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n'étoit-il pas bien fort, ou bien connu; l'eftime qu'avoit pour lui un homme tel que l'archevêque King me le feroit croire.

Sa profpérité ne dura pas long-temps, il ne jouit qu'une année de fon vicariat. Il mourut à Chester en juillet 1717, à l'âge de 38 ans.

Parnell avoit un goût vif pour les lettres ; il contribua aux Journaux du temps (1); il a laiffé divers morceaux de littérature & de poéfie. Pope a choifi & publié ceux qu'il en a jugé les plus dignes : il en a dédié l'édition au comte d'Oxford après fa difgrace. Goldfmith a donné fon jugement fur ces divers écrits, & fa critique mérite rarement contradiction. Je donnerai dans le cours de cet quvrage la traduction de quelques poéfies de Parnell, afin que le lecteur puiffe juger de fon mérite en ce genre.

Le morceau que foffre aujourd'hui au public, eft la vie de Zoïle: hiftoire dont le fonds eft intéreffant, & dont les détails. font liés avec goût & racontés avec grace. Parnell, traçant la vie de ce critique, vouloit fans doute effrayer les Denys, les

(1) Le Mentor, le Babillard, &c.

Cibber, les Théobald & leurs femblables; tous ceux enfin qui s'élevèrent contre la fublime verfion de l'Iliade.

La diction de Parnell eft douce & facile; il eft fpirituel fans effort; chaque chofé est à fa place, & paroît pourtant l'effet du hafard. Il y a beaucoup d'art dans fes écrits, mais cet art eft fi raffiné qu'il reffemble à

na ture,

LA VIE

DE

ZOILE ;

TRADUITE DE L'ANGLOIS

DE THOMAS PARNELL

Pendentem volo Zoilum videre.
MARTIAL.

L'ART de la critique fe divife en trois branches; l'édition des auteurs, leur traduction, & le jugement qu'on en doit porter. Cette dernière qui nous dirige dans le choix des ouvrages, & nous prépare à les lire avec fruit, eft fans contredit la plus utile. C'est à elle que fe livrèrent Ariftote, Demetrius de Phalere, Denys d'Halicarnaffe, Cicéron, Horace, Quintilien & Longin. Ces hommes célèbres, par la critique des écrivains qui les avoient

précédés, formèrent le goût de ceux qui les fuivirent, & leur montrèrent à faifir ce tour heureux & naturel dans la penfée & dans l'expreffion, qui rend la lecture d'un ouvrage auffi instructive qu'agréable.

Cet art, dont les progrès avoient été fi rapides fous de pareils maîtres, fut auffi profeffé par d'autres dont les forces étoient bien au deffous d'une telle entreprife, & qui furent entraînés par leurs pailions ou leur partialité. L'empire de la critique fut fouvent ufurpé par des juges minutieux ou de mauvais goût, incapables de fentir les beautés du ftyle figuré, ou d'être émus par une imagination brillante; & par d'autres que la mauvaise humeur ou l'envie avoient rendus détracteurs infatigables de toute réputation.

C'eft ainfi que les anciens nous dépeignent Zoïle, avec un caractère fi violent, que fon nom fervit depuis à défigner tous ceux qui l'imitèrent. Il osa

s'élever contre Homère, & fe couvrit par là d'autant d'opprobre que ce poète fubli me avoit de réputation. Quelques-uns accordèrent à Zoïle de l'efprit; d'autres ne virent en lui qu'un forcené, qui vouloit détruire le temple d'Apollon & des Mufes pour s'immortalifer par fes fureurs. Le récit de fa vie eft fait pour piquer la curiofité il devroit être mis à la tête de l'ouvrage immortel, fur lequel cet audacieux ofa répandre fon fiel impur. Si fa critique eft jufte, Zoïle eft un cenfeur eftimable; fi elle eft fauffe, cet impie doit expier fon crime fur l'autel du dieu qu'il outrage.

Zoïle naquit à Amphipolis, ville de Thrace, dans les temps les plus floriffans de l'empire de Macédoine. Les auteurs de fes jours font inconnus, mais fi ce n'est pas par mépris qu'on l'appela l'efclave de Thrace, ce nom prouve la baffeffe de fon origine. Il fut disciple du fophifte Polycrate, qui fe rendit fameux par fes écrits contre des hommes jufte

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