Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1431. me le but & la fin de tout le concile. Le premier, d'extirper les herefies. Le fecond, de réunir tout le peuple Chrétien à l'églife Catholique. Le troifiéme, de les inftruire dans les véritez de la foi. Le quatrième, d'appaifer les guerres entre les princes Chrétiens. Le cinquiéme, de réformer l'église dans fon chef, & dans les membres. Le fixiéme, de rétablir, autant qu'il feroit poffible, l'ancienne difcipline de l'églife. Et parce que tous ces motifs fe réduifoient à ce deffein capital, de réformer l'églife, les peres prirent toutes les mefures & toutes les précautions neceffaires, pour l'exé-. cuter surement, & pour prévenir tous les obstacles qu'on auroit pu y apporter. Enfin on renouvella les decrets publiez dans le concile de Constance, contre ceux qui troubleroient le concile, & qui, par des intrigues fecretes, ou par une violence ouverte & déclarée, en empêcheroient le progrès; contre ceux qui feroient infulte aux membres du concile, & contre ceux qui s'en retireroient, fans avoir auparavant fait part des raifons qui les porteroient à le quitter.

Une preuve de la fagesse & de la prudence des peres de ce concile, fut, le foin & l'exactitude qu'ils apporterent dans la décifion des matieres contestées. Ils or, donnerent d'abord,que tous les évêques qui venoient au concile,feroient diftribuez en quatre claffes égales, & que chaque claffe feroit compofée de cardinaux, patriarches, archevêques, évêques, abbez, curez & do&teurs, tant féculiers que reguliers, en théologie & en droit canon de quelque nation ou province qu'ils fuffent. Afin que le nombre de ceux qui compofoient ces classes fût égal, on choififfoit tous les mois quatre perfonnes, c'est-àdire, un de chaque claffe, qui diftribuoient également ceux qui venoient de nouveau. Chacune de ces claffes

fe choififfoit un préfident, un fyndic, un notaire, & AN. 1431. d'autres officiers. Ils s'affembloient regulierement trois jours de la femaine, le lundi, le mercredi & le vendredi. Toutes les claffes, ou, pour ufer des termes du concile, toutes les députations avoient la liberté de conferer ensemble ou feparement, fur les questions qu'il falloit examiner : & celui qui avoit deffein de propofer quelque chofe, étoit obligé d'en inftruire auparavant le préfident & le fyndic de fa députation, qui en avertiffoient leurs confreres. Si une députation étoit d'accord fur quelque point, on avoit coutume de choisir le plus capable de cette députation, qui en rapportoit la conclufion aux trois autres, avec toutes les raisons fur lefquelles elle étoit appuyée, afin qu'elles puffent auffi dire leur fentiment. Que s'il arrivoit que quelqu'une des claffes ou députations, fût partagée en deux partis, quand même le nombre des suffrages de l'un des deux auroit excédé l'autre, on choififfoit néanmoins un habile homme des deux partis, & on l'envoyoit aux trois autres députations, pour y proposer les fentimens, & les raifons qu'on avoit de les foutenir. Si les trois députations étoient d'accord, & que la quatriéme y trouvât encore quelque difficulté considérable, on rapportoit la question à ces trois claffes, pour y être encore examinée, & fi quelque particulier fe déclaroit incapable de dire son sentiment fur le champ, on lui donnoit du tems, pour confulter fes livres, & chercher la verité. Enfin on choisissoit tous les mois trois perfonnes intelligentes de chaque claffe, qui s'affembloient toutes les femaines dans les jours vacans, c'est à-dire, dans les jours aufquels les claffes ne s'affembloient pas. Ces douze perfonnes convenoient ensemble, fur les déliberations des quatre claffes, elles en faifoient leur rap

AN.1431. port au préfident du concile, qui indiquoit l'affemblée genérale, pour y dreffer la conclusion synodale dans une feffion publique.

edit. reg. tom. 30. in fine.

Cette affemblée genérale étoit compofée des quatre nations, qui le trouvoient dans le chapitre de l'églife Concil.gener.in cathédrale de la ville de Bafle en Suiffe; & là il étoit libre à chacun de propofer ce qu'il vouloit, fur la queftion qui avoit été examinée, & fur laquelle on devoit conclure. Après quoi, la feffion publique fe tenoit dans l'églife cathédrale. On dreffoit la conclufion, & on l'inferoit dans les actes du concile. Voilà l'ordre qui fut gardé par les peres du concile de Bafle, dans les matieres contestées. La raifon de cette maniere d'agir dụ concile fut pour empêcher les brigues de la nation d'Italie, qui à beaucoup plus d'évêques que les autres, & qui par leur grand nombre auroit pû retarder, ou empêcher la réforme de l'églife. On a vû que ce même ordre avoit été gardé, vingt-quatre ans auparavant, dans le concile de Conftance. Les fiecles qui ont fuivi, & ceux qui ont précedé ce concile, ne nous fournissent point d'exemple d'une plus grande exactitude, ni d'une plus grande liberté.

Pour empêcher les conteftations qui pouvoient s'élever fur les rangs, il fut ordonné que celui qu'on auroit dans le concile, & que les qualitez qu'on y prendroit, ne pourroient fervir de titre d'un droit acquis, ni préjudicier à perfonne. Enfin on accorda à ceux qui affisteroient au concile, le droit de percevoir les fruits de leurs benefices, quoiqu'abfens ; & on nomma les officiers. Les notaires furent Luc de Viffo, fecretaire du cardinal Julien, & Rodulfe du diocese de Geneve, aufquels on joignit Henri Nithart, docteur en droit canon, & Louis Paris licentié, pour avoir infpection

fur

fur les actes qu'on écriroit. On nomma pour promo- AN. 1431. teurs, Nicolas Ami, licentié en théologie, avec Henri Anester, licentié en droit canon : & Henri Stater, doyen d'Utrecht, avec Saudere de Marthufen, furent choifis pour regler les places dans le concile. Le préfident y affiftoit en habits pontificaux, & étoit placé dans la chaire épiscopale près de l'autel, le vifage tourné vers les peres du concile, qui étoient affis en habits. pontificaux, dans des fieges des deux côtez du chœur. Les ambassadeurs des princes étoient dans le milieu fur des bancs, le vifage tourné vers le préfident; & derriere eux, les genéraux d'ordre, les docteurs, & les autres ecclefiaftiques. Les prieres ordinaires étant finies, un ou deux prélats montoient au jubé, lifoient les decrets, & demandoient fi on les approuvoit le préfident du concile & ceux de chaque députation répondoient qu'oüi; & ainfi finiffoit la feffion. Tout le tems qui s'écoula jufqu'à la prochaine feffion, qui fe tint l'année fuivante, fut employé en differentes congrégations, où l'on penfa aux moyens d'empêcher le pape Eugene de diffoudre le concile, comme il avoit réfolu de le faire. Ce fut pour s'oppofer à ce deffein, que les prélats de l'église de France, s'étoient assemblez à Bourges, par l'autorité du roi, & qu'ils firent le vingt-fixième de Février quelques réglemens ou chapitres, fous le nom d'Avis, dans lefquels ils remontroient que le concile étoit legitimement con- 1. voqué, & devoit s'affembler à Bafle, & qu'il ne devoit 813. point être transferé ailleurs, & prioient le roi trèsChrétien d'envoyer fes ambaffadeurs au pape, afin de l'engager, eu égard aux befoins de l'églife, & au bien genéral de la religion Chrétienne, à continuer le concile de Bafle, & par là fermer la bouche aux ennemis Tome XXII.

B

VII. Affemblée de Bourges.

Fean Chartier,

histoire de Char

es VII.

Concil. gener.

Labbe, append.

tom. XII. p.

AN.1431. de la foi, & de fa fainteté. Ils fupplioient auffi le roi Charles VII. d'écrire à Sigifmond, roi des Romains & aux ducs de Savoie & de Milan, afin qu'ils tinffent la main à ce concile, & qu'ils euffent soin de rendre les chemins libres, particulierement du côté de Rome. Amedée archevêque de Lyon, & depuis cardinal, fut choisi dans cette affemblée de Bourges, pour aller trouver le pape, pape, de la part du roi & du clergé. Le roi fut auffi prié d'envoyer les ambaffadeurs au concile, & de permettre aux prélats de fon royaume de s'y rendre : ce qui leur fut accordé, avec la quatrième partie des dixmes, pour leur dépense.

Les peres du concile, pour empêcher que les bruits AN.1432. qu'on répandoit de la prochaine diffolution du concile Lettres circu- par le pape, ne détournaffent les autres prélats de velaires des peres nir à Balle, écrivirent à tous les Fideles le vingt-unié

VIII.

du concile pour fa continua

tion.

Concil.tom.XII.

p. 832.

IX. 'Seconde feffion

Balle.

me de Janvier de cette année, qu'ils avoient unanimement réfolu & arrêté de continuer le concile, legitimement convoqué & commencé, & qu'ils ne quitteroient point la ville, qu'il ne fût entièrement fini ils exhortent un chacun de les affifter, & ordonnent aux prélats, fur les peines de droit, de s'y rendre promptement. Ils écrivirent auffi aux rois & aux princes, pour les prier d'y tenir la main, & d'y envoyer eux-mêmes leurs prelats. La copie des lettres écrites au roi de Pologne fe trouve dans l'addition des actes du concile. Après toutes ces mefures, on fe prépara à tenir la feconde feffion.

Elle fe tint le quinziéme de Février de cette année du concile de 1432 & le premier decret qu'on y fit, fut pour établir l'autorité du concile, & empêcher le pape Eugene de le diffoudre, ou de le transferer. C'eft pour cela que les deux decrets du concile de Conftance, de la quatriéme

« AnteriorContinuar »