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foldats de paffer tous dans les granges voisines, & ceux AN. 1434qui ne l'étoient point, de retourner dans leurs maifons.

Les foldats Huffites furent affez crédules pour s'imaginer qu'on vouloit fe fervir d'eux pour ruiner Coapchon, mais ce n'étoit pas là le deffein de Maynard. Ils fe féparerent donc des foldats inutiles, en fe retirant dans les granges qu'on leur avoit montrées. Ils y trouverent une grande abondance de viandes & de vin qu'on leur avoit préparé, & s'en remplirent. Quand on les vit plongez dans un profond fommeil, l'armée Catholique inveftit les granges au milieu de la nuit, de peur que quelqu'un n'échapât, & y mit le feu. Comme les murailles n'étoient prefque que de bois, & les couvertures que de chaume, elles furent bientôt embrafées. Ainfi périt l'armée que Zifca avoit formée & aguerrie, & qui avoit ravagé durant vingt ans les plus riches provinces du feptentrion. Ces foldats étoient prefque tous grands & extrêmement robuftes; ils étoient tellement endurcis au travail & aux injures du tems, que rien n'étoit capable d'alterer leur temperamment. Leur peau étoit devenue fi dure qu'il sembloit qu'en un besoin elle eût pu fervir de cuiraffe: on ne pouvoit les voir fans une certaine frayeur; car outre qu'ils étoient très-basannez, & qu'ils n'avoient pour habits que des peaux de bêtes féroces, ils négligeoient de fe peigner, & laiffoient croître leur barbe d'une maniere indécente, & qui infpiroit la terreur.

L'empereur Sigifmond étoit alors à Ulm. Dès qu'il eut appris ces nouvelles, il en écrivit au concile, & envoya ses ambassadeurs en Bohême, afin qu'ils travaillaffent à l'y faire reconnoître roi, comme légitime heritier de fon frere Venceslas. Pendant ce tems-là les

CVI.

Ils font tous brûlez dans des

granges.

AN.1434. députez du concile à Bohême, fe trouvant débarraffez de l'armée Huffite plutôt qu'ils ne pensoient, & délivrez par là du grand obstacle de la réconciliation de la Bohême avec l'église Catholique, ils y travaillerent avec ardeur, & la conclurent en peu de femaines, à la fatisfaction des peres du concile.

CVII. Députation du

tisbonne..

En. Sylv. hift.

Bohem.c.1

Krantz. IL.. Wendel. 3.2.

Cochlée, hist. Buit. lib. 8.

Les Bohémiens vinrent auffi en grand nombre trouconcile à l'af Ver Sigifmond à Ratisbonne où il étoit allé, & le fafemblée de Ra- luerent comme leur roi. Coapchon & Rockfyzanes ne les accompagnerent point, mais ils y vinrent en particulier pour leurs propres affaires. Le concile y envoya de même ceux qu'il avoit députez à Bohême. L'empereur témoigna aux uns & aux autres la joie qu'il reffentoit de l'union qu'ils venoient de faire, & recommanda aux Bohémiens d'exécuter avec fidelité les articles de la convention qu'ils avoient jurée. Sponde appuyé fur des actes manufcrits du college de Navarre dit qu'il y eut en présence de l'empereur une difpute affez vive au sujet de la communion fous les deux efpeces entre les députez du concile ; & plufieurs Bohémiens qui n'avoient point consenti à l'union qui venoit d'être faite avec les autres. Ces obtinez vouloient qu'on contraignît les Catholiques de Bohême à communier ainfi, quoiqu'ils ne le demandassent pas: mais l'empereur & les députez le refuserent abfolument; ils ne leur permirent pas non plus d'entrer dans l'églife avec les Catholiques; & l'un d'eux étant mort à Ratisbonne, on lui refusa la fépulture ecclefiaftique. On trouve dans les mêmes actes que l'emLempereur de pereur fe plaignit aux députez du concile du mépris la conduite du de celui-ci à fon égard fur beaucoup d'articles, entre autres, d'avoir écrit pendant qu'il étoit en Italie, au duc de Milan pour le recouvrement du patrimoine de

CVIII. Plaintes de

concile.

l'églife, & non pas à lui-même, quoique ce fût aux AN.1434. empereurs, & non pas aux ducs de Milan, à qui l'églife étoit redevable de ces biens; de ce qu'étant à Bafle le concile avoit réfolu d'envoyer le cardinal de Chypre & d'autres au pape fans l'avoir confulté ; de ce que le concile traitoit au préjudice de l'empire, de beaucoup de chofes dont la connoiffance ne lui appartenoit pas ; il ajouta que c'étoit à caufe de ce peu de déference qu'on avoit pour lui, qu'il s'étoit retiré du concile. Il promit cependant de lui continuer fa protection, & même de s'y trouver en perfonne, fi l'on vouloit foigneusement s'appliquer à la réformation & aux affaires pour lefquelles les peres étoient affemblez. Etant à Ulm, il avoit fait d'autres plaintes au concile dans deux lettres qu'il lui écrivit le vingt-huitiéme de Juillet au fujet de la caufe qui étoit entre les ducs de Saxe touchant ce duché, fes droits & fes charges. Un de ces ducs avoit déferé l'affaire au jugement du concile, mais Sigifinond prétendoit que cela appartenoit au jugement de l'empire; & il difoit dans ces lettres qu'il protestoit publiquement contre la décision du concile, s'il ne s'en déportoit entierement.

CIX. Lettre au roi

Le cinquième de Juillet Eric roi de Dannemarck, de Suede & de Norvege, avec les archevêques & évêques Eric au concile. de ces royaumes, écrivirent au concile pour la défense de la regle de l'ordre de faint Sauveur inftitué par fainte Brigitte. Ces lettres furent lues dans une congrégation particuliere le vingt-fixiéme de Mars de l'année fuivante. Les états d'Eric étoient alors fort troublez, & particulierement celui de Suede, à caufe des fubfides royaume de & impôts exorbitans que les gouverneurs exigeoient par une détestable avarice, & même du confentement du roi, qui vouloit par-là fe dédommager de la dépense

CX.

Troubles du

Suede.

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Krantz. 8.

Dan. 18..

AN 1434.

CXI. Retraite d'A

medée VIII.

qui fe fait her

mite.

Amed. Pacif.

m. 8.

néceffaire dans les longues guerres qu'il avoit eues en Allemagne, fans aucun égard aux prieres de la nobleffe & du peuple. Tout cela caufa une revolte prefque genérale, à la tête de laquelle étoit un nommé Angelbert petit gentilhomme, qui fit de fi grands progrez, qu'il mit prefque toute la Suede en liberté, & en chaffa les Danois qui y commandoient. Cependant deux ans après il fut tué.

Dans la même année arriva la retraite d'Amedée VIII. duc de Savoie, qui réfolut de quitter le monde, duc de Savoie, laiffant fes états à fes deux fils Louis & Philippe, & nommant fix feigneurs âgez & de beaucoup d'experience pour leur fervir de confeillers. Il fe revêtit d'une longue robe de gros de drap, il prit une ceinture large, un bâton plein de nœuds, il laiffa croître fa barbe & fes cheveux fans les peigner, & fe retira le feptiéme de Novembre à Ripailles prieuré proche le lac de Genéve, où il fonda l'ordre de faint Maurice. Il n'avoit que huit ans lorsque fon Amedée VII. mourut en 1391. & quand il fut en âge, il gouverna avec tant de probité & de prudence, qu'il mérita le furnom de pacifique. Il fit ériger la Savoye en duché l'an 1416. Il fut genéreux, amateur de la justice, & maintint toujours les états en paix, pendant que les voisins étoient en guerre; ce qui fut caufe qu'on l'appella le Salomon de fon fiecle, & que les plus grands princes le prirent fouvent pour arbitre de leurs differends.

CXIL Mort d'Ula

Michou, L. 4.

pere

Uladiflas Jagellon roi de Pologne mourut à l'âge de diflas Jagellon quatre-vingts ans, après quarante-neuf ans de regne, Foi de Pologne. Ce prince avoit beaucoup de religion, & étoit très charitable envers les pauvres, même jufqu'à l'excès; de quoi pape Martin V.le reprit. On dit qu'il ne buvoit point de vin, & que les jours de jeune il ne vivoit que de

.48.

Cromer, 1. 20.

le

pain, & de quelques légumes. Il ne laiffoit pas pourtant AN. 1434 d'avoir des défauts qui lui furent reprochez par Sbignée évêque de Cracovie. Uladiflas fon fils aîné lui fucceda, malgré l'ambition de ceux qui s'y oppofoient à cause fon bas âge. Il fut couronné à Cracovie par l'archevêque de Gnefne le jour de faint Jacques vingt-cinquiéme de Juillet; & les Grands s'appliquerent beaucoup à rétablir les affaires du royaume, en quoi ils réuffirent.

Le quinziéme de Novembre mourut auffi Louis d'Anjou, fils adoptif de Jeanne reine de Sicile & de Naples, à Cofance en Calabre fans aucune lignée. Il fut regretté de tous les fujets, avec d'autant plus de raifon, qu'on efperoit beaucoup de fa prudence & de fon courage & la reine qui reconnut trop tard les grandes qualitez de ce prince, s'accufa les larmes aux yeux, d'avoir été caufe de fa mort par fa trop grande ingratitude. Elle ne voulut point permettre qu'on transportât fon corps hors du royaume ; & tout ce que la nobleffe d'Anjou put obtenir d'elle, fut que fon cœur feroit porté à Angers dans le tombeau de fes ancêtres. Cette reine ne furvécut pas long-tems au prince : elle mourut trois mois après, felon Mezerai, & laiffa pour heritier de fon royaume René d'Anjou frere de Louis, qui étoit pour lors retenu prifonnier par Philippe duc de Bourgogne; ce qui favorifoit beaucoup le deffein qu'avoit Alphonfe roi d'Arragon, de faire valoir le droit de fa premiere adoption, & de fe faifir du royaume de Naples. Ce fut par la mort de Jeanne que finit la premiere branche d'Anjou, qui avoit produit plufieurs autres branches, donné des rois à la Hongrie, à la Pologne, & duré près de deux cens ans avec beaucoup d'é clat.

CXIII. Mort de Louie

d'Anjou & de Jeanne de Na

ples.

Plus bas n. 126.

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