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AN.1453. vêque de Bourges, & fe rendit recommandable par fa pieté, par la doctrine & par fes libéralitez envers les églifes de fon diocese.

CXXXVII.

tion d'un doc

pour forcier.

Les VII. de

Jean Chartier,

P. 281.

Le P. Malle

branche, Rech.

de la Verité, 2. chap. dernier

On condamna dans le même tems un certain GuilCondamna- laume Edeline docteur en théologie, prieur de Saint teur qui paffoit Germain-en-Laie, auparavant religieux Augustin accufé de s'être donné au démon, afin de pouvoir abuHift.de Char- fer d'une dame, & de s'être fouvent trouvé au fabbat avec les forciers. Sa fentence fut prononcée à Evreux le dimanche vingt-troifiéme de Decembre, ellr le condamnoit à une prifon perpetuelle, & à ne vivre que de pain & d'eau. Le premier des crimes de ce docteur méritoit cette punition; mais pour l'accufation de forcelleric,ne pourroit-on pas dire avec un celebre auteur du fiecle paffé, que ce n'eft fouvent que l'effet d'une imagination déreglée,ou d'une humeur noire qui excite ces fonges fabbatiques. "Il s'eft trouvé, dit-il, plufieurs fois des forciers de bonne foi, qui difoient genéralement à tout le monde, qu'ils alloient au fabbat, & qui en étoient fi perfuadez, que quoique plufieurs perfonnes les veillaffent & les affuraffent qu'ils n'é,, toient point fortis du lit, ils ne pouvoient fe rendre à leur témoignage,,. L'expérience de plufieurs fiecles n'a fait que trop voir que le fupplice des forciers n'en diminue point le nombre, & que la crédulité & tous les triftes fuites augmentent, à proportion que l'on multiplie les procez des fortileges. C'eft fans doute par cette confideration que le parlement de Paris renvoie abfous tous les forciers qui ne fe trouvent pas coupables d'avoir donné du poison; s'il en condamne d'autres, il évite d'inferer dans les arrêts aucune claufe, qui puiffe donner de l'autorité à l'opinion populaire touchant la vertu des enchantemens & des fpectacles

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nocturnes,où l'on dit que l'on adore le diable.

AN. 1453.

CXXXVIII.
Revolte des

En Flandres le duc de Bourgogne ne fut pas exemt de traverses; ceux de Bruges s'étant foulevez, le laif- habitans de ferent enfuite entrer dans leur ville, comme pour lui Bruges & de donner satisfaction; mais à peine y fut-il, qu'ils chargerent fes gens, en tuerent plus de cent, entre autres le seigneur de Lifle-Adam ; & lui-même courutrifque de fa vie, & ne se fauva qu'avec peine en faisant rompre la porte de la ville. Les révoltez fe mirent à faire des courfes dans le pays, mais leur fureur se modéra, quand ils fe virent blâmez des autres villes, & qu'ils apprirent que le duc venoit les affieger avec une grande armée. Ils eurent recours à fa clémence, & lui demanderent un pardon qu'ils n'obtinrent qu'à de rudes conditions: il leur en couta deux cens mille écus d'or, perte de plufieurs de leurs privileges, & la vie à douze ou quinze des plus factieux.

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Les Gantois lui donnerent encore plus de peine par leurs fréquentes révoltes. La plus dangereufe fut celle du commencement de cette année. La gabelle en fut la cause. Le duc vouloit l'établir en Flandres, & la rendre fixe, impofant vingt-quatre gros, monnoie du pays, fur chaque fac de fel. Ils fe réfolurent à toutes les extrémitez imaginables, & à périr plutôt que de fouffrir cet impôt. Ils fe fioient en la protection du

roi de France; & en effet il écrivit fortement en leur faveur au duc de Bourgogne; mais en ayant reçu une réponse encore plus forte, il ne jugea pas à propos de s'embarquer dans une guerre civile, n'étant pas encore délivré de la guerre étrangere avec les Anglois. Les pertes que les Gantois firent en cinq ou fix combats, ne fervirent qu'à les animer davantage, & à les rendre plus furieux. Mais la bataille de Ripelmonde, Eeee ij

Punition des

Gantois.

AN.1453 & enfuite celle de Grave, où ils perdirent vingt mille hommes, les mirent fi bas, qu'ils furent obligez de CXXXIX. venir à compofition. Deux mille hommes nuds pieds & nue tête, & tous les confeillers, échevins & officiers nuds en chemise allerent une lieue au-devant du duc & de fon fils, implorer leur mifericorde. La porte par où ils étoient fortis pour l'aller combattre à Ripelmonde, fut murée pour toujours ; ils furent condamnez à payer quatre cens mille ducats d'or; à apporter au duc leurs bannieres pour en faire ce qu'il jujeroit à propos, & à fouffrir le changement de leurs ufages & privileges.

CXL.

Le roi de Fran

Le roi de France qui n'avoit plus rien à craindre de ce fait un traité la part des Anglois,fit cette année vers le mois d'Avril d'alliance avec un traité d'alliance avec les Suiffes, dans, lequel on Jean Chartier, comprit le canton de Zurich,qui n'étoit pas entré dans bift. de Charles le traité de 1444. parce qu'il étoit alors uni avec le due

les Suiffes.

VIL

CXLI.

d'Autriche & avec les nobles contre les autres cantons.Il ne s'agiffoit dans ce traité ni de ligue offenfive, ni de ligue défenfive entre les deux nations. Les Suiffes s'engageoient feulement à ne donner paffage à aucuns ennemis de la France par leurs cantons, & à permettre le commerce & le paffage libre aux François : & de fon côté le roi leur promettoit pour lui & pour fes fucceffeurs, de ne jamais donner de fecours aux ennemis des cantons, de ne point permettre à fes fujets de prendre les armes contre eux, & de leur donner toute liberté de commerce & de paffage en France.

Sur les inftances réïterées du pape à tous les princes AN. 1454 de s'opposer aux grands progrez que faifoient les Turcs, Affemblée des ceux d'Allemagne par ordre de l'empereur Frederic, magne à Ratis- s'affemblerent à Ratisbonne fur le Danube, afin de penfer aux moyens & de contenter le pape, & de veiller

princes d'Alle

bonac,

fur leurs propres interêts, ayant tout à craindre d'un AN.1454. voifin auffi dangereux que Mahomet. Philippe duc de Bourgogne, après avoir réduit les Gantois à leur devoir, ne manqua pas de s'y rendre : mais l'empereur ne put s'y trouver, quoiqu'il l'eût promis, à caufe des guerres de Hongrie qui l'arrêtoient en Autriche. Il y envoya deux barons avec deux évêques, fçavoir Ulric & Enée, outre Nicolas cardinal de Saint Pierre. Le pape y envoya auffi Jean évêque de Pavie, pour offrir tout ce qu'il pouvoit faire de fa part dans une conjonctu re fi fàcheufe pour la religion. Enée dans la premiere féance harangua les princes avec tant de feu, qu'il n'y en eut aucun qui n'opinât en faveur de la guerre contre le Turc. Le duc de Bourgogne s'y diftingua par fon zele, & par l'offre qu'il fit d'aller lui-même en perfonne à cette guerre, pourvû que quelque prince voulût l'y accompagner. On convint auffi de rechercher le secours des François, qui pouvoient fournir de la cavalerie, & celui des Italiens, qui pouvoient aisément équiper une puiffante flotte: il fut arreté qu'on tiendroit une autre affemblée à Francfort le vingt neuviéme de Septembre, pour avifer aux moyens de lever des foldats, & trouver l'argent nécessaire à l'entretien d'une armée.

CXLII.
L'empereur

du duc de Bourgogne.

En. Sylv.

Les auteurs ont fort relevé le zele & la générosité du duc de Bourgogne, en condamnant la conduite de l'em- refufe la vifite pereur qui n'étoit pas d'avis qu'on entreprit la guerre contre les Turcs, parce qu'il apprehendoit la dépenfe. Son avarice parut encore davantage dans le refus qu'il epist. 162. fit de recevoir la vifite du duc, qui s'en retournoit dans fes états: il feignit d'être malade, parce qu'il prévoyoit qu'il lui en couteroit beaucoup pour recevoir un prince auffi grand & auffi magnifique qu'étoit le duc de Bour- . Eeee iij

comment. lib. 200

AN. 1454. gogne. Celui-ci n'eut pas plutôt appris du pape la perte de Conftantinople, qu'il lui envoya quatre galeres, avant même que de partir pour l'Allemagne, & lui promit dans la fuite un plus puiffant fecours. On affure même qu'il fit vœu d'aller combattre les Infidéles, fous le bon plaifir du roi de France fon seigneur, pourvu que fes états fuffent en paix. Enée doute cependant fi ce prince n'eût pas d'autres motifis que ceux de la religion; il infinue même que le grand zele qu'il fit paroître en cette occafion pouvoit provenir du defir de fe venger des Turcs, qui avoient exigé de fon pere une rançon très-confiderable, ou de quelque defir d'acquerir de la gloire, fentiment qui anime, dit-il, la plupart des grands: ce qui lui fait conclure qu'il n'efpere pas plus de l'affemblée indiquée à Francfort, que de celle de Ratisbonne.

CXLIII.
Un moine fait

Italie.

Un moine, ou hermite de faint Augustin appellé faire la paix en Simonet, fans fcience, mais qui avoit beaucoup d'adreffe, & qui fçavoit s'infinuer dans les efprits, engagea dans ce tems les Italiens à faire la paix entr'eux. Il fit pour cet effet plufieurs courfes & plufieurs voyages, tantôt chez les Venitiens & les Florentins, tantôt vers François Sforce; enfin il sçut si bien les persuader tous, qu'il les engagea à conclure la paix au commencement du mois d'Avril: tout le monde fut furpris qu'un religieux fage & d'une vie reglée à la verité, mais inconnu, fans naiffance & fans appui, fût venu à bout d'une entreprise dans laquelle le pape & les cardinaux n'avoient pu réuffir.

Tous les alliez convinrent d'un jour auquel ils dévoient confirmer & ratifier le traité; mais Alphonfe fâché qu'on eût tranfigé fans lui, au mépris, disoit-il, de la dignité royale, refusa dele figner. On lui envoya

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