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Après J. C.

Mahomet après avoir mené une vie affez traversée, mou-
rut à Medine âgé de 63 ou 65 ans. On le dépeint comme
un homme doux, affabie, fincérement attaché à fes amis,
aimant à secourir les pauvres, & ne rebutant perfonne.
Il aima extraordinairement les femmes ; mais ce défaut
lui étoit commun avec tous les Arabes. Tout ce que l'on
peut
dire en peu
de mots, c'eft que fous un extérieur de
fimplicité, de douceur & d'ignorance, Mahomet cachoit
les deffeins les plus grands & les plus ambitieux, & qu'il
fut affez habile pour faire naître des circonftances propres

à le conduire à fon but.

Après la mort de Mahomet fon Empire encore foible & renfermé dans quelques cantons de l'Arabie ne paroiffoit pas devoir fubfifter long-tems; mais Aboubekr qui lui fuccéda, empêcha que la divifion ne fe mît dans le parti, continua les projets du prophéte, deffit les rebelles & furtout un perfonnage qui fe difoit prophéte, & qui traînoit à fa fuite un grand nombre d'Arabes. Bien - tôt il fut en état d'envoyer des troupes dans la Syrie & dans la Paleftine. Les Mufulmans en vinrent aux mains avec les Romains. Sous Omar fucceffeur d'Aboubekr, ils pénétrerent dans la Perfe: l'Empire des Saffanides qui y subfiftoit depuis fi long-tems reçut un échec qui hâta fa ruine. En Syrie, Damas, Hemeffe, Jerufalem & plufieurs autres places furent prifes par les Mufulmans; de-là ils entrerent en Egypte. Jazdejerd dernier Roi de la famille des Saffanides fut vaincu & toute la Perfe tomba fous la domination des Arabes. Omar mourut laiffant fa Nation maîtreffe de la Perfe, d'une partie du Khorafan, de l'Egypte & de la Syrie. Othman pouffa fes conquêtes jufqu'en Afrique, dans les Ifies de la mer méditerranée, dans le Maouarennahar & fur les frontieres du Turkeftan. Le regne d'Aly fe paffa en troubles & en divifions, à la fayeur defquelles la famille des Ommiades s'empara du Khalifat qui devint héréditaire dans cette famille. Moavia en fut le fondateur. Les conquêtes avoient été fi rapides & fi fubites dans les commencemens de l'Empire des Mufulmans que ces Arabes n'auroient pu en faire de nou

yelles

velles fans détruire l'Empire des Grecs, fans pénétrer plus Après J. C. avant dans la Tartarie & dans l'Inde, pays trop éloigné de la refidence des Khalifs. L'Efpagne feule fut une nouvelle conquête. Du refte on fe contenta de faire la guerre aux Grecs, & quelques places furent le fruit du fang que l'on repandit alors. La Dynaftie des Ommiades, comme tous les autres Empires, paffa & fut détruite en Orient. Un Prince fugitif fe fauva en Espagne où il rendit célébre la famille d'Ommia, pendant que les Abbaffides en Orient s'établirent fur fes ruines.

Les Arabes avoient fait quelques conquêtes dans le Turkeftan & s'étoient avancés avec des armées nombreufes jufqu'aux environs du fleuve Ili. Un grand nombre de Turcs, qui étoient établis dans le voisinage du Maouarennahar, avoient été faits efclaves comme je l'ai remarqué. On en faifoit un trafic confidérable dans l'Empire des Arabes, les Khalifs en acheterent & aimerent mieux dans la fuite fe faire fervir par ces étrangers que par leurs propres fujets dont ils redoutoient l'autorité. Le Khalif Motaffem fut le premier qui donna du crédit à cette forte d'efclaves qu'il difperfa dans fes troupes. Cette milice étrangere, devenue d'autant plus infolente qu'elle fe fentoit foutenue par le Prince, fe rendit infupportable aux habitans de Bagdad, & le Khalif, ennuyé des plaintes qu'il en recevoit, préféra de fe retirer à Sarmanrai plutôt que de mettre un frein à l'infolence des Turcs. Sous Motaouakkel on les vit attenter à la vie du Prince; c'eft avec leur fecours que Moftanfer monta fur le thrône; Mostaïn reçut de leurs mains la couronne : enfin ils devinrent fi puiffans qu'ils difpoferent à leur gré de l'Empire, & obligerent les Khalifs de leur abandonner les plus grands & les plus beaux gouvernemens. Ils étoient des fujets infolens qui faifoient trembler leurs maîtres & difpofoient des places que le Khalif paroiffoit donner.

Le premier d'entre les Turcs qui ofa prétendre à la fouveraineté dans l'Empire des Khalifs eft appellé Ahmed fils de Thouloun, il étoit originaire de la Nation des

Tome II.

R

Après J. C.

Benbatrick

Aboulfa

radge.

Taribeli Bagargar ou des Turcs Cha-to, dont on a vû l'origine baki. (a) fon pere Thouloun (b) avoit été efclave du Khalif Mamoun. Ahmed né à Bagdad l'an 220 de l'hegire & de J. C. 835 avec des talens qui lui mériterent la confiance des Turcs, forma de grands deffeins & trouva toujours sa Nation difpofée à les feconder. Le Khalif Motaouakkel lui donna toutes les charges que fon pere avoit exercées. Dans la fuite il eut le gouvernement de Damas. Son exactitude à obferver les préceptes de l'Alcoran, (c) fa bonté, fa juftice, fon amour pour les fciences le rendirent célébre parmi tous les Mufulmans & fon courage parmi les Turcs.

Ahmed.
Emacin.
Aboulma-
bilen

L'an 868.

L'Egypte, qui avoit été enlevée autrefois aux Romains par un Capitaine Arabe nommé Amrou fous les Khalifat d'Omar, formoit alors un des plus beaux gouvernemens de l'Empire des Khalifs, Ahmed qui venoit de rendre de grands fervices au Khalif Motaz obtint ce gouvernement (d). On accufoit alors Ahmed d'avoir tué Moftaïn, que Motaz vouloit dépouiller du Khalifat. L'autorité d'Ahmed n'étoit point bornée à l'Egypte feule, le Khalif y avoit joint la Syrie jufqu'à l'Euphrate. Outre ce Gouverneur il y avoit encore en Egypte un grand Officier, dépendant directement du Khalif, qui étoit chargé de recevoir les tributs. Ses richeffes immenfes lui donnoient une grande autorité dans ce pays, Ahmed reçut de lui des préfens confidérables, qui cependant ne purent empêcher que la jaloufie ne fe mit entre eux. L'un & l'autre chercherent tous les moyens de fe nuire auprès du Khalif. Peut-être Ahmed eût-il fuccombé, mais la mort L'an 869. de Motaz qui arriva dans le même-tems (e) mit fin à ces difputes, & Ahmed fut confirmé dans le gouvernement d'Egypte.

Aboulmakafen.

Il ne fut pas plutôt entré dans ce pays, qu'il eut, ou

(a) Voyez le livre précédent.

(b) Ift mort l'an 240 de l'HEg. de J. C. 754.

(c) Il fuivoit la doctrine d'Aboubanifa.

(Dans le mois Ramadhan de l'an 254. de l'Hegire.

(e) L'an 255 de l'Hegire,

tre ces divifions particuliéres, une guerre à foutenir con- Après J. C. tre un Emir nommé Ahmed (a) de la famille des Thaba- Ahmed. thebites. Cet Emir s'étoit revolté (b) dans Alexandrie où il avoit un grand nombre de partifans qui étoient repandus dans tout ce pays jufqu'à Barca. Le rebelle fe retira enfuite dans le Saïd ou la Thebaïde ; il y fut battu & fa tête fut apportée à Ahmed (c). Cette revolte appaifée en vit naître une feconde dont le chef étoit Benef-fouphi (d). Cet Emir defcendant d'Aly ravagea une partie de l'Egypte, rem- L'an 870. porta (e) une victoire fur les troupes qu'Amed avoit envoyées contre lui; mais il fut enfuite vaincu à Akhmin & obligé de fe retirer en défordre à Louah.

L'Empire des Arabes, ébranlé par une fuite d'attentats que les Turcs commettoient, commençoit alors à fe démembrer. Motaz avoit été détrôné par les Turcs qui avoient mis fur le thrône Mohtadi; celui-ci s'étoit brouillé prefque auffi-tôt avec eux, & ces Turcs au nombre de Elmacin. dix mille, fous la conduite d'un de leurs chefs nommé Tagrab étoient venus l'affiéger dans fon palais. Le Khalif foutenu de quelques troupes s'étoit avancé pour les combattre, portant l'Alcoran pendu à fon col; mais il fut fait prifonnier & mis à mort après mille outrages. Les Turcs donnerent le Khalifat à Motamed. Pendant le regne de ce Khalif, Ahmed s'affermit de plus en plus dans L'Egypte. En même-tems des peuples nommés Zinges s'étoient rendus redoutables à Bafra, à Vafeth & dans les pays circonvoisins. Jacob le Soffaride s'étoit emparé de Balkh, de Nifabour & de l'Ahouaz. Haffan de la postérité d'Aly avoit enlevé aux Khalifs le Thabarestan, & Nafr de la Dynaflie des Samanides poffedoit le Maouarennahar & étendoit fa domination jufques dans le Turkeftan.

Bentchou

nah.

Telle étoit la fituation de l'Empire des Khalifs, elle Tabrefelcontribuoit beaucoup à augmenter l'autorité d'Ahmed dans mansouri.

(a) Bogha-clasfar le même que Ahmed, fils de Mohammed, fils de Thabatheba. (b) Dans le mois Dgioumadi el aoual de l'an 255.

(c) Dans le mois Schaban.

(d) On le nommoit Ibrahim, fils de Mohammed.

(e) Dans le mois Rabielaoual de l'an 256.

Ahmed.

Après J. C. l'Egypte & fur une partie de la Barbarie. La ville de Barca fitude entre l'Egypte & Tripoli venoit de fe revolter Aboulfedha contre lui, les rebelles avoient à leur tête un Emir appellé Mohamed (a). Ahmed envoya une armée (b) fous la conduite d'un de fes Généraux appellé Loulou. La ville fut prife & les principaux rebelles punis. Par cette victoire tout le pays de Barca rentra fous la domination des Thoulounides, pendant que le refte de la côte de Barbarie étoit poffedée par les Aglabites dont la Capitale étoit Caïrouan.

L'an 874.

L'an 877
Aboulma-

bafen.

Dans la fuite (c) Ahmed devint fi abfolu dans l'Egypte que le Khalif n'y conferva plus que le droit d'avoir fon nom fur les monnoyes, & d'être nommé dans la priere publique. Motamed en fut convaincu lorfqu'il voulut exiger qu'Ahmed lui remit les tributs; celui-ci le refufa & quoique le Khalif eut envoyé dans ce pays un Officier avec ordre de les recueillir, Ahmed donna cette charge à un autre (d) qui lui étoit entiérement dévoué: le Khalif par cette démarche fit voir à tous les peuples qu'il n'avoit aucune autorité dans ce pays. L'autorité de Alimed ne fut plus bornée à l'Egypte, il profita de la mort du Gouverneur de Damas pour envahir la Syrie. Il s'empara de Damas, d'Hemeffe, de Hama, d'Alep ; après quoi il marcha vers Antioche où commandoit un Emir appellé Sima, il le fit fommer de fe rendre. Sima ne voulut point obéir, on en vint aux mains, Sima fut vaincu & obligé de fe foumettre; alors Antioche (e) paffa fous le pouvoir L'an 878. d'Ahmed.

Ahmed devint par-là voifin de l'Empire Grec, l'Empereur de Conftantinople rechercha fon amitié & lui renvoya dans ce deffein Abdallah fils de Rafchid, un de fes Gouverneurs qui avoit été fait prifonnier autrefois les Grecs, l'Empereur y joignit un grand nombre d'autres prifonniers Mufulmans auxquels il rendit la liberté.

(a Mohammed fils de Pharab de Ferghana.

(b) L'an 261. de l'Hegire.

(c) L'an 264 de l'Hegire.

(d) Abou-ayoub-ahmed fils de Mohammed.
(e) Dans le mois Mouharam de l'an 2.5.

par

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