Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fon pere, & à Marie de la Tour la reftitu tion des trente mille livres de dot portées par fon contrat de mariage avec ledit fieur de la Boiffiere; tous dépens compenfés.

Cet arrêt eft du 15 mars 1674,

[graphic]

HISTOIRE

De Mademoiselle Ferrand.

N 1676, demoiselle Anne de Belizany, époufe M. Ferrand, préfident aux requêtes du palais du parlement de Paris. La paix accompagne ce mariage pendant dix années entieres; c'eft dans ce temps de calme, que madame Ferrand accouche de trois enfans, de deux filles & d'un garçon. La fille aînée, mariée au fieur de Comte, lieutenantgénéral en la fénéchauffée de Riom; le fils confeiller à la cour des aides ; la feconde fille religieufe aux filles de Sainte-Marie, rue du Bacq. La fille mariée meurt fans poftérité, le fils décede fans être marié.

Un changement, furvenu dans le miniftere, donne une atteinte mortelle à la fortune du fieur de Belizany, pere de madame Ferrand; fes enfans font enveloppés dans fa difgrace.

Comme la fortune de M. Ferrand e

répond point à fon rang, & qu'il la voit ébranlée par ce cruel revers, il n'eft point maître de la douleur qu'elle lui caufe: il la fait reffentir à madame Ferrand. Leur union eft altérée, mais non pas fans efpérance que le calme puiffe être rétabli. Ils confentent à une féparation volontaire, parce que M. Ferrand fe trouve dans l'impoffibilité de tenir une maison, & d'y faire la figure que demandent fon rang & fon état. Il fe retire dans fa famille, où il vit en penfion jufqu'à fon décès; & madame Ferrand, dans un appartement qu'elle loue rue du Bacq. M. le préfident Ferrand fe charge des enfans, & accorde à madame Ferrand une penfion de quatre mille livres, proportionnée à leur fortune.

Madame Ferrand eft groffe lorfqu'elle fe fépare; elle accouche d'une fille le 27 octobre 1686. L'enfant eft conduit à St. Sulpice le 28, fur les neuf heures du matin, par une vieille femme, chargée d'un billet, portant que c'eft la fille de M. Michel Ferrand, préfident aux requêtes du palais, & de dame Anne de Belizany fa femme. Elle eft efcortée d'un mendiant & d'une mendiante, qui doivent fervir de parrain & de marraine.

Le curé, qui ignore que madame Ferrand demeure fur fa paroiffe, & qui eft peu inftruit de fes malheurs, eft embarraffé à la vue d'un cortège fi peu convenable. La crainte de fe compromettre lui fait prendre le parti de baptifer l'enfant, en lui donnant le nom de Michelle, qui eft celui de M. Ferrand, mais de n'exprimer aucun nom de pere ni de mere fur le regiftre. Le filence du registre ne permet pas à l'enfant de tirer aucun avantage de fon baptême; mais M. Ferrand fait une démarche, qui paroît expliquer ce que cet acte recele. 11 fe transporte fur le midi, accompagné de deux notaires, chez le curé de Saint Sulpice il lui expofe dans un procèsverbal en bonne forme, qu'ayant appris depuis deux jours que l'on vouloit lui fuppofer un enfant pour lui faire injure, il le prie de n'en baptifer aucun fous fon nom fans l'en avertir. La réponse du curé confifte à rendre compte de ce qui s'eft paffé trois heures auparavant. Sur cela, M. Ferrand demande la repréfentation du registre, dont on tranfcrit l'article dans le procès-verbal. A la vue de cette piece, il demande acte aux notaires de tout le contenu au procès-verbal, qu'il figne avec le curé

de Saint Sulpice & les notaires, pour de meurer en minute chez Carnot. M. Ferrand s'en fait délivrer une expédition : quelques jours après il la remet au notaire, qui dit, « que c'eft la feule qui » ait été faite de cette minute, pour que » le tout puiffe demeurer dans une obf

curité profonde, & s'il étoit poffible » même qu'il fût fupprimé; mais qu'il » ne pourra jamais être délivré aucune » expédition de cette minute; qu'il s'en » eft chargé envers M. Ferrand, & qu'il

en charge fes fucceffeurs. «Carnot, joint l'expédition rapportée à la minute: à la fuite de la note en eft une autre, où il dit, qu'il a mis au feu l'expédition qui a été ci-jointe. M. Ferrand ne réclame point contre la fuppofition d'un enfant; il ne protefte point contre la déclaration du curé, ni contre le billet qui l'annonce comme pere de la fille baptifée.

Madame Ferrand eft enlevée par des ordres fupérieurs, & conduite à l'abbaye de Lo par-delà Chartres; c'est une fuite de la difgrace de fon pere; les ordres font révoqués en 1691. Elle reparoît dans le monde.

Mademoiselle Ferrand a prétendu, » que dans fa plus tendre enfance elle

« AnteriorContinuar »