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que

Après J. C.

ces deux Officiers fit beaucoup de tort à Li-ke-yong, fon parti s'affoiblit & celui de Tciuen-tchong n'en devint plus redoutable. Li-ke-yong battit enfuite les Tou-ko- Li-ke-yong. hoen dont il tua le chef nommé He-lien-to qui s'étoit toujours déclaré contre lui auprès de l'Empereur. De-là il marcha_contre Li-kuam-tcheou qui faifoit des courses dans les Provinces de fon gouvernement; il détruifit Voutcheou ou Kou-kou-hotun, affiégea Sin - tcheou (a) qu'il prit, après avoir battu les troupes que Li-kuam-tcheou avoit envoyées pour la défendre; il mit en fuite ce Général dans une feconde action & vint attaquer Yeou-tcheou ou Pe-kim où il entra au commencement de l'année suivante.

gou

L'entreprise hardie de quelques Officiers de l'Empereur qui s'étoient mis à la tête des troupes fans aucun ordre, & qui paroiffoient vouloir disposer à leur gré du vernement de l'Empire, obligea de nouveau Li-ke - yong d'offrir fes fervices à l'Empereur Chao-tçong. On peut juger, par l'indépendance dans laquelle étoient la plupart

tous ces Généraux, de la véritable fituation de l'Empire de la Chine. Li-ke-yong s'avança auffi - tôt jusqu'à Kiang-tcheou dans le Chanfi dont il s'empara. Les Généraux rebelles n'eurent pas plûtôt appris fa marche qu'ils fe retirerent vers Si-gan-fou, où s'efforçant de faire paffer Like-yong pour un rebelle, ils voulurent engager l'Empereur à quitter cette Capitale, pour se retirer dans Fongfiang-fou ou dans quelqu'autre place; il y eut beaucoup de troubles à cette occafion dans Si-gan-fou, tout le peuple étoit fous les armes, le trop foible Empereur, qui mettoit toute fa confiance dans fes propres ennemis, crut devoir aller fe renfermer dans la fortereffe de Che-muen. Les troupes de Li-ke-yong qui s'approchoient de la Capitale défirent celles de Vam-him-yu un des rebelles, & envoyerent à l'Empereur un officier qui avoit été fait prifonnier. Alors Li-meou-tchin, autre rebelle que cet éxemple effraya, fit couper la tête à fon fils adoptif Li-ki-pong & l'envoya à l'Empereur afin d'obtenir fa grace. L'empe

(4) Aujourd'hui Pao-gan-tcheou.

L'an 895

Li-ke-yong.

Après J. C. reur fe laiffa toucher par cette apparence de foumiffion, & fit prier Li-ke-yong de ne point attaquer Li-meou-tchin, & de joindre au contraire fes troupes à celles de ce général pour aller contre Vang-hing-yu. Li-ke-yong envoya fon fils Li-tfun-hiu, alors âgé de douze ans pour faluer l'Empereur. Tchao-tçong fit beaucoup de careffes à cet enfant, l'exhorta à fervir fidélement la famille Impériale & dit publiquement qu'il le regardoit comme le plus ferme appui de l'Empire. Il ne prévoyoit pas alors que ce jeune Prince Turc feroit un jour Empereur.

Lie-tai-ki

Ju.

Kam-mo.

Vang-hing - yu après la perte de la bataille s'étoit fauvé à Ning-tcheou où Li-ke-yong le vint auffi-tôt affiéger. La ville fut prife, & Vang-hing-yu, en voulant fe fauver, fut arrêté par ceux de fon parti qui lui couperent la tête. Alors l'Empereur convaincu de la fidélité de Li-ke-yong, & touché de fes fervices, lui donna le titre de Roi de Tçin. Li-ke-yong, avant que de reprendre la route de Tçin-yam, ou Ta-yuen, écrivit à ce Prince une Lettre pour le remercier, & le prier en même-tems de lui laiffer profiter de fa victoire pour aller prendre Fong-fiang-fou, où les autres Généraux s'étoient retirés; l'Empereur qui n'étoiɛ environné que des Ennemis de Li-ke-yong qui lui repréfentoient fans ceffe qu'il y avoit tout à craindre de ce Ture & de fes fujets, fi on lui laiffoit prendre la fupériorité, répondit que Li-meou-tchin & les autres Généraux, ayant reconnu leur faute, & étant venus auprès de lui, il falloit procurer aux foldats un repos dont ils étoient privés depuis fi long-tems. Li-ke-yong, peu fatisfait de cette réponse de l'Empereur, dit à l'Envoyé qui la lui apporta, qu'il voyoit bien que ce Prince fe défioit de lui, & qu'il ne cherchoit qu'à l'éloigner,pour s'abandonner entre les mains de fes plus cruels ennemis, que tant que Li-meou-tchin auroit du crédit, & qu'on le laifferoit maître de toute l'autorité dont il s'étoit emparé, l'Empire ne pourroit jouir de la paix pendant un feul jour. Comme il étoit de l'intérêt de ces Généraux d'empêcher que Li-ke-yong ne vint à la Cour, l'Empereur qui ne fuivoit que leurs confeils, fit fçavoir au prince Turc qu'il l'exemptoit de ce cérémo

nial. Li-ke-yong irrité des foupçons injuftes que l'on avoit Après J. C. de fa conduite, dans le tems qu'il ne s'occupoit qu'à délivrer l'Empereur, emmena fes troupes & fe retira à Tein- yong. yam. Mais il ne fut pas plûtôt retiré que l'Empereur ne tarda pas à reconnoître la faute qu'il venoit de faire. Il ne lui reftoit aucune efpérance de fecours, & il fe trouvoit feul au milieu d'une foule de Généraux qui ne cherchoient qu'à profiter de fa foibleffe pour lui enlever l'Empire. Li-meou-tchin & Han-kien, pendant tout le tems que Likeyong étoit campé dans les environs de Si-gan-fou n'avoient ofé remuer; après fon départ, Li-meou-tchin fe rendit maître de la plupart des Places, l'Empereur fut forcé de faire marcher le peu de troupes qui lui étoient attachées. En même-tems Tciuen - tchong faifoit la guerre à Li-ke-yong fu dans le Petcheli, & battoit fes Généraux.

Pendant que les chofes fe paffoient ainfi dans les provinces, la Cour étoit encore dans de plus grands troubles. Li-meou-tchin ofa venir trouver l'Empereur pour lui représenter que les Princes raffembloient des troupes fans aucun fujet, & demanda la permiffion d'aller les arrêter & de les conduire aux pieds de fon thrône pour obtenir leur pardon. Il feignoit de ne pas croire que ces troupes étoient levées par ordre de l'Empereur. Un Prince plus ferme eut fait arrêter le rebelle, mais on n'ofa tenter un coup fi hardi, & le Monarque ne trouva d'autre parti à prendre que celui d'avoir recours à Li-ke-yong; il le fit inftruire de sa situation. Dans le même tems Li-meou-tchin s'approcha de Sigan-fou & battit l'armée Impériale. Dans cette extremité quelques Miniftres propoferent à l'Empereur de fe retirer vers Tai-yuen dans le Chanfi auprès de Li-ke-yong. L'Empereur s'avança dans ce deffein jufqu'au nord de la riviere Kuei, alors le traître Han-kien voulut engager ce Prince à fe retirer à Hoa-tcheou, Chao-tçong rejetta d'abord cette propofition & continua toujours fa route. Mais fa crainte augmentant de plus en plus, il délibéra de nouveau avec Han-kien, qui fe profterna à fes pieds & le fupp'ia de ne pas abandonner le Chenfi qu'il ne reverroit jamais s'il le quittoit. Ce Prince qui n'avoit pas la confiance qu'il de

L'an 896.

Kam-mo.

Li-tai-ki

Tam-chou,

Après J. C.

Li-ke-yong

L'an 897.

L'an 898.

voit avoir dans Li-ke-yong, & que celui-ci méritoit, fe détermina à aller à Hoa - tcheou, pendant que Li-meoutchin mit partout le feu dans Si-gan-fou où il étoit entré. Li-ke-yong, en apprenant cette nouvelle, fut au défespoir de ce qu'on n'avoit pas fuivi fes confeils, il leva des troupes de tous côtés, & fit offrir ses services à l'Empereur. Mais ce Prince qui fe laiffoit conduire par le traitre Hankien les refufa encore.

Li-ke-yong ne laiffa pas de fe préparer à marcher contre les rebelles. Il manda les troupes de Pe-king, place dont il avoit fait la conquête quelque tems auparavant; mais le Gouverneur qu'il y avoit laissé refufa de marcher, & vint faire avec les Tartares Khitans, auxquels il s'étoit réuni, quelques courfes dans les pays occupés par Li- ke - yong. Ĉe Général des Turcs forcé d'aller attaquer le rebelle fe laiffa battre, pour ne s'être pas affez tenu fur fes gardes & s'être enyvré dans un feftin, dans le tems qu'il alloit livrer le combat. Il reconnut fa faute après l'action, il l'avoua publiquement, mais il reprocha en même-tems à fes Généraux d'avoir manqué de courage. Ce revers donna le tems aux Généraux rebelles de fe préparer à fe défendre, ils voulurent exiger de l'Empereur, dont ils étoient en quelque façon maîtres, la permiffion d'aller attaquer Li-ke-yong, mais ce Prince eut affez de fermeté pour ne la leur point accorder.

Li-meou-tchin fut informé dans ce tems-là que Tçiuentchong, qui s'étoit emparé d'une partie du Ho-nan, faifoit fortifier Lo-yam; dans la crainte que l'Empereur ne voulut fe rendre dans cette Place, il parut fe repentir de tout ce qu'il avoit fait auparavant, & fupplia ce Prince de permettre qu'on reparât Si-gan-fou. Han-kien fut chargé de veiller aux ouvrages, & ces deux Officiers propoferent en mêmetems la paix à Li-ke-yong, celui-ci l'accepta, & marcha en conféquence contre Tçiuen-tchong. L'Empereur, victime des divifions qui regnoient parmi tous ces grands vaffaux, fit fon poffible pour rétablir la paix. Li-ke-yong y étoit naturellement porté, mais Tçiuen- tchong rejetta toutes les propofitions qu'on lui fit, & continua la guerre

dans le Petcheli. Li-ke-yong fut contraint d'envoyer plufieurs corps de troupes pour arrêter les progrès que ce re- Li-ke-yong belle faifoit. Tçiuen - tchong s'emparoit toujours de nouyelles Places.

Telle étoit la fituation de cet Empire, lorfquè les Eunuques formerent le projet hardi d'arrêter l'Empereur, & fe réunirent à plufieurs autres Officiers pour le dépofer. Ce Prince, que les troubles de l'Empire ne rendoient pas plus attentif au Gouvernement, donnoit lui-même à ses ennemis les occafions d'en fufciter de nouveaux. Il étoit allé à la chasse où il s'étoit enyvré ; le vin lui fit commettre quelques violences qui exciterent une émeute confidérable dans fon palais. Lorfqu'il rentra, il fit mourir quelques filles, les cris qu'elles jetterent obligerent de fermer les portes. Le lendemain Lieou-ki-chou un des premiers Enuques raffembla mille hommes, & s'étant informé du du fujet du tumulte, il réfolut avec Tfoui-in de déposer ce Prince, ou au moins de donner le Gouvernement de l'Empire au Prince héritier. Tous ces Officiers forcerent le palais & y entrerent les armes à la main: ils fe faifirent de l'Empereur que le grand bruit avoit effrayé & le firent enfermer avec l'Impératrice & plufieurs autres femmes, dans un lieu féparé dont toutes les portes étoient bien gardées. Ils avoient fait écrire fur le fable, que ce Prince ne fe trouvoit dans ce malheur que pour n'avoir pas fuivi les confeils qu'on lui avoit donnés. On conferva feulement une ouverture par laquelle on donnoit à boire & à manger à ces prisonniers. L'Empereur demanda plusieurs fois du papier & des pinceaux pour écrire, écrire, mais on les lui refufa; les Princeffes dont les habits étoient déchirées, jettoient inutilement des cris qu'on entendoit au-dehors du palais. Lieou-ki-chou alla trouver le Prince héritier, lui préfenta un faux ordre de l'Empereur, par lequel ce Prince lui abandonnoit le thrône, & fit mourir enfuite tous les Officiers qui étoient attachés à l'ancien Empereur.

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L'an 899.
L'an goo.

Le Miniftre Tfoui-in n'avoit acquiefcé aux volontés de L'anges. Lieou-ki-chou que parce qu'il ne pouvoit s'y oppofer, mais auffi-tôt qu'il s'apperçut que quelques Généraux fongeoient

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