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Après J. C. Teng-likhan.

L'an 763.

L'an 764.
Kam-mo.
Lie-tai ki-

Su.
Ven-bien-
tum-kao.

L'an 765.

défordres; ils pillerent Lo-yam & mirent le feu à deux temples de Fo, où plus de dix mille hommes s'étoient retirés, ils commirent plufieurs autres excès contre les Officiers Chinois, ils faifoient dans l'Empire plus de dégat que les rebelles, & obligeoient plufieurs Chinois à fe revolter contre l'Empereur. Le grand Khan, après s'être abouché avec Hoai-gneng, reprit la route de Ta-yuen-fou dans le Chanfi & s'en retourna en Tartarie. L'Empereur ferma les yeux fur toute la conduite qu'il avoit tenue à la Chine, & envoya en Tartarie un de fes Officiers pour donner de nouveaux titres à ce Khan (a).

:

Hoai-gneng que nous avons dit être un Hoei - ke qui étoit depuis long-tems au fervice de l'Empereur de la Chine, après avoir rendu de grands fervices à cet Empire, changea tout d'un coup de fentiment & fongea à fe revolter. Il voulut s'emparer de quelques poftes, mais il en fut chaffé. Il repaffa alors en Tartarie, où il raffembla les Hoei-ke & les Toufans ou Tibetans, & vint enfuite avec une armée de cent mille hommes à la Chine du côté de Si-gan-fou l'armée Chinoife qui étoit commandée par Kou-tse-y l'empêcha de pénétrer plus avant. Les Tibetans allerent prendre Pim-leam-fou; l'année suivante Hoai-gneng, avec un plus grand nombre de troupes de tous les barbares voifins, tant du nord que de l'occident, auxquels il en avoit impofé, entra dans le Chansi par différens côtés; mais fa mort qui arriva dans le même-tems mit la division parmi tous les barbares. Le Général Chinois nommé Kou-tfe-y fit propofer fecretement aux Hoeike de se joindre à lui pour battre les Tibetans : Yo-ko-lo qui commandoit l'armée des Hoei-ke cut avec lui une conférence, Ko-tfe-y reprocha aux Hoei-ke d'avoir oublié en fi peu de tems tous les bienfaits qu'ils avoient reçu des Chinois, & d'avoir pris le parti d'un rebelle. Il leur représenta que les Tibetans avoient des richeffes innombrables, & qu'il ne tenoit qu'à eux de s'en emparer s'ils

(4) Il lui donna le titre de Kie-tou-teng-li-ko-tcho-mi-to-ho-kiu-lou ing-y-kienkum pi-kia-khan, à impératrice celui de Kuam-tcin-li-hoa-pi-kia-khatoun & à fes principaux Officiers le titre de Roi.

Après J C.

khan.

vouloient fe déclarer pour les Chinois. Les Hoei-ke qui n'entreprenoient la guerre que pour piller, trouvant un Teng-liavantage plus grand à trahir leurs alliés, traiterent avec les Chinois; alors Kou-tse-y prit un vafe de vin dont il arrofa la terre en fouhaitant des millions d'années à l'Empereur de la Chine, au grand Khan & aux Généraux des deux armées, & toutes fortes de maledictions à ceux qui enfreindroient ce traité; le Général Hoei-ke fit de mê& fes Prêtres approuverent ce ferment. Auffi-tôt que les Tibetans eurent été informés de ce traité, ils prirent la fuite pendant la nuit, les Hoei-ke & les Chinois les poursuivirent: on les battit à Lim-tai, là on leur prit & on tua environ dix mille hommes; on leur enleva en mêmetems tout leur butin.

me,

Kam-mo.

Lic-tai-ki

tum-kao.

Les Hoei-ke qui venoient d'abandonner ainfi leurs al- L'an 768. liés, parce que leur intérêt qui faifoit la feule regle de leur conduite les y portoit, n'en étoient pas devenus plus f. fidéles aux Chinois, & ne cherchoient que l'occafion de l'en-bienrompre la paix. La Khatoun, c'est ainsi que l'on appelloit la femme du grand Khan, étant venue à mourir, l'Émpereur de la Chine, que la fituation de fes affaires & la crainte que les Chinois ont eu de tout tems des peuples de la Tartarie, obligeoient à ménager ces peuples, envoya au grand Khan un de fes principaux Officiers pour lui faire les compliments ordinaires fur la mort de la Princeffe. Les Hoei-ke, plus avides d'or que de ces vaines formalités, fe plaignirent à l'ambaffadeur de ce que les fervices qu'ils avoient rendus aux Chinois, non - feulement n'étoient pas recompenfés; mais encore de ce que l'on n'avoit pas pavé un grand nombre de chevaux que l'on avoit fait venir de Tartarie : l'ambaffadeur Chinois reprocha au grand Khan d'avoir fourni des fecours à Hoaigneng, d'être venu avec les Tibetans ravager les frontieres, & d'avoir été le premier à enfreindre les traités. Les Chinois dans ces fortes d'occafions faifoient valoir la moindre grace, ils voulurent faire paffer la paix qu'ils venoient de figner comme une grande récompenfe pour les Hoeike. Mais ces mécontentemens qui auroient pû faire naître

Après J. C.
Teng-li-

khan.

L'an 769.

Ju.
Kam-mo.
Ven-hien-
tum-kao.

une nouvelle guerre, n'eurent aucune fuite, le grand Khan ne les faifoit paroître que pour tirer des préfens, & l'Empereur de la Chine qui avoit befoin de la paix, dif-. Lietai ki fimuloit & prodiguoit fes tréfors. Enfuite le Khan fit demander en mariage la fille de Hoai-gneng, l'Empereur oubliant la revolte de cet Officier, & uniquement touché des fervices qu'il en avoit reçus, adopta cette Princesse Tam-chou. & l'envoya au Khan. Ce fut encore une occafion pour les Hoei-ke de vouloir exiger le payement de leurs chevaux & l'exécution des traités qu'ils avoient plus violé que les Chinois. Leurs ambassadeurs qui étoient à la Chine y exercerent en même-tems des violences que l'Empereur n'auroit pas dû fouffrir; ils entrerent dans quelques temples de Foqu'ils pillerent, & y enleverent une troupe de jeunes L'an 772. gens que l'Empereur n'ofa leur redemander. C'étoit ainfi que ces Tartares follicitoient depuis long-tems la paix & la liberté du commerce que les Chinois ne vouloient point leur accorder, mais qu'ils n'ofoient leur refufer. La foiblef se où se trouvoit l'Empire autorifoit les Hoei-ke à mettre L'an 775. leurs chevaux à un très-haut prix; la plûpart de ceux qu'ils amenoient étoient maigres & incapables de fervir ; les Officiers Chinois, chargés de veiller fur ce commerce, les rejettoient; mais l'Empereur leur ordonnoit de les recevoir. Les Hoei-ke tirerent de-là un profit immenfe & s'appercevant combien on les redoutoit à la Cour de l'Empereur, ils ne tarderent pas à reprendre les armes, & vinrent faire des courfes du côté de Ning-hia, pendant que les Tibetans, dont la puiffance augmentoit tous les jours, étoient entrés dans la partie occidentale du Chenfi. Les Hoei - ke furent battus & obligés de fe fauver en défordre.

L'an 778,

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Dans la fuite ils rentrerent dans le Chanfi du côté de Ta-yuen: les Chinois qui n'oferent aller à leur rencontre, propoferent de faire conftruire quelques forteresses pour les enfermer; mais on rejetta cet avis, un des Généraux marcha contre eux, & fut battu ; les Hoei-ke fe repandirent alors dans tout le pays, & y firent de grands ravages, jufqu'à ce que le commandant de Tai-tcheou les deffit & les contraignit de s'en retourner.

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Après J.C.

L'an 780.

Jufqu'alors les Hoei-ke avoient toujours vêcu avec beaucoup de fimplicité comme tous les Tartares, on n'a- Teng-livoit remarqué aucune différence entre le Prince & le fu- khan. jet, & ils avoient été fort unis entre eux; mais depuis que le commerce avec la Chine & furtout les préfens confidérables qu'ils en retiroient, leur eurent fait connoître le luxe, le grand Khan Teng - li commença à abandonner ces moeurs antiques; il chercha à rendre Sa Majefté refpectable par l'éclat de l'or; il bâtit de magnifiques palais & donna à fes femmes de fuperbes habits. Dans le tems que tous fes fujets lui repréfentoient que la mort de l'Empe reur Tai-tçong qui venoit d'arriver, lui offroit une occafion favorable d'entrer dans la Chine, & qu'il faifoit tous les préparatifs néceffaires pour cette expédition un de fes principaux Officiers nommé Tun-mo-ho voulut arrêter les progrès du luxe, il blâma la conduite du grand Khan; mais il ne fut point écouté. Alors Tun-mo-ho, rassembla ceux des Hoei-ke auxquels cette expédition déplaifoit, il marcha contre le grand Khan & le tua; il prit lui-même ce titre, & fe fit appeller Ho-ko-tou-lou-pi-kia-khan. Il fit Pi-kia-kham auffi-tôt demander à l'Empereur de la Chine le diplome d'inveftiture, & il l'obtint avec le titre de Vou - y -tchimkum-khan.

Depuis long-tems il y avoit à la Cour de la Chine un grand nombre d'Hoei-ke avec leurs ambaffadeurs, ils y commettoient des excès qui obligerent enfin l'Empereur à leur ordonner de fe retirer : ils emporterent avec eux beaucoup de richeffes; mais ils fe conduifirent encore fi infolemment dans leur route, & ils firent tant de dégât dans les campagnes que Tchang-kuam-tching demanda à l'Empereur la permiffion de les attaquer. Ce Prince ne voulut pas le permettre; mais quelques mauvais traitemens que ces barbares firent à un Officier, irriterent tellement Tchang-kuam-tching qu'il rassembla fes troupes & tua environ neuf cens Hoei-ke, il n'en referva que deux qu'il renvoya en Tartarie pour informer le grand Khan des défordres que fes fujets avoient commis & de la punition qu'ils s'étoient attirée. L'Empereur pour appaiser le Khan

Après J. C.
Pi-kia-khan

fit reconduire le corps de l'ambaffadeur Hoei-ke en Tartarie. Le grand Khan envoya au-devant des Chinois fon L'an 782. Miniftre Kie-tfu-kia, qui les reçut dans le pays de Tatong-fou dans le Chanfi, blama leur conduite & voulut qu'on lui remit quatre des meurtriers. Il les retint pendant cinquante jours, enfuite le grand Khan fit dire à l'ambaffadeur Chinois que tous fes fujets demandoient fa mort; mais qu'il ne vouloit point y confentir, & qu'il oublioit l'action des Chinois. Il redemanda encore l'argent qu'il prétendoit lui être dû pour le prix d'un grand nom bre de chevaux qui avoient été vendus à l'Empereur.

L'an 787.

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Kam-mo.

Tam--chou.

Dans la fuite le grand Khan envoya beaucoup de préLie-tai-ki- fens à Te-tçong Empereur de la Chine, & demanda en même-tems une Princeffe Chinoife en mariage: l'Empereur, Ven-bien- mécontent de la conduite que les Hoei-ke avoient tenue tum-kao. de tout tems à l'égard des Chinois, n'étoit point porté à lui accorder cette grace; mais comme les frontieres feptentrionales étoient entiérement dégarnies de cavalerie, Limi propofa à ce Prince de faire la paix avec les Hoei-ke parce que ce feroit un moyen sûr de tirer des chevaux de Tartarie; il lui confeilla en même tems de faire alliance avec les Rois du Yun-nan, avec le Khalif de Bagdad', & avec les Indiens qui l'aideroient à détruire la puiffance des Tibetans. Il l'engagea encore à oublier toutes les infultes qui avoient été faites aux Chinois par les Hoei-ke. L'Afie étoit alors partagée en fix grands Empires, celui de la Chine dans l'orient, au midi le royaume de Yun nan & l'Empire des Indes, dans l'occident l'Empire de Khalifs qui s'étendoit jufqu'aux frontiéres de celui du Tibet; celui-ci occupoit le milieu de l'Afie & le nord étoit poffedé par les Hoei-ke. Les Tibetans étoient continuellement en guerre avec les Khalifs, & les Chinois avoient intérêt de refter unis avec ces derniers, afin d'être plus en état de repouffer les Tibetans qui faifoient fouven: des tourfes dans l'Empire. L'Empereur fuivit le confeil de Li-mi, confentit à la paix & accorda une Princeffe Chinoise au grand Khan,

L'an 788.

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Auffi-tôt que ce Khan eut été informé que la Princesse

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