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ni de la prefence réelle, ni de la tranfubftantiation; ils ne nioient ni le facrifice, ni l'oblation de l'euchariftie; s'ils rejettoient la meffe, c'étoit à caufe des ceremonies, la faifant uniquement confifter dans les paroles de JESUS CHRIST recitées en langue vulgaire. Sur le fond des facremens, ils erroient feulement en foûtenant que le pain dans l'euchariftie ne pouvoit être confacré par de mauvais prêtres, & qu'il le pouvoit être par de bons laïques, felon cette maxime fondamentale de leur fecte; que tout bon laïque étoit prêtre; & que la priere d'un mauvais prêtre ne fert de rien, ce qui fait qu'ils avoient plufieurs erreurs communes.

1

AN. 1538.

tent vers

des variat.

Mais comme on vient de dire qu'ils ne con- LXXXVI. venoient pas en tout ni fur la doctrine ni fur Les Vaula difcipline, il fallut deputer quelques-uns dois depud'entr'eux vers les Zuingliens, afin de delibe- les minirer fur les conditions de l'accord; & pour cet ftres Proeffet ils envoïerent Pierre Maffon & Georges teftans. Morel vers Oecolampade & Bucer, pour s'ac-Boffet hift. corder avec eux touchant les points fur lefquels . 11. art. ils differoient. Ceux-ci leur reprefenterent d'a- 117. bord qu'ils erroient 1.en ce qu'ils prétendoient Hift. des ég!. ref. de qu'il n'étoit pas permis aux clercs, c'est-à-dire Pierre Gilles aux miniftres de l'églife, d'avoir des biens, ch. 5. & qu'il ne falloit pas divifer les terres ni les peuples, ce qui tendoit à l'obligation de mettre tout en commun, & à établir comme neceffaire cette prétenduë pauvreté évangelique dont' ces heretiques fe glorifioient. 2. Que tout ferment eft peché, & qu'un Chrétien ne peut pas jurer licitement ni exercer la magiftrature. 3. Que tous les princes & les juges font damnés, parce qu'ils condamnent les malfaiteurs contre cette parole, la vengeance m'appartient, dit le Seigneur,& encore laiffez-les croître jufques à la Matth. 13. I a moiffon. 30.

Rom. 12.

19.

AN.1538.

de.Calvin

moiffon. 4. Que les mauvais miniftres n'ont pas le pouvoir d'adminiftrer les facremens. 5. Qu'ils ne devoient admettre que deux facremens, rejetter la confeffion auriculaire, & nier le libre arbitre. 6. Sur la difcipline, qu'ils devoient fanctifier les dimanches par la ceffation des œuvres ferviles, faire des affemblées particulieres pour les prieres & la celebration de la céne, & ne plus permettre à ceux qui vouloient être reconnus pour membres de leur églife, d'affifter aux meffes, ou d'adherer en aucune maniere aux fuperftitions papales, & de reconnoître les prêtres de l'églife Romaine pour pafteurs. Mais l'accord ne fe fit pas pour lors,

les Vaudois confulterent les miniftres de Geneve, & reçûrent les inftructions de Farel, qui conclut une union avec eux à condition qu'ils conferveroient leurs miniftres.

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LXXXVII. Calvin qui étoit toûjours à Geneve où il enConduite. feignoit la théologie, ayant fait un formulaire à Geneve. de foi & un catechifme, les fit recevoir dans Theod. de cette ville. Il trouva d'accord de la difficulté à Beze in vita faire recevoir tout ce qu'il propofoit : foit par

Calvini.

timidité, foit par d'autres motifs la plupart de fes collegues fuïoient, & fa nouvelle église alloit perir s'il n'eut été secouru par Farel & un nommé Couraud, hommes entreprenans, que les difficultés rendoient encore plus hardis. Ils s'unirent donc tous trois pour engager les magiftrats d'affembler le peuple & de lui faire abjurer le Papifme, en l'obligeant de jurer qu'il obferveroit les articles de doctrine tels que Calvin les avoit dreffés. Cette propofition trouva des obftacles: on croïoit voir bien des inconveniens dans ce ferment, & ce que Calvin avoit entrepris pour réünir les efprits, les divifa davantage. Mais l'autorité l'emporta enfin, le ferment fut fait & prêté par les magiftrats &

par

par le peuple, qui tous jurerent d'obferver le formulaire de foi dreffé par Calvin. Quelques AN.1538 Anabaptiftes qui fe trouvoient à Geneve travaillerent à décrier fa doctrine, mais il obtint une affemblée publique dans laquelle il les combattit avec fuccés, & les réduifit au filence. Il réfuta auffi Pierre Caroli qui l'accufoit lui collegues d'avoir des fentimens particuliers fur le myftere de la Trinité; néanmoins fur cette accufation on tint une affemblée à Berne où Caroli fut convaincu de calomnie & contraint de fe retirer.

fes:

ni

Lettre de

Calvin à ceux de fon

Beze ibid.

Cependant Calvin voyant que la réformation LXXXV111. des dogmes n'avoit point ôté toute la corrup tion des moeurs qui regnoit dans Geneve l'efprit factieux qui avoit tant divifé les prin- parti en cipales familles, déclara que vû l'inutilité de fes France. remontrances, on ne pouvoit point célebrer la céne pendant que ces defordres fubfifteroient. ut fup. Bulfec. Lan Dans le même tems apprenant qu'il y avoit gins. Papyr. beaucoup de fes fectateurs en France qui con- Maßon noiffoient, difoit-il, la verité de fa doctrine, vita Calv. mais qu'il fe flatoient qu'il fuffifoit de la croire bonne interieurement, & d'obferver au dehors toutes les pratiques de la religion Catholique; il écrivit fur cela deux lettres, l'une adreffée à Nicolas du Chemin, dans laquelle il traitoit de la fuite de l'idolâtrie; l'autre à Gerard Rouffel, abbé de Clerac contre le facerdoce Papiftique.

1.

Cependant un fynode du canton de Berne fut la caufe de la deftruction de l'autorité de Calvin dans Geneve. Cette affemblée avoit decidé, Qu'on ne fe ferviroit point de pain levé dans la céne. 2. Qu'il y auroit dans les églifes des fonts baptifmaux. 3. Que l'on celebreroit les jours de fêtes auffi-bien que le dimanche. Calvin à qui ces décifions ne plurent pas, déclara qu'on ne pouvoit s'y foumettre, & de

1 3

manda

in

AN.1538.

manda qu'avant qu'on les reçût, on lui accordât d'être entendu avec fes collegues dans un fynode qui devoit être tenu à Zurich, & cependant il voulut par provifion qu'on fe fervît de pain levé, qu'on ôtât des temples les fonts baptismaux, & qu'on abolît toutes les fêtes à la referLXXXIX. ve des dimanches. L'entêtement de cet heretique Calvin, Fa- fit ouvrir les yeux, on affenibla le confeil de autre mi- Geneve, & ceux qui étoient magiftrats alors s'uniftre font niffant aux chefs des factions, il y fut ordonné chaffés de que Calvin, Farel & Couraud fortiroient de la Beze ibid. in Ville dans deux jours, pour n'avoir pas voulu celevita Calvin, brer la céne felon le reglement du canton de BerPapyr. Maf ne. Cet ordre fut fignifié à Calvin, qui dit que fon in vita s'il avoit fervi les hommes, il fe croiroit mal

rel & un

Geneve.

Calvini.

XC. College établi à

par Stur

Sleidan. in

récompenfé; mais qu'il avoit travaillé pour un maître qui accorde toûjours à fes ferviteurs ce qu'il leur a une fois promis. Ainfi ces trois chefs de l'erreur fortirent de Geneve; & Calvin fe retira à Strasbourg, où Bucer & Capiton le reçurent avec joie, lui donnerent des marques de leur eftime, & obtinrent pour lui des magiftrats, la permis fion de fonder une églife dont il fut le premier miniftre, outre qu'il fut encore nommé pour être profeffeur en théologie. Pour Farel il fe retira à Neufchâtel, mais on ne dit pas ce que devint Couraud.

Ce qui attira Calvin à Strasbourg fut princigalement la grande reputation que cette Strasbourg, s'étoit acquife par le college que Jacques Sturmius venoit d'y établir. Cette nouvelle école mius. devint fi floriffante en peu de tems par l'exacticomm. 1. 12. tude & l'application des profeffeurs, qu'on y venoit non feulement du fond de l'Allemagne, mais des endroits les plus éloignés. Sturmius étoit né à Strasbourg en 1490. d'une des plus nobles familles ; il fut honoré des premieres dignités de cette ville & devint très-illuftre par

P. 383.

Melhor

Adam in nhà Germ. Jurisc.

les

les fervices qu'il rendit à fa patrie. Comme il étoit favorable aux erreurs du tems, & AN.1538. que d'ailleurs la ville de Strasbourg avoit été très facile à recevoir ceux des heretiques qu'on chaffoit des Pais-bas & d'ailleurs, Calvin n'eut pas de peine રે y être reçû même avec agrément, & le fenat auffi porté à entrer dans fes vûës que la ville avoit été facile à le recevoir, lui accorda volontiers la permiffion d'y établir une églife pour les François.

XCI.

Iflebius ét?

Antinoméens, Agricola dont on fait blit la fects Allemand fur- des Anti

Pra eal, in

On place dans cette année le commencement de la fecte des Antinomes, ou c'eft-à-dire contraires à la loi, auteur un certain Jean Agricola nommé Ilebius, parce qu'il étoit d'Iflebe ou noméens.. Eifleben dans le comté de, Mansfeld, où il prit Antinom. naiffance le vingtiéme d'Avril de l'an 1492. Pontan, in Après avoir étudié en théologie à Wittemberg, cat. hares. ily donna dans les nouveautés que Luther fon concitoyen commençoit à y débiter. Il s'acquit beaucoup de réputation par fes fermons pendans la conference de Spire, où il fuivit l'électeur de Saxe avec le comte de Mansfeld dont il étoit miniftre. Peu après il fe broüilla avec Melanchton contre lequel il écrivit en 1527. & il quitta fon païs pour fe retirer à Wittemberg, où il obtint une chaire de profeffeur & de miniftre. Après dix ans de fé-. jour dans cette ville, il voulut être chef de parti, & enfeigna que la loi n'étoit d'aucun ufage, que les bonnes œuvres ne fervoient de rien & que les mauvaises ne nuifoient point au falut ; que Dieu ne punit jamais les peuples d'un païs pour leurs pechés; que le meur Padultére, l'ivrognerie & femblables crimes ne font pas de veritables pechés en euxmêmes, mais qu'ils ne font tels que lorsqu'ils font commis par des méchans; & que par confeI 4

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