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AVERTISSEMENT.

C

Es Obfervations de Chirurgie pratique font le fruit d'un travail d'environ cinquante ans, que j'ai paffé dans differens hôpitaux de la Marine au fervice des Vaiffeaux, & à celui des Galeres du Roy. J'ai cru devoir en faire part au public, afin que les Chirurgiens qui veulent suivre le fervice, puiffent en profiter & s'en fervir dans les occafions à peu près femblables à celles que j'ai eu entre les mains.

Dans les premieres années je m'appliquai à observer la maniere avec laquelle les plus habiles Maîtres operoient & panfoient toutes les plaïes; je

me faifois une loi de fuivre tout ce que je leur voïois pratiquer.

En 1649. je fus reçû Chirurgien d'une des Galeres du Roy, de là je paffai en 1685. à l'emploi de Chirurgien de l'hôpital royal des équipages des Galeres, où je commençai à faire quelques refléxions fur le tamponage des playes, qui me parût très-fouvent entierement oppofé à la reunion des plaïes fimples, & quelquefois fort nuifible dans les plus compliquées; je portai auffi mes attentions fur l'ufage des digeftifs, des onguens, & des corrofifs dont je me fervois, ainsi que je l'avois vû pratiquer:la longueur de la guerifon des plaïes, & les fâcheux fymptomes que je re

marquois, me déterminerent alors de panfer prefque à plat telles que j'avois dans l'hôpital, & à rectifier mes idées fur l'ufage des dilatans & des pourriffans. Pour cet effet, je redoublai mes études, en m'appliquant principalement à l'anatomic, pour m'inftruire de la ftructure des parties folides, .& des qualités des fucs qui les nourriffent; je rappellai mes principes de chirurgie, & je fus reçû en 1693. Maître Chirurgien Juré de Marseille, afin que profitant des lumierés de mes collegues, je pusse faire un mêlange utile de la theorie, & de la pratique de la chirurgie. Je compris pour lors mieux que jamais, que les dilatans & la maniere pefante avec laquelle

on panfoit les plaïes, ne convenoient point, parce que le tiffu de nôtre corps n'étant qu'un affemblage, & une union admirable de differens vaiffeaux; la preffion que les dilatans font fur ces vaiffeaux, ne peut que produire un mauvais effet, en gênant la circulation des liqueurs qui roulent aux environs des plaïes, & dont le féjour occafionne prefque toujours les épanchemens qui produifent les abondantes fuppurations, les finus, & les fiftules, qui n'arrivent que trop fouvent par cette maniere de de les panfer. Refléchiffant encore für l'ufage des onguens, auffi bien que fur les corrofifs,

je me perfuadai, que ceux-là étant fi differens entr'eux

ne

pouvoient gueres convenir avec la qualité du fuc qui nourrit les parties; & que l'ufage de ceux-ci occafionnoit de nou

velles fluctions fur les parties, par les douloureuses obftructions qu'ils y formoient. Un remede plus simple,qui se trouveroit plus analogue à la nature du fuc nourriffier, me paroiffoit plus propre à former le ciment qui fait la guerifon des plaïes. Ce fut ce qui me determinaà me fervir des vulneraires en decoction, dont les parties huileufes, & falines tiennent les vaiffeaux fouples & mettent les humeurs dans un doux mouvement, ce qui fuffit pour la reünion des plaïes, qui n'eft pas certainement un ouvrage de l'art, mais une fimple produc

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