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ARTICLE IV.

FRAGMENS

D'UN VOYAGE DANS L'INTERIEUR

DE LA CHINE.

PAR

C. IMBAULT-HUART,

Interprète du Gouvernement Français.

I. EXCURSION A LA VILLE DE SOU-TCHEOU, CAPITALE DE LA PROVINCE DU KIANG-SOU.

En vue de Sou-tchéou-Histoire ancienne de cette ville-Etendue de la ville actuelle-Résidence du Gouvernement provincial-Administration de Sou-tchéou -Décadence de cette ville-Les femmes de Sou-tchéou -Les jardins de plaisir leur description-Pagode du temple du Nord-Une école chinoise: de l'enseignement en Chine-Promenades dans les rues-L'agora de Sou-tchéou-Les conteurs chinois: Yen-tche ou Une cause célèbre chinoise, nouvelle-Peintures chinoises-Le camp-Un incendie-Superstitions chinoises le foung-chouéi, récit d'une agitation superstitieuse.

Partis le matin, à l'aube, de la Concession Française de

Changhaï, nous arrivions le soir même à (Y-ding),1 bourg situé à mi-chemin entre

Queï-ting

Koun-chan

(Quin-san) et Sou-tchéou (Sou-tseu), après avoir remonté tout le cours du Vou-soung Kiang.2 Là, nous avions ancré notre bateau non loin d'une canonnière chinoise destinée à protéger la navigation de la rivière, et sans nous mettre en peine des soi-disant marins qui en formaient l'equipage, ni du canon de bois, à l'air piteux et renfrogné, qui en ornait la proue. La présence de ce navire de guerre suffisait

1. Nous donnons la prononciation locale entre parenthèses.

2. Le Vou-soung Kiang se jette à Changhaï dans le Houang-pou et est décoré par les étrangers du nom de Crique de Sou-tchéou (Soo-chow creek) parcequ'il y conduit.

pour tranquilliser notre batelier qui, comme tout bon lóda, se refusait énergiquement à naviguer la nuit, de peur d'être détroussé par des pirates d'eau douce ou des revenans imaginaires sortis de son cerveau fécond. Après une nuit relativement paisible, troublée seulement par le gong que nos turbulens voisins frappaient de temps à autre pour effrayer les voleurs, nous repartions aux premières blancheurs de l'aube et continuions notre route vers Sou-tchéou.

Cette grande ville s'annonce par le nombre toujours croissant des jonques et barques qui sillonnent le canal; au fur et à mesure que nous avancions nous apercevions de plus en plus distinctement dans le lointain, à travers la buée du matin, un amas étendu de maisons éclairées par le soleil levant et dominé par une haute pagode, spécimen classique de l'architecture chinoise, puis de grises murailles dont les créneaux se découpaient sur l'azur du ciel: c'était Sou-tchéou. Au dessus, fermant l'horizon et à peine visibles derrière un voile de brouillard, se dessinait une chaîne de hautes collines. Ces hauteurs bordent le Taï-hou ou Grand lac dont la plaine liquide se développe à l'ouest de Sou-tchéou, et, se continuant dans le lac même, y forment quelques grandes iles et un grand nombre d'ilots.

Après deux heures environ de navigation, nous atteignions les faubourgs: à l'entrée se voient les ruines d'un pont détruit par les rebelles t'aï-p'ing; partout on retrouve encore aujourd'hui les traces du passage de ces vandales chinois. On dirait que le gouvernement laisse subsister à dessein ces vestiges pour servir d'enseignement aux générations futures. Le long des rives, à droite et à gauche, de nombreux trains d'arbres équarris sont rangés symétriquement tout contre les immenses chantiers où la scie doit les diviser en planches de toutes dimensions.

Les faubourgs traversés nous entrions dans la ville par la porte de Lou (Lou-meun), appelée aussi toungmeun, porte de l'est: celle-ci se compose de trois forts bastions dont le premier est coiffé d'un pavillon élevé qui sert de corps

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