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LIII.

Le nouveau

dac de Bretagne rend hommage au roi.

:

AN. 1450. laiffer repofer les troupes. L'année finit par l'hommage que Pierre nouveau duc de Bretagne vint faire au roi le troifiéme de Novembre. Il fit le ferment, non pas en qualité d'homme-lige, mais feulement en la maniere que Les prédeceffeurs l'avoient fait au lieu qu'à l'égard du comté de Montfort, dont il rendit auffi hommage, il ne fit point difficulté de le faire lige; c'està-dire, qu'il renfermoit l'obligation de faire le fervice au roi fur fon mandement, & envers tous & contre tous, fous peine de felonie & de confiscation du fief.

LIV. Mort de Henri

Spanh.an.1445.

Henri duc de Baviere dit le Riche, fils de Frederic duc de Baviere. de Landshut, mourut cette année, & laiffa fes états à son fils Louis, dont on loue beaucoup l'obéiffance & Trithem. chron. la foumiffion envers fon pere, quoiqu'il lui eût été très-fevére, jufqu'à le priver à l'âge de trente ans des chofes les plus neceffaires à fa condition. Quand fes ennemis lui confeilloient d'abandonner fon pere, & de fe retirer fecrettement en Autriche chez fon oncle Albert, fa réponse étoit, qu'il ne quitteroit jamais celui qui lui avoit donné la vie, & qu'il ne l'offenferoit jamais, tant qu'il fçauroit faire ufage de fa raison. 11 ne fut pas cependant fi prudent ni fi fage, quand après avoir fait la paix avec le marquis de Brandebourg, à condition que ce marquis lui remettroit les édits que l'empereur avoit portez contre lui, il les reçut & les déchira publiquement. Cette action irrita tellement l'empereur, qu'il le déclara criminel de lezemajefté, rompit le traité fait avec le marquis, & excita les autres princes contre lui, qui ne cefferent de le perfecuter, qu'après l'avoir entierement accablé.

L V.

L'accord fait cette année entre les deux freres FreAccord entre deric & Guillaume de Saxe, fut plus heureux. Ces princes après s'être fait long-tems la guerre pour la fuccef

les deux freres ducs de Saxe.

:

En. Sylv. de Europ. c. 32.

fion de leur pere, étoient encore animez à la prolon- AN.1455. ger par de lâches courtisans qui y trouvoient leur interêt mais Frederic voulant profiter de l'absence de celui qui en étoit le principal moteur, & que le jubilé avoit attiré à Rome, il fit prier fon frere de le venir trouver, afin de s'accommoder enfemble, & de faire la paix. Guillaume monta auffi-tôt à cheval, pour se rendre à l'invitation de fon aîné, malgré les inftances que fes confeillers firent pour l'en empêcher, l'affurant que cette démarche de fon frere n'étoit point fincere, & que c'étoit un piége qu'on lui tendoit pour le faire périr. "Je mourrai volontiers, leur répondit-il, quand

je vous aurai vu tuez, vous qui vous plaifez à fe,,mer & à entretenir la divifion parmi des freres,,. Sa démarche eut un heureux fuccès, les deux freres s'accorderent, devinrent bons amis, & s'unirent pour exterminer les auteurs de leurs difcordes & de leurs divifions.

Les Bohémiens ayant élu pour leur roi le jeune Ladiflas, qui étoit déja roi de Hongrie, prefferent l'emFrederic de le leur envoyer; il avoit alors près percur de douze ans mais à cet âge n'étant pas encore capable de gouverner par lui-même ; & de plus l'empereur n'ofant pas confier ce jeune prince à des peuples auffi legers & auffi inconftans qu'étoient les Bohémiens, il ne fe rendit point à leurs inftances, & refula toujours conftamment de leur envoyer Ladislas. Ce refus irrita tellement les Bohémiens, qui fçavoient que fa majesté imperiale devoit mener leur roi en Italie pour affifter à fon couronnement, qu'ils convoquerent une affemblée dans le deffein d'élire un autre roi. Cette réfolution inquiéta l'empereur; il leur envoya des ambassadeurs, qui furent Æneas Sylvius a

AN.1451.
L'empereur re-

LV I.

fufe aux Bohémiens Ladiflas

qu'ils avoient

élu roi.

En. Sylv hift. Bohem. c. 58. és epift. 1300

AN.1451. lors évêque de Sienne, & Procope Robenstein chevalier de Bohême. Le premier les harangua en latin, & juftifia fi folidement la conduite de l'empereur, en gardant le jeune Ladiflas auprès de lui, que non feulement les Bohémiens fe rendirent à fes raisons, mais encore ils convinrent entre eux d'envoyer quelques jeunes gentilshommes de Bohême pour accompagner Frederic en Italie, & pour former la cour de leur jeune

LVII.

qu' Æneas Syl

Thaborites.

En. Sylu.

epift. 130.

roi.

Eneas Sylvius fit une relation du voyage qu'il Defcription avoit fait en Bohême, qu'il adreffa au cardinal Carvius fait des vajal, qui y avoit été légat, & dans laquelle il lui raconte les differentes avantures qui arriverent à lui & à fon collégue chez les Thaborites, & qui leur fervirent à mieux connoître le génie & les mœurs des Bohémiens. Il mande à ce cardinal, que craignant les voleurs & les embûches fur les chemins, fon compagnon & lui aimerent mieux le fier aux Thaborites, plus rufez à la verité que les autres, mais moins cruels: ce qui fit tant de plaifir à ces sectaires, qu'ils leur jurerent fidelité, & promirent qu'on ne leur feroit aucun mal. Rien ne nous divertit davantage, dit-il, que de voir ces hommes groffiers contrefaire la politeffe des courtifans ; & notre entrée dans leur ville a quelque chofe de fort fingulier. Il tomboit alors une pluie très-froide; & cependant quelques-uns d'entre eux n'avoient que leurs chemises pour tout habit; & & un très-petit nombre portoient des robbes fourrées. Les uns montoient des chevaux fans felles, d'autres sans brides; à ceux-là il manquoit un œil, à l'autre une main. Ils marchoient fans ordre; ils s'entretenoient entre eux fans pudeur, & tout étoit ruftique & groffier parmi eux. Ils ne laifferent pas de nous offrir,

avec

avec une espece de politeffe, quelques préfens de poif- AN.1451. fons, de vin & de bierre.

Il ajoute, que tout ce qu'il y a de plus monstrueux en impieté & en blafphêmes, fait là sa retraite, qu'il y a autant d'herefies que de têtes, & qu'on y croit tout ce que l'on veut ; qu'ils apperçurent deux boucliers à l'une des portes de la ville, fur l'un defquels on avoit peint un Ange tenant un calice, comme pour perfuader au peuple la communion du calice; & fur l'autre bouclier étoit la figure de Zifca, qu'ils femblent adorer comme une divinité, quoiqu'ils ayent en horreur toutes les images. Enée racontre enfuite une partie des avantures de Zisca ;il parle de l'herefie des Thaborites, & de la maniere dont leurs villes étoient fortifiées; il blâme Sigifmond de les avoir laiffé vivre en liberté, au lieu de les exterminer, & de leur avoir cedé pour toûjours les biens des monafteres & de la nobleffe. Enfin, continue-t-il, comme ces peuples ne different ne different pas feulement des Catholiques fur l'article de la communion. fous les deux especes, mais qu'ils font entierement heretiques, & dans les fentimens de Wiclef, cela nous fit prendre le parti de nous retirer, & aucun de nous n'y voulut dire la meffe, quoique ce fût un dimanche, afin que les Thaborites ne puffent pas fe vanter que les ambassadeurs d'un empereur Catholique avoient communiqué avec eux.

LVIII.

Entretiens

Enée dans ce voyage vit auffi Pogebrac, & Procope leur fervant d'interpréte; ils eurent ensemble de lon- d'EncasSylvius gues & frequentes conferences fur la communion fous avec Pogebrac les deux efpeces, fur le concordat fait avec l'évêque de Coutances, fur les bulles de l'archevêché de Prague en faveur de Roquefane; fur la difference des fentimens entre les Catholiques & les Huffites; & dans tous ces Tome XXII. X xx

AN. 1451. entretiens, il lui fembla que Pogebrac ne s'éloignoít pas de s'unir à l'églife, & d'embraffer la foi du fiege de Rome. Ce qui n'étoit toutefois qu'hypocrifie dans cet ambitieux gouverneur, qui vouloit parvenir à la couronne, & qui étoit perfuadé qu'il ne pourroit regner en paix, qu'en fe réconciliant avec l'église; auffi ce ne fut que dans cette feule vue qu'il extermina dans la suite toute la secte des Thaborites. Enée disputa souvent avec les docteurs Thaborites fur l'autorité & l'infaillibilité de l'églife; mais loin de remporter quelque fruit de toutes ces difputes, il perdit même toute efperance de ramener dans le fein de l'église ce peuple ignorant & barbare.

Cochlée, hift. Huffit. lib. io.

gne.

LIX.

Le pape en

En. Sylv.

ep. 405.

Cochlée rapporte que dans ce même tems la pefte fit de fi grands ravages dans Prague, que les Catholiques qui étoient attaquez de ce mal, furent obligez de recevoir des prêtres Huffites la communion fous les deux efpeces, fous peine d'être privez de fepulture.

Le pape Nicolas V. donna commiffion à Jean de Cavoye Jean de piftran cordelier, d'aller en Allemagne travailler à la Capiftran pre- converfion des Heretiques. Ce religieux avoit été difciple de faint Bernardin de Sienne, & s'employa com-. me fon maître à la prédication; il s'étoit rendu en quelque façon le chef d'une croifade contre les Frerots ou Fratricelles, qui répandoient leurs erreurs dans la campagne de Rome, & dans la Marche d'Ancone, & il y avoit condamné au feu trente-fix de ces Heretiques. Il fut reçu en Allemagne comme s'il eût été un légat : chacun le combla de louanges & de benedictions. Cafimir roi de Pologne le pria inftamment de venir dans Michou, l. 4. fes états, afin de retirer les Lithuaniens du fchifme des Grecs dans lequel ils étoient engagez. Il étendit fa miffion jufques dans la Moravie, où il convertit un grand

6.59.

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