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Mais s'il ne veut le nom, ný le rang de Poëte,
Il aura malgré luy le titre de difcret.

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J'ai vu encore trois autres écrits de le Digne. Le premier eft de 1600. mais compofé dès 1590. comme on le voit par l'Epître dédicatoire. C'est le Tombeau de Louis de la Rochefoucaud Comte de Randan, dédié à Marie Silvie de la Rochefoucaud, l'une des Dames de la Reine, & fœur du défunt. L'écrit eft en vers héroïques, & contient foixante pages. C'eft un éloge hiftorique du comte de Randan. Il eft fuivi des regrets de la Comteffe de Randan, & de plufieurs autres piéces fur le même fujet; de l'Epitaphe de Pic de la Mirandole, traduite des vers latins de Marulle; d'une Piéce adreffée à M. de Saint Florent, Chanoine de l'Eglife de Paris & Prieur d'Argenteuil, fur une devise pour Jean de la Rochefoucaud, Abbé de Marmoutier, de Cormeri, & de Villeloin, Grandmaître de la Chapelle du Roi; de l'Epitaphe d'Antoinette de Bourbon Ducheffe douairiere de Guife; de celle de Madame de Grand, Abbeffe du Val d'Ofne, & de trois ou quatre autres dont les noms ne font défignés que par des lettres initiales, G ij

NICOLAS LE DIGNE

Le deuxième écrit, imprimé en NICOLAS 1601. à la fuite des Mêlanges de l'AuLE DIGNE. teur, eft une Defcription du Médaillon d'or antique d'Alexandre le Grand, préfenté au Roy, pris du latin du fieur de Rimond, Mafconnois, Seigneur de Champgrignon. C'eft un parallèle entre Alexandre & Henri IV. Rimond étant mort après l'avoir achevé, le Digne le mit en vers françois, & y joignit trois ou quatre Sonnets.

Borb. Poëm. expof. p. 175.

Enfin le troifiéme écrit eft la Coutonne de la Vierge Marie, dédiée à Marie de Medicis mere de Louis XIII. Cet ouvrage eft de 1610. C'est un recueil de vers tous confacrés à célébrer les louanges dues à la Sainte Vierge. Ce font des Sonnets & des Hymnes; des Sonnets pour chaque grain du Chapelet, des Hymnes, ou Poëmes pour chaque fête de la Vierge: avec une Paraphrafe des fept Pfeaumes de la Pénitence, qui a été louée par Nicolas Bourbon. Ce recueil eft orné de gravures en taille-douce. Jean Arnoul, Doyen de Sens, nous apprend par les quatre vers qui font à la fuite de la Paraphrafe des fept Pfeaumes, que le Digne avoit conçu le projet de traduire tout le Pfeautier; mais cette tra

duction n'a point paru. Par d'autres vers d'un anonyme, qui terminent le même recueil, on voit que le Digne réfidoit, depuis fa retraite, à Condes.

NICOLAS
LE DIGNE.

Le fieur de la Forest, à qui l'on doit l'édition de la plus grande partie de ces Poëfies, defiroit auffi de recouvrer fes Tragédies, fes Paftorelles, fes Difcours de la Chaffe, & autres belles Oeuvres, ajoute-t-il. Apparemment que fes defirs n'ont pu être remplis. Je ne connois du moins que les Poëfies dont' je viens de vous rendre compte. M. de Recherches, Beauchamp cite, à la vérité, de Nico- t. 1. p. 476. las le Digne, Afarcé, Comédie; Hercules Eteus, Tragédie, traduite de Seneque ; & Jephté, Tragédie prise du latin de Buchanan : mais il ne dit point que ces Pieces ayent été imprimées.

JEAN BERTAUT.

ga

Jean BERTAUT a commencé comme Nicolas le Digne, par des Poëfies lantes, & a fini comme lui, par des Poëfies pieufes. M. Baillet, M. le Fort de la Moriniere, & plufieurs autres, le difent.de Condé fur Noireau. Ils fe font trompés. Bertaur était de Caën, & naquit dans cette Ville l'an 1552.

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1

JEAN

Huet, orig.

édit. p. 358.

359.

Il le dit lui même dans un Sonnet qu'i compofa en 1570. & qu'il adreffa à BERTAUT. Charles de Bourgueville, Seigneur de Bras. Ce Sonnet eft à la louange des de Caen, 2. Recherches fur les Antiquités de Caën par de Bras. Celui-ci y répondit la même année ; & dans une note manufcrite que M. Huet avoit lue, de la main même de M. de Bourgueville, il étoit marqué que Bertaut avoit alors environ dix-huit ans. Les héritiers du nom & des biens de notre Poëte, ajoute M. Huet, conviennent auffi que Caën étoit le lieu de fa naiffance; & Sanad.Carm. le Pere Sanadon, qui étoit de la même P. 14. & 107. Ville, en fait jufqu'à deux fois honneur à fa patrie dans fes Poëfies la

Nat. Steph.

tines.

Jean Bertaut étoit fils de François Bertaut, originaire de la Paroiffe de Donnay, homme habile dans les lettres humaines, & qui ne voulut point confier à d'autres le foin de l'éducation de fon fils. Celui-ci en profita. Sous la conduite de fon pere, il lut les meilleurs Auteurs Grecs & Latins, & s'enrichit de leurs dépouilles. Mais l'amour de la Poëfie françoife, qui prit trop d'empire fur lui dès fa premiere jeuneffe, ne lui permit pas de faire

pro

dans l'étude des anciens tous les
grès dont il étoit capable. Trop épris
des ouvrages de Ronfard & de Def
portes trop ébloui du nom que ces
Poëtes s'étoient fait leur exem-
ple & leurs écrits le féduifirent. Jour
& nuit te lire, dit-il à Ronfard dans
un long Difcours fait fur le trefpas de
ce fameux Ecrivain >

,

M'a fait eftre Poëte, au moins fi m'imposer
Un nom fi glorieux, ce n'eft point trop ofer.
Je n'avois pas seize ans quand la premiere flame
Dont ta Muse m'éprit, s'alluma dans mon ame:
Car dèflors un defir d'éviter le trespas

M'excita de te fuivre, & marcher en tes pas,
Me rendit d'une humeur penfive & folitaire,
Et fit qu'en dédaignant les foucis du vulgaire,
Mon âge qui fleury ne faifoit qu'arriver
Aux mois de fon printemps desjà tint de l'hyver.
Depuis, venant à voir les beaux vers de Deportes
Que l'Amour & la Muse ornent en tant de fortes,
Ce defir s'augmenta, mon ame préfumant
D'aller facilement fa douceur exprimant.
Fol, qui n'advifay pas que fa divine grace
Qui va cachant fon art d'un art qui tout furpaffe,
N'a rien fi difficile à fe voir exprimer
Que la facilité qui le fait estimer,
Lors à toi revenant, & I croyant que la peine
De t'ofer imiter, ne feroit pas fi vaine,

Je te prins pour patron; mais je pú moins encor
Avec mes vers de cuivre efgaler les tiens d'or....

JEAN BERTAUT,

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