Imágenes de páginas
PDF
EPUB

C'étoit le peuple qui choififfoit les dix Généraux qu'on chargeoit III. PARTIE de commander les troupes de la République. Ils n'étoient ordinaiDep. l'établ. de la Royauté chez les rement en place que pendant une année. On en changeoit prefHébreux, jufqu'à que toujours à chaque campagne. Il feroit, je crois, fuperflu leur retour de la d'infifter fur les inconvéniens & fur les défauts d'une pareille difcaptivité, cipline je me contenterai de rapporter à ce fujet un bon mot de Philippe, roi de Macédoine, le pere d'Alexandre. J'admire, difoit ce Prince, le bonheur des Athéniens. Je n'ai pût trouver en toute ma vie qu'un feul Général (Parménion); mais les Athéniens ne manquent pas d'en trouver, à point nommé,

dix tous les ans a.

Il fuffit de connoître le caractere du peuple d'Athénes, pour être en état de fentir les motifs d'une conduite fi bifarre & fi finguliere. C'étoit la crainte de la tyrannie qui très - certainement avoit fait imaginer aux Athéniens cette multiplicité & ce changement continuel de Généraux. Jamais peuple en effet n'a été plus paffionné pour fa liberté, & n'a pris plus de jaloufie & d'ombrage de fes chefs que celui d'Athénes. Toute fa politique tendoit à diminuer l'autorité qu'il étoit obligé de leur confier. Il cherchoit donc à en abréger le tems, & à faire paffer fans ceffe le commandement en différentes mains; dans la vue de prévenir & d'empêcher les entreprises que fes Généraux auroient pû être tentés de former contre la liberté & contre fon indépendance b.

En avançant au refte que les Athéniens étoient fort inférieurs aux Lacédémoniens pour l'expérience & la capacité militaire, je n'ai pas prétendu ravir aux premiers la gloire que plufieurs expéditions bien conduites leur ont fi juftement acquife. J'ai feulemenr voulu dire qu'en général les Athéniens paroiffent avoir manqué de cette prudence, de cette fermeté & de cette conduite réfléchie, qui feules peuvent affurer le fuccès des entreprises. L'inconftance, l'impatience & la précipitation n'ont que trop fouvent préfidé aux démarches des Athéniens. C'est à ces défauts, inféparables de la constitution de leur Gouvernement, plutôt encore qu'à une incapacité réelle, que je crois devoir attribuer les malheurs dont ils furent

b

Plut, Apophtegm. p. 177. C. Voyez fuprà, L. I. c. 5. P. 29.

accablés

III. PARTIE.

accablés fur la fin de la guerre du Péloponéfe. Par fon peu de conduite, fa présomption & fa témérité, Athénes perdit Dep. Petal, de la même les avantages qu'elle avoit du côté de la mer fur les La- Royauté chez les cédémoniens & fur les autres peuples de la Gréce. Je ne puis Hébreux, jusqu'à pas en dire davantage fur un article fi intéreffant. Les événe- captivité. mens qui ont occafionné la chûte totale & l'abaiffement entier des Athéniens, font arrivés dans des fiécles qui n'entrent point dans le plan que je me fuis propofé (').

nité

J'ai déja eû occafion de dire que l'humanité faifoit le fond 'du caractere général des Athéniens a. On en trouve une preuve bien marquée dans une loi qui fait trop d'honneur à ce peuple, pour la paffer fous filence. Elle ordonnoit, cette loi, que ceux qui auroient été eftropiés à la guerre, feroient nourris aux dépens de l'Etat. La même grace étoit accordée aux peres & aux meres, auffi-bien qu'aux enfans de ceux qui, étant morts dans les combats, laiffoient une famille pauvre & hors d'état de fubfifter b. On peut dire d'un pareil établiffement, qu'il marquoit également l'humanité & la fageffe du législateur qui l'avoit propofé, & la générofité du peuple qui l'avoit adopté. L'antiquité en faifoit honneur à Pififtrate, qui s'empara du Gouvernement d'Athénes vers l'an 550 avant J. C.

Je ne crois pas devoir m'étendre davantage fur la Difcipline militaire des Athéniens. Pour en parler convenablement, il faudroit, comme je l'ai déja dit, defcendre à des fiécles qui excéderoient de beaucoup les bornes que je me fuis prefcrites. Ce ne fut en effet que peu de tems avant le fécle de Périclès & d'Alcibiade, qu'on vit la tactique commencer à prendre chez les Athéniens une forme certaine & réglée. Ce fut auffi vers le même tems à-peu-près que ces peuples firent dans leur armure

[merged small][ocr errors][merged small][ocr errors]

leur retour de la

Royauté chez les

plufieurs changemens avantageux

a

& qu'ils connurent l'art III. PARTIE. d'affiéger & de défendre les places. Jufqu'à ce moment je ne Dep. l'établ. de la vois pas, qu'à l'exception des Spartiates, les Grecs en général Hébreux, jufqu'à euffent des principes bien affurés, ni des regles bien pofitives & leur retour de la bien conftantes fur tous ces objets. Je crois donc que, pour captivité, les fiécles dont j'ai eû occafion de parler dans cet ouvrage, il faut se contenter de vûes & d'idées générales, & chercher plutôt l'efprit qui animoit les Grecs dans leurs guerres, que l'hiftoire de leur Discipline militaire, dont le détail nous eft, en grande partie, absolument inconnu.

[ocr errors]

a

Voyez Diod. 1. 15. p. 36. = Cornel. I

Nepos in Iphicrate, n. 1.

Iphicrate commandoit les armées d'Athés nes vers l'an 356 avant J. C.

Fin du cinquième Livre.

[merged small][ocr errors]

TROISIEME PARTIE

Depuis l'établissement de la Royauté chez les Hébreux, jufqu'à leur retour de la captivité: efpace d'environ 560 ans.

L

LIVRE SIXIE M E.

Des Maurs & Ufages.

ES ARTS ne se perfectionnent, & le commerce ne s'étend qu'à proportion du progrès que fait, parmi les peuples, la paffion du luxe, le goût pour la magnificence & l'amour des voluptés. Ce qu'on a lû précédemment fur l'état des Arts & fur les progrès du Commerce & de la Navigation, dans les fiecles qui font l'objet de cette troifieme Partie de notre ouvrage, doit faire preffentir au Lecteur quelles pouvoient être alors les inclinations & la maniere de vivre des peuples dont nous allons l'entretenir.

Je n'ai pû parler, jufqu'à préfént, que d'une maniere fort vague & fort générale des Moursde la plus grande partie des nations de l'Afie: les Babyloniens même & les Affyriens, dont la Monarc hie eft fi ancienne, que l'origine enemonte aux fiécles les

III. PARTIE Royauté chez les Hébreux, jufqu'à

Dep. l'établ de la

leur retour de la captivité.

plus voisins du déluge; les Babyloniens & les Affyriens n'ont

III. PARTIE. rien pû me fournir pour la premiere ni pour la feconde Partie Dep. l'établ. de la de mon travail. Comment, en effet, aurois-je pû parler de leurs Royauté chez les Hébreux, jufqu'à mœurs dans des fiecles où l'histoire de ces nations nous eft ableur retour de la folument inconnue ? Les fecours qu'on trouve dans les écri captivité.

vains de l'antiquité, pour les tems dont il s'agit maintenant, vont nous dédommager de ce filence forcé. Je parlerai enfuite des Médes : l'origine & la fin de la Monarchie de ces peuples fe trouve exactement renfermée dans l'époque qui nous occupe préfentement. J'entrerai auffi dans quelque détail fur les Moeurs des Lacédémoniens & des Athéniens. A l'égard des Egyptiens, je n'en dirai rien pour le moment, d'autant que j'ai cru devoir rapporter dans la premiere Partie, tout ce qui pouvoit concerner les mœurs & les ufages de ce Peuple. Je pourrai feulement me permettre quelques réflexions fur fon génie & fur fon caractere diftinctif. Une nation auffi célébre que l'ont été les Egyptiens dans l'antiquité, mérite bien qu'on s'en occupe plus d'une fois.

Liger

« AnteriorContinuar »