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AN. 1433. depuis long-tems à Sienne, aux dépens de ceux de la gifmond avec ville, & voyant qu'il ne pouvoit faire leur paix avec Le pape Eugene les Florentins, ni réprimer ceux-ci, follicita le

LX. Entrée de Si

Rome.

pape

Eugene de lui donner la couronne imperiale; ce qui étoit le principal motif de fon voyage en Italie. Eugene reçut fes ambaffadeurs avec honneur, & le feptiéme d'Avril il conclut avec eux, que Sigifmond viendroit le trouver à Viterbe, ou à Rome, que là il feroit entre fes mains ou celles de fon légat, les fermens ordinaires, felon la forme de la bulle Clementine; mais qu'il n'y viendroit accompagné que de fes domeftiques; qu'il n'auroit avec lui perfonne qu'on fçut être ennemi de l'églife, du pape, ou du peuple Romain. Sigifmond ratifia cet accord, & le fit fçavoir au concile, & de crainte qu'il ne lui fit peine, il l'affura que bien qu'il eût promis de fecourir Eugene dans tout ce qu'il pourroit felon Dieu, il ne feroit jamais rien au defavantage du concile, qu'il affilteroit & protegeroit toujours de toutes les forces. Sigifmond ne tarda pas enfuite à fe mettre en marche.

Comme il approchoit de Rome, le pape envoya gifmond dans au-devant de lui quelques cardinaux, grand nombre de prélats & de feigneurs, avec une grande partie du clergé, qui le conduifirent avec beaucoup de pompe & de magnificence dans la ville. Le pape qui l'attendoit fur les dégrez de l'églife du Vatican, le reçut avec beaucoup d'appareil, & le baifa à la bouche. Sigifmond de fon côté fe mit à genoux, & baifa les pieds du pape. Ce fut le vingt-uniéme de Mai que fe fit cette entrée, im- & le jour de la Pentecôte le prince fut couronné folemnellement, & reçur le nom d'empereur augufte, Raucler gener. après avoir fait le ferment accoutumé, de défendre & 48.8.450. conferver la foi Catholique, & les droits & privileges

LXI.

Il reçoit la

Couronne

periale.

de

LXII. Succès des dé

Cochlée hift.

de l'églife Romaine. Ce ferment prêté, il fervit d'é- AN.1433. cuyer au pape selon la coutume, & créa chevaliers beaucoup de feigneurs Allemans & Italiens. Enfin après. avoir paffé quelques jours à Rome, & reçu de grands témoignages de bonté du pape, il s'en vint à Ferrare, enfuite à Mantoue, qu'il érigea en marquifat en faveur de Jean François de Gonzague qui en étoit seigneur. Les députez que le concile avoit envoyez à Prague ayant vù un grand concours de peuple & beaucoup de putez du corgrands feigneurs, & de perfonnes du clergé affemblées cile à Prague. Le jour de la fête de la Sainte-Trinité, faifirent cette Huffit. lib. 7. occafion pour les exhorter à la paix, à la soumission, & à l'unité de fentimens, afin qu'après cela on pût éclaircir plus tranquillement leurs doutes, s'ils en avoient. Les Bohémiens toujours attachez aux quatre articles qu'ils avoient propofez, demanderent qu'on ftatuât deffus avant toutes choses. Les légats du concile fe voyant preffez, demanderent qu'on les leur donnât par écrit, & ils les envoyerent au concile, avec le récit de ce qui venoit de se passer. Pendant ce tems-là, quatre des légats dirent au nom du concile, que fi l'on vouloit recevoir fa déclaration fur les trois derniers articles feulement, & revenir à l'unité, on pourroit trouver un accommodement fur le premier article qui concernoit la communion fous les deux efpeces. Et ayant reçû du concile fa déclaration fur les trois autres articles, ilsla propoferent dans uneaffembléepublique des grands du peuple. La déclaration fur le premier article étoit qu'il falloit ôter ces mots : Quorum intereft, Par ceux aufquels il appartient: parce que ce terme eft trop genéral, & dire fimplement que les pechez devoient être corrigez felon la loi de Dieu, les regles des faints peres, & la raison. La déclaration fur le deuxième article étoit conTome XXII.

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AN.1433. çue en ces termes : Que la parole de Dieu feroit prêchée librement, mais d'une liberté réglée par le bon ordre, & une exacte fidelité; que les prêtres les diacres qui la précheroient, feroient approuvez envoyez par les Superieurs à qui ce droit appartenoit, fauf l'autorité du fouverain pontife, qui doit le premier regler toutes chofes, fuivant les regles des faints peres. Le concile avoit ainfi redreffé le troifiéme article: Les ecclefiaftiques gouverneront fidelement, felon les mêmes regles des faints peres, les biens de l'églife dont ils font les adminiftrateurs, l'on ne pourra fans facrilege en prendre le gouvernement, & l'ôà ceux aufquels ces biens appartiennent canoniquement.

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bem. ad conc.

Bafil. p. 315.

LXIII.

permettent la

communion

fous les deux

efpeces.

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pour

Les Bohémiens ayant déliberé fur ce qu'ils venoient In Fafeiculo de d'entendre, dirent qu'ils n'avoient point de réponse à donner, qu'on n'eût auparavant fatisfait à l'article de la communion fous les deux efpeces. Cette fermeté obligea les envoyez du concile à donner cette déclaraLes députez tion." Que la coutume genérale de l'églife de communier fous une feule efpece, ayant été introduite de bonnes raifons, & pour de juftes caufes, elle ne », pouvoit être réprouvée ni changée, à la difcretion des particuliers, fans l'autorité de l'églife; Que la même églife cependant pouvoit accorder la communion fous les deux efpeces pour de juftes sujets : & que fi les Bohémiens le défiroient abfolument, le facré concile donneroit pouvoir à leurs prêtres, de donner ainfi la communion fous l'efpece du pain & du vin à ceux qui auroient atteint l'âge de difcre,, tion, & qui la demanderoient avec respect, à condition que ces prêtres leur diroient toujours en les communiant, qu'ils devoient croire fermement que », le corps de Jefus-Chrift n'étoit pas feulement fous », l'efpece du pain, ni le fang fous l'efpece du vin, mais », que Notre-Seigneur étoit tout entier fous chaque

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efpece,,. Cette explication caufa encore beaucoup AN. 1433. de difputes.

LXIV. Les députez

divifion des Bohémiens.

Cochlée hist. Huffit. lib. 7.

Les députez voyant qu'ils n'avançoient rien, eurent recours à des voies plus efficaces. Ils fçavoient que travaillent à la la noblesse & la bourgeoile de Bohême ne s'étoient déclarées contre les Huffices que par force, & après avoir été abandonnées de l'empereur & des princes de l'empire: qu'elles étoient dans un état violent, à cause des infultes qu'elles recevoient tous les jours de l'armée & des payfans; & qu'elles feroient toujours prêtes de fe réconcilier avec eux au moment qu'on leur donneroit l'efperance de rendre leur condition meilleure. Sur ce fondement on fit entendre aux gentilshommes & aux bourgeois des villes de Bohême, qu'ils avoient été mal confeillez de dégrader l'empereur pour se mettre sous la domination de Procope, & de changer un gouvernement moderé en celui d'un prêtre fchifmatique, qui ne reconnoiffoit point d'autres loix que celles de fon caprice. Qu'au lieu des quatre états dont la monarchie de Bohême étoit auparavant compofée, un cinquième qui étoit l'armée, ufurpoit toute l'autorité, & ne la partageoit en aucune maniere avec les autres. Que les mêmes gens de guerre qui impofoient des taxes immenfes pour contenter leur avarice, les levoient avec beaucoup de violence; que leur infolence ne pouvoit être punie que par un foûlevement genéral, pour prévenir le deffein qu'avoient les Huffites, de les exterminer, auffi-tôt qu'ils les auroient dépouillez de

leurs biens.

La noblesse & labourgeoisie n'étoient que trop convaincues de ces raifons; mais la premiere n'avoit point d'argent, & la feconde ne trouvoit pas affez de fureté à lui en prêter. Les députez du concile fâchez qu'un

* C'est Roquefane.

AN. 1433. obftacle fi AN.1433. obstacle fi peu confidérable empechât le rétablissement de la religion catholique en Bohême, écrivirent à Bafle des lettres fi preffantes, qu'on y fit une quête pour les néceffitez extraordinaires de ce royaume. On ne trouva que dix-huit mille écus, & cette fomme fi peu proportionnée au befoin, ne laiffa pas de produire tout l'effet que l'on pouvoit attendre d'une plus grande, parce qu'elle fut mife entre les mains du plus habile & du plus zelé gentilhomme de Bohême. C'étoit un nomNaucler. ibid. mé Mainard de Neuhaux ou de la Maifon-neuve, officier de guerre, vaillant & experimenté, qui se piqua de devenir le liberateur de fa patrie.

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LX V. Douzième

feffion du con

cile de Bafle.

Labbe, Conc.

com.xi 1.p.508.

Cependant on tint la feffion douziéme le lundi treizićme de Juillet. Les peres s'y plaignirent fortement de la mauvaile foi du pape,qui ouvroit,dirent-ils, un chemin affuré à fes fucceffeurs de fe déclarer prévaricateurs des decrets des conciles, & d'en rabaiffer l'autorité. Ils lui reprocherent les efforts qu'ils avoient faits durant dixhuit mois entiers, pour le fléchir, & pour l'engager à favorifer le concile de Bafle, mais que fon obftination avoit toujours rendu inutils.

Ils vouloient prononcer contre lui un arrêt définitif de condamnation, de peur que leur patience ne leur fût préjudiciable & qu'elle ne lui donnât lieu de s'opiniâtrer davantage dans fes mauvais deffeins: mais à la priere de Sigifmond, ils fe contenterent de le fommer encore une fois à révoquer après foixante jours, le deffein qu'il avoit projetté de rompre & de transferer le concile, fous peine d'être regardé comme contumace & pécheur public. Ce decret eft conçu en termes extation contre le trénement forts : on y traite le pape dincorrigible, rape Eugene d'homme qui fcandalife toute l'églife, & on le déclare Avid•p• 509•2 fufpens de toute administration du pontificat; on fait

LXVI

Decret de ci

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