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Prince l'avoit approuvé au point de promettre à l'Auteur qu'il lui feroit donner le commandement de ce Corps. Mais la Paix fe fit en ce temps-là, le Projet demeura inutile, & celui même qui l'avoit conçu n'y eut pas de regret. Seulement feroit-il à fouhaiter qu'il ne fût pas perdu pour toujours, comme il le fera apparemment avec une infinité d'autres chofes utiles, qu'il femble que quelque Génie malin nous tire d'entre les mains.

La Paix remit entierement M. de la Faye aux Mathématiques, dont il commença à faire une étude plus fuivie. Il s'appliqua particulierement à la Méchanique & à la Phyfique expéri mentale, & il n'y plaignit pas les dépenfes qu'il pouvoit dérober aux befoins indifpenfables de fa condition; témoin entr'autres curiofités de fon Cabinet, une Pierre d'Aiman de deux mille livres, que beaucoup d'autres Gens de guerre n'auroient pas gardée long-temps. Auffi avoit-il affés étudié cette matiere de l'Aiman, & il préparoit fur cela des expériences & des réflexions nouvelles, qui auroient ou encore augmenté, ou expliqué en

partie, mais plutôt augmenté cette Merveille.

Un dernier Réglement donné à l'Académie au commencement de 1716, lui produifit auffi-tôt de nouveaux Sujets, & M. de la Faye fut du nombre. Son affiduité prouva qu'il ne fe contentoit pas du fimple titre d'Académicien. La premiere année il ne fut qu'affidu; peut-être s'étudioit-il dans le filence à prendre le ton de la Compagnie. La feconde il commença à parler & à donner des morceaux de fa compofiton ; mais il les donnoit avec une modeftie & une espéce de timidité qui feyoit tout-à-fait bien à un Homme de guerre tranfplanté dans une Affemblée de Savans.

La premiere chofe qu'il ait fait voir ici, a été une Machine à élever les Eaux, qu'il avoit fondée fur une idée géométrique affés fine & fort neuve. Quand le Czar honora l'Académie de fa préfence, elle fe para de tout ce qu'elle avoit de plus propre à fraper les yeux de ce Prince, & la Machine de M. de la Faye en fit partie.

Il a expliqué auffr la formation des Pierres de Florence, qui font des Ta

bleaux naturels de Plantes, de Buif fons, quelquefois de Clochers & de Châteaux. Quel Peintre les a deffiné! M. de la Faye traite cette queftion, qui dépend d'une Phyfique affés déliée, & d'une obfervation curieufe de faits fouvent négligés, même par les PhiIofophes.

Ces deux Mémoires font imprimés dans le Volume de 1717, auquel ils appartiennent. Ils donnoient beaucoup efpérance pour les années fuivantes; mais l'Auteur n'a pas affés vécu. Il faut avouer que fa vie étoit un peu trop conforme à fa principale Profeffion, & apparemment elle en a été plus courte. Sa fanté vint à s'affoiblir confidérablement & promptement, & il mourut âgé de 47 ans le 20 Avril 1718.

Il n'a laiffé qu'un Fils de fon mariage avec Demoiselle Marie le Gras, d'une ancienne Famille de Robe déja connue fous Henri II, Dame d'une vertu & d'un mérite refpectable.

Il avoit une gaieté naturelle, un ton agréable de plainfanterie, qui dans les occafions les plus périlleufes faifoit briller fon courage, & hors de-là cachoit un favoir qu'il ne lui convenoit

pas

pas d'étaler. On pouvoit fentir qu'il eût été volontiers jufqu'à l'ironie ; mais il diffimuloit ce penchant fous des dehors fort polis, & même flateurs. Il favoit bien réparer par fes manieres le tort qu'il avoit d'être Géométre & Phyficien. Les faveurs que la Fortune lui devoit dans fon métier, il les attendoit fans agitation & fans inquiétude, parce qu'il les attendoit comme des faveurs dûes par la Fortune. Une ambition fi éclairée n'altéroit pas la tranquillité de fon ame, & en géné ral rien ne l'altéroit. Ce courage inté rieur & raifonné appartenoit plus au Savant & au Philofophe qu'au Guerrier même. Il étoit fort charitable, furtout à l'égard des honnêtes gens que les malheurs publics ou particuliers réduifoient à implorer le fecours d'autrui ; & les libéralités qu'il leur faifoit étoient ordinairement proportionnées à leur condition. La plus grande valeur guerriere n'égale point cette vertu. Il elt fans comparaifon plus commun, & par conféquent plus facile d'expofer fa vie à des périls évidens & prefque inévitables, que de fecourir en pure perte, non pas un inconnu, mais fon ani. Tome ᏤᏓ

D

ELOGE

DEMONSIEUR

FAGON.

CRESCENT FAGON

GoParis lers Mai1638, de Henri

Fagon, Commiffaire ordinaire des -Guerres, & de Louise de la Broffe. Elle étoit niéce de Guy de la Broffe, Médecin ordinaire du Roi Louis XIII, & petit-fils d'un Médecin ordinaire de Henry IV.

Dès le temps de Henri IV on s'étoit apperçu que la Botanique, fi néceffaire à la Médecine, devoit être étudiée, non dans les Livres des Anciens, où elle eft fort confuse, fort défigurée & fort imparfaite, mais dans les Campagnes; réfléxion qui, quoique trèsfimple & très-naturelle, fut affés tardive. On avoit vû auffi que le travail d'aller chercher les Plantes dans les Campagnes étoit immenfe, & qu'il feroit d'une extrême commodité d'en

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