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fleurs, il n'y en a point, fi ce n'eft de celles qu'on foule aux pieds. Gamon CHRISTOdit dans fon Avis au Lecteur, que plu- PHE DI fieurs de ces Poëfies avoient déja paru G A MON, autrefois. On ne s'en fouvenoit plus; & la vie nouvelle qu'il a prétendu leur donner, s'eft évanouie avec la même promptitude. Si vous étiez cependant curieux de mettre un moment le pied dans ce Jardinet, je vous avertirai qu'il offre d'abord une defcription mauslade & ennuyeufe des quatre faifons de l'année : enfuite des Stances au Duc de Vantadour, Lieutenant général pour le Roi, en Languedoc; quelques Chanfons, plufieurs Sonnets, de petites Odes, des Anagrammes, & une Invective contre l'amour, production non de la piété de l'Auteur mais du dépit d'avoir été maltraité par l'amour. Tels font les bofquets & les compartimens de ce Jardinet.

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Pour Parterre, Vous verrez des Monologues, où je n'ai rien compris, & qui fervent d'addition aux humides Délices ou Pescheries poëme du même, , que je ne connois que par les vers qu'en cite le Commentateur de fon Thréfor des Thréfors; des Stances, où il loue beaucoup la Pandore amou

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PHE GAMON.

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reufe du fieur du Pon; l'Efpingle, à CHRISTO- une Dame, piéce impertinente, de DE même que le Coulombeau, à M. Coulomb, Lieutenant de Bailly au pays de Vivarets; Satyre contre une méchante femme; des Réflexions, trèss-peu intelligibles, contre la vaine ambition; enfin deux Poëmes, l'un intitulé, Dif cours de l'Aftronomie inférieure ; l'au. tre, le Thréfor des Thréfons; tous deux pleins d'idées creuses & extravagantes, où l'Auteur prétend enfeigner la ma niere de faire de l'or.

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M. l'Abbé Lenglet, dans fon Hif toire de la Philofophie hermétique, cite fous le même titre de Thréfor des Thre fors de l'Alchimie un ouvrage de Gamon, qu'il dit en vers françois, & imprimé à Lyon en 1610. en deux volumes. C'eft le même Poëme que celui qui faifoit déja partie du Jardine de Poëfie; j'ai vu cette édition de 1610. Elle ne forme qu'un petit volume in12. avec le Commentaire en profe d'Henri de Linthaut, fieur de Montlion, Docteur en Médecine. Le Poëme déja réimprimé dans les Mufes ralliées, & dans le Parnaffe françois, mais avec beaucoup de fautes, eft plus entier & moins défectueux, dans l'édi

ton de 1610. qui eft dédiée au Roi L'Angleterre,

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CHRISTO

DE

Mais je rentre un moment dans le PHE Jardinet, pour vous faire obferver GAMON. que le Poëte y a conftruit une espece

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e grotte où il a placé fa Mufe Divine qui ne mérite cependant un fi beau tre, que parce qu'elle parle de matieres pieufes. Elle récite, par exemple, le Martyre des Machabées, qu'il lui plaît de qualifier de Poëme Tragique, présenté à Simon Goulart, de Senlis ; une Oraison; une Action de graces après une maladie longue & dangereuse dont Gamon avoit été attaqué; & quelques autres Prieres & Stances Chrétiennes.

Le portrait de l'Auteur eft à la tête de ce livre : Gamon y paroît dans un âge avancé. Il étoit né à Annonai dans Jle Vivarez, & faifoit profeffion du He Calvinifme. Il dit dans le deuxième jour de fa Semaine, qu'il avoit perdu trop tôt fes pere & mere, & que ceuxA ci lui laifferent un procès qui lui caufa tant de peines & de chagrins, qu'il fut fouvent tenté de défefpoir. Il paroît ar des vers d'Ifaac Gautier, Docteur Droits, mis au-devant de la Seaine, & qui contiennent l'éloge de

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feu Antoine de Gamon, Confeiller du CHRISTO Roi, & Juge général du haut & bas DE Vivarets, que Chriftophe étoit fils ou GAMON. petit-fils de ce Magiftrat, puifque le

PHI

NICOLAS

Poëte le dit un de fes rejettons. On a encore de Chriftophe des vers à la tête de l'Hiftoire des Vaudois publiée en 1618. par le Calvinifte Paul Perrin, de Lyon. Mais je crois que ces vers ont été composés avant l'impreffion

de cette Hiftoire : Gamon ne vivoit

même peut- être plus lorfqu'elle parut,

NICOLAS LE DIGNE.

Faute de date plus précife, je met LE DIGNE. trai auffi Nicolas LE DIGNE fous l'année 1610. Il eft certain que ce Poëte donna lui-même vers la fin de ladite année, la Couronne de la Vierge Marie. Mais il n'étoit plus en 16 14. Comme il eft clair par l'édition que l'on fit

en 1614. même de fa Méditation fur le Pfeaume 79. où il eft défigné fous le titre de feu M. le Digne, vivant Prieur de Conde & de l'Enfourchure. Mais quelle étoit la patrie de cet Ecrivain, & fa famille? quels furent fes emplois? Je ne fçai rien de bien pofitif fur ces points. Voici tout ce que les Poches m'en apprennent.

Il fut d'abord homme du monde, & il en fuivit les maximes & les ufages. La guerre lui plut, &.il porta les armes durant quelques années. Il parcourut une partie de l'Europe, & dans le même tems il étoit amoureux. Il changea depuis de fentimens, de conduite, d'occupations, embrafla l'Etat Eccléfiaftique, & eut les Prieurés de Conde & de l'Enfourchare. Je ne connois pas le premier; le fecond est du Diocèfe de Sens. Voici les preuves de ces faits.

L'amour de Nicolas le Digne pour les plaifirs & les occupations du fiécle, & fon attachement pour les créatures,paroiffent par fes Pocfies profanes, raffemblées & mifes au jour en 16 1. par Antoine de la Foreft,Ecuyer, fieur du Pleffis, fous le titre de Fleurettes du premier meflange de Nicolas le Digne, fieur de l'Espine-Fontenay.

Le Digne avoit cueilli ces Fleuretzes dans fa jeuneffe; c'étoient des bouquets qu'il avoit arrangés pour fa belle. Mais il les avoit négligés depuis qu'il avoit perdu celle-ci. Plufieurs même s'étoient égarés, ou avoient été fupprimés; & le fieur de la Foreft fit peu d'honneur à fon ami en recueil

NICOLAS LE DIGNE

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