pouvoir en trouver le principe dans les occupations de Cyrus depuis sa feiziéme jusqu'à fa quarantiéme année. Il m'est d'autant plus permis de hazarder mes idées fur ce fujet, › que Xenophon ni les autres Auteurs Grecs n'ont rien dit de ce long efpace de tems dans ce qu'ils ont raconté de Cyrus. D'ailleurs fi l'on peut juger quelquefois de l'avenir par le préfent, on peut plus fûrement encore juger de ce qui eft paffé par ce qui en refte fous nos yeux; les mefures les plus fages ne con

duisent pas toûjours à la fin qu'on se propose, mais un fuccès heureux & éclatant en suppose ordinairement de bien concertées. On fçait que Cyrus a été un des plus grands Princes de l'Univers, il ne me refte qu'à proportionner les moyens qu'il a employés, & que nous ne connoissons à la gloire qu'il s'est acquife, & que nous connoiffons tous c'eft là le vraifemblable qu'on a droit d'exiger de moi.

pas,

Si on me demande pourquoi je m'occupe ainsi à de

viner, je répondrai que fujet

pour sujet j'ai mieux aimé deviner fur celui-cy: le fujet eft grand par lui-même & le grand me frape davantage ; le fujet eft moral, il peut fervir de leçon à ceux qui font destinés à de grandes chofes, & la morale me paroît la plus digne occupation de la raison & la science la plus utile. Peut-être critiquera-t-on mon titre ? Ce repos n'est pourtant point léthargique, il eft rempli d'actions convenables à l'Epopée ; c'eft la vie d'un Roy, qui gouverne fes

fujets fans en chercher de nouveaux ; ce travail, qui eft celui de la fageffe, quoique le plus utile de tous, paroît être exempt de peine, & un Roy pacifique & fage nous présente toûjours l'image d'un Roy en repos : enfin j'ai préféré ce titre à tout autre, parce que les Héros n'arrivent à leur perfection que par le dévelopement des difpofitions, qu'ils tiennent de la nature, que ce dévelopement se fait fans effort & dans une espéce de repos. Les maîtres & les voyages peuvent rendre

un Prince plus fçavant, ils ne peuvent en faire un Héros, le vrai héroïfme eft l'ouvrage de la nature; Alexandre n'avoit appris de personne à pleurer au récit des conquêtes de fon Pere. Qui ne fçait que l'éducation ordinaire fert plus à étouffer l'héroïfme qu'à le produire, & qu'en voulant réformer la nature que l'on croit corrompuë en tout on la corrompt quelquefois dans ce qu'elle a de plus parfait; il n'y a qu'une maniere de l'aider, c'eft de la connoître, de la fuivre &