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obligé de ménager ces peuples. Enfuite le fils du Khan Après J. C. nommé Ye-hou fe rendit à la Chine avec un corps de Ko-le khan troupes de quatre mille hommes Il s'aboucha avec Koutfe-y qui regala tous ces Tartares, mais Ye-hou ne voulut avoir aucune part à cette fête, fous prétexte que dans la fituation où étoit alors l'Empire, on ne devoit s'occuper qu'à le délivrer de fes ennemis; il fe trouva dans une bataille qui fut donnée fur le bord de la riviere Fong où les rebelles avoient mis quelques troupes en ambuscade. Les Hoei-ke fondirent deffus & les diffiperent avec leurs fléches. Ils s'approcherent enfuite de Si-gan-fou avec le refte de l'armée impériale qui étoit compofée de Chinois, de Tartares, d'Indiens & d'Arabes (a). Les rebelles furent vaincus, les Hoei-ke furtout, qui les prirent par derriere, en firent un grand carnage: Gan-king-fu fils de Gan-lo-chan & qui lui avoit fuccédé après l'avoir fait poignarder, fut obligé d'abandonner la Cour orientale; c'eft-à-dire Lo-yam, & de fe retirer vers le nord. Quelques ennemis fecrets de l'Empereur porterent les Hoeike à mettre cette ville au pillage. Ces Tartares y firent pendant trois jours de grands défordres & diffiperent tous les magazins; ils ne s'arrêterent qu'à force de préfens. Cette conduite n'empêcha pas Ye-hou de fe rendre enfuite à la Cour, où la néceffité & le befoin des fecours obligerent l'Empereur d'oublier cette infulte. Ce Prince envoya au-devant de lui tous fes principaux Officiers & lui donna un grand feftin. Ye-hou lui propofa de laiffer fes troupes à la Chine & de repaffer en Tartarie pour y raffembler des chevaux, remonter la Cavalerie Chinoife & reprendre enfuite les villes qui étoient encore entre les mains des rebelles. L'Empereur le remercia de ces offres, lui donna le titre de Tchong-y-vam, & y joignit beaucoup de préfens qu'il promit de lui envoyer tous les ans en Tartarie

Le Grand Khan qui venoit de rendre aux Chinois des L'an 758. services fi importans fit demander en mariage une fille de

(a) Les Arabes avoient alors un grand commerce avec les Chinois.

Lie-tai-ki

fu.

fes ambaffadeurs fe trouverent à la Cour avec Après J. c. l'Empereur, Ko-le-khan ceux d'Abou-dgiafar al manfor fecond Khalif des AbbaffiVen-bien- des. Ils furent long-tems à difputer à qui auroit le pas & tum-kao. & entreroit les premiers dans la falle d'audience. Pour terminer cette conteftation, les maîtres des cérémonies Kam-mo. les firent entrer par des portes différentes. Il paroît que les Arabes né furent pas contens de la conduite des Chinois, ils brûlerent cette année Canton, pillerent tous les magazins & s'en retournerent fur leurs vaiffeaux. Le Khan obtint la Princeffe Chinoise, & le titre d'Im-vougoei-yuen-pi-kia-kioue-khan. L'Empereur fit conduire fa fille en Tartarie par Yu, & par plufieurs autres grands Officiers de l'Empire. Le Khan s'étoit mis fur fon thrône pour les recevoir, il avoit un bonnet comme les Tartares & une longue robe fort riche. Avant que de les in troduire, on demanda au chef de l'ambaffade à quel degré de parenté il étoit avec l'Empereur, & quand on fçut qu'il étoit fon oncle on le fit entrer. Le Khan voulut refter affis alors Yu refufa de le faluer, & lui reprocha de recevoir avec trop de fierté une Princeffe de la Chine & les ordres de l'Empereur. Ce Monarque, dit l'ambaffadeur, » en considération des fervices que vous lui avez rendus, » veut bien vous donner des marques de fon amitié en » vous envoyant fa propre fille qu'il aime tendrement. Dans les alliances que les Chinois ont faites avec les Tartares, ils n'ont jamais donné que des filles qu'ils » avoient adoptées, aujourd'hui c'eft la fille même de l'Empereur qui fait un voyage de dix mille li pour fe rendre auprès de vous, vous devenez gendre de l'Empereur, » au lieu de recevoir cette Priceffe avec refpect, vous »reftez affis fur votre thrône ! Ce difcours étonna le grand Khan, qui fe leva auffi-tôt & fe conduifit, dans cette cérémonie, au gré des Chinois. Le lendemain il donna à la Princeffe le titre de Khatoun, diftribua à tous ses officiers les préfens que l'Empereur lui avoit envoyés. Ce mariage répandit la joye dans tous fes états, il fit présent à I'Empereur de cinq cens chevaux & de quatre habits de martes zibelines, enfuite il envoya fon fils Ko-tcho à la tê

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te des trois mille cavaliers au fecours des Chinois; quel-
d'autres
que tems après il le fit fuivre par
troupes, & par un
Général qui amenoit trois filles du Khan pour remercier
l'Empereur de l'alliance qu'il venoit de contracter avec
les Hoei-ke, & lui annoncer en même-tems que le Khan
vencit de foumettre les Kien-kuen, peuples qui demeu-
roient vers Irkutskoy dans la Siberie le long de l'An-

gara.

rut,

Après J.C.
Ko-le-khan

Ju.

V'en--bien

Ces troupes Hoei-ke avec l'armée impériale furent dé- L'an 759. faites par les rebelles & obligées de fe fauver à la Cour Lie -tai-kide l'Empereur. Dans le même-tems le grand Khan mou- Tam-chos. fon fils Ye-hou ayant été tué auparavant à caufe de Kam-mo. fes crimes, les Hoei-ke mirent fur le thrône un autre tum-kao. fils nommé Y-ti-kien qui prit le titre de Meou-yu-khan, Teng-li on le nomme encore Teng-li-khan (a). Il étoit d'ufage que khan. les femmes qui n'avoient point eu d'enfants de leur mari, lorfqu'elles devenoient veuves fuffent enfevelies toutes vivantes avec lui; les Hoei-ke prétendoient que la Princeffe Chinoife devoit fe conformer à cette coutume; mais la Princeffe ne voulut jamais y confentir, & elle eut beaucoup de peine à obtenir qu'elle porteroit le deuil à la Chinoife,& pleureroit fon mari pendant trois ans. Cependant pour fe conformer en quelque chofe aux ufages de ces peuples, elle fe coupa le vifage en plufieurs endroits, enfuite elle eut la permiffion de s'en retourner à la Chine. L'année fuivante le grand Khan envoya à la Chine un de fes principaux Officiers nommé Kiu-lou-mo-ho-tarkhan pour faluer l'Empereur & la Princeffe veuve du feu Khan; L'an 762. l'Empereur accorda à ces Hoei-ke la permiffion de la voir dans le Palais.

L'an 760.

Kam-mo.
Lie-tai-ki-

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Après la mort de cet Empereur appellé So-tcong, & Iani-chow. lorfque Tai-tçong lui eut fuccédé, ce Prince pour appaifer les nouveaux troubles que la revolte de Sfe-tchao-y avoit occafionnés, refolut de mettre dans fon parti les Hoei-ke, & de renouveller avec eux les traités, dans l'espérance de tirer de ces peuples de grands fecours. Il

(4) C'eft-à-dire Khan divin, Tengri en Turc fignifie Dieu.

Ten-glikhan

Après J. C. envoya en Tartarie l'Eunuque Lieou-tcing-tan, mais Sfetchao-y avoit déja prévenu le Khan contre le nouvel Empereur, & les Hoei ke ne paroiffoient pas difpofés à fournir des troupes aux Chinois; ils prétextoient que l'Empereur étoit mort & que la Dynaftie regnante étoit détruite. Lieou-tcing-tan leur apprit que Tai-tçong qui avoit 'fervi autrefois dans les armées avec les Hoei-ke étoit parvenu à l'Empire, & que c'étoit lui qui recherchoit leur alliance, qu'ils devoient d'autant plus l'aider à dompter les rebelles, qu'ils avoient reçu autrefois beaucoup de préfens de lui. Les Hoei-ke qui n'étoient conduits que par des vûes intéreffées mirent fur pied une armée de cent mille hommes, & s'approcherent de la Chine, refolus de fe décider pour ou contre les Chinois, felon les circonftances & la fituation dans lefquelles ils les trouveroient: ils pafferent proche plufieurs villes qu'ils trouverent abandonnées, ce fut pour eux un prétexte de méprifer les Chinois & d'infulter leur ambaffadeur. Lieou-tcing-tan donna avis à l'Empereur de leur arrivée & de tout ce qui fe paffoit. Cette nouvelle jetta la confternation à la Cour. On ignoroit le deffein des Hoei-ke & on ne fçavoit fur quel pied les recevoir. L'Empereur envoya au devant du grand Khan un Officier moins pour le complimenter que pour obferver fes démarches. Le Khan avoit épousé une fille d'Hoai-gneng de la Horde des Pou-kou qui commandoit depuis long-tems les armées Chinoises, il demanda une conférence avec cet Officier, elle fut avantageufe aux Chinois. Hoai-gneng le détermina en faveur de l'Empereur. Les Hoei-ke vouloient entrer par Poukouon, paffer par Cha-yuen & fe rendre de-là dans l'Orient. Tfe-gang qui avoit été envoyé au devant d'eux, leur repréfenta que toutes les villes qui étoient fur cette route ayant été ravagées par les rebelles, on n'y trouvoit point de magazins; qu'il valloit beaucoup mieux tourner du côté de Tcing-king (a) afin de s'emparer en chemin des villes de Hing-tcheou (b), de Goei-tcheou (c) & de plusieurs (4) Elle porte le même nom & dépend de Tchin-ting-fou dans le Petcheli. (b) Aujourd'hui Chun te-fou dans le Percheli.

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( ) Aujourd'hui Goei-kiun-fou dans le Honan.

autres

Après J. C.

autres dans lesquelles il y avoit de vivres en abondance; il propofa plufieurs autres partis que les Hoei-ke ne vou- Teng-lilurent point écouter, & ils fe déterminerent pour le moins khan. fage, c'étoit celui de confommer tous les vivres qui étoient à Tay-yuen, & de rassembler pendant la route plusieurs corps de troupes.

L'Empereur de la Chine donna le commandement de toutes les armées au Roi de Yong fon fils, appellé Li-co; il nomma un grand nombre de Généraux pour commander fous fes ordres. Le grand Khan étoit venu camper à Chen-tcheou dans le Honan, & c'eft dans cette ville que le généraliffime de l'armée le vint faluer : la maniere dont il le fit ne parut point affez refpectueuse au grand Khan qui s'en plaignit. Tfe-gang lui répondit que ce Prince étant encore en deuil, il ne pouvoit s'acquitter de la foumiffion qu'il exigeoit de lui. Alors les Hoei-ke voyant que les Chinois n'étoient pas dans le deffein de céder,se faifirent de Tfe-gang & de plufieurs autres Officiers qu'ils firent fouetter fi cruellement, que plufieurs en moururent. Les Chinois fe retirerent auffi-tôt & voulurent faire main-basse fur les Hoei-ke; mais le befoin qul'ils avoient de ces barbares leur fit prendre le parti de la modération : toutes ces troupes fe réunirent & fe rangerent en bataille pour combattre; Sfc-tchao-y, Hoai-gneng & le Cha (a) de l'Orient étoient à l'avant-garde, le rebelle voulut les débaucher; mais les Hoei-ke envoyerent fes émiffaires à l'Empereur & marcherent à l'ennemi. Sfe-tchao-y fut battu fur le bord du fleuve Hoam, & on reprit Lo-yam. Après cette victoire le grand Khan envoya féliciter l'Empereur de la Chine & lui offrit les étendarts & le butin qu'il avoit pris. Il alla camper à Ho-yam proche Hoai-king-fou, & le Généraliffime fe retira à Lim-pao,pendant que Hoai-gnengpourfuivoit Sfetchao-y; ce rebelle fut pris & eut la tête tranchée. Alors tous les pays qui étoient au nord du Hoam rentrerent fous la domination de l'Empereur. Les Hoei-ke refterent campés pendant trois mois à Ho-yam où ils firent beaucoup de

(a) C'eft une grande charge de l'Empire des Hoei-ke qui peut répondre à celle de Vice-Roi.

Tome I.

C

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