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La confiance du Roi que vous auriez obtenue, quand : elle n'auroit pas été héréditaire dans votre illuftre Maifon, n'eft pour vous, MONSEIGNEUR, qu'un moïen d'exercer des Talens fupérieurs, & de faire éclatter des vertus plus précieuses encore que

les talens.

C'est par vos travaux que notre Commerce s'eft agrandi dans des tems plus heureux, & qu'il se foutient dans des conjonctures fi difficiles; c'est par vos décifions, & par vos exemples, qu'on y voit régner la bonne foi; c'est par votre vigilance que nos Manufactures toujours floriffantes, rendent les autres Nations comme Tributaires de notre Industrie; c'est par votre activité féconde en ressources, que notre Marine reçoit une nouvelle existence ; c'est enfin par une jufte difpenfation des Tréfors de l'Etat que vous hatez les progrès des Sciences & des Arts dans le fein du Roiaume, tandis qu'au fond de l'Affrique vous rendez à d'infortunés, mais vertueux Efclaves, une liberté qu'ils ne regardoient pas comme possible. ( * ).

Que de Titres ! pour offrir à VOTRE GRANDEUR un Ouvrage qui a quelque rapport au bien Public, & qui tend à répandre une Théorie, qui, fi elle étoit bien expliquée, pourroit contribuer à perfectionner le Commerce en en banniffant l'erreur.

(*) Par les Ordres de Mr. le Comte de Maurepas, on avoit tenté pendant bien des années, de faire le fameux rachat des Efclaves François qui. gémiffoient,depuis 30 ans, dans les Fers du Roi de Maroc. Sous les mêmes ordres nous eûmes le bonheur de l'exécuter vers la fin de 1737. Les dernières Pages. de ma Préface circonftancient mieux ce fait.

Ce n'est qu'en faveur de ces vûës, fi conformes aux vôtres, MONSEIGNEUR, que j'ofe efpérer de vous faire agréer ce prémier effai de mon Zéle, & les affurances du plus profond Respect avec lequel j'ai l'honneur d'être ;

Hist. I sci. Blanchard

8-17-36 32610

DE VOTRE GRANDEUR,

Le très-humble très-obéïffant,

& dévoué ferviteur.

JEAN LARUE,

C

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PREFACE

E n'eft point par vanité ou par le défir de m'ériger en Auteur, que j'ai pris la Plume; deux motifs plus attraians pour moi, m'y ont déterminé : le prémier,comme le plus naturel,

a été de laiffer à mes enfans, avec un gage de mon amour pour eux, une inftruction fur ce qu'ils devront fçavoir, & un exemple de ce qu'ils doivent faire un jour.

Le fecond plus général, mais auffi fort, a été de me rendre utile á ma Patrie en rémédiant aux injures que le tems a fait aux bons ouvrages qui ont précédé celui-ci, & en répandant une clarté qui femble avoir été réfusée exprés sur les autres.

Guidé par ce double motif, je n'ai épargné ni mes foins, ni mes veilles, pour donner à l'Ouvrage que je présente au Public ce degré de jufteffe, ou de perfection, dont il doit être fufceptible, & je me fuis perfuadé, fur les avis d'un de ces hommes qu'on nomme du métier, (*) qu'en me fervant du ftile Epiftolaire, je traiterois avec plus d'ordre, & plus de netteté des matières abstraites par elles-mêmes.

Quand je commençai cette forte de Correfpondance mon deffein n'étoit pas de la pouffer fi loin;mais l'expérience

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m'ayant appris plus d'une fois, que les préceptes que l'on laiffe par écrit font une plus longue, & plus sûre impreffion fur l'efprit des jeunes gens,que les préceptes de vive voix, dont l'éficacité pour l'ordinaire ne frappe qu'autant de tems que dure le fon de la voix qui les donne; je me vis par là comme engagé à une chofe à laquelle je m'attendois le moins; c'est-à-dire à instruire les autres, moi qui me trouvois avoir plus befoin d'inftruction que perfonne; mais réflechiffant enfuite & me rapellant que beaucoup de jeunes gens fe dévoüent au Commerce fans avoir reçû auparavant toute l'éducation qu'il demande, j'ai crû que fi je parvenois à mêler aux leçons que je leur donne ici pour les rendre habiles Négocians, que fi j'y mêlois, dis-je, des préceptes de Candeur & de Probité, j'aurois l'avantage de leur infpirer à bonne-heure, cette droiture qui caractérise de vraie Nobleffe, le Négoce & ceux qui négocient; aussi est-ce l'objet que je me propose principalement dans tout le cours de cet-Ouvrage, qu'on peut regarder auffi comme une espèce de Rudiment, que je mets dans les mains de la Jeuneffe pour en faire une étude férieufe & affiduë.

Après cette petite digreffion, que j'ai crûe indispensable, je vais rendre compte de la conduite, que j'ai tenûë dans la direction de ce même Ouvrage.

Pour que ce foit d'une manière plus inftructive, je ferai obferver en prémier lieu, qu'il y a quelques matières qui paroîtront tranfpofées de l'endroit naturel où il fembleroit qu'elles devroient être; mais j'ai fait exprès ces transpositions, comme par exemple, celle de la différence des poids de quelques Villes du Roïaume, après l'addition à la page 14. afin que les Domestiques du dernier ordre, qui font ordinairement chargés de faire péfer les Marchandifes de peu de valeur, trouvaffent à la fuite de cette Régle (la feule qu'on peut fouvent leur faire apprendre) ce qui leur eft néceffaire dans ces occafions-là.

En

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