DE CYRUS. OU L'HISTOIRE DE SA VIE TO ME PREMIER. A PARIS, M. DCC. XXXII. PRÉFACE. Ous aimons les é venemens extraordi naires, nous en cherchons les causes avec empreffement,&l'obscurité,qui nous les cache, ne fait qu'irriter notre curiofité. Au défaut de la vérité, qui femble nous fuir par-tout, & qui pouvoit feule nous fatisfaire, nous avons pris le parti de nous a mufer de la fiction, qui est toûjours en notre difpofition; elle nous a permis d'imaginer ce que nous ne pouvions pas trouver, & nous nous fommes crus dédommagés de l'incertitude où les recherches jettent prefque toûjours, par cette fiction même, qui eft pire que l'incertitude. Nous n'avons donc retenu de la vérité, que nous ne pouvons nous empêcher d'aimer, que fa reffemblance, & c'eft ce que nous appellons le vrai semblable. Lorsqu'on ne fait rien entrer dans fa Fable qui n'ait pû être, on fe confole de ne pas fçavoir ce qui a été véritablement. Quelque dangereufe que foit cette qualité de l'efprit humain, elle a fait fa gloire toutes les fois qu'on n'en a pas abusé : je ne prétends pas l'examiner icy ni lui prescrire des bornes, & loin de vouloir corriger ce qui me paroît en effet incorrigible, je vais imaginer à mon tour une Fable fur un évenement qui mérite d'être approfondi. Il s'agit de l'obfcurité d'où Cyrus a tiré les Perfes, & de la gloire où il les a élevés. J'ai cru ā iiij |