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glois n'ayant pû donner affez tôt du fecours, le traité AN.145. fut exécuté; la feule ville de Baïonne ne voulut pas être comprise dans ce traité, flattée de l'efperance que le roi d'Angleterre lui-même viendroit promtement fecourir. Les genéraux François firent leur entrée dans Bourdeaux avec beaucoup de magnificence, le vingtneuviéme de Juin, jour de la fête des Apôtres faint.

Pierre & faint Paul.

la

Hift. de Char

Jean Chartier

an. 1451

On fit auffi un traité particulier avec Gafton de Foix, LXXVIL captal de Buch, qui en qualité de chevalier de la Jar- culierite partie retiere, avoit droit de fe retirer en Angleterre. On le captal de Buch.lui permit, s'il le vouloit, même d'emporter tous ses biens, meubles, or, argent, vaiffelle & autres, dont on les VII. par lui accorderoit un fauf-conduit; & on convint encore que le feigneur de Candale fon fils qui n'avoit que trois ans, auroit la jouiffance de toutes les terres, feigneuries, châteaux, fortereffes que le pere poffédoit dans le duché de Guienne : que les biens immeubles pafferoient du fils à fes defcendans; que le comte de Foix fon coufin fe chargeroit d'adminiftrer ces biens, jufqu'às ce que le feigneur de Candale fût en âge, en faisant au Roi la foi & hommage, en la maniere accoutumée; que les vaffaux du même feigneur feroient ferment entre les mains des officiers du Roi, d'être bons François & obéiffans. Et parce que le jeune feigneur de Candale n'étoit pas encore en âge de fe déterminer fur le parti qu'il avoit à prendre, le Roi lui donna un terme fuffifant pour fe déclarer François, fi bon lui fembloit lorfqu'il feroit en état de le faire; ce traité fut conclu & figné le dimanche treizième jour de Juin..

Comme la ville de Baïonne n'avoit pas voulu entrer, voulu entrer, LXXVIIL ni être comprise dans le traité fait avec les Bourdelois, Taillebourg le roi en quittant la Touraine s'avança en Guienne, juf

Yyy iij

AN.1451. qu'au château de Taillebourg, où il congedia une partie de son armée, pour qu'elle pût se délasser de ses fatigues, & il employa l'autre à faire le fiége de cette ville. Les comtes de Dunois & de Foix furent chargez de cette expedition; & dès le fixiéme d'Août ils inveftirent la place. Les affiégez firent d'abord une fortie dans laquelle Bernard de Bearn fut bleffé à la jambe. Le lendemain on redoubla les attaques, on dressa des batteries, on emporta un fauxbourg, & comme on s'approchoit toûjours de la ville, les affiégez craignant d'être pris d'affaut, demandérent à capituler un vendredi Jean Chartier, vingtiéme du mois d'Août : ce qui les y détermina fut Matthieu de que ce jour-là même un peu après le foleil levé, dans un tems clair & ferein, ils virent en l'air au-deffus de la ville, une croix blanche qui fut apperçue pendant plus d'une demie-heure de tout le monde. Ils conclurent de là que cette croix fembloit leur dire, que Dieu demandoit d'eux qu'ils quittaffent la croix rouge du parti d'Angleterre pour prendre la croix blanche du parti François. Sur ce phénoméne réel ou imaginaire, Les François les Baïonnois fe rendirent; le gouverneur Jean de Beaumont avec toute la garnifon demeura prifonnier de guerre, & il en couta quarante mille écus d'or aux habitans, pour n'avoir pas obéi à la premiere, fomma

Coucy, hift. de
Charles VII.

LXXIX.

fe rendent maî

tres de Baïonne.

tion.

Ce fut ainfi que le roi de France réduifit fous fon obeiffance en moins de deux ans, les deux provinces de Normandie & de Guienne, & genéralement tout le royaume excepté Calais & le comté de Guines dans le Boulonnois. Les causes d'une fi fubite & fi étonnante révolution furent, du côté des Anglois, leur négligence à bien munir & fortifier leurs places; & la haine que tous les peuples portoient à leur domination trop im

LXXX. Les Anglois toutes les pertes

pericufe & trop fiere; & de l'autre côté l'union & le AN.1451. zele de toute la nobleffe & de tous les officiers François, le bon ordre & la difcipline exacte des troupes; la font caufe de grande provifion de canons & de toutes fortes de ma- qu'ils font. chines de guerre, le foin de bien munir les villes, & la nouvelle maniere d'attaquer les places inconnue aux Anglois, & par deffus tout cela la guerre civile. qui étoit allumée en leur pays. Richard duc d'Yorck ne fçut que trop profiter du mécontentement que les Anglois avoient du gouvernement de la reine Marguerite qui étoit Françoise, dans la vue de trouver dans ces brouilleries quelque chemin qui pût le conduire au trône, qu'il prétendoit lui être dû plutôt qu'à Henri, vû qu'il defcendoit, mais du côté des femmes feulement, de Lyonnel de Clarence, qui étoit fecond fils du roi Edouard III. au lieu que Richard ne venoit que du troifiéme fils de ce roi, qui étoit Jean duc de Lancaftre fon bifaïeul paternel. Ces differentes prétentions cauferent dans la fuite beaucoup de maux à cette nation.

LXXXI.

Cenfure de quelques pro

tre les droits des

curez.

Dupin, Bibliot. XII.in-4. p. 146 ►

des Aut. tom.

La faculté de théologie de Paris cenfura cette année plufieurs propofitions avancées par Jean Barthelemi, de l'ordre de Fsreres mineurs, dans les fermons qu'il pofitions conprêchoit à Rouen contre les droits des curez, principalement touchant la confeffion; entre autres que les paroiffiens peuvent fe confeffer librement aux religieux mendians, fans en demander permiffion aux curez. Le promoteur de l'archevêque fit informer contre ce prédicateur: & l'affaire ayant été portée à l'univerfité de Paris le religieux comparut dans l'affemblée du quatriéme Decembre de cette année. Il ne voulut pas reconnoître que les paroiffiens fufsent obligez de fe confeffer une fois l'an à leur curé; & pour

collect. judic.

AN 1451. le punir de fon obftination, il fut réfolu qu'on ne lui D'Argentré, accorderoit point le degré de licentié; & le fonds de tom. 1. p. 2. la question fut renvoyé aux facultez de théologie & de droit. Cette affaire fe renouvella cinq ans après, l'occafion d'une bulle du pape Nicolas V. en faveur des Mendians.

pag. 251.

LXXXII.

Frederic va en

cevoir la cou

ronne.

434•

Platin. in Ni

Col. V.

Dès le premier jour de Janvier de cette année l'emAN.1452. pereur Frederic entra dans l'Italie pour se rendre à Rome, & y recevoir des mains du pape la couronne imL'empereur periale. Il étoit accompagné du jeune Ladislas roi de Italie pour re- Hongrie & de Bohême, d'Albert fon frere, & d'un grand nombre de feigneurs. Il ne menoit point de troupes à fa fuite, afin de ne point effaryer les Itanerat. 49. pag. liens, qui fe fouvenoient encore de la maniere dont Les prédeceffeurs s'étoient comportez en pareille occafion: cependant fon arrivée épouvanta plufieurs perfonnes, & le pape qui de fon naturel étoit fort timide, appréhendant beaucoup Frederic, & craignant que le peuple ne fe soûlevât à son sujet, fit fortifier le Capitole, le château Saint-Ange, les tours & les murs de la ville, & y mit une bonne garnison. Toutes ces précautions n'empêcherent pas néanmoins qu'on ne le reçût bien par-tout, & qu'on ne lui fit beaucoup d'honneurs. Un auteur rapporte un fait assez particulier, qui arriva pendant fon féjour à Venife. Il dit que l'empereur étant fur le point de partir, les Venitiens avoient préparé fur une table un magnifique buffet de cryftal, dont ils vouloient lui faire préfent; que Frederic l'ayant apperçu, fit figne à un fou qui étoit à fa fuite, de renverser la table fur laquelle étoit le buffet, qui fut auffi-tôt en pieces. L'empereur en rit, & dit affez haut pour être entendu de tous les affiftans, que Li le buffet avoit été d'or ou d'argent, il ne fe feroit pas

ainfi

:

ainfi brifé voulant par là témoigner le mépris qu'il AN. 1452. faifoit de leur préfent, & leur faire fentir qu'ils euffent. dû lui en faire un plus folide.

LXXXIII.
L'empereur

palle par Ve-
Sienne, &c.

nife, Florence,.

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Naucler gene

rat. 49. P. 474.

Addit. ad

col. V.

L'empereur étant parti de Venife, vint à Ferrare, & delà à Boulogne, où le cardinal Beffarion le reçut avec beaucoup de magnificence. Il y fut harangué par Nicolas Perrot, dont il fut fi content, qu'il lui donna lui même une couronne de laurier; mais il ne traita pas de même les ambassadeurs de François Sforce, parce qu'il étoit brouillé avec ce prince. Il les renvoya, & fur les inftances qu'ils lui firent de paffer par Milan, pour y recevoir la couronne de fer, il le refufa, prenant pour prétexte de ce refus, que la peste étant dans ce pays, il ne vouloit il ne vouloit pas ainfi s'expofer. De Florence il vint à Sienne où il trouva l'impératrice Eleonore Ciacon. in Nifon époufe, qu'on y avoit amenée de Portugal, & avec laquelle il arriva à Rome accompagné de deux cardinaux qui l'étoient venu trouver à Florence de la part du pape. Il fit fon enrrée dans Rome le neuviéme de Mars, felon Platine, & felon quelques autres, le quatorziéme ou le dix-feptiéme. Treize cardinaux avec Rome, &! tout le clergé, & les magiftrats de la ville vinrent audevant de lui, & le conduifirent fous un dais magnifique jufqu'aux degrez de l'église de faint Pierre, où le pape l'attendoit revêtu de fes habits pontificaux, & affis fur une chaife d'yvoire. L'épée nue étoit portée devant la majesté impériale qui baifa les pieds du faint pere, & lui présenta une masse d'or, fuivant la coutume. Æneas Sylvius qui accompagnoit l'empereur, harangua le fouverain pontife: Le jeune Ladiflas lui baifa auffi les pieds, & lui récita un difcours compofé fon maître à la louange du pape, auquel il promit ane foumiffion entiere, & qu'il pria de prendre fes Tome XXII.

par

Zzz

LXXXIV.

Il arrive à

y fait

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