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HILIPPE DE LA HIRE naquic à Paris le 18 Mars 1640. Son Pere étoit Peintre ordinaire du Roi, & Profeffeur en fon Académie de Peinture & de Sculpture Tome VI. A

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Il étoit parvenu à ces Titres, & ce qui eft encore plus, à une grande réputation, fans avoir jamais eu d'autre Maitre que fon génie naturel.

Le Fils qui paroiffoit auffi en avoir beaucoup, fut deftiné à la même Profeffion. Il apprit parfaitement le Deffein, enfuite la Perspective, fi nécelfaire aux Peintres, & cependant affés négligée ; & quoique les Cadrans n'appartiennent guére à la Peinture, il étudia auffi la Gnomonique, peut-être parce que c'eft une espece de Perfpective. Le plus léger prétexte lur fuffisoit pour étendre fes connoiffances. Cet affemblage de Cercles qui forment la Sphere, & leurs projections fur différens Plans, s'imprimoient dans fon efprit avec une facilité furprenante, & il fembloit que felon le Syftême de Platon, ce ne fût qu'une reminifcence de ce que fon Ame avoit fû autrefois. Il étoit aifé de prédire que ce jeune Peintre fe changeroit en un grand Géométre.

Il perdit fon Pere à l'âge de 17 ans. Il tomba dans des infirmités continuelles, fur-tout dans des palpitations de cœur très violentes. Il crut que

LIBERMA SEPTEMBER 1928 17636

3.

DE M. DE LA HIRE. voyage d'Italie, qui lui étoit presque néceffaire pour fon Art, pourroit aufli être utile à fa fanté, & il l'entreprit en 1660.

Dans ce Pays où la favante Antiquité a laiffé plus de reftes qu'en aucun autre, & où ces précieux reftes ont fait renaître plus d'excellens Ouvrages modernes, il ne s'attacha d'abord qu'à se remplir les yeux de ces différens objets, qui jettoient dans fon imagination des femences du Beau. Mais à Venife, où la vie eft fort oifive, à moins qu'on n'y foit plongé dans des plaiurs qui n'étoient pas pour lui, & en ce cas - là même encore affés oifive, il s'appliqua fortement à la Géométrie, & princi palement aux Sections Coniques d'Apollonius. La Géométrie commençoit à prévaloir chés lui, quoique revêtue de cette forme épineufe & effrayante qu'elle a fouverainement dans les Livres des Anciens. S'il n'y avoit préfen tement d'autres Maîtres qu'Apollonius & Archimede, la délicateffe de la plupart des Modernes ne s'en accommo deroit guére.

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La vie retirée qu'on mene en Italie étoit fort du goût de M. de la Hire,

Son caractere fage & férieux l'attachoit à un Pays où les dehors tout au moins, font férieux & fages, & où l'air, de folie n'eft point un mérite qu'on affecte. Il aimoit les manieres circonf pectes & mefurés des Italiens, qui à fa vérité leur retranchent les agrémens de la familiarité Françoife, mais auffi leur en épargnent les périls. Il femble que le plus für pour les hommes feroit de s'approcher peu les uns les autres, & de fe craindre mutuellement. Enfin il auroit volontiers prolongé fon féjour en Italie; mais fa mere, dont il étoit fort aimé, le rappelloit avec trop d'inf tance. Il revint au bout de quatre ans, bien résolu d'y retourner, ce qui cependant n'a pas eu d'exécution. Du moins quand il parloit de l'Italie, c'étoit toujours avec un plaifir dont les Italiens euffent pû tirer vanité, d'autant plus que Véloge des moeurs étran geres elt affés rare dans la bouche des François.

Erant de retour icr, il continua fes Etudes géométriques, toujours plus profondes & plus fuivies. M. Defargues qui étoit du petit nombre des Mathématiciens de Paris, & M. Boffe

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