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néceffairement à caufe que fi l'on le laiffoit à la volonté de celui à qui elle va de droit, il auroit l'avantage de s'y tenir s'il avoit beau jeu, & de refaire s'il l'avoit mauvais, ce qui ne feroit pas jufte, n'y ayant point de faute à punir dans ce coup.

Vous remarquerez encore que la févérité que l'on a dans certaines Provinces, comme dans le Languedoc, & dans la Provence, de condamner au grand coup, c'eft-à-dire, à perdre cent foixante & dix points pour avoir tourné ou vû une ou plufieurs cartes du Ta lon de fon Adverfaire, eft fortinjufte, & n'est point d'ufage parmi les Gens qui jouent bien le Piquet; le Joueur qui tourne ou voit une ou plufieurs cartes du Talon de fon Adver faire, eft condamné à jouer telle couleur que fon Adverfaire voudra, s'il eft premier à jouer.

Il eft à propos pour l'intelligence de ce Jeu, d'expliquer ce que c'eft que Hazard. Il y a dans ce Jeu trois fortes de Hazards qu'on apelle Repic, Pic, & Capot. Le Repic a lieu forfque dans fon jeu, fans que l'Adverfaire puiffe rien compter, ou du moins ne pare pas, l'on compte jufqu'à trente points, en ce cas au lieu de dire trente, on dit quatrevingt-dix, & au-deffus, à mesure qu'il y a des points à compter au-deffus de trente.

Le Pic a lieu, lorfqu'ayant compté un cer tain nombre de points fans que l'Adverfaire ait rien compté, l'on va en jouant jufqu'à trente, auquel cas au lieu de dire trente l'on compte foixante, & l'on continuë de comp ter les points que l'on fait par-deffus.

Le Capot, c'eft lorfque l'un des deux fait toutes les levées, il compte pour cela qua

rante points: au lieu que celui qui gagne feulement les cartes compte dix points pour les cartes; c'eft fort mal-à-propos que certains Joueurs prétendent que l'on ne fçauroit faire tous les hazards en un feul coup, tous conviennent qu'on peut joindre le Capot au Pic & au Repic, ce qui arrive même ordinairement, & les Gens qui fe vantent de bien fçavoir le jeu, conviennent comme moi, que par cette même raifon l'on peut faire les trois Hazards d'un feul coup, en voici l'exemple. Je fupofe qu'un des joueurs ait les quatre Tierces Majores, & que fon point foit bon, s'il eft premier à jouer, il entrera par 4 du point, & 12 des Tierces Majores c'eft 16. 16 & 14 d'As, c'eft 90. 90 & 28 des deux quatorze de Rois & de Dames feront cent dix-huit, & en jouant fes cartes il ira à cent foixante & un, qui joints aux quarante pour le Capot feront deux cens un point d'un coup. Ce coup eft fi rare qu'il n'eft peut-être jamais arrivé, mais il eft de la justice qu'il vaille de la forte s'il arrive jamais.

Obfervez que lorfque la Tierce Majore est bonne pour le point elle vaut quatre; & quand même elle ne feroit comptée que pour trois de point, les trois Hazards y feroient encore.

Il faut remarquer que pour faire Pic, c'està-dire , pour compter foixante au lieu de trente, il faut être premier; car fi vous n'êtes pas premier, & que le premier jette une carte qui marque, il comptera un ; & vous quand vous auriez compté dans votre jeu vingt-neuf, fi vous levez la carte jettée vous ne compterez cependant que trente, à moins que celui qui joue le premier ne jettât une carte qui ne comptât point, comme

un neuf; un huit ou un fept, auquel cas après avoir levé cette main, vous pouvez conti nuer de jouer votre jeu jufqu'à trente, & compter foixante, le hazard étant bien fait.

L'on doit condamner ici la févérité qu'on a eu en Provence & en Languedoc à l'égard du Pic; un Joueur qui au lieu de dire foixan te ne diroit que trente ne fçauroit y reve nir, & ne compte abfolument que trente, au lieu que dans tout le refte du monde il en revient, & jamais les Joueurs ne doivent fe faire ces difficultez, n'y ayant rien qui oblige à cette févérité la diftraction de celui qui compte trente au lieu de foixante ne pouvant être qu'à fon préjudice, il pourra done y revenir jufqu'à ce que l'on ait coupé pour le coup fuivant.

Il faut remarquer encore que lorsque les deux parties font fort avancées, les Cartes blanches qui valent dix points, font premié rement comptées, enfuite le Point, les Tierces, Quatriémes, Cinquiémes, &c. viennent après, après cela les points que l'on compte en jouant; & enfin, les dix points des cartes ou les quarante du Capot.

CHAPITRESECOND.

De la maniére dont fe doit faire l'Ecart, & ce que c'est que Cartes blanches.

Lorfque chacun a fes douze cartes qui

compofent fon jeu, il les examine,& doit pour mieux connoître fon jeu, arranger fes couleurs, c'est-à-dire, mettre les Cours avec les Cœurs, les Piques avec les Piques & ainfi des autres.

Ce qu'il doit d'abord considérer, c'est s'il a cartes blanches; c'est-à-dire, s'il n'a point de Peintures dans fon jeu : les Peintures font les Rois, les Dames, & les Valets; enfin fi l'un des deux Joueurs fe trouve avoir cartes blanches après que l'autre a fait fon écart il étale fes cartes fur le Tapis en les comptant l'une après l'autre, & les cartes blanches lui valent dix points qui font comptez avant le point même & qui fervent à faire le Pic & le Repic, & à les parer.

Le jeu ayant été ainfi examiné, & qu'un des Joueurs ait cartes blanches ou non, celui qui eft le premier à prendre fait fon écart, c'eft-à-dire, qu'il choifit dans fon jeu les cinq cartes qui lui femblent les moins néceffaires pour en reprendre autant du Talon.

Obfervez qu'il ne peut point en prendre plus de cinq, mais bien moins, puifqu'il peut n'en prendre qu'une s'il veut, ou deux ou trois, ou quatre, il eft pour lors en droit de voir les cartes qu'il laiffe & qu'il pourroit prendre.

Et fi le dernier à prendre, lorsqu'on lui a laiffé des cartes ou autrement, ne veut point. prendre toutes les cartes qui lui reftent, il peut n'en prendre s'il veut qu'une, étant obligé ainfi que le premier d'en prendre pour le moins une; s'il en laiffe il peut les voir, &. le premier eft en droit de les voir auffi, en accufant la couleur dont il commencera à jouer, & par laquelle il eft obligé de jouer, &fi le dernier ayant laiffé des cartes, il les avoit mêlées avec celles de fon écart, le premier eft en droit de voir fon écart, en difant la cou leur dont il jouera en entrant au jeu.

Si par malice, ou par mégarde, celui qui

a dit je commencerai par telle couleur, commençoit par une autre, il feroit libre au dernier de le faire commencer par telle couleur qu'il voudroit.

Comme ces Régles font plûtôt faites pour les Commençans que pour les Maîtres, ils ne feront pas fâchez qu'on leur aprenne en paffant, la maniére dont il convient de faire les écarts & le but que l'on doit avoir en les faifant.

En faisant l'écart, le premier but des grands Joueurs eft de gagner les cartes & d'avoir le point, ce qui les oblige à porter ordinairement la couleur dont ils ont le plus, ou bien dont ils font plus forts; car il conviendroit de préférer quarante-un d'une couleur à quarante-quatre d'une autre, où la Quinte ne feroit pas faite, quelquefois même la Quinte y étant, étant plus avantageux d'avoir ces quaranteun, où une feule carte peut faire une Quinte Majore ou le point, & fervir à gagner les cartes; ce qui ne pourroit fe faire en portant les quarante-quatre, à moins qu'il n'y eût une rentrée extraordinaire.

Il faut observer que fi l'on joue pour un grand coup, il faut jouer différemment que forfqu'on joue pour un petit coup, parce que l'on s'abandonne pour le grand coup abfolument à la rentrée qui eft fort incertaine, au lieu que pour un petit coup l'on porte un jeu que la rentrée quelle qu'elle foit, doit rendre meilleur & fuffifant pour le faire, à moins que ce ne fuffent abfolument les cartes les plus opofées au jeu ou de moindre valeur.

Il faut encore en écartant tirer à fe faire des quatorze : on apelle quatorze, quatre As, ou quatre Rois, quatre Dames, quatre Va

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