*A BRÉ GÉ A PARIS, S. A. S. Mgr le Prince de Conry, rue du M. DCC. LXXXVII, Aux dépens de l'Auteur. ABRÉGÉ DES CAUSES CÉLEBRES ET INTÉRESSANTES, Avec les Jugemens qui les ont décidées. RÉCLAMATION Contre des Væux. ANTOINE Derlon', marchand de fer de la ville de Lyon, & Françoise Bertaud, ont de leur mariage quatre en fans, deux garçons & deux filles ; de ce nombre est celui qui réclame contre ses voeux. Il tient le principal rang dans l'affeet on de son pere , quoiqu'il foit le dernier dans l'ordre de la naissance; Tome Ill. А 39X677 il n'a pas encore dix ans, qu'il a la dou, leur de le perdre. Son pere lui laisse des preuves de la tendrefle, & des effets de la libéralité, en l'instituant par son testament fon héritier universel. Françoise -Bertaud, après la mort de son mari, reconnoissant en ce fils, son cadet , un heureux naturel, & des difpofitions avantageutes pour les sciences, le deftine aux érudes; mais le choix aveugle qu'elle fait du maître auquel elle confie son éducation, est la source funeste des infortunes du jeune Derlon, Son précepteur a le talent de s'acquérir en peu de tems la confiance & l'amitié de la mere; il ne donne pas ses uniques soins aux progrès de son écolier ; l'habi:udę que son emploi lui fait contracter dans la maison, produit dans son cous une pas fion peu convenable à fon caractere d’ec clésiastique tonsuré; elle s'excite par des vues de cupidité. La fortune de Françoise Bertaud, quoique médiocre , lui assure une subsistance toujours incertaine aux personnes de son état; il porte ses défirs jusqu'à vouloir l'épouser. Les occasions de séduire la fimplicité de cetre veuve sont fréquentes ; le prétexte de l'instruction du disciple favorise ses afliduités & les complaisances. Bien tôt le temps des leçons du jeune étudiant eft employé auprès de la mere à tenir un aurre langage que celui de l'école. Parvenu ians peine à obtenir tout ce qu'il souhaite , il abdique l'habit eccléfiaftique ; & de précepteur du fils, il devient le mari de la mere. Le mariage n'a pas plutôt affermi son autorité, qu'il n'y met plus de bornes : fon projet est de s'emparer du bien que le fieur Derlon pere a laissé à sa famille; mais fes deux garçons forment un obftacle à l'avidité de ce second mari, il ne tarde pas à leur faire éprouver toute la haine & les duretés d'un beau-pere. L'aîné, ne pouvant supporter plus long-temps les mauvais traitemens qu'il endure , s'engage dans le service, où il finit ses jours. Le cadet, appellé par une institution folemnelle à recueillir toute la succession de son pere, eft l'objet le plus dangereux que le beau-pere a intérêt d'écarter; il résout de le jeter dans un cloître. Les menaces & les violences sont les voies dont il se sert pour lui inspirer sa vocation. La rélistance continuelle du sieur Derlon aux ordres barbares de fon beau-pere, porte son courroux au dernier : dégré ; tantôt, pour l'obliger à entrer en reli |