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Ce mariage ne fut mariage que de H. D'UR nom, & ils fe feparerent volontai- FE' rement après avoir vêcu dix ans enfemble, fous cette vaine apparen ce de mariage. M. d'Urfé leur neveu difoit qu'ils avoient été enfemble vingt-deux ans, qu'ils fe feparerent fous une promeffe reciproque qu'ils fe firent de s'engager dans l'état Ecclefiaftique après leur feparation, & que le mari tint auffi- tôt fa parole, se fit Prêtre, devint Chanoine de Lyon, & eut le Doyenné de Saint Jean de Montbrison, & le Prieuré de Montverdun, mais que Diane le voyant libre, réfolut de fe donner à Honoré.

Celui-ci de fon côté, en changeant de lieu n'avoit point changé de fentimens pour Diane, & avoit pendant toutes fes courfes perfeveré dans fon amour pour elle. Ainfi il profita du divorce de fon frere, & épou fa celle qu'il avoit tant aimée.

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M Patru reprefente Honoré encore fort paffionné pour Diane, lorf qu'il l'époufa, & c'eft l'opinion com mune; mais il en parloit lui-même autrement, puifqu'il difoit qu'il n'és

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H. D'URE poula Diane que par interêt, & pour ne pas laiffer fortir de fa maifon les grands biens qu'elle y avoit apportez.

Il eft vrai que Diane n'étoit plus alors dans la premiere fleur de fa beauté, ayant plus de trente ans, ou même plus de quarante, fi elle fut vingt-deux ans avec l'aîné. Il eft vrai auffi qu'ils ne vêcurent pas dans une parfaite intelligence. On en rapporte des caufes fort differentes. M. Patru dit qu'Honoré s'abandonnant à fon humeur galante avoiť toûjours quelques nouvelles amourettes en tête. Diane ne trouvant plus en lui cette adoration, qui l'avoit autrefois fi agréablement flatée, ne pouvoit moderer ni fa jaloufie ni les reproches. Ce qui le fatigua tellement à la fin, qu'il fe retira en Piemont dans une Caffine fur le bord du Po près de Turin.

M. d'Urfé fon neveu alleguoit d'au tres raisons de cette feparation, entre autres la malpropreté de Diane, toûjours environnée de grands chiens qui caufoient dans fa chambre, & même dans fon lit une fa

leté infupportable à fon mari. D'ail- H. D'URleurs il avoit efperé qu'elle lui don- Fa'. neroit des enfans qui puffent conferver dans fa maison les biens qu'il avoit eu d'elle; mais au lieu d'enfans elle accouchoit tous les ans de moles, qui le dégouterent enfin d'elle.

Tout cela ne paroît pas s'accorder avec ce qu'a écrit Honoré luimême dans la Préface du troifiéme tome d'Aftrée, lorsqu'après avoir protefté à la riviere de Lignon, que le feu dont il brûla, & qui donna naiffance à fon ouvrage, fut fi pur, qu'il ne laiffa jamais de noirceur en pas une de fes actions, ni de fes deHrs, il ajoûte, qu'il étoit encore trèsvif alors, que la longueur des années n'en avoit point diminué l'ardeur, & qu'il ne s'éteindroit que fous la terre de fon tombeau. On ne peut concilier ces fentimens, avec l'éloignement dans lequel il vivoit feparé d'Aftrée, qu'en difant qu'il étoit toû jours amoureux de l'idée qu'il confervoit de l'Aftrée du temps paffé, fi differente de l'Aftrée d'alors.

Il fe retira donc en Piémont, préferant cet endroit à tout autre, non

H. D'UR- feulement à caufe de la diftinction

FE',

& du rang que lui donnoit dans cette Cour l'honneur qu'il avoit d'être forti d'une fille de la Maison; mais encore pour les marques de bienveillance que lui donnoit le Duc de Savoye, bien differentes du traitement qu'il recevoit à la Cour de France du Roy Henri IV.

Ce Prince n'avoit jamais regardé de bon œil ceux qui avoient eu quelque part aux bonnes graces de la Reine Marguerite, & Honoré d'Urfé étoit de ce nombre. Il s'y trouva engagé par une avanture fort imprévue. La France étoit alors partagée par les guerres civiles en diver fes factions. Cette Princeffe étoit dans le Château d'Uson en Auver gne, & les partis battoient la campagne. Honoré tomba entre leurs mains, & fut conduit à la Reine. Il avoit toutes les qualitez, qui pouvoient le rendre agréable à une Princeffe infiniment fpirituelle & galante, & d'un difcernement exquis. Ainfi elle ne tarda gueres à fe laiffer prendre par fon prifonnier. Cet évenement eft enveloppé dans l'Aftrée

fous le nom de Galatée. Au refte fa H. D'UR prifon ne dura pas long-temps, & FE il revint bien-tôt auprès de Diane à qui il avoit réservé toute la fidelité de fon cœur.

fit

Etant tombé malade à Nice, il fe porter à Villefranche, où il moutut pulmonique en 1625. âgé de 58. ans.

Catalogue de fes Ouvrages.

1. Le Sireine. Paris 1611. in 8. 1t. avec d'autres Poëfies du même Auteur. Paris 1618. in 8°. Ce Poë me eft fon premier ouvrage, Il y déerit fon départ du Forez, fon abfence & fon retour, mais en déguifant un peu les chofes. Il fe repre fente prefque encore enfant ; il part amant de Diane & aimé d'elle; pendant fon absence Delio riche Berger, mais mal fait, & peu digne d'elle la recherche en mariage, & l'obtient de fes parens, dont l'autorité prévaut en cela fur fa paffion. Sireine à cette nouvelle fe précipite dans la Mer, d'où il eft promptement retiré par les foins officieux de ceux qui le voyent dans ce danger.

2. Epitres Morales. Paris 16031

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