Retournant d'Italie au bel air de la France, 1 Ces traverses qui venoient quelquefois troubler la tranquillité dePafferat, alloient en certains momens jufqu'à le dégouter, & lui faire regretter de n'avoir pas embraffé un autre genre de vie. C'est du moins ce qu'il dit dans une Plainte, où après avoir comparé l'amour de François I. pour les lettres avec l'efpece de mépris qu'on avoit pour elles lorsqu'il écrivoit, il ajoute: Le Fublic a tiré quarante ans de fervice JEAN PASSERAT JEAN PASSERAT. Que ne me fit mon pere en autre escole apprendre En me couchant bien tard, & me levant matin Il fut une fois quinze mois fans être On trouve dans le même recueil de Pafferat une Elégie fur la mort du fçavant Adrien Turnebe, dont il invite Ronfard, Bayf, Muret, Buchanan Dorat, à pleurer avec lui la perte ; diverfes Epitaphes, dont une fort longue, où l'Admiral de Joyeuse fait luimême fon propre éloge; des Emblêmes, des Quatrains, des Devises, des Epigrammes, des Enigmes des Etrennes ou petites pièces en vers que le Poëte avoit envoyées chaque année JEAN depuis le premier de Janvier 1578. jus vue. PHILIPPE GIRARD. Pafferat dans fes Poëfies latines a chanté le Rien (Nihil), & ce petit Poëme, bagatelle affez ingénieuse, a été imité & traduit en notre langue. Philippe GIRARD, Vendomois, le fit réimprimer en 1587. & y joignit par oppofition l'Eloge de Quelque chofe, qu'il avoit lui-même compofé. Dès le commencement, il rappelle lePoëme de Pafferat, & le loue. Mais j'aime mieux,, dit-il, confacrer mes chants à Quelque e chofe que de les prodiguer au Rien.C'est une Etrenne que je veux envoyer, & le Rien n'a point d'être,n'a point de fubfiftance. Ce fut en effet pour le commencement de l'année 1587. que Girard compofa fon Poëme qu'il deftina à M. de Guillon, Chevalier, Seigneur des Ellars, Confeiller du Roi, & Controlleur Général de fon Artillerie. Comme Pafferat s'étoit joué fur le mot PHILIPPE GIRARD. Rien, Girard fe joue de même fur les PHILIPPE mots Quelque chofe : GIRARD. Quelque chofe peut tout. Si la Parque ennemie Quelque chofe poura vous retirer du port , &c. Ces deux Poëmes, le Rien de Pafferat & le Quelque chofe de Girard, firent naître la même année 1587. un troifiéme Poëme à la louange du Tout fous ce titre : Tout, au Tout-puiffant. Je n'en connois point l'Auteur. Il ex pofe ainfi fon deffein : Du Rien de Pafferat Quelque chofe nafquit ; Je crois cependant que l'Auteur eft refté ignoré; &, quoi qu'il en dife, il ne méritoit guéres un autre fort. LA VALLETRYE. Le fieur LA VALLETRYE eft pareil LA VAL- lement demeuré dans fon obfcurité, LETRYE. du moins quant à fa perfonne. Touc ce qu'on peut foupçonner, c'eft qu'il étoit d'Angoulême; encore ce foupçon n'eft-il fondé que fur les éloges que plufieurs Ecrivains Angoumois lui ont donnés, quoique fans le nommer leur compatriote, Ses Poëfies auroient pu, fans qu'on y perdît rien, être également oubliées. Le Recueil qui en fut imprimé en 1602. dédié au Marquis de Rofny, favori d'Henri IV, contient : Les Amours: Le faux honneur des Dames: L'Amour mercenaire & friponnier : Diverfes Poëfies: Cartels: Devises: Ballets, & vers chantés en mafque : Epitaphes Poëfies chrétiennes : & la Chafteté repentie, Paftorelle, en cinq Actes, & en vers Alexandrins. LA VAL LETRYE, Les Amours font en cinquante-quatre Sonnets, & le faux honneur des Dames, en dix-huit. Ce fecond écrit eft impertinent, plein de maximes dangereufes & d'obfcénités. La Valletrye y attaque de front la Religion, la probité, & les liens même les plus facrés de la fociété civile, lorsqu'il cherche à détruire les raifons, même cellés qui font fondées fur l'honneur Aue les femmes oppofent aux piéges de |