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neuve 17, ce qui fait une différence, entre ces deux prémières espéces de Reaux, comme de 32à 17; c'est-à-dire 53+ pour cent; car 100 Réaux de Vellon ne valent que 53+ Réaux de Plate-vieille: comme ceci eft un fait certain ; il en résulte que cette Banque renduë facile eft la chofe impoffible, au-moins fur cet Article, &c. Ce n'eft pas qu'on ne doive être sensible au zéle & à l'envie qu'a eu cet-Auteur de bien faire: je dirai même, que fi le Corps de fon Ouvrage étoit mieux dirigé, qu'il fut plus complet, qu'il ne fît pas tout rapporter à fon feul Genève, qu'il eut des Index ou Tables, pour trouver facilement ce que l'on y cherche, il feroit très-estimable, d'autant mieux que ce qu'il a pris du Traité de la Combinaison des Changes de l'habile Mr. DARIUS y eft bien difpofé. Je dirai encore & férieusement, car il m'eft toûjours doux de rendre justice, qu'un homme qui eft capable d'une fi vive conftance, pour tant chiffrer, peut être propre à des chofes plus importantes, & qu'il eft dommage de le laiffer oifif; mais je ne puis taire, que fi Mrs. Savari, Ricard, VViertz &c. avoient écrit dans des tems fi près du nôtre, on n'auroit point,je fuis fûr, à les reformer (comme il faut que je le fasse à préfent) fur des fautes auffi marquées,& fi ce dernier en a fait quelques autres,l'obscurité de fa façon de propofer les Questions & l'infuffifance de ses préceptes pour les réfoudre, ne font pas des chofes à lui reprocher, parcequ'il eft convenu lui-même,qu'il n'avoit écrit que pour les Sçavans.

Je reviens à l'analyse de cette Banque renduë facile. Je croirois que fi au lieu de fes comptes faits pour Genève l'Auteur s'étoit attaché à enseigner la façon d'opérer réciproquement pour toutes les Places, il auroit beaucoup mieux réüffi; je ferois même le prémier qui lui en aurois obligation, parcequ'il m'auroit épargné beaucoup de peine : peine que je ne fuis néanmoins pas faché d'avoir prise; puifque j'ai eu la fatisfaction de voir des perfonnes qui n'avoient

aucune notion des Changes, & qui ne fçavoient que les quatre prémières Régles d'Arithmétique, réfoudre parfaitement toutes les Queftions qu'on leur propofoit, après avoir cherché à la Table la Place qui en étoit l'objet, en fubftituant leur fomme à la mienne & leur Change au mien, & en fuivant l'instruction que j'ai mife, au bas de mon Opération. (*)

Il réfulte de tout cela que je n'ai pas travaillé pour les paresseux, ni pour les fçavans; mais pour ceux qui veulent avoir leur mémoire foulagée, & pour ceux qui veulent apprendre à peu de frais, ce qui m'en a couté beaucoup.

Je m'attens qu'on me reprochera, d'avoir affecté dans les descriptions que j'ai faites des Places Cambistes de l'Europe, au-lieu du ftile amical que je promettois, un ftile Méthodique que je n'ai pû foûtenir, parcequ'il étoit au-dessus de mes forces; & d'un autre côté que fçai-je si l'on ne que fçai-je fi l'on ne dira pas qu'il n'y a aucune élégance dans le refte de l'Ouvrage; cela pourroit-être, d'autant que je n'ai point prétendû le donner en des termes fublimes, où les aurois-je pris? Et même appartient-il à un Négociant de marquer les écrits de ce fceau respectable? Cependant pour peu que l'on examine,on trouvera quá mefure que j'avance en matière je parle,il me semble, d'une façon mieux chatiée, que lorfque, dans un commencement, j'adresse mon discours à un jeune Ecolier qui eft aux prémiers Elemens de l'Arithmétique, & c'est ce qui a fait ma plus grande peine, d'aller ainfi comme par degré; mais après tout,qu'importe au Malade que les ordonnances de fon Médecin foient faites en des termes pompeux, ou avec ceux de la plus baffe Latinité, pourveu qu'elles indiquent les remédes,feuls capables de lui rendre la fanté ?

Je dirai néanmoins, pour juftifier mes expreffions fimples & peu figurées, que je ne m'en fuis fervi qu'à dessein de me faciliter la traduction que je veux faire de cet-Ouvrage en [*] Voyez la Note mise à châque Traité des Changes.

Langue Lipagnole afin de donner une nouvelle intimité à nos deux Nations par la Communication de leurs richeffes, dont les Changes font le grand mouvement, & l'Arithmétique le Principe!

Je n'ai fait fuivre,à ce qui concerne les Changes des Places, que les feuls principes des Arbitrages; parceque j'ai crû inutile de donner tout ceux qui peuvent fe faire à préfent; par la raison que le Change qui en eft la Pierre Angulaire étant d'une nature variable, comme fon étymologie l'annonce ils ne feroient pas d'une meilleure & plus fûre stabilité pourquoi donc donner autre chofe que ces Principes à ceux qui ne les fçavent pas ?

Je donne le Titre d'unique à ma méthode de trouver le pair d'une Monnoie de Change, parcequ'elle l'eft en effet, puifque perfonne ne la donnée dans le goût que je le fais; je veux dire par la valeur de l'efpèce (monnoiée) dans fon Païs; par celle que nous donnons à la nôtre & par le Poids & le Titre que nous trouvons à l'une & à Ï'autre : C'est affûrément l'unique bonne voye & celle l'on doit tenir pour ne point s'égarer fur cette matiére, comme étant le moïen vrai & solide, & celui à qui la plus exacte recherche ne peut trouver à redire.

que

Je dirai peu de choses, de l'inftruction que je donne fur les termes du Commerce, & fur les principaux ufages de la Banque, &c. Ceux qui l'examineront à loifir, en diront peut-être, plus de bien, que je n'oferois en dire, parcequ'il y a beaucoup du mien; mais j'avoue auffi qu'on doit l'utile qu'on y trouvera à l'excellent Canevas que j'en avois Canevas que je ne me vante point d'avoir couvert, ni de ma Soye, ni de mon Or!

Je m'étois enfin proposé de ne donner dans ce Volume, que des matiéres feulement à l'ufage des jeunes Négocians; mais pour rendre un peu complette la prémière de ces cinq parties, c'est-á-dire, le Traité de l'Arithmétique,

j'ai

j'ai été obligé d'y mettre quelques Chapitres qui concernent le Militaire, la Géométrie, &c.

Mon ambition, ami lecteur,feroit d'avoir fait un Ouvrage qui répondît au plus vif de mes désirs, c'est - à - dire qui fût utile à cette jeune, chere, & tendre portion du Pu blic, à ces aimables élèves du Commerce,que nous voyons naître & croître fous nos yeux,avec des espérances fi flatteufes, pour l'Etat & pour un chacun en particulier : Que je ferois heureux, fi j'y étois parvenu! Et fi après les avoir inftruit des fciences, qui peuvent les mettre & les maintenir dans l'opulence, j'acquerois par cet-Ouvrage & par d'autres leur reconnoiffance : j'appellerois cela ma feconde fortune, puisque je crois en avoir déja fait une,non moins précieuse, en coopérant,fans intérêt, en 1737. avec J. B. Larue mon Germain, à la liberté de 75 Efclaves François, qui étoient Captifs & opprimés à Miquenès dans le Roiaume de Maroc.

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Quelle joie ne reffentis-je pas alors de voir que je n'avois pas témoigné une infructueufe compaffion pour ces chers Compatriotes! mais je dois l'avouer, toute la force d'efprit que je montrai (s'il m'eft permis de me fervir de cette expreffion) & les divers expédiens que j'imaginai pour réüffite de cette pieufe négociation,n'étoient qu'une lumiére réfléchie & qui venoit de plus loin: Monfieur le Comte de MAUREPAS nous avoít honoré de fes Ordres,en nous exhortant avec des entrailles du Pere le plus tendre, à nous y comporter avec tout le zéle, dont de dignes Sujets du meilleur & du plus grand des Rois, peuvent être capables: preffés ainfi d'exemples, & animés par la préfence de Mr. le Chevalier de CAYLUS, qui, par la noblesse de ses fentimens, la fagacité de fes vûes, & les charmes puissans de fes manières polies & engageantes, rendoit tout poffible; avec de telles excitations, dis-je, qui ne fe feroit expofé à des périls, encore plus grands

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que ceux que je courus? Avec quelle effufion d'un cœur chrêtien, fenfible, & généreux, cet intrépide Commandeur de Malthe, ne nous dépeignit-il pas, l'extrême défir qu'avoit dépuis long-tems le. Très - Illuftre Miniftre de la Marine qui l'envoyoit, de procurer la liberté de ces infortunés : éloigné aujourd'hui de nous, & Gouverneur d'une de nos Colonies dans l'Amérique, je n'espère pas de lui faire entendre; avec les juftes éloges que je fais de fon zéle infatigable pour le fervice de fon Prince,. les fentimens que m'inspire la plus vive gratitude pour les bontés dont il m'a honoré fur les Côtes d'Affrique, pendant le féjour qu'il y fit avec l'Escadre du Roi, &. enfuite fur fon bord le Zéphire, pendant mon retour en Europe.

Je laiffe à des plumes plus éloquentes que la mienne le foin de tracer en Caractères immortels, les feuls dignes des hautes vertus de notre Augufte Reine, la charité: vraiement Roïale qu'elle exerçat alors, en faveur de ces généreux Confeffeurs de nôtre Sainte Foi: charité fr confidérable, que l'énorme cupidité de l'avide & avare Saletin en fut affouvie pour la prémière fois!

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Comme ceux qui font inftruits que c'estau Roi de Maroc,qu'apartiennent les prifes &les Efclaves, que font les Corfaires de Salé, pourroient croire que mal-apropos, je donne à entendre qu'ils font dépendans de quelque Patron ou Seigneur Saletin; il eft bon que je dife, que je ne rejette l'avidité & l'avarice dont je parle, fur un autre que fur ce Monarque, que pour ménager mes termes dans une période, où il eft queftion d'une autre Majefté, pour laquelle je ne fçaurois avoir trop d'attention à marquer le profond refpect qui lui eft dû...

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