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POUR SERVIR

A L'HISTOIRE

DES

HOMMES

ILLUSTRES

DANS LA REPUBLIQUE des Lettres,

Avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages.

CLAUDE-GASPAR BACHET
DE MEZIRIA C.

LAUDE-Gafpar Bachet CLAUDE

fieur de Meziriac fortoit

d'une famil'e noble &
ancienne de Breffe. Son

pere Jean Bachet étoit

Confeiller du Duc de Savoye & Ju-
A

Tome VI.

GASPAR

BACHET

DE ME

ZIRIAC.

CHET.

C. G BA- ge des appellations de Breffe, qui étoit, pendant que la Breffe appartenoit à ce Prince, le premier Office de Magiftrature du pays. Il laifla entre autres enfans celui dont j'ai à parler, & Guillaume Bachet Seigneur de Vanluyfant, Prefident de L'Election de Brffe, mort en 1631. fans enfans. C'étoit un bon Poëte Latin & François, comme il l'a fait connoître, principalement par une excellente & naive traduction de quelques-unes des Epitres d'Ovide, qui ont été imprimées avec celles de fon frere.

Claude Gafpar Bachet prit le nom de Meziniac, quoique le nom veri. table de la terre qui le lui donna foit Meyleria, mais peut-être le changea-t-il pour le rendre plus doux & plus coulant.

Il fe rendit très-habile dans les Langues, & particulierement dans la Greque, dans les Mathematiques, & dans les autres fciences curieufes; mais ce qu'il poffedoit le mieux étoit l'Hiftoire fabuleufe, dans la quelle il a paffé parmi les Doctes, pour le premier homme de fon fiecle.

Il paffa dans fa jeuneffe beaucoup C. G.Bai de temps à Paris & à Rome, & il fit CHET. dans cette derniere Ville quantité de vers Italiens en concurrence avec

M.

M. de Vaugelas, qui y étoit en même
temps que lui. Colomiez rapporte
dans le Colomefiana, fur la foi de M.
Parin dont il tenoit ce fait, que
de Meiriac avoit été Jefuite à
l'âge de vingt ans, qu'il avoit fait
la premiere clafle à Milan, mais
qu'
qu'étant tombé malade en cette Ville
quitta la focieté. C'est ce que M.
Pelliffon n'a pas fçû.

A fon retour d'Italie il fe retira chez lui à Bourg en Bresse, où il se refolut de mener une vie tranquille. Il étoit déja connu & compré entre les premiers efprits de fon temps, & cela lui fuffifoit. Quant au bien il avoit au commencement cinq ou fix mille livres de rente, & il s'en trouva huit ou dix par la mort de Guillaume Bachet fon fre e aîné. Il ne travailla jamais pour en acquerir d'avantage; il évita au contraire les charges publiques, & les emplois que autres recherchent avec emp effement. Lorfqu'il étoit encore à Paris

lės

CHÉT.

C. G.BA- on parla de lui pour être Precepteur du Roy Louis XIII. mais la crainte qu'il eût d'être chargé de ce pefant fardeau l'engagea à le hâter de quitter la Cour,

Retiré dans fa patrie, il fongea à fe marier, & fe conduifit dans cette importante affaire avec le même defintereflement qui l'avoit toûjours fait agir. Il ne chercha ni les richeffes, ni les grandes alliances, il ne fe propofa que d'avoir une compagne avec laquelle il pût paffer doucement fes jours. Ainfi il préfera aux plus riches partis une femme fans biens, mais de bonne famille, bien faite d'une humeur fort douce, & affor tiffante avec la fienne. Il ne fe repentit point de ce choix, & il prenoit fouvent plaifir à en parler à fes amis comme de la meilleure chofe qu'il eût jamais faite. Elle s'appelloit Philiberte de Chabeu, & il en a cu plufieurs enfans.

La fanté, ce bien précieux, qui rend tous les autres plus agréables, ne lui manquoit pas, la feule incommodité étoit d'avoir quelquefois de legeres atteintes de goutte. Mais la

principale partie de fon bonheur con- C. G.BAftoit dans la bonté de fon efprit, CHET. car il l'avoit naturellement aifé, doux, moderé, & il étoit de ceux à qui toutes chofes plaifent, & qui fe divertiffent à tout.

Il partagçoit fon temps entre les divertiffemens honnêtes & l'étude, & il les mêloit quelquefois d'une telle maniere qu'il faifoit apporter fon porte feuille pour écrire quelque chofe dans des compagnies où fon s'amufoit à jouer & à danfer. Cette humeur libre & familiere jointe à fon merite, à fa naiffance & à fon bien lui procuroient dans fa patrie une espece d'empire dont il ne fe fervoit que pour faire du bien à ceux qu'il en croyoit dignes.

L'Academie Françoise le reçût en 1635. dans fon corps,quoi qu'abfent, lorfqu'elle ne faifoit que de s'établir; La reputation & fa vafte érudition lui procurerent cet honneur.

Il est mort le 26. Fevrier 1638. ceux qui prétendent qu'il n'avoit alors gueres plus de quarante-cinq ans fe trompent; puifque fon pee qui l'avoit eu d'un premier mariage

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