à NotreDame, portant chacun un cierge à la main, & fuivis des chapelains qui portoient les reliques.

XLV.

Le connétable affiége la. ville de Caen.

Il ne reftoit plus aux Anglois en Normandie, que Cherbourg, Domfront, Falaife & Caën, toutes places très-fortes, dans lesquelles il y avoit de bonnes garnifons: l'on commença par le fiége de Caën, où quatre mille Anglois étoient enfermez pour la défendre, ayant à leur tête le duc de Sommerfet. Le cinquième de Juin le connétable vint fe loger dans un des fauxbourgs de la ville du côté de Baïeux, dans l'abbaye de faint Etienne de l'ordre de faint Benoît. Ce même jour le comte de Clermont partit de Verneuil, & vint le joindre avec le comte de Caftres, le feigneur de Montgâcon, le seigneur de Mouy, Robert Floquet bailli d'Evreux, Pierre Louvain, Charles de la Fayette, & environ neuf mille hommes. Le comte de Dunois vint se camper de l'autre côté de la ville fur le chemin de Paris, avec cinq mille hommes, & jettá un pont sur la riviere d'Orne, afin d'avoir communication avec l'armée du connétable. Le roi arriva au camp quelques jours après avec René duc d'Anjou, fon fils le duc de Calabre, le duc d'Alençon, les comtes du Maine & de Saint-Pol, de Tancarville, le vicomte de Lomaigne, Jean & Ferri de Lorraine, le baron de Traifnel chancelier de France, les feigneurs de Blainville & de Preuilli, les baillis de Berri & de Lyon, avec un grand nombre de chevaliers, & alla loger dans l'abbaye d'Ardenne, ordre de Prémontré, où il demeura pendant le fiege. Auffi-tôt après l'arrivée du roi, on ouvrit la trantraité pour la chée; le comte de Dunois attaqua les boulevards de

XLVI.

Articles du

Vauffels

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