Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

ner après de mûres réflexions; employer les menaces, les avis, les prieres; se repentir en fecret, parce qu'on fe fent coupable; & s'excufer publiquement, parce qu'on craint de le paroître; remplir des devoirs; fe livrer à des foins; établir des loix; condamner & punir le vice; louer & récompenfer la vertu; c'eft, dit le Cardinal de Polignac dans fon Anti - Lucrece faire autant d'actes de liberté, c'eft en donner autant de preuves. Nos entreprises, nos projets, nos efforts, tout en un mot décele ce fentiment intérieur qui nous perfuade que notre volonté n'eft pas efclave, & que nos pareils jouiffent de la même indépendance. Si l'homme avoit des chaînes; fi les ordres tyranniques d'une caufe étrangere néceffitoient fes actions; que feroit toute notre conduite, finon un tiffu de démarches inutiles, infenfées? De quelle utilité feroient ces réglemens deftinés à maintenir l'ordre dans les fociétés, ces foins que l'on prend d'infpirer aux citoyens l'amour de leur patrie, d'enflammer le cœur des citoyens d'un zele ardent pour le bien public? Cha

[ocr errors]

rouette à qui l'on impri meroit tout à la fois (en forte pourtant que la priorité de nature ou fi l'on veut, une priorité d'inflant réel conviendroit au defir de fe mouvoir) à qui, dis-je, Pon imprimeroit tout à la fois le mouvement vers un certain point de l'horifon, & l'envie de fe tourner de ce côté là; ne comprenezyous pas clairement que cette girouette feroit perfuadée qu'elle fe mouvroit d'elle-même pour exécuter les defirs qu'elle formeroit? Je fuppofe qu'elle ne fauroit point qu'il y eût des vents ni qu'une caufe extérieure fie changer tout à la fois & fa deftination & fes defirs. Nous voilà naturellement dans cet état pourfuit Bayle; nous ne favons pas fi une caufe invifible nous fait paffer fucceffivement d'une penfée à une autre. Il eft donc naturel que les hommes fe perfuadent qu'ils fe déterm.nent eux-mêmes.... Nous fentirions avec une égale force, dit-il, encore plus bas, que nous voulons ceci ou cela, foit que toutes nos volitions fent imprimées à notre ame par une caufe extérieure & invifible, foit que nous les formaffions nous. mêmes.

[ocr errors]

Il est cependant une liberté qui fait toute l'ambią

que nation feroit ce qu'eft un grand fleuve ce n'eft ni par des leçons ni par des prieres, mais par de fortes digues, qu'on en dompte l'impétueufe fureur. En vain même ces digues prétendent-elles fouvent captiver fes flots indociles, & les contraindre dans un lit qui les refferre ; d'un cours rapide ils franchiffent leurs bords, inondent les plaines & changent en marécages les campagnes voifines. De quel ufage, de quel prix feroit la raifon fans la liberté ? Que nous ferviroit de connoître le bien & le mal, s'il n'étoit pas en notre

tion des Matérialistes, c'ef celle de penfer & d'agir. Ils débitent dans tous leurs ouvrages, & nommément dans l'Encyclopédie les maxi mes fuivantes:

Il n'y a que la liberté de penfer & d'agir qui foit ca pable de produire de grandes chofes. Elle est néceffaire à la Philofophie; la religion même peut en tirer les plus grands avantages. Ceux qui voudroient la profcrire & lui donner le nom de licence font des hommes vils & lâches. Le public éclairé fais qu'il eft utile de tout penser & de tout dire.

pouvoir de fuivre l'un & d'éviter l'autre.

La conféquence directe qui fuit de l'exiftence de la li berté, c'eft que l'ame n'eft pas matiere. Toute matiere inerte & paffive de fa nature, eft foumife à des loix inviolables; & c'eft toujours une force extérieure qui l'o blige à changer d'état.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

tre ame, lorfque le hafard

le les réunira.

cette volonté pour le corps. Quand l'homme meurt, corps n'eft point anéanti, il n'arrive à cette machine qu'un fimple dérangement d'organes. Les corpufcules les plus fubtils s'exhalent; la machine fe diffout; elle perd fes proportions. Mais en quelque endroit que foient portés fes débris , aucune parcelle ne ceffe d'exifter; il n'y a point le moindre atome qui périffe. Sur quel fondement craindroit-on donc l'anéantiffement de l'ame, cette portion de nous-mêmes fi fu

périeure au corps. Pour nier l'immortalité de l'ame, ne faudroit-il pas que Dieu eût déclaré en termes clairs & précis, qu'il n'a créé l'ame que pour le tems que dureroit la fociété avec le corps; & que par rapport à elle il a mis une exception à fa loi générale de n'anéantir aucun être. Mais ne portons-nous pas en nous-mêmes toutes les affurances que nous pouvons fouhaiter, contraires à cette exception?

[ocr errors]

C'eft ici où les Spiritualiftes entrent dans les démonftrations morales de l'immortalité de l'ame raifonnable. Ces magnifiques démonftrations que nous ne devons pas développer dans un ouvrage comme

Si l'ame n'eft composée que d'un feul atome, elle tombera, lorsqu'elle fera féparée du corps, dans un fom< meil, une infenfibilité éter nelle. L'ame ceffant de penfer, ajoutent-ils, ceffe de vivre. Elle est bien un être, fi l'on veut dans cet état mais un être mort qu'on peut comparer à un corps privé de tout mouvement. Ainfi comme notre corps, quand il fubfifteroit éternellement avec le même arrangement de parties qu'on lui voit, ne feroit pas moins dans un état de mort s'il n'avoit aucun mouvement de même l'ame n'eft pas moins réduite à un état de mort, quelque exiftence qu'elle conferve, fi après fa féparation elle ne penfe plus. Or l'ame n'étant faite que pour le elle doit, à la mort de l'homme, devenir infenfible, & tomber dans un fommeil éternel.

corps,

[ocr errors]

Les Matérialistes con cluent de-là l'ame ne que doit pas fe mettre beaucoup en peine de l'être fuprême avec qui elle n'aura jamais rien à démêler & qu'elle voit diftribuer ici bas les maux & les biens fans trop de rapport à la fidélité ou à l'injustice des hommes. Ils ajoutent qu'elle ne doit pas beaucoup de reconnoiffance

à l'auteur de fon être dons la raifon ne lui apprend pas les vues & les deffeins fur elle, &qui dans ce monde l'a expofée à des maux fans nombre.

telui-ci, font fondées fur le confentement unanime de toutes les nations qui fe font toujours accordées à regarder l'ame comme furvivant au corps avec lequel elle a été unie pendant un certain nombre d'années; fur le defir qu'a l'homme d'un bonheur éternel; fur la crainte & les remords qui accompagnent le crime; fur la justice qui veut qu'il y ait une autre vie où le vice foit puni & la vertu récompensée, &c.

THÉISM E.

la

Les idées faines que les Spiritualistes fe forment de l'ame raifonnable, les conduifent naturellement à la connoiffance d'une intelligence fuprême qui gouverne l'univers, & qui eft infiniment fupérieure à celle que des liens paffagers attachent à notre corps: un intervalle immenfe les fépare l'une eft éternelle; la Toute - Puiffance grandeur la majefté en font les attributs. L'autre tirée du néant foible, dépendante, eft renfermée dans d'étroites limites. C'eft un flambéau qui répand à peine autour de nous une lueur pâle & tremblante, comparé à l'aftre du jour qui brille fans s'épuifer, & d'où dès l'origine du monde,comme d'une fource intariffable, coulent de toutes parts des torrens de lumiere. C'eft un ruiffeau

[ocr errors]

ATHEISME,

Les Matérialistes fe com traftent dans leurs principes. Les uns, difciples de l'infame Epicure & de l'impie Spinofa, nient abfolument l'exiftence de l'être fuprême, pour n'admettre que des atomes imaginaires dirigés par la hafard, ou une fubftance univerfelle dont les modifi cations font auffi incompré henfibles que l'existence. Les autres, auffi athées que les premiers, paroiffent d'abord admettre l'existence d'un Dieu; mais quel Dieu reconnoiffent-ils! un Dieu qui n'a pas créé ce monde, puifque la matiere eft un être néceffaire & capable de penser; un Dieu qui n'exige rien des hommes, puifque leur ame eft mortelle ; que les idées de la vertu & du vice font des inventions humaines; que l'honnéte & l'utile font la même chofe: un Dieu enfin qui, content du titre d'être suprê

me, në gouverne point ce monde, puifqu'il n'y a pas une autre vie après celle-ci où les bons trouvent des récompenfes dignes de leurs actions vertueuses,& les méchans des punitions proportionnées à leurs crimes. Auffi le maté rialiste n'est-il dans le fond qu'un athée couvert du voile du déifme, plus dangereux fans doute qu'un athée public & connu de tout le monde.

qui ferpente dans la prairie, vis-à-vis un grand fleuve qui roule dans un lit large & profond, au travers des campagnes que fes eaux fertilisent: ou plutôt ; c'eft un ruiffeau mis en parallele avec cet immense baffin, dont la profondeur ne connoît point de bordont l'étendue embraffe toute la terre, & qui voit de toutes les contrées fe perdre dans fon fein la multitude innombrable des rivieres, fans que les tributs qu'elles lui portent, ajoutent rien à fes richeffes. Ainfi l'illuftre Cardinal de Polignac nous fait-il paffer de la connoiffance de l'ame à celle de l'être fuprême; connoiffance abfolument néceffaire pour comprendre la né ceffité d'une religion révélée.

nes

[ocr errors]

Il est un Matérialifme, je le fais, qui paroît d'abord moins révoltant que celui que nous venons de mettre fous les yeux du Lecteur c'eft le Matérialisme de Locke. Cet auteur prétend qu'il peut fe faire que l'ame de l'homme foit un efprit, mais qu'il n'eft pas für qu'elle le foit, & qu'il n'eft pas démontré que la matiere foit incapable de penfer. Nous avons des idées de la matiere & de la penfée, dit Locke dans le chapitre de l'étendue de la connoiffance humaine: Mais peut-être ne ferions-nous jamais capables de connoître fi un être purement matériel penfe ou non, par la raison qu'il nous eft impoffible de découvrir par la contemplation de nos propres idées, fansre vélation, fi Dieu n'a point donné à quelque amas de matiere 'difpofee, comme il le trouve à propos, la puissance d'ap percevoir ou de penfer, ou s'il a joint & uni à la matiere ainfi difpofee une fubftance immatérielle qui penfe. Car par rapport à nos notions, il ne nous eft pas plus mal-aifé de concevoir que Dieu peut, s'il lui plaît, ajouter à not idée de la matiere la faculté de penfer, que de comprendre qu'il y joigne une autre fubftance avec la faculté de penfer puifque nous ignorons en quoi confifte la pensée, & à quelle

efpece

« AnteriorContinuar »