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tante, cap 16.

AN.1433. concile d'acephale & de fchifmatique, dans un discours particulier qu'il en fit, & qui fut inferé dans la feffion Bellarm. lib. 3. onzième du concile de Latran fous Leon X. Le cardinal de Ecclef. mili Bellarmin a été de meilleure foi; il s'eft contenté de dire que le concile de Bafle a été légitime dans fon commencement, mais qu'il a ceffé de l'être au tems de la dépofition du pape : & cette opinion eft la plus reçue, qu'il eft genéral & œcumeniquejufqu'à la dixième session felon les uns, ou plus probablement jufqu'à la vingtfixiéme felon les autres; parce que ce fut en cette feffion qu'on commença à déliberer de la dépofition du pape Eugene. Panorme a fait un excellent traité pour juftifier le pouvoir & la conduite du concile de Bafle dans la dépofition d'Eugene : nous en parlerons ail

*Plus bas liv.

108.

Seiziéme fef

fion du concile

de Bafle.

Labbe concil.

aom. XI. p. 528.

leurs *.

La feiziéme feffion fe tint le vendredi cinquiéme AN.1434. de Février dans le lieu ordinaire. L'empereur Sigifmond LXXXVI. y affista en habits imperiaux, & plus de quatre-vingtdix prelats avec des mitres blanches. Après les prieres accoutumées on lut les lettres d'Eugene, pour l'approbation du concile, & la révocation de la diffolution qu'il avoit prétendu en faire. Ces lettres furent présentées par l'archevêque de Tarente & l'évêque de Cervia, & après qu'on les eut lûes & examinées avec foin, le concile déclara que le pape avoit pleinement fatisfait aux avertissemens, citations & requêtes du concile, felon ce qui étoit porté dans la feffion quatorziéme, & dans la formule qui y étoit inferée. Čes lettres furent approuvées & rapportées dans les actes. NéanTurve-erem. moins Jean qui fut depuis cardinal de la Tour- brûlée, & qui étoit à ce concile, nie qu'on puiffe rien inferer de ces lettres, qui foit favorable à ceux de Bafle; le pape n'approuvant pas tout ce que le concile avoit or

fum. de Ecclef. 1.2. cap. 100.

les

donné, & ne s'obligeant point à approuver ce que peres voudroient arrêter au deffus de l'autorité ordinaire des conciles. Pour voir combien le fentiment de ce cardinal eft peu fondé, on n'a qu'à confulter le P. Alexandre dans fa huitiéme differtation fur le concile de Bafle.

AN. 1434.

P. Alexand. part.3. facul.xv. XVI. hist. Ecclef. p. 365.

LXXXVII.

Congrégation rer les légats du pape au concile,

pour incorpo

Après que le concile eut approuvé les lettres du pape dans cette feffion, on tint une congrégation genérale le vingt-quatrième d'Avril, pour incorporer les légats d'Eugene au concile fous leurs propres & privez noms. Ces légats étoient Nicolas cardinal de fainte-Croix, Jean archevêque de Tarente, Pierre évêque de Padoue, & Louis abbé de Sainte-Juftine, qu'on obligea dejurer qu'ils agiroient & travailleroient fidelement pour la gloire du concile, qu'ils en obferveroient les decrets, & particulierement ceux de la quatrième & cinquième feffion du concile de Conftance; fçavoir, qu'un concile légitimement affemblé reprefente l'églife univerfelle, qu'il tient immédiatement de JefusChrift fon autorité, que le pape même eft obligé d'y obéir, dans les chofes qui regardent la foi, l'extinction du fchifme, & la réforme genérale de l'églife. Qu'ils nerevéleroient point le fecret du concile, & qu'ils n'en fortiroient point fans le congé des députez qu'enfin ils donneroient en toutes chofes de bons confeils felon Dieu & leur conscience. A quoi ils s'obligerent tous par ferment en leurs propres & privez noms. Les peres du concile prirent toutes ces précautions, par la crainte qu'ils avoient que la retractation du pape ne fût une feinte, qu'il n'eût envoyé fes légats au concile que pour en projetter fecrettement la rupture: ce qui arri- fur. va en effet.

:

Ces quatre légats après avoir prêté ferment dans

Plus bas live 107. n. 54. Juiv.

LXXXVIII. Dlx - feptiéme

feffion du con

cile de Bafle.

LXXXIX.

Labbe concil

& 5400

AN. 1434. Cette congrégation, furent admis dans la dix-septiéme feffion qu'on tint le lundi vingt - fixiéme d'Avril en préfence de l'empereur, vêtu de fes ornemens impériaux, & de plus de cent prélats en mitres & en habits pontificaux. Ces légats y préfiderent avec le cardinal Serment qu'on Julien ancien préfident. Les peres du concile y firent exige des légats. plufieurs decrets pour rendre leur conduite plus fûre; car tom.x11.p.539. Craignant que s'ils recevoient les légats d'Eugene pour préfider au concile avec une autorité abfolue & indépendante, ce ne fût un trop puiffant obstacle à la réformation des membres de l'églife; ils déclarerent d'abord qu'ils ne les recevoient pour préfidens, qu'à condition qu'ils auroient une autorité dépendante du concile, fans aucune jurifdiction coactive, fans préjudice aux réglemens établis déja ; c'est-à-dire, que rien ne fe décideroit fynodiquement en plein concile, qu'il n'eût auparavant été examiné par les quatre députations du concile : & pour appuyer davantage l'autorité fouveraine du concile, qui n'étoit point alterée par la préfence des légats du pape, ils ordonnent que tous les actes feront expediez au nom & fous le fceau du concile, felon l'ancien usage obfervé par les huit premiers conciles genéraux, qu'ils renouvellerent.

XC. Précautions

de autorité.

Il paroît encore par cette feffion que les peres de pour empêcher Balle n'ont pas cru que leurs décifions duffent abfolufeur trop gran- ment être prononcées par les légats du pape préfidens-; puifqu'ils y ordonnent qu'au cas que ceux qui préfidoient ne vouluffent pas prononcer ce qui aura été arrêté par les quatre députations, le droit de conclure & de prononcer feroit dévolu à celui des évêques qui feroit affis le plus proche des préfidens. La raison qui les porta à faire ce decret, fut l'opinion qu'ils avoient que les loix d'un concile genéral n'empruntent leur

autorité que du concile même; que le droit qu'ont les AN.1434légats du pape de préfider aux conciles, & d'y prononcer, eft purement honoraire, dû à la primauté du pape dont ils représentent la perfonne, qui ne leur donne aucun pouvoir ni jurisdiction fur le concile, & que quand un concile genéral a fait quelque conclufion, il peut s'élire un préfident, & prononcer fon decret malgré le pape, s'il refufe de prononcer & de conclure; enfin qu'un decret prononcé de cette maniere ne laiffe pas d'obliger & d'avoir toute fa force. On trouve un exemple de cette liberté dans le concile de Calcedoine.

Le canon vingt-huitiéme de ce concile tenu en 451. confirme au patriarche de Conftantinople le droit qu'il avoit reçu, par le troifiéme canon du premier concile de Conftantinople, qui lui donnoit le fecond rang, c'est-à-dire, le premier après le pape; enforte que les métropolitains de Pont, de Thrace, d'Afie feulement, & les évêques de ces diocefes qui étoient chez les barbares devoient être ordonnez par le fiege de Conftantinople, fur le rapport qu'on devoit lui faire des élections canoniques. Les légats du pape faint Leon s'oppoferent à ce canon, foit parce qu'il avoit été fait en leur abfence, foit parce que, difoient - ils, on avoit forcé les évêques à y foufcrire; mais ceux-ci montrerent qu'ils l'avoient tous reçu par leur propre mouvement, fans avoir fouffert aucune violence. Et nonobftant les oppofitions des légats de faint Leon, ce canon fut lû trois fois dans le concile, aux acclamations de tous les peres, & inferé dans les actes. Ainfi, quoique le pape ait une autorité plus grande que tout autre dans les conciles, y préfidant par lui-même ou par fes légats, publiant & expliquant les decrets, & en or

loc. cit.
Nicol. de Cufa

lib, 3. de con

.cap. 4.

رو

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AN.1434. donnant l'exécution, il ne s'enfuit pas pour cela que l'autorité d'un concile œcumenique foit tellement dépendante de la fienne, qu'il puiffe de plein droit changer & annuller fes decrets, comme le montre le P. AleP. Alexand. xandre dans l'endroit déja cité. "Ce qui a fait dire au cardinal de Cufa, que dans les conciles genéraux le cord. catholica, pape concourt le premier, mais que fon autorité n'a de vigueur que par le confentement de tous les autres qui celébrent le concile; que la force des définitions ne vient point du fouverain pontife, mais », qu'elle dépend du confentement de tous, du fien & de celui des autres ; c'eft ce qu'a reconnu faint Leon lui-même dans fa lettre aux peres du concile de ,, Calcedoine : Afin, dit-il, que l'afssemblée des freres & tous les Fideles connoiffent que je fuis uni avec ,, vous de fentiment, non feulement par les légats qui tiennent ma place, mais par l'approbation que vous donnez aux actes du fynode.

XCI. Dix-huitiéme feflion du concile de Bafle.

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Après la feffion dix-feptiéme l'empereur Sigifmond quitta Bafle, & n'affifta pas à la dix-huitième, qui fe tint le famedi vingt - fixiéme de Juin. Les peres du Labbe concil. concile convaincus de quelle importance il étoit d'inftruire tout le monde de l'autorité des conciles genéraux, renouvellerent encore une cinquième fois les decrets de la quatriéme & cinquiéme feffion du concile de Conftance. Ce fut dans cette feffion que Jean patriarche d'Antioche préfenta au concile un écrit qu'il avoit composé cette année, pour montrer la fupériorité du concile au-deffus du pape, & prouver qu'Eugene ne pouvoit rompre celui de Bafle, fans le confentement des peres qui le compofoient, qu'il étoit tenu au contraire de s'y foumettre & de lui obéir. On trouve tom, x11.p.911. ce traité tout entier à la fin des actes du concile de Bafle,

Concil.append..

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