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En. Sylv.

546 HISTOIRE

ECCLESIASTIQUE.

AN. 1452 royaumes fous fa protection. Cochlée nous a confervé la harangue de ce jeune prince dans fon histoire des Cochlée, hift. Huffites.

comment. l. 1.

Huffit. l. II.
LXXXV.
Il reçoit la

couronne des
mains du pape

LXXXVI. L'empereur va

i

La cérémonie du couronnement de l'empereur fe fit le quinziéme de Mars, suivant la fupputation de Platine. Le pape de fa pleine puiffance & autorité, donna à l'empereur, felon la priere qu'il lui en avoit faite, la couronne du royaume de Lombardie, vis-àvis le grand autel de l'églife de faint Pierre ; quoiqu'il dût la recevoir à Milan; confirmant néanmoins les droits de ce royaume & de l'archevêque de Milan; & pendant la messe le mariage que les ambassadeurs de Frederic avoient contracté entre lui & la princeffe Eleonore, fut ratifié. Le dimanche fuivant dix-neuviéme de Mars, felon les termes de la bulle du pape, le même empereur, après avoir prêté le ferment accoutumé, revêtu d'une aube, fut reçu chanoine de faint Pierre, facré & couronné folemnellement empereur des Romains, ayant le manteau, l'épée, le fceptre, la pomme & la couronne de Charlemagne, qu'on avoit exprès apportée de Nuremberg pour cette cérémonie. Son épouse Eléonore reçut auffi du pape la couronne qui avoit été mise sur la tête de l'épouse de Sigifmond par MartinV. Frederic enfuite fervit d'écuyer au pape, depuis Saint Pierre jusqu'à Sainte Marie audelà du pont, & à fon retour il fit chevaliers fon frere Albert & plufieurs ducs & comtes. Enfin le pape le conduifit au palais de Latran, & le traita magnifique

ment.

L'empereur partit le lendemain de fon couronneà Naples vifiter ment pour Naples avec fon épouse, afin d'y rendre viAlphonfe. fite à Alphonfe qui étoit oncle de l'impératrice. Ils y 49.p.474.color. pafferent la Semaine-fainte & les fêtes de Pâques ; &

2.

Naucler.gener.

le roi de Naples n'oublia rien pour marquer fa magni- AN.1452. ficence, & répondre à l'honneur qu'on lui faifoit. Frederic s'en retourna enfuite à Rome, où Æneas Sylvius fit au pape un beau difcours en actions de graces de fes bontez. Il harangua aussi les cardinaux fur les grands bienfaits qu'il avoit reçus d'eux. Enfin il fit un troifiéme difcours pour exhorter tous les princes à la guerre contre le Turc. L'empereur partit de Rome dans le mois d'Avril, & fe rendit à Ferrare, où étant informé du rare mérite & des vertus héroïques du marquis d'Eft, nommé Borfo, fils naturel de Nicolas marquis d'Eft, il le créa duc de Modéne & de Reggio, & comte de Rovigo, & lui permit de joindre à fes armes l'aigle de l'Empire. Le pape Paul II. qui le créa duc de Ferrare en 1470. lui permit auffi de porter dans les armes les clefs de faint Pierre. Borfo ne voulut jamais fe marier,pour ne point faire de tort aux fils légitimes de fon pere. En effet, Hercule d'Eft né en 1433. en légitime mariage de Nicolas III. avec Richarde fille du marquis de Saluces, lui fucceda.

475.

Naucler. P

LXXXVIL
L'empereur

quitte l'Italie,
s'en retourne

&

en Allemagne.

Frederic étant encore à Ferrare, Galeas fils de François Sforce duc de Milan vint l'y trouver avec beaucoup d'appareil de la part de fon pere, & lui fit de grands préfens. L'empereur adouci par cette démarche, rendit fon amitié à François, & créa fon fils chevalier. C'étoit là le foible de ce prince, de fe laiffer aifément fléchir par les préfens. Auffi ne laiffa-t-il pas une grande cftime de lui en Italie. On l'y regarda comme un bon prince qui aimoit beaucoup plus la paix que la guerre. En effet, il ne fe plaifoit qu'aux bâtimens & aux jardins; il s'occupoit à ramaffer des choLes précieufes, & préferoit le repos à fa gloire. C'est le jugement qu'en a porté Æneas Sylvius fon fecre- Europ. c. 22. ad

En. Sylv. de finem.

Antonin. tit.

AN. 1452. taire, qui cependant lui rend juftice fur fes bonnes qualitez: il loue fon grand air digne d'un empereur, fon efprit pofé & tranquille, fa mémoire excellente, fon zéle plein d'ardeur en certaines chofes, & l'eftime particuliere qu'il faifoit du mérite & de la vertu. Saint 22. c. 12. §. 3. Antonin archevêque de Florence n'a pas diffimulé ses défauts; il rapporte que l'ayant reçu à la tête de fon clergé, il cut quelques entretiens avec lui, & qu'il ne remarqua rien en lui qui reffentît la majefté impériale; il ajoute, qu'il n'étoit point libéral, qu'il parloit toujours par la bouche des autres, & qu'il recevoit volontiers les préfens. Les Venitiens lui en firent de magnifiques, lorsqu'il repassa parleur ville pour s'en retourner en Allemagne.

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Après fon retour d'Italie, on lui demanda la liberté du jeune Ladiflas, qui dès l'Italie avoit tenté plus d'une fois de s'échapper, mais toujours inutilement. Frederic fe glorifioit d'un tel captif, & rejetta ceux qui lui demanderent de le relâcher. Sur fon refus les Autrichiens l'affiégerent dans la Ville - neuve. Frederic voyant bien qu'il ne pouvoit retenir davantage le jeune prince, lui laiffa la liberté de fe retirer ailleurs, & d'aller prendre poffeffion de fes royaumes. Mais comme Ladiflas étoit encore trop jeune pour les gouverner par lui-même; il laiffa le gouvernement de Hongrie à Huniade; celui de la Bohême à Pogebrac; & celui de l'Autriche à Ulis comte de Ciley fon oncle. L'empereur & fon parti s'oppoferent à l'adminiftration du comte, & le firent chaffer fous prétexte qu'ayant le roi en fa puiffance, il pourroit difpofer de tout à fa fantaisie. Le pape appuya Frederic, & fit tout ce qu'il put pour le maintenir dans la tutelle du jeune Ladiflas; il défendit qu'on l'inquiétât fur ce sujet, il

LXXXIX.

Ladiflas écrit

point s'oppofer

En. Sylv.hift.

menaça ceux qui le troubleroient; mais l'univerfité de AN.1452. Vienne qui étoit pour les Autrichiens, décida qu'on pouvoit fufpendre l'exécution des ordres du pape par un appel au futur concile. Le jeune Ladislas inftruit par Gafpard fon gouverneur, qui étoit dans les mêmes au pape de ne fentimens, écrivit lui-même au pape, qu'il avoit ap- a fa délivrance. pris les ordres qu'il avoit donnez de proceder contre ceux qui avoient travaillé en Autriche à fa délivrance, qu'il en étoit furpris, & qu'il le prioit de les révo-61. Europ. c. quer, felon qu'il est écrit ; vous aflifterez le pupille & l'orphelin: 11 protefte que s'il ne les révoque pas, il fera contraint d'en appeller à de plus grands juges. Ainfi malgré les oppofitions de l'empereur & les menaces du pape, Ladiflas conferva fa liberté, & le comte de Ciley fut rétabli prefqu'auffi-tôt dans le gouvernement de l'Autriche.

22.epist. 409.

XC,
Le cardinal

d'Eftouteville
verfité de Paris.

réforme l'uni

Gaguin, , 1.10
Monftrelet,

Le cardinal d'Eftouteville que le pape avoit envoyé en France l'année précedente en qualité de légat, pour ménager la paix entre le roi Charles VII. & Henri, n'ayant pu réuffir, à caufe de l'opiniâtreté du roi d'Angleterre à continuer la guerre, quoiqu'elle ne lui fût pas fort avantageufe, employa fes foins par l'or- vol. 3. dre exprès du roi de France à purger l'univerfité de Paris des abus qui l'avoient défigurée. Il fit un grand nombre de beaux réglemens qui fe confervent dans fes archives, & fulmina même une excommunica-tion le premier jour de Juin contre tous ceux qui violeroient les loix qu'il avoit établies. Ce cardinal étoit fils de Jean II. du nom, feigneur d'Eftouteville, & grand bouteiller de France, & de Marguerite de Harcourt dame de Longueville. Il fut doyen du facré college, & camerlingue de la fainte églife; & le roi le fit archevêque de Rouen, lui donna les abbayes de Zzz iij

AN.1452 Saint-Ouen de Rouen, de Jumieges, du Mont-SaintMichel & de Montebourg, qu'il poffeda avec les prieurez de Saint-Martin-des-Champs, de Grammont & de Beaumont en Auge.

Eugene IV. l'avoit fait cardinal en 1437. ou, felon quelques auteurs, le dix-huitiéme Decembre 1439. Il prit alors le titre de Saint-Martin-des-Monts, qu'il changea depuis pour l'évêché de Porto, & opta enfuite celui d'Oftie & de Velitre. C'étoit un homme intrepide & exact observateur de la juftice. On dit que le barigel de Rome ayant furpris un voleur, & voulant le faire mourir fur le champ; comme il ne trouvoit point de bourreau, il obligea un prêtre François qui paffoit par ce même endroit, de faire cet office indigne de fon caractere. Le cardinal l'ayant fçû, & n'ayant pu en tirer raifon, envoya chercher le barigel, & le fit pendre auffi-tôt à une des fenêtres de fa maifon. Lorfqu'il alla en France, il affembla les évêques du royauIl aflemble me à Bourges, où l'on y traita des moyens de bien France à Bour- obferver la pragmatique-fanction, malgré les inftances que les députez de l'église de Bourdeaux, & Pierre leur archevêque firent, en faveur du pape, à qui ils vouloient qu'on laiffàt une pleine puiflance; mais ils ne furent point écoutez, & ne purent engager dans leur parti qu'Elic évêque de Perigueux.

XCI.

ges pour la PragmatiqueSanction.

XCII.
Le cardinal

entre le roi de

Dans le même tems Charles VII. étant à Bourges, d'Etouteville envoya déclarer la guerre au duc de Savoie, qui avoit ménage la paix exercé plufieurs violences fur les frontieres du royauFrance & le duc me, & conclu, fans la participation du roi de France, le mariage de fa fille Charlotte, qui n'étoit encore qu'un enfant, avec le dauphin. Le traité en avoit été figné à Geneve dans le mois de Février de cette année, Le cardinal d'Estouteville ayant appris

de Savoie.

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