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Après J. C. Tou-mitou.

sum-kao.

L'an 647.

Après la mort de Pou-fa, Tou-mi-tou lui fucceda, il raffembla les troupes de toutes les Hordes & marcha contre les Sie-yen-to qu'il détruifit. Après s'être emparé de leur pays, il envoya des ambassadeurs à Tai - tcong L'an 646. Empereur des Tam qui étoit alors à Lim-tcheou dans le Lie-tai-ki- Chenfi. Ce Prince leur donna audience à Kim-yam : les Su. Tam-chou Hoei-ke lui dirent qu'ils venoient fe foumettre à lui & le Ven-hin- fupplier d'établir parmi eux des Officiers Chinois pour les gouverner, parce qu'ils ne vouloient pas imiter les Sie-yento qui étoient actuellement détruits & difperfés, pour n'avoir pas voulu rendre hommage à un auffi grand Prince que lui. Tai-tçong donna un grand feftin à ces ambaffadeurs, & envoya dans leur pays environ mille Officiers Chinois, qui partagerent ces vaftes Contrées en différents Gouvernements, & les diftribuerent aux principaux Chefs de Hordes, Chacun de ces Chefs étoit foumis à un officier Chinois & portoit à fa ceinture un poiffon incruftré d'or. Pour les engager d'avantage à refter fous l'obéiffance des Chinois l'Empereur leur fit préfent d'un grand nombre d'habits de foye & de fabres richement ornés. Ils fupplierent l'Empereur de faire des grands chemins pour aller plus facilement de la Chine en Tartarie. Tai-tçong fit établir dans le défert foixante-huit campemens ou poftes, dans lefquels on trouvoit des chevaux, du lait caillé & des viandes pour les voyageurs. Ces endroits fervoient en même-tems à recevoir les peaux de martes Zibelines que ces peuples envoyoient en tribut aux Chinois. Tou-mitou obtint le titre de Général des armées Chinoises ; mais il prit lui-même celui de Khan & établit différens Offi L'an 648. ciers pour l'administration des affaires & le comman◄ dement des armées ; il avoit à peine achevé d'établir une forme de gouvernement parmi ces peuples, qu'un de fes neveux appellé Ou-ke, qui avoit débauché fa femme, refolut de fe défaire de lui. Tou-mi-tou fut tué & le coupable après cette action se sauva avec fes complices auprès de Tche-pi-khan; mais il se laiffa tromper enfuite par les promeffes des Chinois qui paroiffoient oublier fon crime & lui offrirent des Charges confidérables. Il vint

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tou,

Après J. C.

fe rendre entre leurs mains & on lui fit auffi-tôt couper la tête. L'Empereur de la Chine, dans la crainte que les Po-jun. Hoei-ke ne fe revoltaffent entiérement contre lui, leur envoya le Président du tribunal de la guerre pour les pacifier, donner des titres fuivant leur coutume à Tou-mifournir aux frais de fes funerailles & inftaller fon fils Po-jun à fa place. Kiu-lo-po qui avoit eu part à l'affaffinat de Tou-mi-tou fut en même-tems arrêté à la Chine. A la faveur de ces troubles, le Turc Ofuna-ho-lou s'empara du campement du nord fitué entre les fources de l'Orgon & du Selinga, où demeuroit le chef des Hoei-ke; mais Po-jun ayant raffemblé cinquante mille hommes battit Ho-lou, reprit fa Cour du nord; enfuite avec le Général des armées de la riviere d'Ili il remporta une feconde victoire fur Ho-lou à la montagne Kin-ya-chan, & obtint de l'Empereur le titre de Capitaine des gardes impériales. Il fuivit l'Empereur dans l'expédition de la Co

rée.

L'exemple des Hoei-ke avoit engagé plufieurs autres peuples de la Siberie à fe foumettre à la Chine. Les Kiekou autrement Kien-kuen furent des premiers à reconnoître la domination Chinoife. Ces peuples demeuroient au nord-ouest des Hoei-ke vers l'endroit où eft apréfent Yrkutskoi: c'étoit de grands hommes qui avoient les cheveux roux & les yeux bleus. Ils pouvoient mettre environ quatre-vingt mille hommes fur pied, ils étoient voifins des Turcs & ils avoient été foumis autrefois aux Sieyen-to. L'Empereur Tai-tçong reduifit leur pays en Province Chinoise.

Kam-mo.

tum-kao.

Après la mort de Po-jun chef des Hoei-ke, fon fils Pe- Pe-li li lui fucceda, mais il ne fuivit pas les traces de fon L'an 661. pere & négligea l'alliance des Chinois. Avec les Tum-lo & Lie-tai-kiles Pou-ko, il vint ravager les frontiéres de la Chine. fu. L'Empereur envoya contre ces rebelles plufieurs Géné- Ven-bienraux à la tête de cent mille hommes. Les Hoei-ke au- Tam-chou. roient été entiérement vaincus fi les Chinois ne s'étoient pas engagés trop avant vers le Selinga (a) & les monts (a) Je préfume que c'est cette riviere. Les Chinois appellent celle dont ils parLent ici Sien-go. B

Tome II.

L'an 662.

L'an 663.

Après J. C.
Pe-li.

To-hiaitchi.

Altai, où les neiges, le froid & la difette des vivres firent périr la plus grande partie de leur armée. Alors Ho-li de la Horde des Ki-fi fe rendit par ordre de l'Empereur chez les Hoei-ke dans le deflein de rétablir la franquilité parmi eux; en même-tems les Généraux Chinois marcherent contre le refte des rebelles & acheverent de les foumettre. On fit alors quelques changemens au fujet des lieux dont ces pays feptentrionaux relevoient. Enfuite Pe-li étant venu à mourir, fon fils To-hiai-tchi fut chef de la nation. Sous fon regne les Tong-lo, les Pou-ko & autres L'an 685. Hoei-ke fe révolterent contre l'Empereur de la Chine; mais les troupes Chinoifes qui vinrent par le lac Sopou-nor les difperferent entierement. D'un autre côté, Me-tchou Empereur des Turcs s'étoit emparé de tous les pays de Hoeike; la Horde particuliere de ce nom fe joignit à celles des Ki-pi, des Sie-kie & des Hoen paffa au midi du dé ert & vint s'établir entre les villes de Kan - tcheou & de Leam tcheou, à l'extrémité du Chenfi vers l'occident. Toutes ces Hordes fervoient dans les armées Chinoifes, & formoient une excellente cavalerie.

Kam-mo.
Tam chou.
Lie-tai-ki-

Ju.

Fou-ti-fou.
L'an 716

Tchingtcong.

To-hiai - tchi eut pour fucceffeur fon fils Fou-ti - fou. L'année d'après qu'il eut été proclamé chef de de la nation, le Khan des Turcs appellé Me-tchou battit dans le nord les Pa-ye-ko, mais enfuite il fe laiffa furprendre par ces peuples qui lui couperent la tête & l'envoyerent aux Chinois alors cing Hordes des Hoei-ke fe foumirent à l'Empereur de la Chine, & on les fit camper au nord d'un endroit appellé Ta-vou-kiun.

Après Fou-ti-fou fon fils Tching-tçong fut déclaré chef de la nation; il eut quelques démêlés avec le Gouverneur de Leam-tcheou, on l'accufa de plufieurs fautes, & il fut envoyé en exil où il mourut. Les Hoei-ke commencerent alors à fe dégouter du gouvernement Chinois, Hou-chou. Hou-chu parent de Tching-tçong profita du mécontentement où il voyoit fa nation pour venir attaquer le Gouverneur de Leam-tcheou. Il tua cet officier, fit fermer les chemins qui pouvoient conduire dans la Tartarie, & se fauva dans la fuite chez les Turcs où il mourut. Il eut pour fucceffeur fon fils Ko-li-fi-lo.

Après J. C.

L'an 742.

Ven-bien

Ce nouveau Chef des Hoei-ke envoya des ambassadeurs à l'Empereur de la Chine qui lui donna le titre de Hoai ginFong-y-vam. Ensuite à la faveur des troubles qui reg- khan. noient parmi les Turcs, auxquels jufqu'alors il avoit été Lie-tai-kifoumis, il fe révolta avec le chef des Ko-lo-lou : ils at- Ju. taquerent ensemble les Pa-fi-mi qui venoient de défaire le Tam-chou. Khan des Turcs. Ko-li-fio-lo prit alors le titre de Ko-to- tum-kao lou-pi-kia-kiue-khan. C'est à cette époque que commen- L'an 744. ce la grandeur des Hoei-ke qui avoient toujours été les fujets des Turcs & des Chinois. Ce Khan obtint de l'Empereur le titre de Hoai-gin-khan; il s'empara de tous les pays que les Turcs occupoient & mit fa Cour entre la montagne Ou-te-kien-chan & le fleuve Kuen-ho. Toutes les Hordes des Hoei-ke étoient fous fa domination, il réduifit enfuite les Pa-fi-mi & les Ko-lo-lou, & il établit partout dans fon nouvel Empire des Officiers; mais ce qui affuroit le plus fa puiffance, c'eft qu'il avoit été reconnu grand Khan par l'Empereur de la Chine de la maniere la plus authentique & la plus folemnelle. Ses ambasfadeurs avoient reçu d'un des premiers Miniftres de l'Empire les lettres patentes dans la Cour Impériale au bruit des tambours, ayant devant eux leurs étendarts déployés. Après que Ki-li-fi-lo eut été ainsi installé Khan de la Tar- L'an 745tarie, il défit & tua Pe-moei-khan Empereur des Turcs: alors fes Etats s'étendirent du côté de l'Occident jufqu'aux monts Altai & à l'Irtisch, & vers l'Orient jufqu'au pays des Che-goei ou Tongoufes qui habitoient le long du fleuve Amour. Mais il ne jouit pas long-tems du fruit de fes conquêtes, il mourut prefque auffi - tôt qu'il fut GrandKhan de Tartarie. Son fils Mo-yen-tcho lui fucceda fous le titre de Ko-le-khan. Ce Prince envoyoit reguliérement Ko-le-khan tous les ans à l'Empereur de la Chine des ambaffadeurs & il rendit de grands fervices aux Chinois. Ce fut lui qui offrit d'envoyer à leur fecours des troupes pour dompter le rebelle Gan-lo-chan qui venoit de prendre le titre d'Empereur, & qui ménaçoit d'enlever l'Empire à la Dynaftie des Tam.

Gan-lo-chan étoit un des Généraux de l'Empereur

L'an. 756.

Ko-le-khan

Hiuen-tçong à qui ce Prince avoit laiffé prendre trop d'auAprès J. C. torité dans l'Empire. Il le combloit tous les jours de nouveaux bienfaits, & lui laiffoit rendre des honneurs qui n'étoient dûs qu'au Souverain. Cet Officier étoit le maître dans le palais imperial, & fous prétexte qu'il avoit été adopté par l'Impératrice, il pouvoit y entrer librement de jour & de nuit, & s'entretenoit avec les Princeffes. L'Empereur reçut mal les avis qu'on lui donna fur la revolte que Gan-lo-chan méditoit. Les Miniftres & les Officiers qui étoient oppofés à Gan-lo-chan furent exilés, & ce Prince ne commença à fe défier de fon favori que quand celui-ci fut affez puiffant pour ne le plus craindre. Gan-lo-chan s'étoit formé une armée de plus de cent cinquante mille hommes, compofée pour la plus gran de partie de Khitans & d'autres Tartares Orientaux. II commença par venir infulter Lo-yam où l'Empereur étoit alors, & il s'empara de prefque toutes les Provinces de Chantong, de Chanfi & de Honan. Les mauvais conseils auxquels l'Empereur fe laiffoit entraîner, achevoient de ruiner l'Empire. Si-gan-fou fut prife, & l'Empereur fut contraint de fe fauver dans la Province de Sfetchouen. C'est dans ces circonftances & après la perte d'une grande bataille que Hiuen -tçong eut recours au Khan des Hoei-ke & des Toufan. Ko-le-khan dor.na le commandement des troupes qu'il envoyoit au fecours de l'Empereur à Ko-lo-tchi qui fe joignit au Général Kou-tfe-y ; ils marcherent enfemble contre les Tong-lo. Cette Horde des Hoei-ke qui demeuroit vers le Kerlon avoit pris le parti de Gan-lo-chan. Les foldats de ce rebelle quitterent les environs de Si-gan-fou où ils étoient campés pour aller vers le pays d'Ortous, dans le deffein de fe joindre aux autres Tartares, & de revenir enfuite ravager les frontiéres de la Chine, mais ils furent défaits par les troupes Chinoifes & Hoei-ke. L'Empereur pour reconnoître les fervices qu'il venoit de recevoir de ces Tartares donna à la fille de leur Khan le titre de Princesse, comme fi elle eût été une Princeffe de la famille Impériale. Dans l'extrême befoin où il fe trouvoit, il étoit

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