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AN.1455. Adrien VI. les continuerent; & enfin Clement VII.donna le decret de fa béatification l'an 1524. avec permiffion d'en faire la fête & l'office public dans toutes les églifes de la république de Venile,remettant en un autre tems plus commode l'éxécution du deffein qu'il avoit de le canonifer. Ce projet ne fut executé qu'en 1690. par le pape Alexandre VIII. & la fête du Saint, qui eft femidouble dans l'office Romain, fe trouve placée le cinquiéme de Septembre. Il a écrit plufieurs ouvrages de pieté, dans lesquels on voit les fruits d'une vertu folide, plutôt que d'une érudition acquife par l'étude des lettres, ayant beaucoup plus profité à l'école du Saint-Elprit qu'à celle des hommes. Sa vie a été écrite par fon neveu Bernard Juftinien, & on la trouve dans

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Surius.

Comme par le decret de l'affemblée de Francfort on avoit réfolù la guerre contre les Turcs, il ne s'agiffoit plus que de travailler aux moyens de réunir les princes, de leur fournir à chacun ce qu'ils voudroient, & de lever une armée. Quelques électeurs, avec d'autres princes d'Allemagne, les ambassadeurs des autres feigneurs, les évêques & les principaux barons de Hongrie, allerent en Autriche trouver l'empereur Frede-ric; Jean évêque de Pavie, légat du faint fiége s'y rendit auffi avec Michel Pithius ambaffadeur d'Alphonse roi de Sicile & d'Arragon, & Jean Capistran: ce dernier par fes prédications exhortoit les peuples à prendre les armes, ou à contribuer par leurs aumônes aux frais de la guerre qu'on vouloit entreprendre. On étoit prêt de conclure, & il y avoit lieu d'efperer qu'au commencement de l'été on feroit en état de mettre

une nombreuse armée en campagne, lorfque la nouvelle qu'on apprit de la mort du pape Nicolas V. renverfa tous ces grands projets.

CXVIII. Mort du pape

Ce pape mourut le vingt-quatriéme de Mars de AN. 1455. cette année 1455. après avoir gouverné l'église huit ans & dix neuf jours. La goute dont il avoit prefque Nicolas V. toujours été tourmenté depuis fon élevation au pontificat, jointe à la fiévre qui furvint, & au chagrin qu'il avoit toujours eu depuis la prise de Conftantinople, lui ôterent la vie en peu de jours; & il fembla que Farmée qu'il avoit déja mife fur pied pour envoyer contre les infidéles, ne fût deftinée que pour rendre fa pompe funebre plus magnifique. Il fut heureux dans fon pontificat, principalement dans la paix d'Italie à laquelle il travailla beaucoup, il embellit la ville de Rome de fuperbes édifices qu'il ne put pas à la vérité achever. Comme il étoit fçavant, & qu'il aimoit les belles lettres, il fut très-liberal envers les hommes doctes, les attirant à Rome par fes bienfaits & par fes careffes. Il eat grand foin de recueillir les plus beaux manuscrits grecs & latins pour enrichir fa bibliothe

que. Il fit rechercher par toute la Grece ce qu'il y avoit de bons livres en toutes fortes de fciences, & récompenfa liberalement ceux qui les traduifoient en latin, Il en faifoit autant pour les auteurs latins. Sa générofité alla fi loin, qu'il promit cinq mille ducats à celui qui lui apporteroit l'évangile de faint Matthieu en hebreu. Il enrichit les églifes de vales d'or & d'argent, d'ornemens & de tapilferies m gnifiques. On a toujours remarqué en lui un parfait désinteressement, ne vendant jamais aucun office, & mariant de pauvres filles de fes épaignes. Platine lui reproche d'avoir été fujet à la colere: mais il ajoute qu'il retournoit bientôt après à la bonté naturelle, en forte qué fa pieté corrigeoit ce défaut. La mort le furprit dans le tems qu'il avoit cité Sigifmond duc d'Autriche à paroître

Platin. in Ni-
col. V.
Addit. ad
Ciacon.

AN 1455. devant lui, parce que ce prince conteftoit au cardinal de Cufal'exécution de fa jurifdiction dans fon évêché de Brixen.

CLXIX. Entrée des cardinaux au conclave.

CLXX.

On penfe au cardinal Bella

rion, mais il eft exclus.

Les obfeques du pape Nicolas étant achevez, les cardinaux au nombre de quinze, après avoir donné les ordres neceffaires pour la fureté de la ville & du palais, entrérent dans le conclave: & après la messe du Saint-Efprit celébrée par le cardinal doyen, on fit entrer les ambaffadeurs & les députez des princes Chrétiens, aufquels on donna audience jufqu'à cinq heures du foir. Enfuite les cárdinaux chefs-d'ordres firent fermer les portes, & en prirent les clefs. Le conclave fe trouva partagé en deux factions; ce qui rendit les deux premiers fcrutins inutiles : Dans le troifiéme on propofa le cardinal Beffarion. Ceux du parti contraire voyant que c'étoit un fujet d'un grand mérite, & qu'il avoit affez de voix pour être élu, cabalérent avec le cardinal d'Avignon pour empêcher fon élection. Ce cardinal repréfenta avec beaucoup de vivacité à fes confreres affemblez, qu'il n'y avoit pas d'apparence de donner pour chef à l'églife Romaine un néophite féparé depuis peu de l'égife Grecque; qu'il y avoit du danger à l'élever au pontificat, puifqu'on pouvoit douter que fa converfion fût véritable; qu'on ne devoit pas confier le gouvernement de la barque de faint Pierre à celui qui, peu de tems auparavant, s'étoit efforcé de la fubmerger; & que cette élection donneroit lieu de croire qu'on n'auroit pas pu trouver parmi les Latins un fujet capable de les conduire. Il tâcha encore par d'autres raifons de faire changer defentiment à ceux qui étoient portez pour Beffarion, & parla avec tant de folidité & d'éloquence, qu'il en gagna la plus grande partie.

Les

AN. 1455.

Comment. Pit II.

CLXXI.
On élit Al-

Les deux partis n'ayant pu s'accorder, on élut celui auquel personne ne penfoit : ce fut Alphonfe Bor- lib. gia né à Valence en Espagne; cardinal du titre de Santiquatro. Il étoit d'une illuftre maison, d'un efprit folide, & grand politique; mais d'un âge fort avancé, phonte Borgia Espagnol. ayant foixante & dix-huit ans. Lorfque Nicolas V. fut mort, il difoit à tout le monde qu'il feroit pape; mais comme il étoit fort vieux, on le prenoit pour un rêveur. Après que la meffe du Saint-Efprit eut été cc-. lébrée, on commença le fcrutin; & ayant été élu tout d'une voix le huitiéme d'Avril, les cardinaux l'adorérent, & il prit le nom de Callixte III. Son élection fut auffi-tôt annoncée au peuple par le cardinal premier diacre. Il fut porté en chaire à faint Pierre, & ayant fait fa priere devant l'autel du Saint-Sacrement, il s'affit fur l'autel des SS. Apôtres, où tous les cardinaux vinrent lui baifer les pieds. De là on le porta à fon palais, où on lui fit faire ferment d'exécuter certains articles, qui avoient été arrêtez par le facré college trois jours avant fon élection. Chacun enfuite s'en retourna à sa maison.

Le nouveau pape fut couronné le vingtiéme d'Avril avec les cerémonies ordinaires. On a vu dans le vingtuniéme tome, comment il avoit travaillé à éteindre le fchifme auprès du fucceffeur de Pierre de Lune, par l'ordre d'Alphonse roi d'Arragon dont il étoit alors secretaire, chanoine de Lerida, & docteur en droit, Martin V. l'ayant fait évêque de Valence, il vint en Italie, où s'étant fait connoître au pape Eugene, dans le différend qu'il y eut entre le même pape & le roi Alphonfe touchant le royaume de Naples, il en fut créé cardinal-prêtre du titre des Quatre-Saints-couronnez, ou de Santi-quatro, Platine dit qu'il étoit si Tome XXII. Hhhh

CLXXII.

Il prend le

nom de Callixte III.

CLXXIII. Quel étoit le nouveau pape.

Platin. in viLM Callixti III.

AN. 1455.

Ciaconius ibid.

CLXXIV. Callixte III. fait vœu de poursuivre les

Turcs.

22. C. 14.

grave & fi fincere en opinant dans les affemblées, qu'il ne lui échappa jamais de dire aucune parole de flaterie, & Ciaconius ajoute qu'étant évêque ou cardinal, il ne voulut jamais accepter aucun benéfice en commende, difant qu'il étoit content de fon épouse qui étoit vierge; il appelloit ainfi l'église de Valence. Auffi-tôt après fon exaltation, il s'appliqua à faire réuffir les deffeins de fon prédeceffeur, il accorda des indulgences à tous les foldats qui s'étoient croifez, & envoya des légats en France, & en Hongrie pour y obtenir du fecours. Dès qu'il fut élu, il dit, qu'il déclareroit la guerre aux Turcs. Il en avoit fait le vœu avant fon élection, & en avoit figné une formule, où il prenoit le titre de fouverain pontife & le nom de Callixte, tant il avoit Antonin. tit. de confiance ou de defir d'être élevé à la papauté. Son En. Sylu premier foin fut donc d'envoyer le cardinal de Carvajal en Hongrie, & des prédicateurs par toute l'Europe, pour engager les Fidéles à contribuer de leurs Ciaconius ibid. biens pour cette guerre contre les Turcs. Il envoya de même Louis de Boulogne cordelier, avec beaucoup de préfens, aux rois de Perfe, d'Armenie & de Tartarie, afin de les animer contre un fi redoutable ennemi, mais ils n'entrérent dans la ligue que fous le pontificat de Pie II. fon fucceffeur. Le pape Callixte fut le premier qui établit des havres à Rome; & il fit construire seize galeres de l'argent qu'on recueillit de la croifade; ilen donna le commandement à Louis patriarche d'Aquilée, qui pendant trois ans poursuivit les Turcs, prit quelques ifles fur eux, & fit d'autres conquêtes. Le roi Alphonfe & le duc de Bourgogne firent d'abord affez bien leur devoir; mais l'amour du plaifir rallentit bientôt leur ferveur.

Europ. c. 58. comment. lib. 1.

Platin. in vita

Callixti III.

CLXXV.
Les Florentins

Auffi- tôt que les Florentins eurent appris qu'il y

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