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Cacn.

de Vaussels sur la riviere d'Orne, qui furent pris d'af- An.1450. faut après une vigoureufe réfiftance. Une mine qui fit reddition de fauter la tour & la muraille du côté de faint Etienne, étonna tellement les affiegez, qu'ils demanderent à capituler, dans la crainte d'être emportez d'affaut : le roi les écouta volontiers, ne voulant pas expofer une ville fi confiderable au pillage; mais à condition qu'on compoferoit pour le château auffi-bien que pour la ville. On entra en conference le lendemain fête de faint JeanBaptifte; & il fut conclu que les Anglois remettroient la ville & le château au roi le premier de Juillet; que le duc de Sommerfet & tous les autres Anglois, leurs femmes & leurs enfans fortiroient avec leurs bagages, pour paffer en Angleterre & non ailleurs, à leurs dépens; & qu'on leur fourniroit des vaisseaux & des charrois, en donnant toutefois des ôtages pour la fureté de ces vaiffeaux ; qu'ils ne feroient point emporter leur artillerie; qu'ils rendroient tous les prifonniers; enfin qu'ils déchargeroient tous ceux de la ville qui pouvoient leur devoir. Le traité fut conclu & exécuté dans tous les articles: Le bailli apporta les clefs de la ville & du château au connétable, qui les remit au comté de Dunois comme gouverneur de cette ville pour le roi, qui y fit fon entrée le fixiéme de Juillet, avec beaucoup de pompe.

XLVII
On fait le fiege

laife.

Le même jour que le roi entra dans Caen, Poton de Saintrailles mit le fiege devant la ville de Falaife, où de la ville de Fa Jean Bureau trésorier de France conduifit l'artillerie. Dans le même tems le roi partit de Caen, & vint se loger dans l'abbaye de Saint André, le duc d'Alençon à Sainte Marguerite, & le comte de Dunois à la Guibrai, tous fauxbourgs de la ville. Les affiegez ne fe défendirent que jufqu'au dixiéme de Juillet, auquel jour Tome XXII.

V uu

AN. 1450. on commença à capituler. Les Anglois convinrent de

XLVIII.
Siege de la

bourg.

rendre au roi la ville & le château le vingt-uniéme du même mois, s'ils n'étoient pas fecourus, jufqu'à ce tems-là. Et parce que le roi d'Angleterre avoit donné en propre la ville de Falaise au genéral Talbot, & que les François le retenoient prifonnier dans le château de Dreux, à caufe que le gouverneur de Honfleur avoit refufé de rendre cette place fuivant le traité de Rouen, on promit de rendre la liberté à ce genéral. Outre cela les Anglois devoient auffi fe retirer en Angleterre. Toutes ces conditions furent acceptées, & le roi devenu maître de Falaife, en donna le gouvernement à Saintrailles.

Deux jours après, c'est-à-dire le vingt-troifiéme de ville de Cher- Juillet, le roi fit affieger Domfront qui fe rendit le deuxième du mois d'Août, aux mêmes conditions que Falaife & Caen. Il ne reftoit plus que Cherbourg. Le connétable en pouffa le fiege avec vigueur; mais comme la place étoit très-forte, il employa toute fon artillerie, & fit jouer plufieurs mines, afin d'obliger la garnifon de fe rendre. Coitivi amiral de France y fuc tué d'un coup de canon, & Tudual bailli de Troieș d'un coup de coulevrine: ces deux excellens officiers furent fort regrettez. On avoit fi bien dreffé les batteries fur la grève, que la marée qui montoit deux fois le jour, ne pouvoit leur caufer aucun dommage. Les Anglois qui ne croyoient pas qu'on pût jamais attaquer la ville de ce côté-là, en furent tellement furpris, Fean Chartier, qu'ils entrerent en compofition. Thomas Gouel qui cette commandoit dans cette place, donna fon fils en ôtage

hit. de Charles

VII. en

année.

avec le genéral Talbot pendant la capitulation, dont l'un des articles fut qu'on lui rendroit ce fils, ce qui fut exécuté. Enfuite dequoi ce gouverneur remit la place

au roi le vingt-deuxième d'Août. Le gouvernement en AN. 1450. fut donné au fieur de Beuil, que le roi honora en même tems de la charge d'amiral de France, vacante par la mort de Coitivi. Par lá prife de cette ville le roi acheva la conquête de toute la Normandie dans l'espace d'un an; & ce prince pour en conferver la memoire, ordonna qu'on feroit des proceffions genérales dans le mois de Septembre, & dans la fuite tous les ans à pareil jour que Cherbourg fut rendu; on observe encore cet ufage

à Rouen.

:

XLIX.

Mort de Frantagne. Son frere cede.

çois duc de Bre

Pierre lui fuc

Monftrelet, vol. 3.

c.

rentré, l. 12.

3

La joie que reffentoit le roi Charles VII. de ces heureux fuccez, fut un peu diminuée par la perte qu'il fit cette année d'un prince qui avoit toujours été très-affectionné à la France, & qui en avoit donné des preuves réelles dans la conquête de la Normandie; c'étoit François duc de Bretagne, qui mourut d'hydropifie le famedi dix-feptiéme de Juillet, dans le château de l'Hermine près de Vannes. Il étoit né l'onziéme de Mai 1414. & n'eut qu'un fils qui mourut jeune ainfi ne laiffant point d'héritier, Pierre II. fon frere lui fuccéda, fuivant le réglement fait par Jean duc de Bretagne furnommé le Vaillant, qui excluoit les filles de la fucceffion du duché, lorsqu'il y auroit des mâles defcendus en ligne directe de la maison de Bretagne: Ainsi les deux filles que laissoit François, étoient exclues du gouvernement par cette loi. Son grand attachement à Voyez plus baut. la France fut caufe qu'il facrifia fon frere Gilles, parce qu'on lui perfuada que ce frere qui avoit demeuré longtems en Angleterre, & qui étoit fort aimé de Henri, entretenoit avec les Anglois des liaisons préjudiciables à la France. Les deux plus puiffans ennemis qui furent caufe de la perte de cet infortuné, étoient Jacques d'Epinai évêque de Saint Malo, & depuis évêque de Ren

liv. 109. n. 133.

AN.1450. nes, & Artur de Montauban, frere puîné du feigneur de Montauban. On dit qu' Artur fe répentant de ce qu'il avoit fait, se fit religieux Celestin dans le couvent de Paris, & qu'enfuite Louis XI. le fit archevêque de Bourdeaux, peut-être en confideration de fon frere qui devint amiral de France.

L.

à Tours, &

Grands du

royaume.

Ce n'étoit pas affez au roi de France d'avoir chaffé Le roi ferend les Anglois de la Normandie, il falloit encore leur enaffemble les lever toutes les places qu'ils poffedoient dans la Guienne, Bourdeaux, Blaye, Acqs, Fronfac, Bergerac & beaucoup d'autres. Ce fut pour cela qu'il se rendit à Tours dans le mois de Septembre, où il affembla les perfonnes les plus confiderables par leur naissance, afin de prendre de juftes mefures pour la conquête de la Guienne. Là il fut déliberé, qu'après avoir pris toutes les précautions néceffaires pour la confervation de la Normandie, dont on avoit confié le foin au comte de Richemont connétable, & au fenéchal de Brezć; on envoyeroit en Guienne le comte de Penthievre, & de Perigort vicomte de Limoges, auquel on joindroit Charles de Culan, feigneur de Jalognes & maréchal de France, Poton de Saintrailles bailli de Berri, Geoffroi de Saint Belin, Joachim Rouaut, Pierre de Louvain & plufieurs autres feigneurs, avec cinq ou fix cens lances & leurs archers, avec ordre de faire obferver exactement la discipline militaire, & de ne se point rendre odieux aux gens du pays.

LI.

Le roi envoie

Guienne.

Ces feigneurs partirent donc pour la Guienne, & une armée en commencerent la campagne par le fiege de Bergerac, qui fe rendit par compofition dans le mois d'Octobre: on en fit le maréchal de Culan gouverneur. Enfuite on prit d'affaut le château de Jonfac fur la Dordogne, dont on fit la garnison prisonniere. L'armée fe partagea

après cette expedition: une partie alla affiéger Mont- AN. 1450. ferrand, dont le gouverneur fe rendit prifonnier; de là elle alla à Sainte Foi, qui se rendit à Chalais aux mêmes conditions. L'argent pour payer les troupes étant venu alors à manquer, on en fit des plaintes au roi, qui fit arrêter prifonnier Jean de Xaincoins receveur genéral des finances, & un de fes commis nommé Jacques Chartier. Ils furent convaincus tous deux de malverfation, & d'avoir détourné les deniers du roi à leur profit. On vouloit les punir felon la rigueur des loix; mais le roi plus porté à la clemence qu'à la severité, fe contenta de confifquer leurs biens immeubles, & de taxer Xaincoins à foixante mille écus d'or qui fervirent à payer l'armée; ce qui étoit bien peu de chofe en com- nances de fes paraifon de tout ce qu'il avoit pillé & dérobé, comme il en convint de fon propre aveu.

Le dernier jour d'Octobre veille de la Touffaint, le feigneur d'Orval troifiéme fils du comte d'Albret, fe rendit à Bazas avec beaucoup d'autres, d'où s'étant répandus dans le pays du Bourdelois jufqu'au nombre de quatre à cinq cens hommes, ils s'avancerent jufqu'à Bourdeaux pour faire des courses dans l'ifle de Medoc. Le lendemain étant tout prêts d'entrer dans cette ifle, ils apprirent qu'un corps de neuf mille Anglois & Bourdelois s'étoient mis en campagne pour les chercher. Sur cette nouvelle, le feigneur d'Orval mit fes gens en bataille, attendit l'ennemi de pied ferme ; & l'on en vint aux mains. Les François quoique de beaucoup inferieurs en nombre, se battirent avec tant de valeur, qu'ils laifferent fur la place environ dix-huit cens de leurs ennemis, & firent plus de douze cens prifonniers. Ce fut la derniere action de cette année, parce que l'hiver approchoit, & qu'il étoit tems de

LII.

On punit un receveur des fi

malverfations

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