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Tali. 2.

& toutes les plaintes que l'on en peut fai re. Que fi malgré foi on ne laiffe pas d'en d'en être touché, il faut condanner en foi ce fentiment, l'empêcher de paroître au-dehors, & fe joindre ainfi à la verité qui le condanne pour pratiquer ce que dit le Sage: Conjungere Deo & fuftine : DEMEUREZ uni à Dieu & fouffrez Car la grande regle de toutes nos actions eft de nous mettre toujours du côté de Dieu en nous conformant à fon jugement pour condanner en nous ce qu'il y condanne.On ne fanroit attendre que de la confufion quand on eft d'un parti contraire à Dien, & l'on ne fauroit être confondu en s'uniffant avec Dien par l'approbation entiere de tous les jugemens pour & contre

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SI

CEST USURE

que de vendre plus cher
à credit.

C

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'EST une remarque très-judicieufe de faint Thomas Quodlib. 9. art. 15. qu'il eft: érilleux de déterminer dans la morale, qu'une action eft peché mortel lorfque la verité ne nous et pas tout-àfait connue: Omnis quæftio, dit-il, quæ de peccato martali quæritur,nifi expressè· veritas habeatur, periculofè determinatur. quia error, que non creditur effe peccatum mortale, quad eft peccatum mortale, confcientiam non excufat à toto, licet forte à tanto. Error vero, quo creditur effe mortale quod non eft mortale, ex confcientiâ ligat ad peccatum mortale. Præcipuè autem periculofum eft, ubi veritas ambigua eft, quod in bac quæftione accidit. "IL eft dangereux ❝ de répondre à toutes les queftions que «

E iiij.

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l'on fait touchant le peché mortel, fi la verité n'eft clairement connue & exprimée; parceque l'erreur par laquelle » on croit qu'une chofe n'elt pas peché » mortel, quoiqu'elle le foit, n'excufe » pas entierement le peché, quoique peut-être elle en diminue la grandeur. Mais l'erreur par laquelle on croit qu'u ,, ne chofe eft peché mortel, quoiqu'elle » ne le foit pas, engage la confcience au peché mortel. Mais le danger eft principalement lorfque fur cette matiere la » verité eft douteufe.

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כל

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I I.

Le peril de ces refolutions eft encore plus grand, lorfqu'il s'agit de pechés qui obligent à reftitution, parcequ'il n'y a rien que les hommes faffent avec plus de peine, de forte que ce feroit leur impofer un joug bien dur, & qui feroit capable d'accabler beaucoup de perfonnes, que de les y obliger, lorfque la loi de Dieu ne les y obligeroit pas.

III.

Il est très conftant que l'ufure eft un peché, comme il a été défini dans le Concile de Vienne. Mais je crois que ce qui rend cela fi certain, n'eft pas tant la raifon naturelle, que la loi de Dieu expli

quée par la tradition de l'Eglife. Car qui s'arrêteroit à la raifon, il feroit bien difficile de perfuader qu'il y eût du mal de tirer cinq pour cent d'un argent que je prête à un Marchand, lorfque ce Marchand estime beaucoup davantage le gain qu'il s'attend de faire de mon argent; de forte qu'il trouveroit que ce lui feroit une condition bien moins avantageufe que j'enfle part à fon gain en courant le même rifque que lui. Outre qu'il y a fouvent des cas où l'argent ne court aucun rifque, comme fi mon ami devant mille écus, dont il paye le denier dix d'interêt, je les lui prête pour le délivrer de cette dette & de cet interêt, en me contentant de cinq pour cent. Cet argent qui ne fait que paffer entre les mains d'un tiers, ne court aucun danger entre les fiennes : & ainfi à ne confulter que la raifon, il feroit bien difficile de montrer quelle injustice je fais à mon ami, à qui je fais gagner cinquante écus par an, fans aucun rifque.

Mais tous ces raifonnemens ceffent quand on s'en tient uniquement à la loi de Dieu, qui a pu condanner l'ufure à caufe des mauvais effets qu'elle a d'ordinaire, encore même qu'en quelques -cas elle ne fût pas injufte.

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I V.

Or de-là il s'enfuitqu'on ne doit point porter la défenfe de l'ufure au-delà de ce qu'elle fe trouve dans l'Ecriture Sainte & dans les Saints Peres qui l'ont expliquée; & qu'il feroit fur-tout perilleux de le faire, lorfque le contrat que l'on voudroit condanner comme ufuraire, ne fe trouveroit point condanné comme tel par aucune loi ni Ecclefiaftique,ni civile.

V.

Ceft la premiere raifon qui me fait trouver beaucoup de difficulté à condanner d'ufure les Marchans qui vendent plus cher à credit qu'argent comprant. Car je ne crois pas qu'on trouve aucun paffage des Peres qui les ait condannés de la forte. Et cependant il eft impoffible que cela ne fût très commun, puifque jamais le commerce ne s'eft fait autrement, & qu'il eft même moralement impoffible qu'il fubfifte fans cela

VI.

S. Auguftin s'étend affez au long fur les pechés ordinaires des Marchans, dans fon Serm. I. explication du Pfeaume 70. Il fe plaint qu'ils blafphêment Dieu lorfqu'ils fouffrent quelque perte, qu'ils mentent,&

By 17.

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