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AN. 434. roit huit mille ducats pour fournir aux frais de l'af femblée du clergé Grec qu'on devoit tenir à Constantinople, pour l'élection des députez qui viendroient au concile, & dix mille ducats avec trois cens hommes & quelques galeres pour la défenfe de la ville durant l'abfence de l'empereur, auquel on rendroit par-tout, auffi-bien qu'aux patriarches & aux évêques Grecs, les mêmes honneurs qu'on avoit accoutumé de leur rendre avant le schifme, fauf néanmoins en tout les droits & les privileges du pape, de l'église Romaine, & de l'empereur d'Occident.

XCIX.

Les ambassadeurs Grecs font reçus au

concile; & leur

traité eft confirmé.

Labbe, concil.

tom. XII. pag.
541. & tom.

XIII. in actis
Aug. Patricii.

C. Decret du con

Ce traité fut folemnellement approuvé & confirmé dans la dix-neuviéme feffion du feptiéme de Septembre, dans laquelle les ambaffadeurs Grecs furent reçus avec beaucoup d'honneur. Ils y présenterent la lettre de l'empereur leur maître, par laquelle ce prince s'engageoit de tenir tout ce dont on conviendroit de part & d'autre; & celle du patriarche Joseph, qui témoignoit aux peres du concile la joie qu'il avoit de voir qu'ils fouhaitoient la paix & l'union des deux églifes. Pour affermir davantage les articles dont on venoit de convenir, les Grecs demanderent que le pape les confirmât. On députa donc vers Eugene un chanoine d'Orleans nommé Simon Freyron, pour le prier de joindre fa confirmation à celle du concile. Auguftin Patrice dit qu'Eugene parut furpris qu'on eût tout reglé fans l'avoir confulté auparavant, & qu'il regarda cette conduite comme une nouveauté; cependant il ne laissa pas de donner fa confirmation pour ne point troubler le concile, quoiqu'il lui femblât plus commode d'envoyer les légats à Conftantinople, fuivant fon pre

mier avis.

On fit dans la même feffion dix-neuviéme un de

Juifs.

Labbe concil.

cret touchant les Juifs & les Infideles, pour les con- AN. 1434. traindre d'entendre la parole de Dieu, afin qu'on pût cile touchant less travailler plus efficacement à leur converfion; & pour y réuffir plus aifément, on exhorte les ordinaires d'en- tom. 1. p. 547voyer des perfonnes habiles pour prêcher dans les lieux où il y a des Juifs & des Infideles ; & afin qu'il s'en trouve de capables de cette fonction, l'on ordonne que fuivant la conftitution du concile de Vienne, touchant la néceffité d'enfeigner les langues, il y auroit dans les univerfitez deux profeffeurs des langues hébraïque, arabe, grecque & chaldéenne. On renouvella tous les anciens decrets touchant la converfion des mêmes Juifs; on défendit de communiquer avec eux, ni de leur vendre ou engager des livres d'église des calices, des croix, ou d'autres ornemens d'églife. On ordonna qu'ils porteroient un habit particulier qui les pût diftinguer, & qu'ils demeureroient dans des lieux féparez, autant que faire fe pourroit. On accorda à ceux qui fe convertiroient de retenir les biens qu'ils avoient acquis par ufure, pourvû qu'on ne connût point ceux à qui ils devoient être reftituez. On exhorta fort les Chrétiens & ies Catholiques à affifter ceux qui quitteroient le Judaïfme, & on leur défendit d'enterrer les Morts felon les cerémonies des Juifs. En un mot on n'oublia rien des mefures qu'il falloit prendre pour l'inftruction & la fubfiftance des nouveaux Convertis, ordonnant que ce decret feroit publié tous les ans dans les églifes, afin que perfonne ne pût l'ignorer.

En Bohême le baron Maynard seigneur de MaisonNeuve, toujours animé du défir de délivrer fa patrie du joug de Procope le Rafe, fous lequel elle gémiffoit, & des maux funestes qui en étoient la fuite, failoit

CI.
Suite des af

faires des Bohé

miens.

Cock lée, hift. Huffit. lib. 8.

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AN. 1434. beaucoup de menées fecretes pour groffir fon parti : il entretint plufieurs fois les députez du concile de fon Voyez plus haut deffein, & ceux-ci lui promirent de le feconder. Sur

11. 64.

cette afsurance Maynard tenta l'entreprise, dont il ne voulut pas néanmoins fe déclarer chef, parce que connoissant qu'il y avoit en Bohême des maisons plus anciennes que celle dont il étoit forti, il apprehenda de leur donner de la jaloufie. Il y avoit un gentilhomme nommé Wissembourg issu de la meilleure de ces maifons, mais très-pauvre; Maynard l'avoit affifté pendant plufieurs années, ce qui l'avoit rendu fort foumis; & comme il n'avoit point d'autre talent pour la guerre, que celui d'obéir exactement; il jetta les yeux fur lui, & lui donna le titre de genéral, pendant qu'il en reNaucler. gener. tint l'autorité. Maynard ayant pris toutes ces mesures, engagea la ville de Pilfen à commencer la révolte. Les Thaborites & les Orphelins fe mirent auffi-tôt en campagne pour la recouvrer; Procope le grand avec un auDivifion entre tre furnommé le petit Procope en formerent le fiege des deux villes après la jonction de leurs troupes. Mais ils furent in

48. p. 4520

CII.

de Prague.

CIII.

Les Catholiques fe rendent naires des deux Pragues.

terrompus dans la plus grande ardeur du fiege, par la querelle qui s'éleva entre Roquefane qui commandoit dans l'ancienne Prague pour les Thaborites, & Loup dans la nouvelle pour les Orphelins; cette querelle caufée par la jaloufie, alla fi avant que les deux villes de Prague fe cantonnerent l'une contre l'autre.

Maynard averti de ce defordre, ne manqua pas d'en profiter. Il s'avança vers l'ancienne Prague, battit les Thaborites déja fort preffez par les Orphelins, & fe rendit maître de la ville. Cette nouvelle déconcerta les Procopes, qui leverent auffi-tôt le fiege de Pilfen, & ce qui acheva de les accabler, fut d'apprendre que Maynard en même tems avoit pris d'affaut la nouvelle

Prague,

CIV.
Les Bohémiens

perdent la ba
deux Procopes

taille, & les

Prague. Ils voulurent la recouvrer avant que les Ca- AN. 1434. tholiques euffent achevé de s'y fortifier. On leur parla de paix; mais ils répondirent qu'ils ne pouvoient traiter avec honneur, jufqu'à ce que les Catholiques leur euffent rendu Prague, & tiré de Pilfen les hommes & les munitions qu'ils venoient d'y jetter. Ces deux conditions parurent fi ridicules aux Catholiques, qu'ils demanderent d'être menez à l'heure même contre les Huffites, & Maynard profitant de leur ardeur poursuivit l'armée Huffite, qui s'étoit retranchée dans fon camp: on força ses retranchemens, la confusion fe mit parmi les foldats, le combat dura plus de quatre heures, & le grand Procope y fit des efforts fi extraordinaires que les Catholiques fe virent plus d'une fois fur le point de perdre la victoire; mais un coup de lance le renversa mort, & fit perdre courage à fon armée. Le petit Procope eut auffi la tête fendue d'un coup de fabre, ce qui obligea fon Lieutenant Coapchon de fe retirer dans la ville de Colnitz, avec ce qui lui reftoit de Cavalerie Huffite. Cette victoire fut remportée le dimanche dans l'octave du faint Sacrement: & on la fit fçavoir au concile, à Sigifmond & aux autres fideles, parce qu'elle les interessoit tous.

Maynard flaté par ces premiers avantages, au lieu de s'amufer à pourfuivre les fuyards, acheva de se rendre maître du camp ennemi, & contraignit tous ceux qui reftoient de fe rendre à difcretion. L'armée victorieuse s'affembla pour déliberer fur ce qu'on en feroit; & comme on étoit prêt à les renvoyer la vie fauve, Maynard remontra que la clémence étoit hors de faifon; que la plupart des vaincus étoient nez dans l'armée Huffite, qu'ils ne sçavoient point d'autre métier la guerre; qu'il s'en falloit donc absolument déTome XXII. ·

que

M

font tuez.

Nauclers gener

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48.453.
In append. I.
conc. Bafil. art.

108. & Jeq.

tom. XII. concil

P.

Labbe.

AN. 1434. faire, puifque rien n'étoit fi dangereux pour la monar chie de Bohême, que de laiffer vivre tant de foldats aguerris; & qu'on ne feroit jamais en fureté, tant qu'on donneroit retraite à plus de vingt mille hommes accoutumez à tuer, à voler & à piller en toutes occa fions: que fi on les laiffoit vivre enfemble, ils éliroient un chef, & renouvelleroient la guerre ; & fi on les distribuoit dans les villes & dans les villages, ils y corromproient la bourgeoifie & les payfans. Čes remontrances changerent l'inclination des Catholiques, & les porterent à confentir que l'infanterie Huffite fût exterminée; mais ils en laifferent le foin à Maynard. qui s'en acquitta avec beaucoup de difcernement. CV. Il fçavoit qu'il y avoit parmi les vaincus un affez on fe fert pour grand nombre qui nes'étoient engagez à suivre l'armée achever la ruine Huffite, que par le feul motif de porter les armes, &

Artifices dont

des Hullites.

ceux-là, il les regarda comme innocens, & fe fit un
fcrupule de les confondre avec les coupables. Mais il ne
vouloit pas que l'on s'apperçut de fon deffein ; & pour
cet effet, voici l'artifice dont il ufa. Il fit publier dans
un quartier du camp où l'on tenoit renfermez les fan-
taffins Huffites; que la guerre n'étoit pas finie
finie; que
Coapchon s'étoit renfermé dans Colnitz avec toute la
cavalerie, & qu'il y prétendoit rétablir l'armée; que l'u-
nique moyen de prévenir fes deffeins étoit de l'invef-
tir inceffamment; mais qu'on ne pouvoit ni entrepren-
dreni exécuter ce projet fans l'affittance de tant de bra-
ves foldats qui s'étoient rendus fi experimentez fous la.
difcipline de Zifca; que les états du royaume vouloient
affigner une penfion à chacun d'eux fur les deniers pu--
blics pour leur marquer l'eftime honorable qu'ils en
faifoient, & pour empêcher qu'il ne fe gliflat, parmi:
eux ce qu'on appelle paffe-volans, on prioit les vrais

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