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SERTORIO QUATTROMANI

TROMANE

ERTORIO Quattromani naquit S. QUA Tà Cofence ville du Royaume de Naples vers l'an 1541. d'une famille très-illuftre. On fçait peu de chose de fa jeuneffe & de fon éducation, on peut feulement conjecturer qu'il fut lui-même fon maître dans l'étude des Belles Lettres.

Etant à Rome en 1561. il eut occafion d'y connoître les bons Auteurs, & d'y converfer avec plufieurs fçavans hommes, dont il cultiva depuis avee foin l'amitié, & entr'autres Annibal Caro, Jerôme & Fabio Colonna, François Patricio François Beucio, Jerôme Wecchietti, Torquato Bembo & Paul Manuse : ce dernier lui procura une entrée dans la Bibliotheque du Vatican où il lûe avec beaucoup d'application les Poëtes Grecs, & même les anciens Provençaux, Siciliens & Tofcans. dont il faifoit beaucoup de cas, à ce qu'il paroît par fes Lettres, quoiqu'ils foient à prefent peu connus & peu eftimez.

S.QUAT- Sa vie a été fort ambulante & TROMANI s'eft paffée prefque toute en voyages, à Rome, à Naples & ailleurs. En 1588. il entra au fervice de Ferrante Carafa, Duc de Nocera, donť il loue beaucoup les belles qualitez, & qui aimoit, à ce qu'il affure, les fciences par goût & par inclination, & ne faifoit point comme tant d'autres, qui prennent chez eux des Sçavans feulement pour la pompe, de la même maniere qu'ils y mettent des ftatues & des peintures. Il lui dédia l'année fuivante un Abregé qu'il publia de la Philofophie de Bernardin Telefio. Quoiqu'il allât de tems en tems revoir fa Patrie, il demeura toujours au fervice de ce Duc jufqu'à fa mort qui arriva à la fin de l'année 1593.

Cette mort le mit fort à l'étroit; car il avoit fort peu de bien, & il n'en avoit gueres amaffé auprès de lui. L'affection & l'estime qu'il lui témoignoit, & les careffes qu'il en recevoit pendant fa vie, l'empêchoient de fe plaindre alors de fon peu de liberalité à fon égard; mais tout cela ne lui étoit pas d'un

grand fecours après fa mort.

S.QUAT

Obligé de chercher de quoi fub- TROMANI

fifter, il accepta avec plaifir les offres du Prince de Stigliano Seigneur de Sabionetta, qui étoit auffi de la Maifon Carafa, & qui étant un homme de Lettres, faifoit beaucoup de cas de lui. Ainfi après avoir fait un tour dans fa Patrie, il entra à fon fervice. Il y étoit en 1597. mais il n'y demeura pas longtems, peut-être parce que la bienveillance que ce Prince lui avoit témoignée ne fut pas de durée, & que la jaloufie & les rapports des Courtifans altererent les bonnes difpofitions où il étoit à son égard.

Il paffa l'année 1598. en partie à Cofence, & en partie à Naples. Le Prince della Scalea de la Maison Spinelli lui témoigna beaucoup de bonne volonté, mais il le perdit en 1600. & cette perte lui caufa beaucoup de chagrin. Il demeura le refte de fes jours dans fa Patrie, ou du moins dans la Calabre, content du peu de bien qu'il avoit & fans en defirer davantage.

On n'a fur le tems de fa mort

S.QUAT- que des conjectures fort incertaines TROMANI Charles Tramontano dans fon Epître Dedicatoire des Ouvrages d'Horace Marta, imprimées en 1616. parle de lui comme d'un homme mort depuis quelques années. Matthieu Egizio, Napolitain, qui a publié un recueil de quelques-uns de fes Ouvrages avec la vie à la tête, conjecture fur quelques paroles de Scipion Ponce, qu'il eft mort feptuagénaire après l'an 1610. & vraifemblablement à Cofence; mais comme perfonne n'eft nommé dans le paffage qu'il cite de Ponce, on ne peut

en rien conclure de certain fur cet article. Ignace Telefe, Gentilhomme Cofentin, dit dans une Lettre à Jofeph Marie Sambiafi, que plufieurs conjectures le portent à croire que Quattromani eft mort vers l'an 1606. Ce qu'il y a de sûr, c'eft que la derniere Lettre qu'on ait de lui eft datée de Cofence le 28. Mai 1603.

On ne peut nier qu'il ne fçût beaucoup, principalement par rapport à la Poëfie, qui avoit fait fon étude favorite; mais fa vanité lui faifoit croire qu'il en fçavoit encore

davantage, & le rendoit infuppor- S.QUAT-. table. D'ailleurs il n'avoit pas le TROMANI goût trop sûr; ainfi on eft peu furpris de lui voir recommander au Prince della Scalea, comme un Livre incomparable, la politique Lipfe, qui eft plus propre à faire connoître la grande lecture de fon Auteur, qu'à fournir les veritables Regles du Gou

vernement,

Implacable dans fa vengeance, il ne fçavoit ce que c'étoit que de pardonner; dès qu'on l'avoit une fois offenfé, il ne parloit jamais que de meurtres & de carnages. Il étoit extrêmement pointilleux, même avec fes amis, & la moindre chofe le choquoit; malgré cela il ne menageoit en aucune maniere la délicateffe des autres, & condamnoit fans aucuns égards ce qui lui paroiffoit repréhenfible dans leurs Ouvrages. Ce qui le rendit odieux à tous les Sçavans de fon tems, Catalogue de fes Ouvrages.

1. La Filofophia di Bernardino Telefio riftretta in brevita, e feritta in Lingua Tofcana dal Montano Acade mico Cosentino. In Napoli 1589. in-8°,

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