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grande entreprise fut interrompue, & M. de Louvois appliqua les Géométres de l'Académie à de grands Nivellemens néceffaires pour les Aqueducs & les conduites d'eaux que vouloit faire le Roi. M. de la Hire en 1684 fit le Nivellement de la petite Riviere d'Eure qui paffe à Chartres, & il trouva qu'en la prenant à 10 lieues environ au-delà de Chartres, elle étoit de 81 pieds plus haute que le Réfervoir de la Grotte de Versailles. Cette nouvelle fut très-agréablement reçue & du Miniftre & du Roi. On voyoit déja les Eaux d'Eure arriver à Verfailles de 25 lieues; mais M. de la Hire représenta qu'avant que l'on entreprît des travaux auffi confidérables, il étoit bon qu'il recommençât le Nivellement, parce qu'il pouvoit s'être trompé dans quelque opération ou dans quelque calcul; fincérité hardie, puifqu'elle étoit capable de jetter dans l'efprit du Miniftre des défiances de fon favoir, M. de Louvois impatient de fervir le Roifelon fes goûts, foutenoit à M. de la Hire qu'il ne s'étoit point trompé; mais ce→ lui-ci s'obftinant dans fa dangereufe modeftie, obtint enfin la grace de n'ê

tre pas cru infaillible. Il fe trouva qu'il ne la méritoit pas; il recommença en 1685 le Nivellement, qui ne différa du premier que d'un pied ou deux.

Il fit plufieurs autres Nivellemens par les ordres du même Miniftre; car alors il étoit fort queftion de conduire des Eaux, & l'on a l'obligation à celle de Versailles d'avoir porté à un haut point la Science du Nivellement & Hidraulique. Le Roi payoit les voyages & la dépense des Mathématiciens qu'il employoit ; & M. de la Hire exact jufqu'au fcruple & jufqu'à la fuperftition, préfentoit à M. de Louvois des Mémoires dreffés jour par jour, & où les fractions n'étoient pas négligées. Le Miniftre avec un mépris obligeant les déchiroit fans les regarder, & il faifoit expédier des Ordonnances de fommes rondes, où il n'y avoit pas à perdre.

Il avoit affés accordé fa familiarité à M. de la Hire, qui n'eût pas manqué d'abandonner tout pour fuivre ces ouvertures favorables, & pour en profiter, fi l'efprit des Sciences & celui de la Cour n'étoient pas trop incompatibles. Dès qu'il avoit rendu compte

d'un travail qui lui avoit été ordonné il ne fongeoit qu'à regagner fon Cabi net qui le rappelloit avec force; en vain le Miniftre vouloit le retenir, il n'avoit plus rien à lui dire. Il ne pouvoit ignorer qu'une affiduité muette mene à la fortune; mais il ne vouloit pas de fortune à ce prix-là, qui effectivement eft chere pour quiconque fent qu'il a mieux à faire.

En 1685 parut fon grand Ouvrage intitulé, Sectiones Conica in novem libros diftribute. C'est un in-folio qui contient toute la Théorie des Sections Coniques, fur laquelle il avoit déja beau coup préludé. On la voyoit pour la premiere fois toute entiere & en corps, déduite de principes très-fimples & nouveaux. Cet Ouvrage eut une gran de réputation dans toute l'Europe favante, & fit regarder M. de la Hire comme un Auteur original fur une matiere qui renferme elle feule prefque tout ce que la Géométrie a de plus fen fiblement utile, & qui en même temps fert affés fouvent de base aux spéculations les plus élevées.

Deux ans après M. de la Hire fe montra comme Aftronome, en don

hant des Tables du Soleil & de la Lune, & des Méthodes plus faciles pour le calcul des Eclipfes. Il y joignit en 1689 un Problême important d'Aftronomie, & la defcription d'une Machine de fon invention qui montre toutes les Eclipfes paffées & à venir, & les Mois & les Années Lunaires avec les Epactes. Cette Machine eft fort simple, on la peut mettre avec une Pendule dans la même Boëte, elle fera mue par le mouvement de la Pendule; & quand elle eft difpofée pour une certaine année, il n'y faut retoucher qu'au bout de l'an, ce qui ne confifte encore qu'en une opération d'un inftant & prefque imperceptible. On a exécuté plufieurs de ces Machines dans des Pendules. On en porta une à l'Empereur de la Chine avec d'autres curiofités d'Europe, qu'elle effaça toutes à fes yeux. II dut fentir que tous fes Mandarins d'Aftronomie, & tous fes Lettrés, quoique fi révérés en ce Pays-là, & fi comblés d'honneurs, étoient bien éloignés d'en faire autant.

Ces Tables du Soleil & de la Lune que M. de la Hire donna en 1687, il les corrigea enfuite par un nombre

beaucoup plus grand d'Obfervations, & en même temps il compofa fur les mêmes fondemens celles de toutes les autres Planetes. Il publia le tout en 1702 fous le titre de Tabula Aftronomica Ludovici Magni juffu & munificentiâ exerata. Nous en avons rendu compte en ce temps-là. Nous répéterons feulement que dans ces Tables tous les mouvemens des Aftres font tirés immédiatement d'une longue fuite d'obfervations affidues, & non d'aucune hipothèse de quelques Courbes décrites par les Corps céleftes. Ainfi l'on ne peut avoir en Aftronomie rien de plus pur & de plus exempt de tout mélange d'imaginations humaines.

M. de la Hire donna en 1689, outre fes premieres Tables aftronomiques, un petit Traité de Géométrie pratique fous le titre d'Ecole des Arpenteurs. Il fut réimprimé en 1692 & fort augmenté. La promptitude de la réimpreffion prouve l'utilité de ce petit Livre, qui n'avoit guére pû être acheté que par devoient s'en fervir, & l'utilité juftifie l'Aftronome de s'être abaissé à l'Arpentage.

ceux qui

En 1694 parurent de lui

quatre Trai

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